Élections provinciales de 2024 au Khyber Pakhtunkhwa — Wikipédia

Élections provinciales de 2023 au Khyber Pakhtunkhwa
145 sièges à l'Assemblée provinciale
(majorité absolue : 85 sièges)
Corps électoral et résultats
Inscrits 21 928 119
Indépendants soutenus par le Mouvement du Pakistan pour la justice – Ali Amin Gandapur
Sièges obtenus 90 en diminution 5
Ministre en chef
Sortant Élu
Mahmood Khan
PTI
Ali Amin Gandapur
PTI

Les élections provinciales de 2023 au Khyber Pakhtunkhwa ont lieu le 8 février 2024 afin de renouveler les élus de l'Assemblée provinciale de la province pakistanaise du Khyber Pakhtunkhwa.

Le scrutin provincial est l'objet d'une intense lutte politique dans le contexte d'une importante crise politique au niveau national, à l'issue de laquelle des élections législatives sont organisées le même jour.

Contexte[modifier | modifier le code]

National[modifier | modifier le code]

Les élections ont lieu dans le sillage d'une importante crise politique nationale ayant vu la perte du pouvoir par le Premier ministre et dirigeant du Mouvement du Pakistan pour la justice (PTI) Imran Khan, remplacé par le chef de l'opposition Shehbaz Sharif, de la Ligue musulmane du Pakistan (N). La tentative d'Imran Khan de convoquer des élections anticipées avant le vote d'une motion de censure est invalidée par la Cour suprême, ce qui conduit au vote de la motion début avril 2022[1],[2].

Les évènements provoquent d'importantes manifestations organisées par Imran Khan, qui reste toujours populaire auprès de larges pans de la population[3],[4]. Le , il est victime d'une tentative d'assassinat à Wazirabad au cours de laquelle il est blessé par balle à la jambe. Il accuse Shehbaz Sharif d'en être responsable[5]

Imran Khan ayant été déclaré inéligible après une condamnation pour corruption, la commission électorale exige du PTI la tenue d'élections primaires internes pour le remplacer à la tête du parti. A défaut, le PTI risque alors de perdre son symbole électoral, la Batte de cricket. Or, la possession d'un symbole électoral fait partie des conditions obligatoires pour participer aux législatives. Gohar Khan est élu chef du parti le 3 décembre[6].

La commission électorale invalide cependant la primaire, empêchant ainsi le parti de participer au scrutin. Le 26 décembre 2023, la Haute Cour de justice de Peshawar suspend la décision de la commission et rétablit le symbole électoral, en attendant un examen sur le fond par la Cour suprême du Pakistan[7]. Rendu le 13 janvier 2024, celui-ci voit la Cour suprême confirmer la décision de la commission électorale. Le PTI est ainsi de facto interdit de concourir, tous ses candidats se voyant contraints de soumettre leur candidature en tant qu'indépendants[8],[9]. La décision de la cour est décrite par plusieurs experts en droit comme un « coup porté aux droits fondamentaux » et une « une défaite pour les normes démocratiques »[10].

Entre-temps, le 31 décembre 2023, la commission électorale rejette les candidatures aux législatives d'Imran Khan ainsi que celles de plusieurs dirigeants, sur la base de leurs condamnations par la justice[11]. Le 30 janvier 2024, moins de dix jours avant le scrutin, il est condamné pour divulgation de secrets d'État à dix ans de prison ferme et à cinq ans d'inéligibilité en compagnie de l'ancien ministre des Affaires étrangères et vice-président du PTI Shah Mehmood Qureshi[12]. Le lendemain, il est condamné à 14 ans de prison ferme et à cinq ans d'inéligibilité dans une autre affaire de corruption en compagnie de son épouse[13].

Provincial[modifier | modifier le code]

Le 18 janvier 2023, à la demande d'Imran Khan qui souhaite faire pression sur le gouvernement pour organiser les élections législatives pakistanaises de 2023 de manière anticipée, le ministre en chef Mahmood Khan dissout l'assemblée provinciale. Les élections doivent alors avoir lieu dans les 90 jours, soit au plus tard le 20 avril 2023[14],[15]. Muhammad Azam Khan est désigné le 20 janvier 2023 ministre en chef par un accord entre le ministre en chef et le chef de l'opposition sortants du Khyber Pakhtunkhwa[16].

