Élection présidentielle argentine de 2019 — Wikipédia

Élection présidentielle argentine de 2019
Corps électoral et résultats
Inscrits 33 858 733
Votants 27 530 855
81,31 % en augmentation 0,2
Blancs et nuls 692 847
Alberto Fernández – Front commun
Colistier : Cristina Fernández de Kirchner
Voix 12 945 990
48,24 %
Mauricio Macri – Ensemble pour le changement
Colistier : Miguel Ángel Pichetto
Voix 10 811 345
40,28 %
en augmentation 6,1
Roberto Lavagna – Consensus fédéral
Colistier : Juan Manuel Urtubey
Voix 1 649 315
6,14 %
Carte
Président
Sortant Élu
Mauricio Macri
Proposition républicaine
Alberto Fernández
Parti justicialiste

L’élection présidentielle argentine de 2019 (en espagnol : Elecciones presidenciales de Argentina de 2019) se tient le afin d'élire le président et le vice-président de l'Argentine pour un mandat de quatre ans. Le scrutin se tient en même temps que les élections législatives et sénatoriales.

Candidat à sa réélection pour un deuxième et dernier mandat, le président de centre droit Mauricio Macri est battu dès le premier tour par le candidat du Front commun Alberto Fernández, qui obtient un peu plus de 48 % des voix, le système électoral argentin permettant l'élection dès le premier tour d'un candidat ayant obtenu au moins 45 % des voix.

Contexte[modifier | modifier le code]

Les élections se déroulent sur fond de grave crise économique. Environ 40 % des Argentins vivent en dessous du seuil de pauvreté selon la chaîne nationale C5N[1] (35 % selon les chiffres officiels, soit une augmentation de 30 % en un an[2]). L’inflation dépasse les 54 % sur les 12 derniers mois et les 237 % depuis le début du mandat de Mauricio Macri. Les classes populaires ont de plus en plus de difficultés à se nourrir et beaucoup de personnes en viennent à sauter des repas. Selon la FAO, cinq millions d’Argentins souffraient d’une « insécurité alimentaire » grave sur la période 2016-2018, ce qui représentait une multiplication par deux par rapport à la période 2014-2016, et la situation s'est depuis lors encore aggravée[1]. Le taux de chômage dépasse les 10 % selon des chiffres officiels vraisemblablement sous-évalués et une chute de 3,1 % du PIB est prévu pour l'année 2019 selon le FMI[2].

Le gouvernement a sollicité en 2018 un prêt de 57 milliards de dollars au FMI et s'est engagé dans une politique de baisse des dépenses publiques, réduisant notamment le budget de l’éducation, de la science et de la santé[2]. Ce prêt, alors le plus élevé de l’histoire du Fonds, a soulevé une controverse au sein de l'institution financière, une telle somme étant beaucoup trop élevée pour un pays aussi fragile économiquement. Le président américain Donald Trump et la présidente du FMI, Christine Lagarde, ont toutefois intercédé pour faire valider cette demande de prêt pour soutenir Mauricio Macri, en difficulté dans les sondages à l'approche de l'élection présidentielle. Pour faire passer cet accord dans la grille d’analyse officielle, les équipes du FMI ont utilisé des hypothèses de croissance qui se révéleront profondément irréalistes. Le prêt a ensuite été versé très rapidement, avant la tenue du scrutin[3].

Système électoral[modifier | modifier le code]

Le président de la Nation argentine (Presidente de la Nación Argentina) et le vice-président sont élus au suffrage universel direct pour un mandat de quatre ans, renouvelable une seule fois de manière consécutive, au sein d'une candidature commune, dite « ticket ». L'élection a lieu par le biais d'une version modifiée du scrutin uninominal majoritaire à deux tours. Si aucun candidat n'obtient 45 % des suffrages exprimés lors du premier tour, ou 40 % des voix avec au moins dix points d'avance sur celui arrivé en deuxième position, un second tour est organisé, dans les trente jours, entre les deux candidats arrivés en tête. Est alors élu celui qui reçoit le plus grand nombre de suffrages[4].

Le droit de vote s'acquiert à 16 ans, et est obligatoire pour tous les citoyens âgés de 18 à 70 ans, à quelques exceptions près (maladie, éloignement des bureaux de vote). L'abstention est sanctionnée par une amende d'un montant variant entre 50 et 500 pesos argentins, et par l'interdiction d'occuper des fonctions ou des emplois publics pendant trois ans.

