Église Saint-Pierre de Chartres — Wikipédia

Église Saint-Pierre de Chartres
L'église Saint-Pierre de Chartres, façade nord.
Présentation
Destination initiale
église abbatiale
Destination actuelle
église paroissiale
Fondation
Xe siècleVoir et modifier les données sur Wikidata
Diocèse
Paroisse
Paroisse Notre-Dame Chartres ville (d)Voir et modifier les données sur Wikidata
Religion
Propriétaire
Ville de Chartres (d)Voir et modifier les données sur Wikidata
Patrimonialité
Localisation
Adresse
place Saint-Pierre (d) Voir et modifier les données sur Wikidata
Chartres, Eure-et-Loir
 France
Coordonnées
Carte

L'église Saint-Pierre est une église de Chartres (Eure-et-Loir), classée monument historique depuis 1840[1]. Avant la Révolution, c'était l'église de l'abbaye Saint-Père-en-Vallée (Père signifiant ici Pierre) dont les vestiges remontent au VIIe siècle. L'église est devenue paroissiale en 1803.

Histoire[modifier | modifier le code]

L'église abbatiale Saint-Père-en-Vallée[modifier | modifier le code]

Plan de l’église abbatiale Saint-Père-en-Vallée et de ses abords, en 1700 par M. Lecocq.
Plan de l’église abbatiale Saint-Père-en-Vallée et de ses abords, en 1700 par M. Lecocq.

On doit probablement à la reine Bathilde, au VIIe siècle, non la fondation de l'abbaye Saint-Père, plus ancienne, mais un accroissement de ses revenus. L'abbaye est réservée aux moines bénédictins de sa fondation à la révolution française. Détruite par les Normands en 858 et à nouveau en 911, l'abbaye fut entièrement reconstruite vers 930 par l'évêque de Chartres Aganon, qui y fut inhumé.

Les incendies de 1077 et 1134 la détruisirent presque totalement, à l'exception de la tour ouest, bâtie comme un donjon. Les dégâts furent si importants que l'abbé Foucher décida de reconstruire entièrement l'église en conservant la tour épargnée par les incendies.

Fort opportunément la découverte, en 1165, du tombeau de saint Gilduin, mort en 1077 au cours d'un pèlerinage à l'abbaye de Saint-Père et inhumé dans le chœur l'église abbatiale, fit affluer pèlerins et dons, qui permirent de poursuivre les travaux du chœur, dont les vitraux furent posés vers 1190. Le reste de la reconstruction se déroula au cours du XIIIe siècle dans des conditions financières moins favorables. Ainsi renonça-t-on à démolir la tour primitive. L'édifice fut achevé autour des années 1320.

Les bâtiments de l'abbaye évoluèrent en fonction des modes et des vicissitudes de l'Histoire. La galerie nord du cloître fut reconstruite au XIIIe siècle, le cloître en entier en 1408, le dortoir (qui disparut dans l'incendie de 1584) fut rebâti et terminé en 1609, tous les bâtiments furent rénovés entre 1700 et 1709.

La Révolution fit disparaître le cloître et utilisa l'église, vidée d'une grande partie de son mobilier, comme fabrique de salpêtre. Les bâtiments restants furent affectés à une caserne de cavalerie (caserne Rapp), avant d'être attribués au lycée Marceau, au muséum et à un hôpital militaire.

L'église paroissiale Saint-Pierre de Chartres[modifier | modifier le code]

Façade nord de l'église Saint-Pierre par Mieusement (1840-1905).
Cinq des panneaux émaillés des apôtres (1547) qui ornaient la chapelle de la Vierge de Saint-Pierre de Chartres, aujourd'hui au musée des Beaux-Arts de Chartres.

En 1803, au moment du rétablissement du culte en France, une paroisse est constituée. L'église prend alors le vocable de Saint-Pierre.

Lorsque le décor de la chapelle axiale, chapelle Notre-Dame ou de la Vierge, fut renouvelé dans la deuxième moitié du XIXe siècle, elle comprenait respectivement deux vitraux de part et d'autre de la fenêtre centrale et les douze précieuses plaques des apôtres[2], peints en émail, commandées en 1545 par François Ier pour la chapelle Saint-Saturnin du château de Fontainebleau et exécutées en 1547 à Limoges par Léonard Limosin, émailleur du roi, d'après des cartons en couleur de Michel Rochetel.

Ces plaques avaient été données par Henri II à Diane de Poitiers pour la chapelle du château d'Anet où elles restèrent jusqu'à la Révolution. Elles se trouvaient dans la chapelle axiale de Saint-Pierre depuis 1802[3].