Le 20 février, la situation conduit le président Arif Alvi à fixer unilatéralement le scrutin au 9 avril[17]. Le 1er mars, La Cour suprême juge sa décision inconstitutionnelle par trois voix contre deux[18]. Le 15 mars 2023, le gouverneur fixe la date du scrutin au 28 octobre[19].

Le gouvernement démissionne le 12 août sur instruction de la commission électorale à la suite d'un recours des députés sortants de l'Assemblée provinciale membres du PTI accusant les membres du gouvernement de partialité et d'interférences sur le scrutin à venir au profit du Mouvement démocratique pakistanais[20]. Un nouveau gouvernement est formé le 19 août[21],[22].

Le 11 novembre, Azam Khan meurt à 89 ans[23]. Arshad Hussain Shah lui succède le lendemain[24], après consultation du ministre en chef et du chef de l'opposition de l'ancienne législature[25]. Un recours est déposé à la suite de cette nomination[26].

Système électoral[modifier | modifier le code]

Intérieur de l'Assemblée provinciale à Peshawar.

L'Assemblée provinciale de Khyber Pakhtunkhwa est composée de 145 sièges pourvus pour cinq ans dont 115 au scrutin uninominal majoritaire à un tour. Ces membres élus au scrutin direct élisent à leur tour 26 sièges réservés à des femmes et 8 sièges réservés à des minorités religieuses non-musulmanes. Ces sièges sont répartis à la proportionnelle entre tous les partis ayant remporté un minimum de 5 % des voix au scrutin direct, mais répartis en proportion du nombre de sièges déjà obtenus et non en proportion des voix, de manière à laisser inchangé le résultat du vote populaire[27],[28].

Résultats[modifier | modifier le code]

Résultats des législatives de 2024 au Khyber Pakhtunkhwa[29],[30],[31]
Partis Votes % +/- Sièges
Élus Réservés Total +/-
Fem. Min.
Indépendants 91 0 0 90 en augmentation 88
Jamiat Ulema-e-Islam (JUI-F) N/a 7 12[a] 0 19 en augmentation 6
Ligue musulmane du Pakistan (N) (PML(N)) 5 10[b] 0 15 en augmentation 9
Parti du peuple pakistanais (PPPP) 4 7[c] 0 11 en augmentation 6
Jamaat-e-Islami (JI) N/a 3 0 0 3 en diminution 10
Mouvement du Pakistan pour la justice-Parlementaires (PTI-P) Nv 1 1[d] 0 2 en augmentation 2
Parti national Awami (ANP) 1 1[d] 0 2 en diminution 7
Tehreek-e-Labbaik Pakistan (TLP) 0 0 0 0 en stagnation
Grande alliance démocratique (GDA) 0 0 0 0 en stagnation
Mouvement Muttahida Qaumi (MQM) 0 0 0 0 en stagnation
Ligue musulmane du Pakistan (Q) (PML) 0 0 0 0 en stagnation
Parti baloutche Awami (BAP) 0 0 0 0 en stagnation
Parti national baloutche (BNP) 0 0 0 0 en stagnation
Ligue musulmane Awami du Pakistan 0 0 0 0 en stagnation
Jamhoori Wattan (JWP) 0 0 0 0 en stagnation
Autres partis
Sièges non pourvus 3 0 8 11
Votes valides
Votes blancs et invalides
Total 100 115 26 8 145 en augmentation 21
Abstention
Inscrits / participation 21 928 119

Suites[modifier | modifier le code]

Le Mouvement du Pakistan pour la justice, par l'intermédiaire de ses candidats élus comme indépendants, conserve la majorité absolue des sièges[32]. Quatre membres du parti briguent le poste de ministre en chef. Il s'agit d'Ali Amin Gandapur, Akbar Ayub, Mushtaq Ghani et Aqibullah Khan[33]. Le 13 février, Imran Khan choisit Gandapur[34]. Il annonce par ailleurs l'alliance du PTI avec Jamaat-e-Islami[35].

