Église de Norvège — Wikipédia

Blason de l’Église de Norvège.

L’Église de Norvège (Den norske kirke), également connue sous le nom d’Église protestante-luthérienne de Norvège, est l’Église d’État de la Norvège jusqu'au [1]. L’Église de Norvège est de confession luthérienne. Elle est la première confession du pays avec près de 3,83 millions de fidèles, représentants 77 % de la population en 2011[2].

Histoire[modifier | modifier le code]

L’Église de Norvège trouve son origine au IXe siècle, lors de l’introduction du christianisme dans le pays. La conversion de la Norvège demanda plusieurs siècles et n’alla pas sans difficulté, comme en témoigne la bataille de Stiklestad. Néanmoins, à compter de la fin du XIIe siècle, l’archevêché catholique de Nidaros (aujourd’hui Trondheim) réussit à couvrir la totalité du pays ainsi qu’un grand nombre de terres sous domination norvégienne : Islande, Groenland, île de Man, Orcades, Shetland, îles Féroé, Hébrides

Le pape anglais Adrien IV a influencé l'histoire de l'Église de Norvège.

En effet, pendant cette période en retrouvera entre autres l'influence du futur pape anglais Adrien IV qui viendra établir le cadre de l'Église de Norvège par des interventions majeures à la suite des demandes du pape Eugène III. Il organisera l'Église de Norvège selon le modèle romain. Il constituera la province ecclésiastique de Norvège, avec Nidaros, aujourd'hui Trondheim, comme métropole.

La Réforme luthérienne, en Norvège, fut décidée dès 1537, lorsque le roi Christian III de Danemark imposa la nouvelle confession comme religion officielle de la Norvège et du Danemark. La couronne s’empara des biens de l’Église catholique, et quelques lieux de culte furent abandonnés ou détruits. Ces évènements, comme en Angleterre, concrétisèrent la fusion de l’Église et de l’État, qui perdure jusqu’en 2012.

À partir de 1661, le clergé fut constitué de personnes désignées par le roi régnant, mais les questions théologiques furent laissées au soin des évêques.

En Norvège, le mouvement piétiste, incarné dans une large mesure par Hans Nielsen Hauge, servit à rapprocher les croyants et les membres du clergé, une tendance s’observant toujours aujourd’hui. En 1873, l’Église accepta en son sein les congrégations laïques, bien qu’en ne leur octroyant au début que peu d’influence. Des réunions informelles commencèrent à avoir lieu tous les deux ans, et acquirent un statut officiel en 1982.

À partir de 1905, l’Église de Norvège connaît un Réveil chrétien sous l'influence d'Albert Lunde, un jeune Norvégien qui rentre des États-Unis pénétré des idées et des méthodes de l'Armée du Salut et de Dwight L. Moody. Ce mouvement, qui touche de nombreux Norvégiens, n'occasionne aucune scission dans l'Église de Norvège car Lunde souhaite rester dans l'église luthérienne. Lunde fonde néanmoins une Société protestante, préside la Société des missions norvégienne luthérienne [3].

Au cours de la Seconde Guerre mondiale, la vaste majorité du clergé norvégien s’est désolidarisée du gouvernement collaborationniste de Vidkun Quisling, se contentant d’assurer de simples fonctions de pasteurs au niveau des paroisses.

Depuis, un certain nombre de changements dans la structure de l’Église sont intervenus, notamment pour institutionnaliser la participation des laïques à son fonctionnement.

Organisation[modifier | modifier le code]

Jusqu'en , L’Église de Norvège était reconnue comme Église d’État dans la constitution du pays. Son gouverneur suprême est le roi régnant, lequel a l’obligation d’être de confession luthérienne. Les lois régissant le fonctionnement et le budget de l’Église de Norvège étaient votées par le Parlement, et exécutées par le ministère des Églises. Le , les parlementaires norvégiens abolissent cette disposition constitutionnelle faisant de l’Église protestante luthérienne l’Église d’État : L’État n’est plus confessionnel et la notion de « religion publique » disparait, à l'instar de l'impôt ecclésiastique même si l’État conserve la tâche de soutenir l’Église en tant que communauté de croyants. L’Église norvégienne est substituée à l'État pour la nomination des évêques et doyens tandis qu'il n'est plus nécessaire pour les membres du gouvernement d'appartenir à cette Église[1].

La direction de l’Église est assurée par deux structures, l’une synodale et l’autre épiscopale (voir plus bas).

Subdivisions[modifier | modifier le code]

L’Église de Norvège compte 1 600 églises ou chapelles. Le pays est divisé en 1 298 paroisses et 100 doyennés ruraux. À la tête de chaque paroisse se trouvent un pasteur et un conseil paroissial élu par la communauté.

