Élections législatives nauruanes de 2022 — Wikipédia

Élections législatives nauruanes de 2022
Lionel Aingimea – Sans étiquette
(majorité sortante)
Sièges obtenus 15 en augmentation 3
David Adeang – Sans étiquette
(opposition sortante)
Sièges obtenus 4 en diminution 2
Carte
Président de Nauru
Sortant Élu
Lionel Aingimea
Indépendant
Russ Kun
Indépendant

Des élections législatives ont lieu à Nauru le afin d'élire pour trois ans l'ensemble des dix-neuf députés du Parlement. Le parlement ainsi renouvelé doit à son tour élire le président de la République.

Le gouvernement sortant conserve sa majorité parlementaire à l'issue de ces élections. Lors de l'élection présidentielle organisée quatre jours plus tard, le président sortant Lionel Aingimea ne brigue pas de second mandat à la tête de l'État, et Russ Kun est élu à sa succession par les députés.

Contexte[modifier | modifier le code]

Législatives de 2019[modifier | modifier le code]

Au pouvoir de 2013 à 2019, le gouvernement du président Baron Waqa et de son influent ministre de la Justice David Adeang est accusé de multiples atteintes à la démocratie dans le pays. Ainsi « la censure, la déportation du président de la Cour suprême et l'arrestation de députés d'opposition ont mené à un grave déclin de la crédibilité de la démocratie à Nauru »[1].

Baron Waqa est battu dans sa circonscription de Boe aux élections législatives de 2019, ce qui lui interdit de briguer un troisième mandat à la tête de l'État. Les deux seuls députés d'opposition sortants, Riddell Akua et Kieren Keke, perdent toutefois également leurs sièges. David Adeang brigue sans succès la présidence de la République, les députés lui préférant Lionel Aingimea, député depuis 2016 et appartenant lui aussi à la majorité sortante[2]. Le nouveau président s'inscrit dans la continuité du gouvernement précédent, et continue notamment la persécution des « Dix-Neuf de Nauru », opposants politiques arrêtés sous le gouvernement Waqa[3],[4].

Restrictions d'éligibilité[modifier | modifier le code]

À l'initiative du gouvernement Aingimea, le Parlement adopte une loi obligeant les candidats potentiels à se déclarer très en amont du scrutin. Les candidatures doivent être enregistrées le 30 novembre 2021 au plus tard, soit presque un an avant les élections[5].

En novembre 2021, le gouvernement organise un référendum constitutionnel avec vote obligatoire afin de demander à la population d'approuver sa proposition d'abroger l'éligibilité au Parlement des citoyens naturalisés et de leurs descendants. Fort d'un vote à 70,44 % en sa faveur, il introduit en au Parlement un projet de loi d'amendement constitutionnel en ce sens[6].

Le projet d'amendement est adopté et entre en vigueur le , créant les sections (h) et (i) de l'article 31 de la Constitution, qui dispose dès lors : « Nulle personne n'est éligible à devenir membre du Parlement si elle [...] (h) a acquis la citoyenneté nauruane par naturalisation en application d'une loi adoptée par le Parlement en application de l'article 75 [de la Constitution], ni si elle (i) est citoyenne de Nauru et est l'enfant ou le descendant d'une personne ayant acquis la citoyenneté nauruane par naturalisation en application d'une loi adoptée par le Parlement en application de l'article 75, si l'autre personne [l'autre parent ou ancêtre] est citoyenne nauruane par naturalisation ou n'est pas citoyenne de Nauru au regard de l'article 71 [de la Constitution] ou ne descend pas d'une personne devenue citoyenne de Nauru en vertu de l'article 71 »[7].

Système électoral[modifier | modifier le code]

Bâtiment du parlement à Yaren

Le Parlement de Nauru est composé de 19 sièges pourvus pour trois ans selon une version modifiée du vote préférentiel appelé méthode Borda et connue à Nauru sous le nom de « système Dowdall ». L'électeur classe l'ensemble des candidats dans sa circonscription par ordre de préférence. Le candidat qu'il classe premier reçoit une voix pleine ; celui qu'il classe second reçoit une demi-voix (0,5 voix) ; celui qu'il classe troisième reçoit un tiers de voix (0,33 voix), et ainsi de suite. Les circonscriptions étant plurinominales, plusieurs sièges y sont à pourvoir : les candidats ayant obtenus le plus de voix cumulées sont élus à hauteur du nombre de sièges dans la circonscription[8],[9].

