Église grecque-catholique roumaine — Wikipédia

Église grecque-catholique roumaine
Nom local Biserica Greco-Catolică Română Unită cu Roma
Fondateur(s) Métropolite Athanasiu Anghel
Union à Rome 1698
Primat actuel Archevêque majeur Lucian Mureșan
Siège Blaj
Territoire primaire Roumanie (Transylvanie)
Extension territoriale États-Unis
Rite byzantin
Langue(s) liturgique(s) roumain
Calendrier grégorien, avec exception de Paques (julien)
Population estimée 742 000 (2005)

L'Église grecque-catholique roumaine (plutôt appelée Église gréco-catholique roumaine), ou Église Roumaine Unie à Rome, Gréco-Catholique (en roumain : Biserica Română Unită cu Roma, Greco-Catolică) est une des Églises catholiques orientales. Le chef de l'Église porte le titre d'archevêque majeur d'Alba Iulia et Făgăraș, avec résidence à Blaj. Depuis , son titulaire actuel est le Cardinal Lucian Mureșan.

Elle ne doit pas être confondue avec l'Église romano-catholique de Roumanie, également catholique mais appartenant à l'Église latine.

Selon le recensement de , l'Église grecque-catholique roumaine compte 150 593 membres, soit 0,7 % de la population[1].

Histoire[modifier | modifier le code]

La cathédrale de la Sainte-Trinité de Blaj.
La cathédrale de la Transfiguration de Cluj.
Les gréco-catholiques en Transylvanie (recensement de 1850).
Les gréco-catholiques en Roumanie (recensement de 1930).
Les gréco-catholiques en Roumanie (recensement de 2002).
La présence des gréco-catholiques (recensement de 2002[2]).

Synode d'Alba Iulia (1697)[modifier | modifier le code]

Après la victoire autrichienne sur l’armée ottomane en 1686, la Transylvanie fut intégrée à la monarchie des Habsbourg. Celle-ci appliquait la politique de la Contre-Réforme mais persécutait aussi les orthodoxes, considérés comme des sujets de seconde zone et ne jouissant pas de la citoyenneté. Dans ce contexte surgit, parmi ces derniers, l’idée d’une union avec Rome, pour jouir de la pleine citoyenneté, mais aussi en raison du souvenir de leurs origines, manifestées à travers leur langue latine. En 1697, une première négociation entre l’évêque orthodoxe transylvain, Théophile d’Alba Iulia, et un Jésuite, Ladislas Baranyi, aboutit à proposer la reconnaissance par les orthodoxes du concile catholique de Florence en échange de l’égalité avec le clergé catholique. Un des arguments avancés par Théophile et Baranyi pour convaincre le clergé orthodoxe d’accepter l’union était celui de la sauvegarde de la foi orthodoxe contre le prosélytisme calviniste.

Afin de convaincre le clergé orthodoxe d’accepter l’Union avec Rome, le métropolite Athanase Anghel d'Alba Iulia convoqua un synode général à Alba Iulia en 1697, auquel prirent part presque tous les membres de son diocèse. Réitérant les mises en garde contre le risque de disparition de l’Église orthodoxe transylvaine sous la pression calviniste, Athanase présenta l’Union avec Rome comme la seule solution pour le salut de la foi orthodoxe, ainsi que comme une perspective d’amélioration des conditions de vie du clergé et des droits des fidèles. Il présenta ensuite les conditions de l’Union, c’est-à-dire la reconnaissance des « quatre points florentins », que les membres du synode acceptèrent.

En revanche, le rite oriental, les canons orthodoxes de l’Église (dont l'ordination à la prêtrise d'hommes mariés), le calendrier, la langue liturgique resteraient inchangés. De plus, les chrétiens unis devant avoir des églises partout, même dans les régions où ils seraient peu nombreux, la liturgie ne se ferait jamais selon le rite latin. La contrepartie à la signature de l’Union était la reconnaissance pour le clergé roumain des mêmes droits et privilèges que le clergé des autres religions, et pour les Roumains, des mêmes droits que les trois autres peuples du pays (Hongrois, Saxons et Sicules), notamment celui d’étudier dans les écoles d’État.

L’une des conséquences majeures de l’Union fut l’apparition d’une élite intellectuelle gréco-catholique, formée à Rome ou à Vienne. Elle allait jouer un rôle important dans l’histoire de la Transylvanie au cours de la deuxième moitié du XVIIIe siècle : plusieurs membres de cette nouvelle élite (dont le célèbre évêque Inocențiu Micu-Klein (1692-1768), puis un mouvement connu sous le nom d’École Transylvaine) allaient associer des recherches historiques et linguistiques sur les origines du peuple roumain à une intense activité politique s’inspirant des résultats de leurs recherches, en vue de la reconnaissance de droits élargis pour les Roumains de Transylvanie.