Ces œuvres font aujourd'hui partie de la collection permanente du musée des Beaux-Arts de Chartres.

Aujourd'hui[modifier | modifier le code]

La chapelle axiale de l'église présente une statue de la vierge réalisée par Charles Antoine Bridan au XVIIIe siècle[4].

L'église accueille régulièrement des concerts à l'occasion du Festival d'orgues.

Les bâtiments de l'abbaye situés au sud de l'église, rebâtis au XVIIIe siècle, font actuellement partie du lycée Marceau.

Mobilier[modifier | modifier le code]

Vitraux[modifier | modifier le code]

L'église Saint-Pierre comporte, notamment, 46 vitraux classés monument historique au titre d'objet[a] :

  • l'ensemble des fenêtres hautes, composé des sous-ensembles[5] :
    • baies 200 à 205, verrières datées vers 1295, 1300, 1305[6] ;
    • baies 207 à 228, verrières datées du XIIIe siècle et 1er quart du XIVe siècle, restaurées aux XIXe et XXe siècles[7],[8] ;
  • les baies 100 à 116, verrières datées 1260, 1270 et 1300, restaurées au XXe siècle[9],[10] ;
  • la baie 008, verrière gauche de la chapelle de Saint-Jean (à droite de la chapelle de la Vierge), remploi au XXe siècle de deux écus armoriés du XVIe siècle[11].

Peintures[modifier | modifier le code]

Cinq œuvres sont protégées par les monuments historiques :

  • Déploration, huile sur bois de l’École française d'après Annibale Carracci, probablement via la gravure d'Agostino Carracci (vers 1597), limite XVIe et XVIIe siècles - 1er quart XVIIe siècle ; œuvre réputée disparue (?)[12] ;
  • L'Adoration des Bergers, anonyme, huile sur toile de la première moitié du XVIIe siècle, située dans la chapelle Sainte-Anne, classée au titre d'objet en 2003[13] ;
  • Nativité, huile sur toile de Jean Mosnier (1600-1656), provenant du décor de l'ancien palais épiscopal de Chartres ; le tableau, restauré, est inscrit au titre d'objet également depuis 2003[14] ;
  • Le Baptême du Christ, anonyme du XVIIe siècle, chapelle saint-Jean (première chapelle à droite de la chapelle axiale)[15] ;
  • Les Noces de Cana, huile sur toile de Coypel, 450 × 577 cm, XVIIe siècle restaurée en 2010, provenant du réfectoire de l'ancienne abbaye Saint-Père-en-Vallée, située contre le mur du clocher[16].

Sculpture et statuaire[modifier | modifier le code]

Copies des bas-reliefs du jubé de l'abbatiale Saint-Père.
Copies des bas-reliefs du jubé de l'abbatiale Saint-Père.
Plaque commémorative du xviie siècle.
Plaque commémorative du XVIIe siècle.
  • Cinq éléments du jubé de l'ancienne abbaye bénédictine de Saint-Père-en-Vallée représentant des scènes de la vie de saint Pierre et saint Paul sont en cours de restauration. Des copies sont présentées dans l'attente de leur retour. Ces éléments sont l’œuvre de François Marchand en 1543, Logo monument historique Classé MH (1972)[17]. Quatre autres scènes sont au musée du Louvre dans les salles de sculptures de la Renaissance.
  • Une plaque commémorative du XVIIe siècle en pierre gravée mentionne que l'église est un lieu d'inhumation d'évêques en 955 (Ragenfroy, évêque de Chartres), 1028 (Fulbert, également évêque de Chartres) et 1244 (Clément de Vitré, évêque de Dol), Logo monument historique Classé MH (1908)[18].

Paroisse et doyenné[modifier | modifier le code]

L'église Saint-Pierre fait partie de la paroisse Notre-Dame, Chartres ville, rattachée au doyenné de Chartres.

Notes et références[modifier | modifier le code]

Notes[modifier | modifier le code]

  1. Pour le système de numérotation des baies voir Vitraux de Chartres#Numérotation des baies.
  2. Mission de 1885. L'inscription au centre mentionne « Notre Dame du Perpétuel Secours priez pour nous », ainsi que la dédicace en bas « Souvenir de la mission mars MDCCCLXXXV » (1885).