L'électeur doit indiquer un ordre de préférence pour tous les candidats dans sa circonscription. Les bulletins de votes sur lesquels un ordre de préférence n'est pas assigné à chaque candidat sont invalides[8].

Le nombre de circonscriptions n'est pas fixé par la Constitution, mais s'élève actuellement à huit. Sur ce total, six élisent chacune deux députés ; la circonscription de Meneng en élit trois et celle d'Ubenide en élit quatre, les sièges étant attribués en fonction de leur population[9].

Il n'y a pas de partis politiques à Nauru, les députés s'associant néanmoins pour former une majorité et une opposition. Le droit de vote est ouvert à tous les citoyens âgés d'au moins 20 ans. Voter est obligatoire – tout comme en Australie, l'ancienne puissance coloniale. La non-participation est punie en principe par une amende de 6 A$[8].

Le nouveau Parlement doit élire un président du Parlement parmi ses membres, puis un président de la République, également parmi ses membres. Le président de la République nomme alors des députés aux divers postes de ministres. Le président de la République, à la fois chef de l'État et du gouvernement, conserve son siège de député ; il en va de même pour ses ministres[10]. Le président de la République ne demeure en poste qu'aussi longtemps qu'il conserve la confiance d'une majorité des députés.

Candidats et campagne[modifier | modifier le code]

Un total de quatre-vingt-six candidats sont déclarés à la clôture des candidatures en novembre 2021, dont l'ensemble des dix-neuf députés sortants. Les anciens députés d'opposition Riddell Akua, Kieren Keke, Roland Kun (en exil en Nouvelle-Zélande), Mathew Batsiua et Squire Jeremiah (en exil en Australie), dont certains ont été persécutés sous le gouvernement Waqa, ne se présentent pas. L'ancien président de la République Baron Waqa, battu dans sa circonscription en 2019, se représente[11]. Le 29 août 2022, les élections sont annoncées pour le 24 septembre suivant[12].

Résultats[modifier | modifier le code]

Nationaux[modifier | modifier le code]

Résultats nationaux[13]
Faction Voix % Sièges +/-
Députés de la majorité sortante 12 en stagnation
Députés de l'opposition sortante 5 en diminution 1
Nouveaux députés 2 en diminution 8
Votes valides
Votes blancs et invalides
Total 100 19 en stagnation
Abstention
Inscrits / participation

Résultats par circonscription[modifier | modifier le code]

Résultats par circonscriptions[13] :

Yaren[modifier | modifier le code]

Candidat[11] Voix Résultat Remarques
Charmaine Scotty 449.867 réélue députée sortante ; ministre de l'Intérieur sous Baron Waqa
Isabella Dageago 365.829 réélue ministre sortante de l'Intérieur et de la Santé
Aloysius Amwano (en) 298.283 ancien député
Charisma Capelle 229.965
Dominic Cain 220.120
Mariae Cain 216.206
John Julius 250.788
Hunter Itaia 289.992
Votes valides 854
Votes blancs ou nuls 5
Total 859
Inscrits 835

Boe[modifier | modifier le code]

Candidat Voix Résultat Remarques
Asterio Appi 585.150 réélu ministre adjoint sortant aux Services publics et aux Affaires étrangères
Martin Hunt 576.683 réélu ministre sortant des Finances
Baron Waqa 318.000 président de la République de 2013 à 2019
Dempsey Detenamo 306.067
Wanganeen Emiu 453.450
Samvic Namaduk 313.550
Votes valides 1042
Votes blancs ou nuls 4
Total 1046
Inscrits 1 020

Ewa/Anetan[modifier | modifier le code]

Candidat Voix Résultat Remarques
Timothy Ika 667.667 réélu député sortant
Marcus Stephen 531.017 réélu président du Parlement sortant ;
président de la République de 2007 à 2011.
Clifford Simon 252.950
Raynor Tom 266.850
Begg Adire 238.233
Cyril Buraman (en) 243.383 ancien président du Parlement
Votes valides 898
Votes blancs ou nuls 11
Total 909
Inscrits 919

Aiwo[modifier | modifier le code]

