Éditions Des femmes — Wikipédia

Éditions des Femmes
Repères historiques
Création 1972
Dates clés 26-01-1973 immatriculation de la société actuelle
Fondée par Antoinette Fouque
MLF
Fiche d’identité
Forme juridique Société à responsabilité limitée

SIREN 780 077 871

Siège social Paris (France)
Dirigée par Michèle Idels, Elisabeth Nicoli et Christine Villeneuve
Langues de publication Français
Site web desfemmes.fr
Données financières
Chiffre d'affaires 207 300 e en 2017[1]

Les éditions Des femmes[2] sont une maison d'édition lancée en 1972, principalement par des femmes du collectif « Psychanalyse et politique » animé par Antoinette Fouque, avec d'autres militantes du MLF, et financée par la mécène Sylvina Boissonnas[3]. Elles proposent des œuvres rédigées par des femmes, sur les femmes ou pour les femmes centrées sur les problématiques liées à l'émancipation des femmes, la création et la réflexion féminines, et proposent également des livres audio.

La maison d'édition appartient à la société Soc Des femmes.

Histoire[modifier | modifier le code]

Les statuts de la Soc des Femmes (une société composée de vingt-et-une sociétaires à parts égales) sont déposés en [4],[5],[6]. La première gérante est Yvonne Boissarie.

Marie-Claude Grumbach ( - ) lui succède en [7]. À partir de 1979, les cessions de parts se font au profit des sociétaires Antoinette Fouque, Sylvina Boissonnas et Marie-Claude Grumbach, ce qui « représente un changement important car l'égalité qui était à la base de la S.A.R.L. est rompue »[8].

En 1979, Antoinette Fouque dépose le sigle MLF comme association 1901 et marque commerciale, ce qui déclenche un scandale au sein des structures militantes. Alors que le MLF refuse « toute structuration hiérarchisante pour se dire ‘mouvement’ », les militantes s’en réclamant souffrent d’une mauvaise « identification collective engendrant des confusions et des prises de pouvoir abusives »[9]. Vu comme une tentative d’usurper le mouvement à des fins commerciales, le dépôt suscite la colère. Une pétition signée par une soixantaine de groupes et une dizaine de maisons d’édition féministes appelle au boycott, qui fait grand bruit. Alors que les éditions Tierce publient Chroniques d’une imposture, du MLF à une marque déposéeSimone de Beauvoir signe la préface, la publication est condamnée pour concurrence déloyale par le tribunal de commerce de Paris, après un recours par la maison Des Femmes[10]. Ainsi, une dualité du militantisme est visible dans le champ éditorial féministe, où les différentes tentatives de légitimation apparaissent dans la manière de publier les titres et dans une forme de concurrence.

Catalogue[modifier | modifier le code]

Stand au salon Livre Paris en 2015.

Types de publications[modifier | modifier le code]

Les éditions des femmes publient des auteurs français et étrangers, ainsi que des « écrits d'hier ». Les différentes collections sont orientées vers les sciences humaines (psychanalyse, sociologie, philosophie, histoire), la fiction, la biographie, les correspondances, la poésie, le théâtre, le récit (témoignages, mémoires), et aborde des thèmes multiples : condition féminine, lesbianisme, féminisme, histoire des femmes…

Un des premiers succès de librairie est Hosto Blues de Victoria Thérame et le premier best-seller est Du côté des petites filles d'Elena Gianini Belotti, traduit de l'italien[11],[8].

Entre 1974 et 1979, l'écrivain Hélène Cixous publie huit titres de fiction, Souffles ; Portrait de Dora ; Partie ; Angst ; Préparatifs de noces au-delà de l'abîme ; Le Nom d'Œdipe, Chant du corps interdit ; Anankè et Vivre l'orange[12].

En 1993 sort un album de photos Catherine Deneuve, Portraits choisis, Une actrice et 28 photographes pour la lutte contre le sida, sous la responsabilité d'Antoinette Fouque et de Jean-Pierre Lavoignat pour Studio Magazine[13].

En 2007, la candidature de Ségolène Royal à la présidence de la République crée une nouvelle dynamique. Élisabeth Nicoli et Christine Villeneuve constituent une équipe internationale de mille cinq cents auteurs et cent cinquante directrices et directeurs de recherche pour rédiger les douze mille notices d'un Dictionnaire universel des créatrices, publié en 2013[14]. En février 2014, Antoinette Fouque meurt ; Élisabeth Nicoli et Christine Villeneuve prennent la direction de la maison d'édition[14], avec Michèle Idels.

Autrices publiées[modifier | modifier le code]

Les éditions des femmes ont notamment publié des textes de :

Autrices francophones[modifier | modifier le code]

Autrices étrangères[modifier | modifier le code]

Titres de presse[modifier | modifier le code]

Le groupe Des femmes publie également des journaux : Le Quotidien des femmes (parution irrégulière de à ), Des femmes en mouvements magazine mensuel (de à ) puis hebdomadaire (101 numéros avec interruption, d' à )[15].

Librairie et galerie des femmes[modifier | modifier le code]

Vitrine de la Librairie Des femmes en avril 2022 à Paris
Vitrine de la Librairie Des femmes en avril 2022 à Paris.