Période communiste[modifier | modifier le code]

Le , le Parti communiste roumain met les églises catholiques, dont l’Église gréco-catholique, hors-la-loi : l’Église orthodoxe roumaine, dont les hiérarques sont alors destitués ou emprisonnés et remplacés par des popes ayant fait allégeance au régime communiste de Roumanie, devint affectataire de la plupart des biens gréco-catholiques saisis[3]. Les évêques : Alexandru Rusu, Iuliu Hossu, Ioan Bălan, Vasile Aftenie, Ioan Suciu, Valeriu Traian Frențiu, Tit Liviu Chinezu, un grand nombre de prêtres, de moines et de fidèles sont exécutés ou emprisonnés.

En , le communisme s’effondre en Roumanie et après 41 ans de clandestinité, l’Église gréco-catholique sort des catacombes. Cinq évêques ont survécu aux 16 années de prison : le cardinal Alexandru Todea, Ioan Ploscaru, Iuliu Hirțea, Ioan Dragomir (en) et Ioan Cherteș (ro).

Post-communisme[modifier | modifier le code]

L’Église grecque-catholique roumaine, redevenue légale, a bien du mal à recouvrer ses biens confisqués par l’État communiste ou attribués à l’Église orthodoxe roumaine : en 2007, sur les 2000 églises confisquées en 1948, elle en a récupéré seulement 152. En effet, la nomenklatura ex-communiste et sa descendance, sont toujours influentes dans les échelons supérieurs de la législature, de la magistrature et de la hiérarchie orthodoxe, de sorte que le plupart des procédures n’aboutissent pas et que les assurances données en 1999 par le patriarche orthodoxe Toader Arăpașu au pape catholique Karol Wojtyła lors de la visite de ce dernier en Roumanie, sont restées lettre morte[4].

L’Église grecque-catholique roumaine est élevée au rang d’Église archiépiscopale majeure d’Alba Iulia et Făgăraș des Roumains, le .

Le poids relatif des grecs-catholiques roumains par rapport aux orthodoxes en 1930 : en jaune grecs-catholiques plus nombreux que les orthodoxes ; en vert orthodoxes plus nombreux que les grecs-catholiques (vert et jaune à l'exception des alentours de Bucarest au sud du pays : anciens territoires de l'empire austro-hongrois) ; en violet moins de 5 % de grecs-catholiques (anciennes principautés danubiennes).

Statut[modifier | modifier le code]

L’ancienne cathédrale grecque-catholique de Gherla, confisquée en 1948, n’a toujours pas encore été restituée en 2020.

Église catholique orientale, l’Église grecque-catholique roumaine est une Église sui juris en pleine communion avec l’Église catholique romaine.

Elle est régie par le code des canons des Églises orientales.

Par la constitution apostolique Ad totius Dominici du [5], le pape Benoît XVI a conféré à l'archevêque de Făgăraş et Alba Iulia, le titre d'archevêque majeur. Ainsi, depuis l'entrée en vigueur de la constitution apostolique, le [6], l'Église grecque-catholique roumaine est une Église archiépiscopale majeure. En effet, le primat n'a pas le titre de patriarche mais celui d'archevêque majeur[7] ; son élection par le synode des évêques doit être confirmée par le pape[8] qui peut la refuser[9].

Organisation[modifier | modifier le code]

Localisation des églises particulières de l'Église grecque-catholique roumaine

Le , l'Église grecque-catholique roumaine comprenait sept Églises particulières : six ayant leur siège en Roumanie ; et une, aux États-Unis.

Nom Siège Type Province ecclésiastique Réf.
Făgăraş şi Alba Iulia Blaj archéparchie majeure Făgăraş şi Alba Iulia [10],[11]
Cluj-Gherla Cluj-Napoca éparchie suffragante Făgăraş şi Alba Iulia [12],[13]
Lugoj Lugoj éparchie suffragante Făgăraş şi Alba Iulia [14],[15]
Maramureş Baia Mare éparchie suffragante Făgăraş şi Alba Iulia [16],[17]
Oradea Mare Oradea éparchie suffragante Făgăraş şi Alba Iulia [18],[19]
Saint Basile Le Grand Bucarest éparchie suffragante Făgăraş şi Alba Iulia [20]
Saint George Canton (États-Unis) éparchie exempte [21],[22]

Relations avec les autres Églises[modifier | modifier le code]

Notes et références[modifier | modifier le code]