Candidat Voix Résultat Remarques
Rennier Gadabu 399.956 réélu ministre sortant du Commerce, de l'Industrie et de Réchauffement climatique
Delvin Thoma 350.155 élu
Milton Dube 275.603 sortant battu député sortant
Aaron Cook 213.461 ancien député, ancien ministre
Clarissa Jeremiah 204.035
Shane Detenamo 193.075
Evi Agir 158.041
Vania Scotty 204.202
Ken Blake 179.229
Corey Caleb 159.560
Votes valides 798
Votes blancs ou nuls 17
Total 815
Inscrits 852

Buada[modifier | modifier le code]

Candidat Voix Résultat Remarques
Bingham Agir 263.833 réélu ministre adjoint sortant à la Gestion des terres
Shadlog Bernicke 233.197 réélu député sortant ; ministre sous Baron Waqa
Sheeva Cook 146.688
Sean Halstead 162.151
Rowan Detenamo 128.462
Nanero Thoma 114.917
Elchen Anabella Morgan 121.782
Aie Ribauw 121.830
Jaxon Olsson 147.085
Votes valides 509
Votes blancs ou nuls 2
Total 511
Inscrits 581


Anabar/Ijuw/Anibare[modifier | modifier le code]

Candidat Voix Résultat Remarques
Pyon Deiye 493.653 réélu ministre adjoint sortant à la Santé, aux Télécommunications et aux Médias
Maverick Eoe 382.747 réélu ministre sortant de la Justice, de l'Immigration et des Sports
Ludwig Scotty 167.828 président de la République en 2003 puis de 2004 à 2007
Paul Doguape 127.585
Dawson Agege 139.994
Johnny Junior Olsson 151.170
Bureiy Deireragea 151.372
Patrick Scotty 147.723
Marita Agigo 153.390
Votes valides 658
Votes blancs ou nuls 17
Total 675
Inscrits 711

Meneng[modifier | modifier le code]

Candidat Voix Résultat Remarques
Lionel Aingimea 643.612 réélu président de la République sortant
Richard-Hyde Menke 530.630 réélu ministre adjoint sortant à l'Éducation et à la Poste
Jesse Jeremiah 450.515 élu
Lyn-Wannan Kam 394.145 sortant battu député sortant
Vodrick Detsiogo 315.825 ancien député
Robert Timothy 306.745
Ronay Dick 298.646
Jim Brechtefeld 292.628
Darius Rock 254.914
Wiram Wiram 304.314
Nickos Simon 251.642
Votes valides 1339
Votes blancs ou nuls 36
Total 1375
Inscrits 1 388

Ubenide[modifier | modifier le code]

Candidat Voix Résultat Remarques
Russ Kun 592.124 réélu ministre adjoint sortant aux Finances et au Développement durable
David Adeang 554.938 réélu ancien ministre de la Justice et homme fort du gouvernement de Baron Waqa
Wawani Dowiyogo 515.666 réélu ministre sortant de la Nauru Utilities Corporation (gestion publique de l'eau et de l'électricité) et des Pêcheries
Reagan Aliklik 409.732 réélu ministre sortant de la RONPHOS et de la Nauru Rehabilitation Corporation
Ranin Akua 347.464 ancien député
Gregor Garoa 343.897
Livingtsone Hiram 213.987
Maximillian Kun 176.097
George Gioura 301.159
Vyko Adeang 352.390
Mark Menke 228.912
Daniel Itsimaera 288.646
Cecilia Giouba 212.373
Wayman Harris 190.896
Starsky Dagagio 199.098
Fabian Ribauw 194.575
Temakau Tannang 171.506
Aidan-Luke Atto 209.879
Votes valides 1566
Votes blancs ou nuls 64
Total 1630
Inscrits 1 748

Élection du président de la République[modifier | modifier le code]

La nouvelle assemblée siège pour la première fois le 28 septembre, et réélit Marcus Stephen à la présidence du Parlement. Plutôt que briguer un second mandat à la présidence de la République, Lionel Aingimea est élu vice-président du Parlement. Russ Kun est élu président de la République par les députés, étant le seul candidat à cette fonction[14]. Il prête serment le lendemain, suivi des treize membres de son cabinet, dont les nouveaux députés Jesse Jeremiah et Delvin Thoma et le député de l'opposition sortante Timothy Ika[15],[16].