La première librairie « Des femmes » est inaugurée à Paris le au 68 rue des Saints-Pères[16], est transférée rue de Seine en 1981, où elle comprend une galerie d'art animée par Marie Dedieu[17], qui expose des artistes comme Sonia Delaunay, Milvia Maglione, Françoise Martinelli, Kate Millett, Michèle Knoblauch, Sophie Clavel, Tina Modotti, Claude Batho, Ilse Bing, Louise Nevelson, June Wayne, Popy Moreni, Marie Orensanz, Colette Alvarez-Urbajtel[18]. Cette librairie-galerie ferme en 1999, et rouvre 33 rue Jacob, accompagnée d'un « espace des femmes ». Dans cette galerie, sont exposées des œuvres d'artistes comme Niki de Saint Phalle ou Colette Deblé[19].

En 1976, une librairie des femmes est ouverte à Marseille, puis à Lyon en 1977, mais ferment par la suite.

Des femmes filment[modifier | modifier le code]

En mars 1979, à Téhéran, Sylvina Boissonnas, Claudine Mulard, Michelle Muller et Sylviane Rey rejoignent la féministe américaine Kate Millett et la photographe canadienne Sophie Keir, et participent aux manifestations historiques des femmes iraniennes contre le port du voile islamique[20],[21],[22],[23]. Mouvement de libération des femmes iraniennes, Année Zéro, un court-métrage documentaire, réalisé avec des femmes iraniennes et produit par Des Femmes filment, est projeté à Paris à la salle de la Mutualité le , et un extrait est diffusé dans le journal de 20 heures d'Antenne 2, le [21],[24],[25].

Notes et références[modifier | modifier le code]

  1. données du site societe.com consultées le 21 juin 2019
  2. « Société Des femmes (Paris 6e) - Siret : 780077871 », sur societe.com (consulté le )
  3. Pavard 2005.
  4. Pavard 2005, Index des sources.
  5. « La société est une Sarl composée de 21 sociétaires à parts égales », Conférence de presse annonçant la sortie des trois premiers livres, 17 avril 1974, Catalogue Des femmes 1974-2004, p. 52-56
  6. Les 21 premières sociétaires des éditions Des femmes sont : Yvonne Boissarie, Thérèse Boissarie, Sylvina Boissonnas, Françoise Borie, Josiane Chanel, Françoise Clavel, Acacia Condès, Martine Dombrovsky, Brigitte Galtier, Fanny Gimborg, Antoinette Grugnardi Fouque, Catherine Grunfeder, Juliette Kahane, Marie Dedieu, Marie-Claude Grumbach, Raymonde Lecontel, Hélène Rouch, Elisabeth Salvarési, Marine Scarnati, Hélène Giraud, Claude Vacheret (Enregistrement SARL Des Femmes au Greffe du Tribunal de Commerce de Paris, 11 décembre 1972)
  7. Pavard 2005, p. 96.
  8. a et b Pavard 2005, p. 156.
  9. Encyclopædia Universalis, « FÉMINISME - Histoire du féminisme », sur Encyclopædia Universalis (consulté le )
  10. Chaperon, Sylvie, « « Antoinette Fouque (1936-2014). Une féminologue » », Hermès, La Revue, vol. vol. 70, no no. 3,‎ , pp. 207-209 (lire en ligne)
  11. Depuis 30 ans, des femmes éditent…, éd. des femmes, 2004.
  12. Catalogue, Des femmes 1974-1979.
  13. Ce livre est pour l'essentiel constitué de photos exposées au Pavillon des arts à Paris en novembre 1990 à l'initiative de Studio Magazine dans le cadre du mois de la Photo. Répondant au souhait de Catherine Deneuve, les photographes ont accepté de céder gracieusement leurs droits de reproduction, afin que la totalité des bénéfices de ce livre soit reversée à l'association Arcat-Sida.
  14. a et b Clémentine Goldszal, « Les éditions Des Femmes peinent à exister face à leurs rivales », sur Le Monde,
  15. Génération MLF, Paris, éd. Des femmes,
  16. Génération MLF 2008, p. 160.
  17. Claudine Mulard, « Marie Dedieu, pionnière féministe », sur lemonde.fr, (consulté le )
  18. Fac-similé du catalogue de la Galerie des femmes 1981-1982, Depuis trente ans des femmes éditent, éd. Des femmes, Paris, 2004, p. 352-403.
  19. « Femmes artistes à la Galerie des femmes », sur Espace des femmes (consulté le )
  20. Génération MLF 2008, p. 225.
  21. a et b Kate Millett, Going to Iran, photographies de Sophie Keir, Coward, McCann & Geoghegan, New York, 1982; En Iran, éd. des femmes, 1979.
  22. Jean Gueyras, « Les manifestations de femmes amènent l'ayatollah Khomeiny à nuancer sa position sur le "voile islamique », Le Monde,‎ , p.4.
  23. Dominique Pouchin, « Les féministes occidentales se mobilisent », Le Monde,‎ , p.6.
  24. Claudine Mulard, « Téhéran, mars 1979, avec caméra et sans voile, Journal de tournage », Les Temps modernes no 661, nov-décembre 2010, p. 161-177.
  25. (en) Mahnaz Matine et Nasser Mohajer, Iranian Women's Uprising, March 8th 1979, Noghteh Books, (ISBN 978-0-9828408-0-1).

Voir aussi[modifier | modifier le code]

Bibliographie[modifier | modifier le code]

  • Annie Dizier-Metz, Histoire d'une femme, mémoire des femmes, La Bibliothèque Marguerite Durand, 1992.
  • Sylvina Boissonnas (dir.), Mémoire de femmes 1974-2004. Depuis 30 ans des femmes éditent…, éditions des femmes, 2006, troisième édition.
  • Bibia Pavard, Les Éditions des femmes. Histoire des premières années, 1972-1979, L'Harmattan, .

Articles connexes[modifier | modifier le code]

Liens externes[modifier | modifier le code]