Élection présidentielle américaine de 1976 — Wikipédia

Élection présidentielle américaine de 1976
Type d’élection Élection présidentielle[a]
Mandat Du au
Débat(s) [b]
[b]
[c]
[b]
Corps électoral et résultats
Population 217 553 859
Inscrits 152 309 190
Votants 81 603 346
53,58 %[1],[2],[3] en diminution 1,6
Jimmy Carter – Parti démocrate
Colistier : Walter Mondale
Voix 40 831 881
50,08 %
Grands électeurs 297
Gerald Ford – Parti républicain
Colistier : Bob Dole
Voix 39 148 634
48,01 %
Grands électeurs 240
Collège électoral
Carte
Président des États-Unis
Sortant Élu
Gerald Ford
Parti républicain
Jimmy Carter
Parti démocrate

L'élection présidentielle américaine de 1976 intervient aux États-Unis après le désengagement des troupes militaires au Viêt nam, le scandale du Watergate, qui a conduit à la démission du président Richard Nixon, et les débuts d'une crise économique mondiale.

Le président des États-Unis en exercice est Gerald Ford, devenu vice-président de Nixon après la démission de Spiro Agnew. En conséquence, celui qui occupe la Maison-Blanche en 1976 n'a pas été élu par le peuple américain quatre ans plus tôt, mais nommé par le président, nomination confirmée par le Congrès des États-Unis au début de l'année 1974. Lors des élections primaires républicaines, Ronald Reagan, ancien gouverneur de Californie, dispute âprement l'investiture républicaine au président sortant.

Dans le camp démocrate, le gouverneur de Géorgie, le sudiste et relativement inconnu Jimmy Carter, et son colistier nordiste Walter Mondale, promettent avec optimisme de réformer le pays et d'en finir avec la corruption.

C'est de justesse que les démocrates, en remportant le sud, gagnent la Maison-Blanche pour quatre ans. Il s'agit de l'élection présidentielle la plus serrée depuis celle de 1916.

Conditions d'éligibilité[modifier | modifier le code]

Ne peuvent se présenter, selon l'article II section première de la Constitution[d], que les citoyens américains:

  • Américains de naissance ;
  • âgés d'au moins 35 ans ;
  • ayant résidé aux États-Unis depuis au moins 14 ans.

Depuis l'adoption du XXIIe amendement en 1947 par le Congrès et sa ratification en 1951, les anciens présidents qui ont déjà été élus deux fois ne sont plus éligibles[e].

Nominations[modifier | modifier le code]

Parti démocrate[modifier | modifier le code]

Vainqueur par État.

L'année 1976 est marquée par une affluence de candidats lors des élections primaires démocrates, marquant toutes les tendances, de l'extrême droite sudiste au progressisme de Californie. C'est un quasi-inconnu, Jimmy Carter, qui parvient à émerger de la liste des prétendants en martelant un message teinté d'optimisme, de références religieuses, de promesse de changement et de nouveaux visages. Il a la particularité d'être un nouveau type de démocrate sudiste, favorable à la déségrégation des écoles et à l'intégration des Afro-Américains dans l'administration.

Arrivé deuxième lors du caucus de l'Iowa, il arrive premier lors de la primaire du New Hampshire, un État nordiste. Progressivement, il élimine un par un ses rivaux, parvenant à écraser son principal rival sudiste, l'ex-ségrégationniste George Wallace lors des élections primaires de Caroline du Nord avant de se débarrasser de son rival nordiste le plus sérieux, le sénateur Henry M. Jackson lors des primaires de Pennsylvanie.

Après la primaire du Wisconsin qui a emporté le progressiste Mo Udall, un mouvement tout sauf Carter organisé autour de Frank Church et de Jerry Brown, tenta de fédérer les démocrates du nord et de l'ouest, estimant le gouverneur de Géorgie trop conservateur pour le parti mais il est trop tard pour empêcher Jimmy Carter d'obtenir la nomination du parti.

Walter Mondale et Jimmy Carter.

La convention démocrate se déroule à New York.

Assuré d'être nommé, ayant obtenu la majorité absolue du nombre de délégués lors des primaires, le but de la convention est surtout d'assurer l'unité du parti et de ne pas réitérer les erreurs des conventions de 1968 et 1972.

Après avoir remporté la nomination dès le premier tour, Carter nomma alors le sénateur progressiste du Minnesota, Walter Mondale, protégé de Hubert Humphrey, comme son colistier pour être le candidat à la vice-présidence.

À la sortie de la convention démocrate, Carter bénéficie alors d'une avance de 33 points sur Ford dans les sondages.

