Épine-vinette — Wikipédia

Berberis vulgaris

Illustration de Berberis vulgaris

Le vinettier ou l’épine-vinette (Berberis vulgaris) est une espèce d'arbustes de la famille des berbéridacées.

En France, à partir du XIXe siècle, l'épine-vinette a été fréquemment éradiquée car c'est un hôte intermédiaire dans le cycle de la rouille noire du blé, un champignon pathogène des céréales. Cependant elle reste présente dans les zones de coteaux calcaires d'une grande moitié nord de la France[1].

Étymologie[modifier | modifier le code]

Berberis, nom arabe du fruit de la plante ; il signifierait coquille [réf. nécessaire] car les pétales creux sont en forme de coquille. Vinette est le nom vulgaire de l'oseille dont les feuilles rappellent le goût.

Description[modifier | modifier le code]

Buisson d'épine-vinette.
Inflorescence de l'épine-vinette.
Fruits de l'épine-vinette.

L'épine-vinette est un arbuste caduc à semi-persistant, épineux, très ramifié, atteignant 1,5 à 3 mètres de haut. Ses rameaux jaunâtres et ridés portent des épines trifurquées.
Ses feuilles ovales, finement dentelées, glabres, alternes et fasciculées, sont vert clair au-dessus et glauques au revers[2].

Les inflorescences consistent en des grappes de petites fleurs jaune d'or éclosant d'avril à juin.
Leur étamine possède une ouverture en deux clapets ressemblant à des oreilles dressées ; lorsqu'un insecte touche sa base, l'étamine se rabat vers le pistil pour assurer la fécondation de ce dernier[3].

Les fruits sont des baies rouges, plus ou moins pruineuses, mesurant généralement de 7 à 12 mm de long et de 3 à 5 mm de large. Les grappes portent généralement de huit à quinze baies. La production des fruits a tendance à alterner[4].

Sa longévité est de 25 à 50 ans[réf. nécessaire].

Cette plante est mellifère (nectar et pollen)[5].

Plante-hôte[modifier | modifier le code]

Berberis vulgaris est la plante-hôte secondaire de la rouille noire. Des études sont en cours dès 2020 en Suisse et en Europe pour suivre sa présence et son implication lors d'épidémies, dans un but de prévention[6].

Toxicité[modifier | modifier le code]

Toute la plante, sauf les fruits, contient des alcaloïdes (dont la berbérine) peu toxiques.[réf. nécessaire]

La coloration jaune d'or de la section de tiges et des racines est due à la présence de berbérine.

Utilisation[modifier | modifier le code]

Les fruits, dépourvus de toxicité, sont parfois utilisés pour préparer des gelées, confitures ou boissons. Dans la littérature on signale cependant quelques cas de problèmes digestifs liés à l'ingestion (en quantité) de fruits.

C'est aussi une plante d'ornement dont il existe de nombreuses espèces et encore plus d'hybrides et de cultivars. Ils diffèrent plus ou moins du type décrit ici par la taille ou la couleur des feuilles, la couleur des fruits.

Selon une étude ethnobotanique publiée par Françoise et Grégoire Nicollier en 1984 sur les plantes dans la vie quotidienne à Bagnes, les racines de cette plante dénommée ékran ou épïna («épine») ou fodzëta (födzo signifiant «rouge») ou boson de fodzëte (boson signifiant «buisson») étaient utilisées pour produire une teinture jaune ; et ses tiges et ses feuilles, mélangées à de la «recuite» (= sérum qui reste après la fabrication du sérac), servaient de nourriture pour les porcs ; les fruits devenaient gelée ou confiture (le mot fodzëta désigne en particulier le fruit)[7].

Règlementation[modifier | modifier le code]

Cette plante étant hôte intermédiaire de la rouille du blé, elle doit, dans certains pays, être détruite près des champs de céréales[8].

Habitats[modifier | modifier le code]

Coteaux calcaires et friches.

Statuts de protection, menaces[modifier | modifier le code]

L'espèce est évaluée comme non préoccupante aux échelons européen et français[9]

En France l'espèce se raréfie : elle est considérée Quasi menacée (NT), proche du seuil des espèces menacées ou qui pourrait être menacée si des mesures de conservation spécifiques n'étaient pas prises, dans la région Poitou-Charentes ; elle est considérée Vulnérable (VU) en Picardie ; en Danger (EN) en Ile de France, Haute-Normandie et Limousin.

Utilisation[modifier | modifier le code]

Épine-vinette séchée d'Ouzbékistan, utilisée comme condiment pour le plov
Une assiette de zereshk polo, un plat de riz iranien avec des baies rouges d'épine-vinette séchées.

