Édouard Imbeaux — Wikipédia

Charles Édouard Augustin Imbeaux, ou plus simplement Édouard Imbeaux, est un ingénieur et médecin français, né le à Brémoncourt (54) et mort le à Hyères (83).

Il est considéré comme faisant partie des fondateurs de l'hydrogéologie[1].

Biographie[modifier | modifier le code]

Édouard Imbeaux entre à l'École polytechnique en 1881 et devient ingénieur des Ponts et chaussées en 1886[2]. Les deuils familiaux qui le frappent cruellement (il perd sa mère de la typhoïde, puis sa femme de la tuberculose ainsi que ses deux jeunes enfants) le conduisent à entreprendre des études médicales qui aboutissent à la thèse soutenue en 1897 sur le thème des eaux potables et de leur rôle hygiénique[2]. C'est un cas rare de double formation (on peut néanmoins citer Charles Gabriel Pravaz dont le parcours de vie est similaire).

Il occupe un poste d'ingénieur à Apt de 1886 à 1891 pour être ensuite nommé à Nancy en 1892[2] où il est directeur des services municipaux jusqu'en 1912. Il devient alors professeur d'hydraulique à l'École nationale des ponts et chaussées puis commissaire de la navigation en Alsace-Lorraine à partir de 1918.

Il entre à la Société géologique de France en 1889[3] puis devient membre associé de l'Académie de Stanislas le , membre titulaire le [4] et président en 1907[5]. Le il est nommé membre correspondant de l'Académie des sciences dans la section d'économie rurale[6]. En 1905 il fonde, notamment avec Albert Calmette, l'Association générale des ingénieurs, architectes et hygiénistes municipaux devenue quelques années plus tard l'Association générale des hygiénistes et techniciens municipaux (A.G.H.T.M.) puis l'Association scientifique et technique pour l'eau et l'environnement (ASTEE)[2]. Il a présidé la commission des eaux souterraines de l'Union géodésique et géophysique internationale.

Il a effectué d'importants travaux dans le domaine sanitaire en lien avec les eaux de consommation. Ses conférences à l'école des Ponts et chaussées ont notamment porté sur les applications de la biologie à l'ingénierie. Le résumé de ses conférences est un véritable « livre de médecine » dans lequel les ingénieurs sont familiarisés avec les maladies infectieuses, leur prévention et traitement.

Le il donne une conférence à la Société géologique de France sur les nappes aquifères de France sous-titrée « Essai d'hydrogéologie ». En 1921 Martel écrit dans son Nouveau traité des eaux souterraines : « C'est aussi dans ce sens qu'un des plus savants spécialistes de notre temps, l'ingénieur en chef (de Nancy) et docteur en médecine, Édouard Imbeaux, a employé le terme de hydrogéologie pour décrire les nappes d'eau souterraines de France et celles des États-Unis, dans deux mémoires particulièrement remarquables »[7]. En 1930 Imbeaux écrit un nouvel Essai d'hydrogéologie qui contient une description hydrogéologique méthodique de la majeure partie du territoire français et est ainsi le premier travail du genre[8]. En 1991 Castany dit des travaux de Imbeaux : « L'hydrogéologie doit beaucoup à E. Imbeaux, dont l' Essai d'hydrogéologie, édité en 1930, établit les bases de la géologie appliquée aux eaux souterraines. »[9].

À la suite du fort accroissement de la population de l'agglomération nancéienne lié à l'annexion de 1871, les besoins en eaux de la ville de Nancy furent considérablement augmentés. Édouard Imbeaux eut en charge la réalisation d'une galerie de captation des eaux souterraines du plateau de la forêt de Haye[10]. Les travaux menés permettent de mieux appréhender « les détails de la composition du Bajocien inférieur et de la formation ferrugineuse »[11]. Abandonnées dès les années 1930, ces galeries développant environ 6,6 km ont été réhabilitées pour la pratique de la spéléologie par l'Union spéléologique de l'agglomération nancéienne (USAN) en 1991[12] et sont gérées par la Ligue spéléologique lorraine (LISPEL)[13]. Désormais appelées le spéléodrome de Nancy, elles servent de lieu de formation à la spéléologie et la plongée souterraine. Chaque année le site est ouvert au grand public par l'USAN à l'occasion des Journées européennes du patrimoine.

Édouard Imbeaux est également connu pour avoir publié plusieurs poèmes.

