Élections impériales de 1519 — Wikipédia

Élections impériales de 1519
Type d’élection Impériale
Corps électoral et résultats
Inscrits 7
Votants 7
Charles de Habsbourg – Maison de Habsbourg
Voix 7
100 %
François d'Angoulême – Maison de Valois-Angoulême
Voix 0
0 %
Henri Tudor – Maison Tudor
Voix 0
0 %
Empereur du Saint-Empire et « Roi des Romains »
Sortant Élu
Maximilien Ier
(Habsbourg)
Ferdinand Ier
(Habsbourg)

L'élection impériale de 1519 est la neuvième élection après la promulgation de la bulle d'or de 1356, permettant d'élire le roi des Romains, prince héritier jusqu'au couronnement comme empereur du Saint-Empire romain. Elle a eu lieu à la collégiale Saint-Barthélemy de Francfort-sur-le-Main le [1].

Contexte[modifier | modifier le code]

L'élection suit la mort de l'empereur Maximilien Ier le .

Il n'y a aucun candidat allemand, mais deux principaux prétendants à l'élection :

D'autres candidats se sont manifestés, notamment Henri VIII, roi d'Angleterre et seigneur d'Irlande, ou encore le duc Georges de Saxe[2].

Bien que Charles soit chef de la maison de Habsbourg depuis la mort de son grand-père Maximilien, il a grandi aux Pays-Bas bourguignons où il a appris à parler français et néerlandais ; il se trouve au moment de l'élection dans ses royaumes espagnols, et ne s'est pas encore rendu en Allemagne ni n'a appris l'allemand. Tout autant que le roi de France, il était donc ressenti comme un étranger. Cependant, il insiste auprès des princes sur le risque d'élire un souverain étranger et se déclare « Allemand de sang et de souche »[3].

Si les territoires du royaume de France n'étaient pas unis à l'empire lors du sacre d'Otton Ier en 962, la dynastie carolingienne avait auparavant régné sur les territoires de Francie et de Germanie. En outre, d'autres princes français avaient en leur temps espéré ceindre la couronne impériale, notamment le roi Philippe le Hardi lors de l'élection de 1273, et le frère de Philippe le Bel, Charles de Valois lors de celle de 1308[2].

L'élection d'un empereur préalablement dirigeant d'une puissance étrangère ne s'était cependant pas produite depuis celle de Frédéric II, roi de Sicile, en 1212.

Princes-électeurs[modifier | modifier le code]

Le sacre à Aix-la-Chapelle.

Les sept princes-électeurs appelés à élire le successeur de Maximilien étaient, dans l'ordre de vote défini par la bulle d'or de 1356 :

Électorat Prince-électeur Titres
Armoiries de l'archevêché de Trèves
Trèves
Richard von Greiffenklau zu Vollrads Archevêque de Trèves
Armoiries de l'archevêché de Cologne
Cologne
Hermann V de Wied Archevêque de Cologne
Armoiries du Royaume de Bohême
Bohême
Louis II Jagellon[4] Roi de Bohême
Roi de Hongrie
Armoiries de l'électorat du Palatinat
Palatinat du Rhin
Louis V du Palatinat Électeur palatin
Armoiries de Saxe
Saxe
Frédéric III Électeur de Saxe
Armoiries de Brandebourg
Brandebourg
Joachim Ier Nestor Margrave de Brandebourg
Armoiries de l'archevêché de Mayence
Mayence
Albert de Brandebourg Cardinal
Archevêque de Mayence

Élection[modifier | modifier le code]

Le couronnement de Charles à Bologne en 1530.

Charles et François rivalisent pour « convaincre » les électeurs : la clef de l’élection réside en effet essentiellement dans la capacité des candidats à acheter ceux-ci[5].

François Ier achète plusieurs électeurs, comme l'archevêque de Trèves, mais commet l'erreur de les payer d'avance. Charles pouvait quant à lui compter sur le vote de Louis II, qui était marié à sa jeune sœur Marie de Hongrie. Les électeurs de Mayence, de Brandebourg et du Palatinat étaient à gagner. Le banquier Jacob Fugger fournit la somme de 850 000 florins, et émet des lettres de change payables « après l’élection » et « pourvu que soit élu Charles d’Espagne »[5]. Cette somme est transférée aux princes-électeurs et permet l'élection de l'héritier des Habsbourg[6].

Parmi les arguments en faveur de l'élection de Charles aux yeux des électeurs, on peut également mentionner le fait que, en tant que souverain de divers États éloignés les uns des autres, ce candidat pouvait apparaître comme un dirigeant peu à même d'imposer ses ambitions personnelles aux principautés allemandes. Charles promit notamment de garantir les libertés des princes au sein de l'Empire.

Bien que tous les détails de l'élection n'aient jamais été révélés, il est possible que les électeurs aient cherché un moyen de sortir de leur dilemme en se tournant vers Frédéric III, potentiel candidat soutenu par le pape Léon X, mais celui-ci refuse finalement de poser sa candidature.

Finalement, Charles est élu à l'unanimité (François Ier s'étant désisté formellement le 18 juin[7]), mais avec quelques réticences de l'électeur de Brandebourg qui fit connaître sa dissidence par un acte notarié[1]. Il fut couronné une première fois à Aix-la-Chapelle le , puis officiellement en la cathédrale de Bologne le 2 mars 1530 par le pape Clément VII.

Références[modifier | modifier le code]

  1. a et b The Holy Roman Empire. Elections and Coronations
  2. a et b « Le roi contre l'empereur », sur LEFIGARO, (consulté le )
  3. (en) Martyn Rady, The Emperor Charles V, Longman, , 144 pages (ISBN 0582354757)
  4. Louis, encore mineur (13 ans) lors de l'élection, est représenté par son oncle Sigismond, roi de Pologne (cité en note par Lindsay Armstrong, Charles Quint, l'indomptable, Flammarion 2014, p. 524
  5. a et b « Le couronnement de Charles Quint par le pape Clément VII dans la cathédrale de Bologne », sur BnF Essentiels (consulté le )
  6. Strieder 1931, p. 151
  7. Lindsay Armstrong, Charles Quint, l'indomptable, Flammarion 2014, p. 117

Bibliographie[modifier | modifier le code]

  • (en) Did Bribes Induce the German Electors to Choose Charles V as Emperor in 1519?, German History, vol. 19, n. 1, 2001, p. 1-27