Éditeur — Wikipédia

Éditeur
Portrait de l'Italien Aldus Manutius, aussi connu sous le nom d'Alde l'Ancien, premier éditeur[réf. nécessaire].
Présentation
Forme féminine
Éditrice
Secteur
Entreprises (maisons d'édition, magazines, revues, journaux, etc.)
Métiers voisins
Bibliothécaire, correcteur, traducteur, réviseur, rédacteur, libraire, etc.
Compétences
Compétences requises
Production, validation, diffusion des contenus
Diplômes requis
Lettres, journalisme ou discipline connexe
Évolutions de carrière
Éditeur de revues, de livres, d'encyclopédies, rédacteur technique, concepteur de ressources informationnelles, etc.
Codes
CNP (Québec)
5122
ROME (France)
E1105

Un éditeur ou une éditrice est un « professionnel de la chose éditoriale, qui possède un savoir et des compétences spécifiques, le savoir éditer »[1].

Le terme éditeur peut désigner, en français, aussi bien une personne morale — il s'agit alors d'une maison d'édition — qu'une personne physique — il peut alors s'agir du directeur ou directrice de collection, du directeur ou directrice littéraire, ou d'autres personnes travaillant dans cette maison.

Naissance de l'éditeur[modifier | modifier le code]

En France la figure de l'éditeur se concrétise au milieu du XIXe siècle, lorsqu'il devient la « plaque tournante des métiers du livre »[2].

Dans une perspective littéraire, l'éditeur apparaît « au moment où se crée un espace public pour la littérature »[3].

Rôles et fonctions de l'éditeur[modifier | modifier le code]

Michaël E. Sinatra et Marcello Vitali-Rosati distinguent trois fonctions de l'éditeur. Celui-ci produit des contenus, les légitime et les fait circuler[4].

La taille des instances éditoriales peut avoir une grande influence sur l'expérience de l'éditeur. Dans les petites structures, l'éditeur est souvent polyvalent et est amené à toucher à tout. Dans les groupes plus importants, le travail de l'éditeur est beaucoup plus segmenté[5] ; il est alors réparti entre différents individus et selon des métiers distincts (responsable de l'entreprise, directeur de collection, secrétaire de rédaction, infographiste, etc.).

L'éditeur agit comme le médiateur, l'intermédiaire essentiel, entre le lecteur et l'auteur, entre le public et l'écrivain. Ambassadeur culturel et intellectuel, homme de lettres et entrepreneur[5], l'éditeur porte la « double responsabilité matérielle et morale d'une œuvre[5] ». Sa contre-signature (sa caution) est à la fois économique et idéologique (symbolique).

Pour le sociologue français Pierre Bourdieu, l'éditeur est double :

« [C]es personnages doubles, par qui la logique de l'économie pénètre jusqu'au cœur du sous-champ de la production pour producteurs, doivent réunir des dispositions tout à fait contradictoires: des dispositions économiques qui, dans certains secteurs du champ, sont totalement étrangères aux producteurs dont ils ne peuvent exploiter le travail que pour autant qu'ils savent l'apprécier ou le faire valoir[6]. »

L'éditeur est donc « partagé » entre sa fonction éditoriale et sa fonction entrepreneuriale :

« La fonction éditoriale (editor) est propre à celui (ou celle) qui découvre, qui consacre et qui dirige la publication d'ouvrages et, plus largement, qui acquiert par le fait même un statut professionnel et une valeur symbolique spécifique dans le champ littéraire. […] La fonction entrepreneuriale (publisher) est définie par des rôles et des responsabilités de gestionnaire et d'administrateur propres aux conditions de production et de diffusion des ouvrages[5]. »

Perspectives d'avenir à l'ère du numérique[modifier | modifier le code]

Dans L'édition sans éditeurs, publié en 1999, André Schiffrin décrit un système éditorial qui évolue vers une production de contenus sans éditeurs, face à un processus de concentration dans le monde du livre[7]. Aujourd'hui, la même notion d'« édition sans éditeurs » est reprise dans le contexte du numérique, contexte marqué par une surabondance d'informations notamment rendue possible par le développement des réseaux sociaux et des formes contributives du web[8].