Avant leur maturité leurs baies sont faiblement toxiques car elles contiennent de la berbérine[10]. Mûres en septembre, elles sont comestibles crues ou cuites.

Les baies vertes sont employées avec les sauces piquantes et les viandes rôties qu'elles relèvent de leur goût acidulé. Les fruits rouges se cuisent en confiture.

L'Iran est un important producteur[11]

et consommateur de baies séchées d'épine-vinette[réf. nécessaire], (zereshk /زرشک en persan ; on trouve également le terme انگور سیبری), celles-ci entrant dans la composition du zereshk polo (riz aux zereshks), les baies rouges ajoutant au riz de la couleur et un goût acidulé[12].

En Iran, la médecine traditionnelle utilise cette plante contre les problèmes de foie (ictère, l’hypertrophie du foie) et de la rate, mais aussi contre les ulcères oculaires et d'autres maux[13].

L'écorce des tiges et des racines possède quant à elle des propriétés anti-inflammatoires et antimicrobiennes. En Iran son aubier est ou était utilisé contre certains dysfonctionnements du foie et de la vésicule biliaire, dans la diarrhée, l’indigestion[13]...

La consommation de cette plante est déconseillée pendant la grossesse[réf. nécessaire].

Ses graines étaient un des constituants du diascordium et du diaprun solutif de la pharmacopée maritime occidentale au XVIIIe siècle [14].

Son bois, fin et dur, de couleur jaune, a été utilisé en marqueterie et en teinturerie[réf. nécessaire].

Autres espèces du genre Berberis[modifier | modifier le code]

Éponymie[modifier | modifier le code]

L'épine-vinette vit son nom attribué au 13e jour du mois de fructidor du calendrier républicain français[15], généralement chaque 30 août du calendrier grégorien.

L'astéroïde (102619) Crespino porte le nom italien de cette espèce[16].

Notes et références[modifier | modifier le code]

  1. (fr) Référence INPN : Berberis vulgaris L., 1753 (TAXREF).
  2. Marjorie Blamey, Christopher Grey-Wilson La flore d'Europe occidentale, éd. Flammarion, 2003.
  3. Jean-Marie Pelt, Les langages secrets de la nature - la communication chez les animaux et les plantes. Ed. Fayard, Livre de Poche no 144435, 1996. Chapitre 12 Des plantes mobiles, p. 154.
  4. (en) « (PDF) The First Report on Alternate Bearing of Barberry (Berberis vulgaris L.): Change in Total Carbohydrate and Phenolic Contents », sur ResearchGate (consulté le ).
  5. Flore Forestière Française tome 1 plaines et collines édition 2018.
  6. Agroscope, « RustWatch - projet européen », sur www.agroscope.admin.ch (consulté le )
  7. Françoise Nicollier et Grégoire Nicollier, « Les plantes dans la vie quotidienne à Bagnes : noms patois et utilisations domestiques », Bulletin de la Murithienne, no 102,‎ , p. 142-143 (ISSN 0374-6402, OCLC 716291575, lire en ligne).
  8. Joël Reynaud, La Flore du Pharmacien, éd. TECet DOC, 2002
  9. MNHN & OFB [Ed]. 2003-présent. Inventaire national du patrimoine naturel (INPN), Site web : https://inpn.mnhn.fr, consulté le 14 décembre 2021
  10. (en-US) « La berbérine, une arme redoutable et naturelle contre le diabète de type 2 », sur Infos diabète, (consulté le )
  11. Therapeutic application of different parts Berberis vulgaris [1]
  12. Barberry Growing In Iran
  13. a et b K. Ghedira et P. Goetz, « Berberis vulgaris L. (Berberidaceae) Épine-vinette », Phytothérapie, vol. 17, no 3,‎ , p. 159–163 (ISSN 1624-8597 et 1765-2847, DOI 10.3166/phyto-2019-0162, lire en ligne, consulté le )
  14. D'après Maistral, in Yannick Romieux, De la hune au mortier, Éditions ACL, Nantes, 1986.
  15. Ph. Fr. Na. Fabre d'Églantine, Rapport fait à la Convention nationale dans la séance du 3 du second mois de la seconde année de la République Française, p. 30.
  16. « (102619) Crespino = 1999 VK23 », WGSBN Bulletin, vol. 1, no 3,‎ , p. 11 (lire en ligne)

Voir aussi[modifier | modifier le code]

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Bibliographie[modifier | modifier le code]

  • M. Cuziat, De l'influence de l'épine-vinette sur les céréales, dans La société d'émulation des Côtes-du-Nord, 1882, p. 27-32.

Liens externes[modifier | modifier le code]