Primaires[modifier | modifier le code]

Le système électoral argentin possède la particularité d'organiser une élection primaire préalablement au premier tour, au cours de laquelle l'ensemble des différents candidats au sein de chacun des partis s'affrontent pour devenir le candidat de leurs partis respectifs. L'ensemble de la population peut participer à ce vote. Tous les partis sont tenus d'y participer, même s'ils n'ont qu'un seul candidat. Le candidat arrivé en tête au sein de chaque parti devient son candidat unique à la présidentielle, et l'ensemble des voix pour les candidats d'un même partis sont réunis lors du décompte. Seuls les partis ayant réunis le vote d'au moins 1,5 % des votants peuvent qualifier leur candidat pour le premier tour.

Le système fait ainsi à la fois office de primaire, de parrainage et de filtre à candidatures pour le véritable scrutin, tout en permettant aux partis de jauger les rapports de force à venir. Les primaires organisées le ne voient cependant aucun parti présenter plus d'un candidat, ôtant à la pré-élection son intérêt dans ce domaine. Sur les dix candidats, seuls six passent le seuil de 1,5 % et se qualifient pour la présidentielle[5].

Résultats de la primaire argentine de 2019[5]
Candidats
et colistiers
Partis ou coalitions Voix %
Alberto Fernández
Cristina Fernández de Kirchner
Front commun 12 205 938 47,79
Mauricio Macri
Miguel Ángel Pichetto
Ensemble pour le changement 8 121 689 31,80
Roberto Lavagna
Juan Manuel Urtubey
Consensus fédéral 2 081 315 8,15
Nicolás del Caño
Romina Del Plá
Front de gauche et des travailleurs 723 147 2,83
Juan José Gómez Centurión
Cynthia Hotton
Nous 670 162 2,62
José Luis Espert
Luis Rosales
Parti libertarien 550 593 2,16
Manuela Castañeira
Eduardo Mulhall
Mouvement socialiste 179 461 0,70
Alejandro Biondini
Enrique Venturino
Front patriotique 58 944 0,23
Raúl Humberto Albarracín
Sergio Darío Pastore
Mouvement d'action local 36 411 0,14
José Antonio Romero Feris
Guillermo Sueldo
Parti autonomiste national 32 722 0,13
Votes blancs 882 659 3,46
Votes valides 25 543 041 98,77
Votes nuls 318 009 1,23
Total 25 861 050 100
Abstention 8 011 065 23,65
Inscrits / participation 33 871 832 76,35

Résultats[modifier | modifier le code]

Candidat arrivé en tête par province.
Résultats de la présidentielle argentine de 2019[6]
Candidats
et colistiers
Partis ou coalitions Premier tour
Voix %
Alberto Fernández
Cristina Fernández de Kirchner
Front commun 12 945 990 48,24
Mauricio Macri
Miguel Ángel Pichetto
Ensemble pour le changement 10 811 345 40,28
Roberto Lavagna
Juan Manuel Urtubey
Consensus fédéral 1 649 315 6,14
Nicolás del Caño
Romina Del Plá
Front de gauche et des travailleurs 579 197 2,16
Juan José Gómez Centurión
Cynthia Hotton
Nous 457 955 1,71
José Luis Espert
Luis Rosales
Parti libertarien 394 206 1,47
Votes valides 26 838 008 97,48
Votes blancs et nuls 692 847 2,52
Total 27 530 855 100
Abstention 6 327 878 18,69
Inscrits / participation 33 858 733 81,31

Notes et références[modifier | modifier le code]

  1. a et b « Argentine : le retour de la faim dans la sixième puissance agricole mondiale », Le vent se lève,‎ (lire en ligne)
  2. a b et c « Les Argentins, épuisés par la crise », Equal Times,‎ (lire en ligne)
  3. « Christine Lagarde, une banquière centrale si politique », Le Monde.fr,‎ (lire en ligne, consulté le )
  4. (en) David Hodari, « Argentina elections 2015: a guide to the parties, polls and electoral system », sur www.theguardian.com, (consulté le ).
  5. a et b « Poder Judicial de la Nación » (consulté le )
  6. « Elecciones 2019 » (consulté le )