Parti républicain[modifier | modifier le code]

La nomination républicaine s'est disputée entre deux candidats, l'un représentant l'aile progressiste du parti tandis que l'autre représentait son aile conservatrice :

Ronald Reagan était le candidat des conservateurs qui reprochaient à Ford la perte du Sud-Vietnam aux communistes, ses négociations pour le retrait du contrôle américain sur le canal de Panama et pour ce qu'ils percevaient comme de la mollesse dans les négociations bilatérales avec l'URSS. Il a également la particularité de n'avoir jamais été désigné par la base républicaine pour occuper la fonction de président ni celle de vice-président.

La convention nationale républicaine de 1976 au Kemper Arena à Kansas City. En arrière-plan, à gauche, Bob Dole et Nancy Reagan. Au premier plan, Ronald Reagan serrant la main de Gerald Ford. En arrière-plan à droite, le vice-président Nelson Rockefeller accompagné de Susan Ford et Betty Ford.

Défiant les prévisions, Ford l'emporte cependant de justesse contre Reagan lors de l'élection primaire du New Hampshire et s'impose encore par la suite en Floride et dans l'Illinois.

Reagan parvint à s'imposer néanmoins en Caroline du Nord, au Texas et dans quelques autres États. À la veille de l'ouverture de la convention nationale républicaine en , les deux hommes sont ainsi au coude à coude dans le nombre de délégués obtenus.

Quand la convention débute, Ford mène de quelques délégués mais n'a pas de majorité absolue. Dans l'espoir de s'adjoindre des délégués républicains modérés du nord, Reagan annonce que son colistier sera le sénateur Richard Schweiker de Pennsylvanie, un progressiste. Cependant son annonce lui aliène beaucoup de conservateurs alors que peu de modérés le rejoignent. Lors du vote, aidé par cette erreur stratégique de Reagan, Ford parvient à remporter la nomination dès le premier tour avec quelques voix au-dessus de la majorité absolue.

Le choix de Ford comme colistier se porte sur le sénateur Bob Dole du Kansas au lieu de Nelson Rockefeller, le vice-président en cours. Dole est la caution conservatrice que n'était pas Rockefeller, un libéral de la côte est. Lors de son discours de soutien à Ford, l'éloquence de Reagan est telle qu'elle éclipse la prestation du président candidat.

Autres[modifier | modifier le code]

Aux candidats des deux grands partis s'ajoutent les candidats de petits partis tiers. Parmi ceux-ci, il faut mentionner la candidature dissidente du démocrate pacifiste Eugene McCarthy, du démocrate sudiste Lester Maddox et de Roger MacBride pour le Parti libertarien. Peter Camejo candidat du Parti socialiste des travailleurs obtient 90 986 voix.

Campagne présidentielle[modifier | modifier le code]

Carter et Ford lors du débat présidentiel.

Lors de la campagne électorale, Ford a l'avantage de cultiver son profil présidentiel et consensuel en présidant les cérémonies du bicentenaire américain. Il est notamment médiatisé au moment des fêtes du 4 juillet et lors de la réception de la reine Élisabeth du Royaume-Uni et du prince Philip.

Jimmy Carter se présente de son côté comme un réformiste, étranger aux scandales politiques de Washington. Son message passe d'autant mieux que le scandale du Watergate est dans les mémoires. Il parvient à faire rejaillir le discrédit de l'administration de Richard Nixon sur celle de Gerald Ford et sur le président lui-même en pointant la grâce présidentielle octroyée par Ford à Nixon.

À l'approche de l'élection, l'avance de Carter sur Ford se réduit comme peau de chagrin. L'écart était tellement resserré qu'aucun institut ne pouvait plus prédire qui serait le gagnant. Ce resserrement est imputé à des fautes stratégiques de Carter comme :

  • sa promesse d'amnistier les déserteurs de la guerre du Viêt Nam ;
  • une interview de Carter au magazine Playboy dans laquelle Carter admettait avoir des penchants sentimentaux pour des femmes autres que la sienne ;
  • sa prestation médiocre lors de son premier débat télévisé avec le président Ford.

Cependant, lors du second débat, Ford commet une bourde en déclarant que « l'influence soviétique est inexistante en Europe de l'Est » et qu'elle le restera s'il est élu. Le président maintient cette déclaration qui va lui aliéner une partie du vote conservateur. De son côté, Bob Dole accuse les démocrates d'être responsables de l'impréparation militaire de l'armée dans l'ensemble des guerres modernes dans lesquelles ont été engagées les États-Unis, par les démocrates, au XXe siècle, citant ainsi les deux guerres mondiales, la guerre de Corée et celle du Vietnam.