Références[modifier | modifier le code]

  1. « Église Saint-Pierre », notice no PA00096999, sur la plateforme ouverte du patrimoine, base Mérimée, ministère français de la Culture
  2. « Plaques décoratives (12) : les douze apôtres », notice no PM28000171, sur la plateforme ouverte du patrimoine, base Palissy, ministère français de la Culture
  3. Paul Durant: « Église de Saint-Père, à Chartres : explication de la nouvelle décoration exécutée dans la chapelle de la Sainte-Vierge », Chartres, Imprimerie de Garnier, 1863 (voir en ligne.
  4. Didier Rykner, « Chartres : son patrimoine à la dérive, ses projets pharaoniques et inutiles », sur latribunedelart.com, (consulté le ).
  5. « Ensemble des fenêtres hautes répondant à une unité dans le programme iconographique », notice no PM28000764, sur la plateforme ouverte du patrimoine, base Palissy, ministère français de la Culture
  6. « 6 verrières (verrière figurée, verrière à personnages) : saints, apôtres et martyrs, calvaire, Vierge à l'Enfant, anges, motifs décoratifs et décor d'architecture (baies 200 à 205) », notice no PM28000768, sur la plateforme ouverte du patrimoine, base Palissy, ministère français de la Culture
  7. « 10 verrières (verrière à personnages, grisaille décorative) : saints de l'ancien testament, décor d'architecture (baies 207 à 216) », notice no PM28000769, sur la plateforme ouverte du patrimoine, base Palissy, ministère français de la Culture
  8. « 12 verrières (verrière figurée, verrière à personnages) : saints et apôtres, scènes de la vie du Christ, scènes de la Vie de la Vierge, scènes de la vie des saints, décor d'architecture, motifs décoratifs (baies 217 à 228) », notice no PM28000770, sur la plateforme ouverte du patrimoine, base Palissy, ministère français de la Culture
  9. « 5 verrières figurées : scènes narratives, Annonciation, Adoration des Mages, Fuite en Égypte, Dormition de la Vierge, motifs décoratifs (baies 100 à 104) », notice no PM28000766, sur la plateforme ouverte du patrimoine, base Palissy, ministère français de la Culture
  10. « 12 verrières (grisaille décorative) : motifs décoratifs (baies 105 à 116) », notice no PM28000765, sur la plateforme ouverte du patrimoine, base Palissy, ministère français de la Culture
  11. « Verrière (baie 8) », notice no PM28000767, sur la plateforme ouverte du patrimoine, base Palissy, ministère français de la Culture.
  12. « Tableau : Descente de Croix' », notice no PM28000144, sur la plateforme ouverte du patrimoine, base Palissy, ministère français de la Culture.
  13. « Tableau : l'Adoration des bergers », notice no PM28000902, sur la plateforme ouverte du patrimoine, base Palissy, ministère français de la Culture.
  14. « Tableau : Nativité », notice no PM28001090, sur la plateforme ouverte du patrimoine, base Palissy, ministère français de la Culture.
  15. « Tableau, cadre : le Baptême du Christ », notice no PM28000145, sur la plateforme ouverte du patrimoine, base Palissy, ministère français de la Culture.
  16. « Tableau : les Noces de Cana », notice no PM28000146, sur la plateforme ouverte du patrimoine, base Palissy, ministère français de la Culture.
  17. « 5 bas-reliefs : scènes de la vie de saint Pierre et saint Paul », notice no PM28000152, sur la plateforme ouverte du patrimoine, base Palissy, ministère français de la Culture.
  18. « Plaque commémorative », notice no PM28000147, sur la plateforme ouverte du patrimoine, base Palissy, ministère français de la Culture.

Voir aussi[modifier | modifier le code]

Sur les autres projets Wikimedia :

Wikidata : liste d’objets monuments historiques de l'église Saint-Pierre de Chartres, requête « à exécuter » (20 objets MH au 28 décembre 2023)

Bibliographie[modifier | modifier le code]

  • Dom Michel Germain (1645-1694), Matériaux du Monasticon Gallicanum, ms. Latin 11820 « Abbatiæ Sti Petri Carnutensis topographia » ;
  • Paul Durand (1806-1882) :
    • « Note sur la chapelle de la conception dans l’église de Saint-Père, à Chartres », in Mémoires de la Société archéologique d'Eure-et-Loir, tome I, Chartres, 1858, p. 167-174, [lire en ligne] ;
    • « Église de Saint-Père, à Chartres - Explication de la nouvelle décoration exécutée dans la chapelle de la Sainte-Vierge », in Mémoires de la Société archéologique d’Eure-et-Loir, tome III, Chartres, 1863, p. 298-320, [lire en ligne].

Articles connexes[modifier | modifier le code]

Liens externes[modifier | modifier le code]