Élection présidentielle biélorusse de 2020 — Wikipédia

Élection présidentielle biélorusse de 2020
Président de la république de Biélorussie
Corps électoral et résultats
Inscrits 6 905 144
Votants 5 818 965
84,17 % en diminution 3,1
Blancs et nuls 69 505
Alexandre Loukachenko – IND
Voix 4 661 075
80,10 %
en diminution 4
Svetlana Tikhanovskaïa – IND
Voix 588 622
10,12 %
Président de la République
Sortant Élu
Alexandre Loukachenko
IND
Alexandre Loukachenko
IND
vybary2020.by

L'élection présidentielle biélorusse de 2020 a lieu le afin d'élire le président de la République de Biélorussie.

Le président sortant Alexandre Loukachenko, au pouvoir depuis 1994 et candidat à un sixième mandat est officiellement réélu avec 80,08 % des suffrages face à la candidate d'opposition Svetlana Tikhanovskaïa, qui remplaçait son mari emprisonné Sergueï Tikhanovski. Cette élection est controversée en raison de soupçons de fraudes électorales et déclenche d'importantes manifestations.

Contexte[modifier | modifier le code]

Alexandre Loukachenko est président de la Biélorussie depuis l'élection présidentielle de 1994, la première depuis l'indépendance du pays trois ans plus tôt[1],[2]. Il a depuis été réélu à quatre reprises, dans un contexte de répression de l'opposition et de scrutins jugés non libres[3],[4].

Les élections législatives de novembre 2019 renforcent encore davantage le contrôle du président sur le parlement. Aucun parti ou candidat d'opposition n'obtient de siège, les principaux opposants ainsi que les deux parlementaires de l'opposition élus en 2016 ayant été empêchés de se représenter. L'opposition dénonce des fraudes massives[5],[6]. Le président Loukachenko réitère dans la foulée son intention de se représenter en 2020 pour un sixième mandat[7].

Système électoral[modifier | modifier le code]

Le président de la République est élu au scrutin uninominal majoritaire à deux tours pour un mandat de cinq ans, sans limitation du nombre de mandats. Est élu le candidat qui recueille la majorité absolue des suffrages exprimés au premier tour. À défaut, un second tour est organisé dans les deux semaines entre les deux candidats arrivés en tête, et celui recueillant le plus de suffrages est déclaré élu. L'élection n'est cependant considérée valide que si plus de 50 % des électeurs inscrits sur les listes électorales participent au scrutin[8].

La présidentielle de 2020 est précédée d'une période de vote anticipé du au [9].

Campagne[modifier | modifier le code]

Rassemblement lors de la campagne électorale de 2020 en soutien à Svetlana Tikhanovskaïa.

À la mi-juin, les candidats de l'opposition Viktor Babariko et Sergueï Tikhanovski sont arrêtés et exclus de l'élection. Amnesty International les considère comme des prisonniers d'opinion[10]. La femme de Tikhanovksi, Svetlana, se présente à sa place. Viktor Babariko, décrit comme le principal opposant au président Alexandre Loukachenko pour cette élection, est arrêté dans un contexte de multiples arrestations de membres de l'opposition. Il est accusé de « délits financiers »[11].

Dans la nuit au 27 au , trente-trois membres du Groupe Wagner, une société militaire privée russe, sont capturés par les forces de sécurité près de Minsk. Selon une source policière, 200 mercenaires russes sont entrés dans le pays. Les autorités biélorusses estiment que ces hommes ont été envoyés pour « déstabiliser la situation en période de campagne électorale »[12]. Le , le président Loukachenko accuse publiquement la Russie et déclare que « la tentative d’organiser un massacre au centre de Minsk est évidente »[13]. Les mercenaires russes avaient en réalité été piégés par les services de renseignement ukrainiens (GUR) qui cherchaient à enlever des membres de la société de sécurité privée Wagner, suspectée d'avoir prêté main-forte aux rebelles dans la guerre du Donbass. Le GUR, qui les avait attiré en Biélorussie prétendument pour leur proposer un contrat via une fausse entreprise de sécurité privée, voulait leur faire prendre un avion de la liaison entre Minsk et Ankara et détourner celui-ci lorsqu'il entrerait dans l'espace aérien ukrainien. Leur découverte par les services de renseignement biélorusses a cependant fait échouer l'opération et déclencher une crise diplomatique entre la Biélorussie et la Russie, laquelle ignorait leur présence en Biélorussie[14].

Résultats[modifier | modifier le code]

Résultats de la présidentielle biélorusse de 2020[15]
Candidats Partis Votes %
Alexandre Loukachenko Indépendant[a] 4 661 075 80,10
Svetlana Tikhanovskaïa Indépendante 588 622 10,12
Hanna Kanapatskaïa Indépendante 97 489 1,67
Andreï Dmitriev Indépendant 70 671 1,20
Siarhieï Tcheratchen BSDH 66 613 1,14
« Aucun d'entre eux » 267 360 4,59
Votes valides 5 749 460 98,81
Votes blancs ou invalides 69 505 1,19
Total 5 818 965 100
Abstention 1 086 179 15,83
Inscrits/Participation 6 905 144 84,17

Conséquences[modifier | modifier le code]

Réactions internationales à la suite de la réélection d'Alexandre Loukachenko
  • Biélorussie
  • Pays ayant félicité Loukachenko
  • Pays n'ayant pas reconnu le résultat
  • Pays ayant exprimé des critiques sur l'escalade du conflit
  • Pays n'ayant pas eu de réaction
  • L'annonce par les autorités de sondages de sortie des urnes indiquant une large victoire de Loukachenko avec près de 80 % des suffrages provoque d'importantes manifestations le soir du scrutin[16],[17]. Des affrontements entre les manifestants et la police anti-émeute éclatent à Minsk, causant plusieurs blessés et l'utilisation de grenades paralysantes ainsi que de balles en caoutchouc[18]. La police reconnaît notamment procéder à des tirs à balles réelles[19].