Joe Garagiola et Gerald Ford, le soir des élections.

L'élection a lieu le . Il fallut attendre le matin du 3 novembre pour que les médias puissent proclamer la victoire de Carter. Celle-ci lui est acquise quand le Mississippi lui est attribué, lui permettant ainsi d'obtenir plus de la moitié des votes des grands électeurs. Jimmy Carter l'emporte avec un avantage de deux points sur le président sortant, 297 grands électeurs et la victoire dans 23 États contre 240 grands électeurs et 27 États à Ford.

Cette élection est alors la plus serrée depuis l'étroite victoire de Woodrow Wilson en 1916. La victoire de Jimmy Carter lui est acquise grâce aux votes des États du Sud où il fait le plein des voix (à l'exception de la Virginie) et aux États remportés de justesse dans plusieurs États du Nord-Est comme New York, la Pennsylvanie et l'Ohio. Géographiquement, si l'Est s'est divisé, le Sud s'est rallié à Carter tandis que la quasi-totalité des États de l'Ouest votaient pour Ford (à l'exception d'Hawaï).

Gerald Ford est ainsi resté comme étant le seul président américain à n'avoir jamais remporté une élection présidentielle, que ce soit au vote populaire ou en termes de grands électeurs, que ce soit en tant que candidat à la présidence ou que candidat à la vice-présidence. Il est aussi le 2e président, après Nixon en 1960, à remporter la majorité des États mais à perdre quand même l'élection présidentielle.

Résultats[modifier | modifier le code]

Résultats du vote populaire de l'élection présidentielle américaine de 1976[1],[2],[4]
Inscrits 152 309 190
Abstentions 70 705 844 46,42 %
Votants 81 603 346 53,58 %
Bulletins enregistrés 81 603 346
Bulletins blancs ou nuls 62 566 0,08 %
Suffrages exprimés 81 540 780 99,92 %
Candidat Parti Suffrages Pourcentage
Jimmy Carter Parti démocrate 40 831 881 50,08 %
Gerald Ford Parti républicain 39 148 634 48,01 %
Autres candidats - 1 560 265 1,91 %
Résultats du collège électoral de l'élection présidentielle américaine de 1976[4],[5]
Inscrits 538
Abstentions 0 0 %
Votants 538 100 %
Bulletins enregistrés 538
Bulletins blancs ou nuls 0 0 %
Suffrages exprimés 538 100 %
Candidat Parti Suffrages Pourcentage
Jimmy Carter Parti démocrate 297 55,2 %
Gerald Ford Parti républicain 240 44,61 %
Ronald Reagan Parti républicain 1 0,19 %

L'année 1976 est la dernière élection présidentielle à ce jour où un candidat démocrate a remporté les États du Texas, de l'Alabama, du Mississippi et de Caroline du Sud[6].

Notes et références[modifier | modifier le code]

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Notes[modifier | modifier le code]

  1. Élection au suffrage universel indirect. Le vote populaire permet aux grands électeurs désignés par les différents partis de voter pour le candidat arrivé en tête dans chaque État.
  2. a b et c Débat entre Jimmy Carter et Gerald Ford.
  3. Débat entre Walter Mondale et Bob Dole.
  4. Conditions requises par la clause 5 de l'article 2 de la Constitution des États-Unis.
  5. Auparavant, Theodore Roosevelt avait été élu comme vice-président en 1900, avant de succéder à William McKinley après son assassinat, puis réélu en 1904. Il s'est présenté en 1912 comme candidat du Parti progressiste après avoir rompu tout lien avec son successeur William Howard Taft. Avant lui, Martin Van Buren et Millard Fillmore se sont représentés après leur départ de la Maison-Blanche, tandis que Ulysse S. Grant y a renoncé en 1880. Il fut d'ailleurs le seul à l'envisager avant Theodore Roosevelt après avoir effectué deux mandats, de 1869 à 1877.

Références[modifier | modifier le code]

  1. a et b (en) « Voter Turnout in Presidential Elections », sur www.presidency.ucsb.edu (consulté le ).
  2. a et b (en) « National General Election VEP Turnout Rates, 1789-Present », sur www.electproject.org (consulté le ).
  3. (en) David Leip, « 1976 Presidential General Election Data - National », sur www.uselectionatlas.org (consulté le ).
  4. a et b (en) David Leip, « 1976 Presidential General Election Results », sur www.uselectionatlas.org (consulté le ).
  5. (en) « 1976 Electoral College Results », sur archives.gov (consulté le ).
  6. par comparaison avec toutes les élections présidentielles suivantes jusqu'en 2012

Liens externes[modifier | modifier le code]