Quatorze des dix-huit députés étant ainsi membres de l'exécutif, Marcus Stephen étant le président du Parlement et Lionel Aingimea son vice-président, il n'y a que trois simples députés : David Adeang, Shadlog Bernicke et Charmaine Scotty[17].

Changements ultérieurs[modifier | modifier le code]

En raison de dissensions personnelles internes au gouvernement et de désaccords sur la politique intérieure[18], un changement de gouvernement a lieu le . Le nouveau président, David Adeang, a le soutien de neuf députés (lui-même compris), et les nomme tous à son gouvernement[19],[20]. Dès lors, la répartition des parlementaires entre majorité et opposition est la suivante :

Yaren

Députée Positionnement
Charmaine Scotty majorité ; ministre de la Santé, de l'Intérieur et du Patrimoine
Isabella Dageago majorité ; ministre adjointe (divers portefeuilles)

Boe

Député Positionnement
Asterio Appi majorité ; ministre de l'Enseignement
Martin Hunt opposition

Ewa / Anetan

Député Positionnement
Timothy Ika opposition
Marcus Stephen président du Parlement

Aiwo

Député Positionnement
Rennier Gadabu opposition
Delvin Thoma opposition

Buada

Député Positionnement
Bingham Agir opposition
Shadlog Bernicke majorité ; ministre du Phosphate, des Médias et des Technologies de l'information et de la communication

Anabar / Ijuw / Anibare

Député Positionnement
Pyon Deiye opposition
Maverick Eoe majorité ; ministre adjoint (divers portefeuilles)

Meneng

Député Positionnement
Lionel Aingimea majorité ; vice-président et ministre des Affaires étrangères et de la Justice
Richard-Hyde Menke opposition
Jesse Jeremiah majorité ; ministre des Infrastructures, de l'Agriculture et des Sports

Ubenide

Député Positionnement
Russ Kun opposition
David Adeang majorité ; président de la république et ministre des Finances
Wawani Dowiyogo opposition
Reagan Aliklik majorité ; ministre des Transports, de l'Eau, de l'Électricité et des Pêcheries

Références[modifier | modifier le code]

  1. (en) Matthew Dornan et Tess Newton Cain, "Pacific perspectives in 2016", East Asia Forum, 6 janvier 2017
  2. (en) "Aingimea chosen as Waqa's successor in Nauru", Radio New Zealand, 27 août 2019
  3. (en) "Former Nauru MP who fled to Australia fears for colleagues facing retrial over protest", Special Broadcasting Service, 14 novembre 2019
  4. (en) "Freedom in the World 2020: Nauru", Freedom House
  5. (en) "Public Notice: Candidates for 2022 elections must declare their intention to run now.", Commission électorale de Nauru, 29 octobre 2021
  6. (en) "Parliament Jan-Feb 2022", Nauru Bulletin, 4 mars 2022, p. 2
  7. (en) Constitution de Nauru telle qu'amendée en juin 2022
  8. a b et c Nauru : système électoral, Union interparlementaire.
  9. a et b (en) « Who comprises Parliament ? », sur naurugov.nr (consulté le )
  10. (en) "Nauru country brief", ministère australien des Affaires étrangères, février 2013
  11. a et b (en) "LIST OF PERSONS WHO HAVE DELIVERED DECLARATIONS OF INTENT TO CONTEST GENERAL ELECTION FOR 2022", Commission électorale de Nauru, 8 décembre 2021
  12. (ro) « statement-from-nec-election-timeline-announced-29-august-2022 », sur naurugov.nr (consulté le ).
  13. a et b (en) "Election Results", Commission électorale
  14. (en) "New President for Nauru", Radio New Zealand, 28 septembre 2022
  15. (en) « Nauru's new President takes oath », sur RNZ, (consulté le ).
  16. (en) "Portfolios", Gouvernement de Nauru, 29 septembre 2022
  17. (en) "Government", gouvernement de Nauru (consulté en septembre 2023)
  18. (en) "Nauru leader's ouster more about domestic issues than China: Source", Focus Taiwan, 31 octobre 2023
  19. (en) "Taiwan congratulates new Nauru President David Adeang", Focus Taiwan, 30 octobre 2023
  20. (en) "Nauru's President Adeang sworn in, names his Cabinet", Radio New Zealand, 31 octobre 2023