Mais la structure générale de l’Église repose surtout sur la division du pays en onze diocèses, avec un évêque à la tête de chacun d’eux. Contrairement à l'Église de Suède, mais comme l'Église du Danemark, il n'y a pas d'archidiocèse.

Carte des diocèses de l'Église de Norvège.
Liste des onze diocèses
Nom Siège du diocèse Zone couverte
Oslo Oslo Comté d’Akershus
Borg Fredrikstad Comté d’Østfold
Hamar Hamar Comtés de Hedmark et d’Oppland
Tønsberg Tønsberg Comté de Vestfold
Agder et Telemark Kristiansand Comtés de Aust-Agder, Telemark et Vest-Agder
Stavanger Stavanger Comté de Rogaland
Bjørgvin Bergen Comtés de Hordaland et de Sogn og Fjordane
Møre Molde Comté de Møre og Romsdal
Nidaros Trondheim Trøndelag
Sør-Hålogaland Bodø Comté de Nordland
Nord-Hålogaland Tromsø Comtés de Troms et de Finnmark

Synode général[modifier | modifier le code]

Le Synode Général est la plus haute instance représentative de l’Église, comme dans toutes les églises de régime presbytérien synodal. Il se réunit une fois par an. Il se compose de 85 membres, à raison d’une délégation de sept ou huit personnes par diocèse. On trouve dans une délégation :

  • l’évêque ;
  • quatre membres laïques de l’Église, nommés par les congrégations locales ;
  • un autre membre laïque désigné par les salariés locaux de l’Église ;
  • un membre du clergé, désigné par ses pairs ;
  • pour les deux diocèses les plus septentrionaux, un représentant de la communauté lapone.

En plus des 11 délégations diocésaines, sont présents des représentants d’autres organisations affiliées, comme les trois séminaires que compte l’Église ou l’association des jeunes.

Conférence des évêques[modifier | modifier le code]

Collège épiscopal, .
En haut : Erling Pettersen (en), Ole Christian Kvarme, Halvor Nordhaug, Olav Skjevesland, Tor Berger Jørgensen, Tor Singsaas et Per Oskar Kjølaas.
En bas : Ingeborg Midttømme, Helga Haugland Byfuglien, Laila Riksaasen Dahl et Solveig Fiske[4].

La Conférence des évêques, rassemblant les onze évêques de l’Église, se réunit trois fois par an. Il s’agit d’un organe consultatif, émettant des opinions sur des sujets variés, pouvant aller de la vie quotidienne de l’Église à des questions théologiques.

Conseil national[modifier | modifier le code]

Le Conseil national se réunit cinq fois par an. Il comprend quinze membres, dont dix laïques, quatre membres du clergé et un évêque. Sa tâche consiste notamment à étudier et préparer l’ordre du jour du Synode Général, puis à veiller à l’exécution des décisions de ce même synode. Le Conseil National dispose de plusieurs groupes de travail permanents, dédiés à l’étude de différents thèmes tels que l’éducation, la jeunesse…

L’Église de Norvège aujourd’hui[modifier | modifier le code]

L’Église de Norvège a parfois eu tendance à influer sur des questions politiques, ce qui suscite régulièrement des polémiques. La séparation de l’Église et de l’État a longtemps fait l’objet de débats en Norvège avant d'être concrétisée par le vote du parlement du [1].

Même si la plupart des Norvégiens n’ont recours à l’Église que pour les grands évènements de la vie, les traditions et les institutions religieuses restent très appréciées. Par ailleurs, l’Église de Norvège a une importante tradition d'aide sociale, s'appuyant sur les paroisses et le volontariat[5].

Notes et références[modifier | modifier le code]

  1. a b et c En Norvège, le luthéranisme n’est plus religion d’État, Apic/La Croix, 21/05/2012, article en ligne
  2. Church of Norway, 2011 Statistisk Norway 19.5.2012
  3. (en) G.J. Hocking, Twenty Revivals of the Twentieth Century, G. J. Hocking, , 260 p. (lire en ligne), p. 107-110
  4. Source : www.kirkeinfo.no
  5. (en) Grace Davie, Welfare and Religion in 21st Century Europe: Gendered, Religious and Social Change, éd. Ashgate Publishing, 2011, p.4, extrait en ligne

Bibliographie[modifier | modifier le code]

  • Emmanuelle Vignaux, Luthéranisme et politique en Norvège: Le parti chrétien du peuple, éd. L'Harmattan, 2003, [extraits en ligne]

Voir aussi[modifier | modifier le code]

Articles connexes[modifier | modifier le code]

Liens externes[modifier | modifier le code]