Décorations et prix[modifier | modifier le code]

  • Officier de la Légion d'honneur Officier de la Légion d'honneur (décret du 6 septembre 1918)[14]
  • 1910 : Prix Bellion (avec MM. Hoc, Devos, van Lint, Peter, Bétant et Klein), décerné par l'Académie des sciences[15] pour l'ouvrage collectif Annuaire statistique et descriptif des distributions d'eau
  • 1902 : Prix Bréant, décerné par l'Académie des sciences[16] pour L'alimentation en eau et l'assainissement des villes
  • 1902 : Médaille Berthelot, décernée par l'Académie des sciences[17] pour Études sur les eaux potables

Hommage toponymique posthume[modifier | modifier le code]

Panneau situé à l'entrée de l'usine Édouard-Imbeaux de traitement des eaux du Grand Nancy

Située à Vandœuvre-lès-Nancy l'usine de traitement des eaux alimentant l'agglomération nancéienne construite entre 1970 et 1985 porte le nom d'usine Édouard-Imbeaux. Cette usine a une capacité de traitement de 130 000 m3 par jour[18], soit entre 30 et 90 fois ce que fournissait la galerie drainante réalisée par Imbeaux entre 1899 et 1906.

Publications[modifier | modifier le code]

Bibliographie[modifier | modifier le code]

Notes et références[modifier | modifier le code]

  1. « L'hydrogéologie doit beaucoup à E. Imbeaux, dont l'Essai d'hydrogéologie, édité en 1930, établit les bases de la géologie appliquée aux eaux souterraines. », in : Castany, G. (1991) - « Origine et évolution des concepts des eaux souterraines », Travaux du comité français d'histoire de la géologie 3e série tome V no 1 (ISSN 1156-2919), Comité français d'histoire de la géologie, Paris, p. 1-7
  2. a b c et d (fr) Introduction au centenaire de l'ASTEE, site de l'ASTEE
  3. « Bulletin de la Société géologique de France, 4e série, tome X », sur Biodiversity Heritage Library (consulté le )
  4. (fr) Bienfaiteurs de l'Académie de Stanislas, site de l'Académie de Stanislas
  5. (fr) Mémoires de l'Académie de Stanislas, 1906-1907, CLVIIe année 6e série t. IV, Nancy, Impr. Berger-Levrault et Cie, 1907, p. 310
  6. (fr) Liste des membres, correspondants et associés étrangers de l'Académie des sciences depuis sa création en 1666, lettre I, site de l'Académie des sciences
  7. Martel, Édouard-Alfred, Nouveau traité des eaux souterraines, Paris, 0. Doin, G. Doin, , 838 p. (lire en ligne), page 28
  8. (fr) Critique de P. Hubert de l'ouvrage Aquifères et eaux souterraines en France, UMR Sisyphe, Centre de Géosciences, École des Mines de Paris
  9. Castany, G. (1991) - « Origine et évolution des concepts des eaux souterraines », Travaux du comité français d'histoire de la géologie 3e série t. V no 1 (ISSN 1156-2919), Comité français d'histoire de la géologie, Paris, p. 1-7
  10. (fr) Pertuy, J. & Pertuy, M. (2000) - « Notes historiques sur Hardeval à Villers-lès-Nancy », Villers au fil du temps no 11 (ISSN 0244-6391), Bulletin de l'Association des amis de l'histoire de Villers-lès-Nancy, Impr. Kruch, Raon-l'étape, p. 33-48
  11. Imbeaux, 1910, p. 187
  12. « Le spéléodrome de Nancy », sur le site de l'Union spéléologique de l'agglomération nancéienne (USAN) (consulté le )
  13. « commission Protection, environnement, patrimoine et équipements de la LISPEL », sur le site de la Ligue spéléologique lorraine (LISPEL) (consulté le )
  14. « Imbeaux Charles Edouard Augutin Eloi Marie Joseph », sur base Lėonore, ministère de la culture (consulté le )
  15. a et b « (1910) - « Prix Bellion », Comptes rendus hebdomadaires des séances de l'Académie des sciences tome 151, Académie des sciences, Paris p. 1238-1239 », sur Gallica (consulté le )
  16. « (1902) - « Prix Bréant », Comptes rendus hebdomadaires des séances de l'Académie des sciences tome 135, Académie des sciences, Paris p. 1216 », sur Gallica (consulté le )
  17. « (1902) - « Médaille Berthelot », Comptes rendus hebdomadaires des séances de l'Académie des sciences tome 135, Académie des sciences, Paris p. 1233 », sur Gallica (consulté le )
  18. (fr) [PDF] « Rapport annuel sur le prix et la qualité des services d'eau et d'assainissement 2011 », sur le site du Grand Nancy (consulté le )

Annexes[modifier | modifier le code]

Articles connexes[modifier | modifier le code]

  • Albert Calmette1863 - †1933), cofondateur de l'Association générale des ingénieurs, architectes et hygiénistes municipaux et coauteur d'article avec É. Imbeaux
  • Hydrogéologie, dont Imbeaux est considéré comme l'un des fondateurs
  • Spéléodrome de Nancy, galerie drainante réalisée à Nancy sous la direction d'Édouard Imbeaux

Liens externes[modifier | modifier le code]