Émirat de Cyrénaïque — Wikipédia

Émirat de Cyrénaïque

1919–1922
1949–1951

Drapeau Blason
Description de cette image, également commentée ci-après
La Cyrénaïque à l'est de la Libye
Informations générales
Statut 1919-1922, protectorat autonome du royaume d'Italie
1949-1951, gouvernement provisoire à parti unique
Capitale Benghazi
Langue(s) Arabe
Religion Islam
Monnaie Livre égyptienne
Histoire et événements
31 octobre 1919 Loi fondamentale italienne sur la Cyrénaïque
30 novembre 1922 Exil de l'émir Idris
1er mars 1949 Proclamation de l'indépendance de l'émirat
24 décembre 1951 Indépendance du royaume de Libye

Entités précédentes :

Entités suivantes :

L'émirat de Cyrénaïque était un État proclamé en 1919 sur le territoire de la Cyrénaïque, région de l'actuelle Libye, sous la souveraineté de l'émir Idris, chef de la confrérie des Sanussi. Né d'un compromis avec les colonisateurs italiens, l'Émirat cesse d'exister quelques années plus tard, et la Cyrénaïque est pleinement intégrée à la Libye italienne. En 1949, après la Seconde Guerre mondiale, l'émirat de Cyrénaïque est à nouveau proclamé par Idris avec le soutien du Royaume-Uni, et existe jusqu'à la fin 1951, durant la période de transition qui mène à l'unification du royaume de Libye en tant qu'État souverain.

Historique[modifier | modifier le code]

Après la guerre italo-turque, le royaume d'Italie annexe l'ancien territoire ottoman de la régence de Tripoli. Les Italiens ont cependant le plus grand mal à stabiliser leur nouvelle colonie et doivent, en Cyrénaïque, faire face aux avant-postes ottomans qui n'ont pas renoncé à reprendre le pays, et à l'influence de la confrérie des Sanussi, puissante depuis le XIXe siècle. Au terme de la Première Guerre mondiale, les Italiens doivent composer avec les forces politiques locales : en Tripolitaine, la république de Tripolitaine est reconnue le . En Cyrénaïque, c'est avec Idris al-Sanussi que les Italiens doivent traiter : le , le parlement italien vote une loi fondamentale reconnaissant l'autonomie de la Cyrénaïque, dont Rome continue néanmoins de contrôler l'armée, la diplomatie et la justice. Le , un accord est conclu à Regma avec Idris, auquel les Italiens reconnaissent le titre d'émir de la Cyrénaïque[1].

Les accords passés par avec la Tripolitaine et la Cyrénaïque ne sont cependant pas respectés par l'Italie, tandis que les Libyens font preuve, de leur côté, de mauvaise volonté quant à leur application. Dès 1921, l'Italie manœuvre ouvertement pour reprendre le contrôle de ses colonies libyennes. Le , l'émir Idris part en exil et, en avril 1923, l'Italie dénonce l'accord de Regma, supprimant toute autonomie à la Cyrénaïque, désormais pleinement intégrée à la Libye italienne[2],[3]. Exilé en Égypte, Idris dirige depuis l'étranger des opérations clandestines contre les Italiens[4].

Avec le déclenchement de la Seconde Guerre mondiale, l'émir exilé se range aux côtés du Royaume-Uni : à l'été 1940, il conclut un accord qui aboutit à la mise sur pied d'une force arabe libyenne qui combat aux côtés des Alliés durant la guerre du désert. Le , le ministre britannique des affaires étrangères, Anthony Eden, déclare lors d'une allocution parlementaire que le Royaume-Uni ne permettra pas le retour de l'Italie en Cyrénaïque. Le 23 janvier de la même année, Idris réclame l'indépendance de la Libye entière et la mise sur pied d'un comité anglo-libyen pour préparer la formation d'un gouvernement[5].

L'émir Idris (à droite) en compagnie de dirigeants politiques libyens et du gouverneur britannique de Homs, en juillet 1949.

Après la défaite de Mussolini, la Libye italienne est administrée par les Alliés : une Administration militaire britannique gère la Tripolitaine et la Cyrénaïque, tandis que le Fezzan est administré par la France. Le mouvement de soutien aux Sanussi s'exprime désormais librement en Cyrénaïque et, en 1945, Idris revient à Benghazi où il reçoit un accueil triomphal. En novembre 1947, il revient définitivement se fixer en Libye avec le soutien des Britanniques. Un mois plus tard, Idris ordonne aux deux partis politiques existant en Cyrénaïque, le Front national et le Comité Omar al-Muktar, de fusionner au sein d'un parti unique, le Congrès national, officiellement fondé le et en partie dominé par les Sanussi. Dans les faits, le Congrès national ne parvient pas à fonctionner de manière unifiée et ses deux tendances se trouvent en compétition lors des élections de 1950[6],[7].

Le 1er mars 1949, anticipant sur l'attitude de la Tripolitaine et sur celle des Alliés, Idris proclame l'indépendance de l'émirat de Cyrénaïque. Il reçoit le soutien des Britanniques, alors que la question du statut de la Libye demeure l'une des inconnues de l'après-guerre. Parmi les options possibles, celle d'un État monarchique unifié confié à Idris reçoit la faveur du Royaume-Uni, qui souhaite garder son influence sur le pays et voit dans une monarchie sanussi un pendant à la Jordanie hachémite. Les Britanniques jouent la politique du fait accompli en reconnaissant l'émirat d'Idris et en signant avec ce dernier un modus vivendi qui lui donne mandat pour former un gouvernement et rédiger une constitution. La loi organique proclamée à Benghazi est largement influencée par le gouvernement britannique.

Le futur statut de la Libye demeure, durant plusieurs mois, dans l'incertitude, mais l'Assemblée générale des Nations unies finit par trancher en votant, le , une résolution stipulant que la Libye devra devenir un État indépendant et souverain avant le [8],[5].

Le , l'Assemblée nationale libyenne, réunie après une laborieuse constitution, offre la couronne de Libye à l'émir Idris. Le , le premier gouvernement libyen est fondé ; la constitution est adoptée le 7 octobre et, le , l'indépendance du Royaume-Uni de Libye est proclamée, avec le roi Idris Ier à sa tête[9].

Voir aussi[modifier | modifier le code]

Notes et références[modifier | modifier le code]

  1. François Burgat, André Laronde, La Libye, Presses universitaires de France, 2003, p. 44
  2. (en) Eric Armar Vully De Candole, The life and times of King Idris of Libya, Mohamed Ben Ghalbon, 1990, p. 43
  3. François Burgat, André Laronde, La Libye, Presses universitaires de France, 2003, p. 45
  4. Roland Oliver, Anthony Atmore, Africa since 1800 Cambridge University Press, 2005, page 236
  5. a et b François Burgat, André Laronde, La Libye, Presses universitaires de France, 2003, p. 52
  6. (en) Jamil M. Abun-Nasr, A history of the Maghrib in the Islamic period, Cambridge University Press, 1987, p. 404
  7. (en) Dirk J. Vandewalle, A history of modern Libya, Cambridge University Press, 2006, p. 37
  8. Mahmoud Azmi, La question de Libye, Politique étrangère, année 1949, volume 14, n°6
  9. François Burgat, André Laronde, La Libye, Presses universitaires de France, 2003, pp. 54-55