Selon Olivier Bessard-Banquy, spécialiste de la littérature et de l'édition contemporaines, le rôle de l'éditeur est autrement appelé à gagner en importance avec l'avènement du numérique. En d'autres termes, la « révolution » numérique « conforterait » l'éditeur dans son rôle traditionnel d'intermédiaire, voire de médiateur, face à la surabondance des contenus[5].

« Au milieu de tant d'incertitude, et face à la marée montante des textes en tous genres qui saturent le net, il est certain que la marque des éditeurs sera demain plus que jamais un repère. Happés par les blogs de toutes natures, envahis par les textes qui circulent par millions sur la toile, les lecteurs de demain auront besoin de certifications, de labels, de garanties de qualité. Les éditeurs leur apporteront cette caution[9]. »

Pour Patrick Poirier et Pascal Genêt, la maison d'édition, en tant qu'instance éditoriale, serait pour sa part susceptible de disparaitre[5]. La notion de « désintermédiation » a été introduite pour faire référence à la réduction des médiations entre la production et la publication des contenus. Benoit Épron et Marcello Vitali-Rosati parlent d'une véritable « tension » entre désintermédiation et réintermédiation.

« D’une part, la désintermédiation relève d’une dynamique de diffusion directe des productions éditoriales, de l’auteur au lecteur, dans une logique d’autoédition. Ce modèle n’est pas propre à la littérature numérique – il existait déjà des éditions à compte d’auteur dans le monde de l’imprimé – mais il prend sur Internet une dimension particulièrement importante. D’autre part, la réintermédiation est le mécanisme d’émergence de nouveaux acteurs intermédiaires [Apple, Amazon, etc.] dans la diffusion des produits éditoriaux numériques[10]. »

Formation[modifier | modifier le code]

Les cursus varient entre formations spécialisées dans les domaines du livre et de l'édition, diplômes d'école de commerce ou encore formations littéraires ou, plus largement, artistiques. S'il n'existe pas de formation unique, l'expérience et les stages sont les points d'appui des futures carrières.

Références[modifier | modifier le code]

  1. Bertrand Legendre et Christian Robin, « Figures de l'éditeur: Représentations, savoirs, compétences », Actes du colloque des 13 et 14 mai 2005 (Université Paris 13), Nouveau Monde éditions,‎ , p. 11
  2. Mollier, Jean-Yves, (1947- ...)., Une autre histoire de l'édition française, Paris, La Fabrique éditions, impr. 2015, ©2015, 429 p. (ISBN 978-2-35872-074-8 et 2358720747, OCLC 921377008, présentation en ligne).
  3. Histoire de l'édition littéraire au Québec au XXe siècle, La naissance de l'éditeur, 1900-1939, Fides, , p. 25.
  4. Michaël E. Sinatra (dir.) et Marcello Vitali-Rosati (dir.), Pratiques de l'édition numérique, Montréal, Les Presses de l'Université de Montréal, (ISBN 978-2-7606-3203-5), « Introduction »
  5. a b c d e et f Patrick Poirier et Pascal Genêt, Pratiques de l'édition numérique, Montréal, Les Presses de l'Université de Montréal, (ISBN 978-2-7606-3203-5), « La fonction éditoriale et ses défis »
  6. Pierre Bourdieu, « Le champ littéraire », Actes de la Recherche en Sciences Sociales, vol. 89, no 1,‎ , p. 5
  7. André Schiffrin, L'édition sans éditeurs, La Fabrique éditions,
  8. Yannick Maignien, Pratiques de l'édition numérique, Montréal, Les Presses de l'Université de Montréal, (ISBN 978-2-7606-3203-5), « Les enjeux du web sémantique »
  9. Olivier Bessard-Banquy, L'industrie des lettres, Pocket, , p. 526
  10. Benoit Épron et Marcello Vitali-Rosati, L'édition à l'ère numérique, Paris, La Découverte, , p. 23

Voir aussi[modifier | modifier le code]

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Article connexe[modifier | modifier le code]