Le 17 février, un indépendant rejoint la PML-N[36].

L'Assemblée est inaugurée le 28 février[37]. Le 29 février, Babar Saleem Swati est élu président, et Surraya Bibi Chitral vice-présidente[38]. Gandapur est élu le 1er mars[39].

Les députés du PTI rejoingnent les rangs du Sunni Ittehad Council[40]. La commission électorale a confirmé la possibilité d'obtenir ces sièges, puisque le parti n'a pas présenté de liste pour les sièges réservés, bien que ça n'ait jamais eu lieu par le passé malgré les ralliements[41]. Le doute subsiste puisque le parti n'a pas participé au scrutin[42]. Le 4 mars, arguant que le parti n'a pas présenté de candidat lors du scrutin, ni publié la liste des candidats aux sièges réservés en décembre 2023, la commission électorale rejette la demande du SIC d'obtenir les sièges réservés et décide de les accorder aux autres partis[43].

Notes et références[modifier | modifier le code]

Notes[modifier | modifier le code]

  1. Obtient dix sièges supplémentaires, passant de deux à douze, après le refus d'accorder des sièges au SIC
  2. Obtient huit sièges supplémentaires, passant de deux à dix, après le refus d'accorder des sièges au SIC
  3. Obtient six sièges supplémentaires, passant de un à sept, après le refus d'accorder des sièges au SIC
  4. a et b Obtient un siège supplémentaire, passant de zéro à un, après le refus d'accorder des sièges au SIC

Références[modifier | modifier le code]