    La principale candidate de l'opposition, Svetlana Tikhanovskaïa, déclare lors d'une conférence de presse qu'elle ne fait pas confiance au sondage de sortie des urnes qui lui octroient 9,90 % des suffrages, affirmant : « J'en crois mes yeux, et je vois que la majorité est avec nous »[18]. Accusant le gouvernement en place de vouloir se maintenir par la force, elle se considère comme victorieuse, en proclamant : « Le pouvoir doit réfléchir à comment nous céder le pouvoir. Je me considère vainqueur de ces élections »[20].

    Le , le ministre lituanien des Affaires étrangères annonce à la presse que Svetlana Tikhanovskaïa a fui la Biélorussie et est en sécurité en Lituanie[21]. Huit jours plus tard, l'Union européenne annonce par la voix de Charles Michel qu'elle ne reconnaît pas les résultats de l'élection[22].

    L'investiture d'Alexandre Loukachenko a lieu le au cours d'une cérémonie tenue secrète, sans annonce préalable. La nouvelle de sa prestation de serment provoque de nouvelles manifestations, à l'issue desquelles plus d'une centaine de personnes sont arrêtées[23],[24].

    Notes et références[modifier | modifier le code]

    Notes[modifier | modifier le code]

    Références[modifier | modifier le code]

    1. Lukashenka Calls Belarus's Next Presidential Election For 2020.
    2. As Belarus Elects New Parliament, Lukashenka Says He Will Seek Another Presidential Term.
    3. Bélarus 2015/2016.
    4. « L'article à lire pour comprendre pourquoi la présidentielle en Biélorussie marque un tournant dans ce pays », sur Franceinfo, (consulté le ).
    5. Belarus election: No seats for opposition as Lukashenko maintains power.
    6. Biélorussie. Aucun député d’opposition élu au Parlement, des fraudes massives suspectées.
    7. (en) Lukashenko on election 2020: I am not holding to the post, yet will offer my candidacy, Belta.
    8. Jean-Pierre Maury, « Biélorussie, Belarus, Constitution 1996, Digithèque MJP », sur mjp.univ-perp.fr (consulté le ).
    9. (en) RFE/RL's Belarus Service, « Belarusian Authorities Cancel Opposition Campaigning Ahead Of Election », sur RadioFreeEurope/RadioLiberty, rferl (consulté le ).
    10. Bélarus. Les droits humains sont attaqués de toutes parts à l’approche de l’élection présidentielle, amnesty.org, 29 juin 2020.
    11. (en) "Belarus: Rival of President Lukashenko arrested ahead of election", BBC News, 19 juin 2020.
    12. « La Biélorussie annonce avoir arrêté 33 mercenaires du groupe Wagner », sur Radio France internationale, (consulté le ).
    13. « Biélorussie : Le président Loukachenko accuse Moscou d’avoir voulu organiser un « massacre » à Minsk », sur opex360.com, (consulté le ).
    14. Wagnergate: l'incroyable piège tendu aux mercenaires russes par l'Ukraine, Slate, 30 novembre 2021.
    15. « Выборы Президента Республики Беларусь 9 августа 2020 », sur vybary2020.by (consulté le ).
    16. « Tensions en Biélorussie à l’approche des résultats de l’élection présidentielle », sur Le Monde.fr, Le Monde, (ISSN 1950-6244, consulté le ).
    17. « Présidentielle en Biélorussie : la principale opposante récuse la victoire du président sortant, des heurts éclatent à Minsk », sur Franceinfo, (consulté le ).
    18. a et b (en-GB) « Clashes erupt after disputed Belarus election », BBC News,‎ (lire en ligne, consulté le ).
    19. Belarus: Police admit using live rounds in clashes with demonstrators as protests claim a second life .
    20. « L'opposition rejette les résultats de la présidentielle en Biélorussie », sur rts.ch, (consulté le ).
    21. « Svetlana Tikhanovskaïa, principale opposante biélorusse, a fui en Lituanie », sur rts.ch, (consulté le ).
    22. « Biélorussie. Loukachenko ne dispose d'aucune légitimité démocratique, selon l’Union Européenne », .
    23. « Biélorussie : Alexandre Loukachenko a prêté serment en secret pour un sixième mandat présidentiel », sur Franceinfo, (consulté le ).
    24. « Biélorussie : à Minsk, la police procède à plus d’une centaine d’arrestations », sur Le Monde.fr, Le Monde, (ISSN 1950-6244, consulté le ).

    Articles connexes[modifier | modifier le code]

    Histoire de la Biélorussie