  1. (ro) « Tab13. Populaţia stabilă după religie – judeţe, municipii, oraşe, comune », sur Institutul Național de Statistică din România (consulté le ).
  2. Source: http://recensamant.referinte.transindex.ro/.
  3. Le , le Praesidium de la Grande Assemblée nationale de la République populaire roumaine promulgue le décret n° 358/1948 par lequel le culte gréco-catholique de Roumanie était interdit et tous ses biens expropriés.
  4. International Religious Freedom Report : [1] et [2].
  5. (la) Constitution apostolique Ad totius Dominici du 14 décembre 2005, dans Acta Apostolicae Sedis, XCVIII (2005), p. 107 (consulté le 29 avril 2013).
  6. (it) Notice de la Congrégation pour les Églises orientales, Elevazione della Chiesa romena ad arcivscovado maggiore (consulté le 29 avril 2013).
  7. Code des canons des Églises orientales (CCEO), canon 151 : « L'Archevêque majeur est le Métropolite d'un Siège déterminé ou reconnu par l'autorité suprême de l'Église, qui est à la tête de toute une Église orientale de droit propre non revêtue du titre patriarcal. »
  8. Code des canons des Églises orientales (CCEO), canon 153, § 2 : « Après l'acceptation de l'élu, le Synode des Évêques de l'Église archiépiscopale majeure doit informer, par lettre synodique, le Pontife Romain de l'élection canoniquement faite : l'élu lui-même doit solliciter, par lettre signée de sa propre main, du Pontife Romain la confirmation de son élection. »
  9. Code des canons des Églises orientales (CCEO), canon 153, § 4 : « Si la confirmation est refusée, une nouvelle élection aura lieu dans le délai déterminé par le Pontife Romain. »
  10. (en) Archdiocese of Făgăraş şi Alba Iulia (Romanian) (consulté le 29 avril 2013).
  11. (en) Romanian Major Archdiocese of Făgăraş şi Alba Iulia (consulté le 29 avril 2013).
  12. (en) Diocese of Cluj-Gherla (Romanian) (consulté le 29 avril 2013).
  13. (en) Romanian Diocese of Cluj-Gherla (consulté le 29 avril 2013).
  14. (en) Diocese of Lugoj (Romanian) (consulté le 29 avril 2013).
  15. (en) Romanian Diocese of Lugoj (consulté le 29 avril 2013).
  16. (en) Diocese of Maramureş (Romanian) (consulté le 29 avril 2013).
  17. (en) Romanian Diocese of Maramureş (consulté le 29 avril 2013).
  18. (en) Diocese of Oradea Mare {Gran Varadino} (Romanian) (consulté le 29 avril 2013).
  19. (en) Romanian Diocese of Oradea Mare (consulté le 29 avril 2013).
  20. (en) Eparchy of Sfântul Vasile cel Mare de Bucureşti (Romanian) (consulté le 4 juin 2014).
  21. (en) Eparchy of Saint George’s in Canton (Romanian) (consulté le 29 avril 2013).
  22. (en) Romanian Diocese of Saint George’s in Canton (consulté le 29 avril 2013).

Voir aussi[modifier | modifier le code]

Articles connexes[modifier | modifier le code]

Il existe une catégorie consacrée à ce sujet : Église grecque-catholique roumaine.

Liens externes[modifier | modifier le code]

Bibliographie[modifier | modifier le code]

  • Stéphanie Mahieu, 2006: “([Non-)retours à l’Église gréco-catholique roumaine, entre adhésion et transmission religieuse][3]” in Social Compass, 53(4) : 513-531.
  • Stéphanie Mahieu, 2004. “Une Église dissidente ? L’Église gréco-catholique roumaine pendant la période communiste (1948-1989) ”, in Revue d’études comparatives Est / Ouest, no 4, , p. 93-126.
  • Lavinia Stan and Lucian Turcescu, Religion and Politics in Post-Communist Romania, New York, NY: Oxford University Press, 2007.
  • Lavinia Stan and Lucian Turcescu, “Religion and Politics in Post-Communist Romania”, in Quo Vadis Eastern Europe? Religion, State, Society and Inter-religious Dialogue after Communism, ed. by Ines A. Murzaku (Bologne, Italie : University of Bologna Press, 2009), p. 221-235.
  • Lucian Turcescu and Lavinia Stan, “The Romanian Greek Catholic Church after 1989,” in Churches In-Between: Greek Catholic Churches in Post-Socialist Europe, ed. by Stephanie Mahieu and Vlad Naumescu (Berlin : LIT Verlag, 2008), p. 99-109, (ISBN 978-3-8258-9910-3).