  1. « Pakistan : la Cour suprême annule la dissolution de l'Assemblée nationale », sur France 24, FRANCE24, (consulté le ).
  2. « Pakistan: Imran Khan, défait par une motion de censure, quitte le pouvoir », sur Le Point, lepoint.fr, (consulté le ).
  3. « Le Premier ministre pakistanais Imran Khan renversé par une motion de censure », sur RFI,
  4. « 'Freedom struggle': Protests across country following Imran Khan's ouster », sur Dawn.com,
  5. (en) « Imran Khan accuses Shehbaz Sharif, Army Major General Faisal, among 3 people for attack at his rally », sur India TV,
  6. « Pakistan: En prison, l’ex-Premier ministre remplacé à la tête de son parti », sur Le Matin, lematin.ch, (consulté le ).
  7. « Pakistan: la batte de cricket autorisée comme logo électoral du parti d'Imran Khan », sur www.yenisafak.com (consulté le ).
  8. « Pakistan : la batte de cricket ou le pouvoir », sur France Inter, franceinter, (consulté le ).
  9. (en) « You are being redirected... », sur al24news.com (consulté le ).
  10. (en) Dawn.com, « ‘Huge blow to fundamental rights’: Lawyers, political experts in disbelief over SC’s decision to strip PTI of its electoral symbol », sur DAWN.COM, https:www.dawn.com, (consulté le ).
  11. FRANCE24, « Au Pakistan, la candidature de l'ancien Premier ministre Imran Khan aux législatives rejetée », sur France 24, FRANCE24, (consulté le ).
  12. « Pakistan : l’ex-premier ministre Imran Khan condamné à dix ans de prison », Le Monde.fr,‎ (lire en ligne, consulté le )
  13. FRANCE24, « Pakistan : l'ex-Premier ministre Imran Khan à nouveau condamné, cette fois à 14 ans de prison », sur France 24, FRANCE24, (consulté le ).
  14. (en) Arif Hayat, « CM Mahmood sends summary for dissolution of KP assembly to governor », sur DAWN.COM, https:www.dawn.com, (consulté le ).
  15. (en) Arif Hayat, « KP Assembly dissolved as governor approves CM Mahmood’s summary », sur DAWN.COM, https:www.dawn.com, (consulté le ).
  16. (en) Arif Hayat, « KP govt, opposition pick Azam Khan as caretaker CM », sur DAWN.COM, https:www.dawn.com, (consulté le ).
  17. Naveed Siddiqui, « President Alvi unilaterally announces April 9 as Punjab, KP election date », DAWN News,‎ (lire en ligne, consulté le )
  18. Iftikhar A Khan, « Punjab to vote on April 30, KP awaits poll date », DAWN News,‎ (lire en ligne, consulté le )
  19. (en) Iftikhar A. Khan, « Governor fixes May 28 for KP assembly polls », sur DAWN.COM, https:www.dawn.com, (consulté le ).
  20. (en) Arif Hayat, « 19 members of KP caretaker cabinet resign on ECP’s directions: interim minister », sur DAWN.COM, https:www.dawn.com, (consulté le ).
  21. (en) « 10-member Sindh, nine-member KP caretaker cabinets sworn in », sur www.pakistantoday.com.pk, (consulté le ).
  22. (en) https://tribune.com.pk/author/190, « Second K-P caretaker cabinet sworn in », sur The Express Tribune, https:tribune.com.pk, (consulté le ).
  23. (en) Arif Hayat, « KP interim CM Azam Khan passes away aged 89 », sur DAWN.COM, https:www.dawn.com, (consulté le ).
  24. (en) Arif Hayat, « Justice (retd) Arshad Hussain Shah takes oath as KP chief minister », sur DAWN.COM, https:www.dawn.com, (consulté le ).
  25. (en) Umer Farooq, « Justice Shah takes oath as caretaker KP chief minister », sur DAWN.COM, https:www.dawn.com, (consulté le ).
  26. (en) Bureau Report, « Appointment of caretaker CM, cabinet challenged in court », sur DAWN.COM, https:www.dawn.com, (consulté le ).
  27. (en) Loi électorale
  28. (en) « Provincial Assemblies », sur ifes.org (consulté le )
  29. (en) « General Elections 2024 - KP Assembly », sur www.elections.gov.pk (consulté le ).
  30. (en) « ECP notifies five women MPAs elected on reserved seats », sur www.thenews.com.pk (consulté le ).
  31. (en) Iftikhar A. Khan, « PML-N gets lucky as reserved seats doled out », sur DAWN.COM, https:www.dawn.com, (consulté le ).
  32. (en) Dawn Report, « PTI-backed MPAs leading in KP; PPP ahead in Sindh », sur DAWN.COM, https:www.dawn.com, (consulté le ).
  33. (it) « PTI Khyber Pakhtunkhwa divided into four groups over the chief minister race », sur Dunya News (consulté le ).
  34. Samaa, « PTI nominates Ali Amin Gandapur as KP chief-minister », .
  35. (en) Dawn.com, « PTI to ally with Majlis Wahdat-i-Muslimeen in Punjab and Centre, with Jamaat-i-Islami in KP », sur DAWN.COM, https:www.dawn.com, (consulté le ).
  36. (en) Web Desk, « Another independent candidate joins PML-N », sur ARY NEWS, https:facebook.comarynewsasia, (consulté le ).
  37. (en) « Governor summons assembly session », sur Associated Press of Pakistan, apponfb, (consulté le ).
  38. (en) Daily Patriot, « A look at the political career of Speaker and Deputy Speaker of Khyber Pakhtunkhwa Assembly », sur Daily The Patriot, (consulté le ).
  39. (en) Amjad Ali Shah, « Gandapur elected CM KP », sur Brecorder, https:www.brecorder.com, (consulté le ).
  40. (en) Dawn.com, « PTI-backed independents to join Sunni Ittehad Council: Barrister Gohar », sur DAWN.COM, https:www.dawn.com, (consulté le ).
  41. (en) Wara Irfan, « Much ado about reserved seats: Can PTI get them with SIC’s help? », sur DAWN.COM, https:www.dawn.com, (consulté le ).
  42. (en) « PTI's quest for reserved seats may not be smooth sailing », sur www.geo.tv (consulté le ).
  43. (en) Irfan Sadozai, « ECP rejects Sunni Ittehad Council’s plea seeking allocation of reserved seats », sur DAWN.COM, https:www.dawn.com, (consulté le ).

Voir aussi[modifier | modifier le code]