Établissements français de l'Océanie — Wikipédia

Établissements français de l'Océanie

1880–1946

Drapeau
Description de l'image French Polynesia on the globe (small islands magnified) (Polynesia centered).svg.
Informations générales
Statut Colonie française
Capitale Papeete
Langue(s) Français, langues polynésiennes
Religion Christianisme, protestantisme ma'ohi
Monnaie Piastre indochinoise
Franc CFP
Histoire et événements
Pōmare V cède son royaume, qui devient une colonie, à la France
19 mars 1898 Intégration des Îles Sous-le-Vent
22 septembre 1914 Bataille de Papeete
1946 Devient un territoires d'outre-mer et intègre l'Union française

Entités précédentes :

Entités suivantes :

Les Établissements français de l'Océanie (dénommés colonie de Tahiti jusqu’en 1903) formaient une colonie de l'Empire colonial français, qui a existé de 1880 à 1946, date à laquelle ils deviennent un territoire d'outre-mer (qui prendra officiellement le nom de Polynésie française en 1957).

Histoire[modifier | modifier le code]

Conquête française[modifier | modifier le code]

En 1836, le conseiller de la reine de Tahiti Pomare IV, le pasteur George Pritchard, fait expulser deux pères catholiques français dénommés Caret et Laval. En réaction, la France envoie en 1838 l’amiral Abel Aubert du Petit-Thouars pour obtenir réparation. Une fois sa mission accomplie, l’amiral Du Petit-Thouars se dirige vers les îles Marquises, qu’il annexe en 1842. En , l'amiral Du Petit-Thouars revient faire escale à Tahiti. Il s’allie alors avec des chefs de Tahiti hostiles aux Pomare et favorables à un protectorat français. Il leur fait signer une demande de protectorat en l’absence de leur reine, avant d’obliger cette dernière à ratifier le traité de protectorat[1]. Avant même que le traité ne soit ratifié par la France, Mourenhout est nommé commissaire royal auprès de la reine Pomare.

Dans le cadre de ce traité, la France reconnaît la souveraineté de l’État tahitien. La reine est responsable des affaires intérieures, tandis que la France dirige les relations extérieures, et assure la défense et le maintien de l’ordre. En 1880 le gouverneur Chessé, soutenu par des chefs tahitiens, pousse le nouveau roi Pomare V à abdiquer en faveur de la France. Le , il cède à la France le royaume de Tahiti ainsi que les îles qui en dépendent. Devenue une colonie, Tahiti perd alors toute souveraineté. Tahiti est cependant une colonie particulière, puisque tous les sujets du royaume se voient accorder la citoyenneté française[2]. Le , sous les cris de « Vive la République », la foule célèbre l'appartenance de la Polynésie à la France lors du premier Tiurai (fête nationale et populaire). En 1890, Papeete devient une commune de la République.

La colonie[modifier | modifier le code]

Port de Papeete en 1906.
Une du Miroir après le bombardement de Papeete en 1914.

Les îles encore indépendantes sont intégrées progressivement à la colonie entre 1887[Passage contradictoire] et 1901, notamment les Tuamotou, Rapa et les îles Gambier en 1882, puis les îles Sous-le-Vent en 1898, par l'abrogation de la convention de Jarnac.

En 1903 sont créés les Établissements français de l’Océanie, qui rassemblent Tahiti, les autres îles de la Société, les îles Australes, les îles Marquises et les Tuamotu.

Les EFO participent à la Première Guerre mondiale avec la Nouvelle-Calédonie au sein du bataillon de tirailleurs du Pacifique qui part combattre en Europe. Cette unité est dissoute en 1919. En 1914, Papeete est bombardée par deux croiseurs de la Marine allemande venus de Kiautschou et de Nouvelle-Guinée allemande qui cherchent à s'emparer du stock de charbon. Celui-ci est incendié alors que les canons de marine, installés à terre, tirent sur les bâtiments allemands. En représailles, ceux-ci bombardent la ville puis se retirent. Un navire allemand saisi quelques jours plus tôt est coulé dans le port ainsi qu'une canonnière française.

La période de l'entre-deux-guerres marque le début de la chute de la production des huîtres nacrières (pour la fabrication en Europe des boutons de nacre) et perlières naturelles, qui était de l'ordre de 1 000 tonnes par an de nacre brute vers 1920, et passera à 10 tonnes exportées vers 1975 en raison de la surexploitation des stocks naturellement présents dans les lagons[3].

Après la reddition de la France à l'Allemagne en 1940, les territoires français du Pacifique se rallient au général de Gaulle : les Nouvelles-Hébrides le , les EFO le 1er septembre et la Nouvelle-Calédonie le . Wallis-et-Futuna reste en revanche fidèle à Pétain. Le général de Gaulle ordonne la reconquête de Wallis, craignant de voir l'île tomber dans les mains allemandes. L'opération est validée par le général le . Le Chevreuil arrive à Papeete le . il y retrouve le contre-torpilleur Le Triomphant présent depuis le , ils sont bientôt rejoints par le croiseur auxiliaire Cap des Palmes[4]. Après être passée par Nouméa, la flotte française libre prend Wallis le .

En 1946, la constitution de la IVe République établit l’Union française : les EFO passent du statut de colonie à celui de territoire d'outre-mer et le droit de vote est accordé aux habitants.

Organisation[modifier | modifier le code]

Administration[modifier | modifier le code]

Drapeau du royaume de Tahiti sous le protectorat français (1844-1880)

Comme le Protectorat auparavant, les EFO dépendent du ministère de la Marine (Service des Colonies) jusqu'en 1894, date de création du ministère des Colonies, lequel fut le seul interlocuteur en métropole, dans la mesure où il a des services Santé, Instruction publique, etc.

La colonie est dirigée, à partir de 1881, par un gouverneur, représentant le président de la République.

L'organisation des EFO est précisée par deux décrets de [5], instituant un Conseil général (qui n'équivaut pas à ceux de métropole) et un Conseil privé du gouverneur, supprimés au début du XXe siècle (1903 et 1912). En 1903 est institué le Conseil d'administration, qui va durer jusqu'en 1932. Le Conseil d'administration, formé par huit fonctionnaires et trois notables (infra), a un rôle consultatif en matière économique et financière.

Les services administratifs (Affaires judiciaires, Douanes, Enregistrement, Contributions, Travaux publics, Instruction publique, Imprimerie, Port...) emploient un assez grand nombre de cadres métropolitains et des auxiliaires nommés et révoqués par le gouverneur (400 à 600 employés au total).

Les administrateurs de secteur sont au nombre de cinq (en 1939) : Tahiti, Tuamotu, Îles Sous-le-Vent, Australes, Marquises. Les circonscriptions inférieures (districts) sont administrées par des agents spéciaux qui sont souvent des gendarmes (ex. : Moorea, Tubuai-Raivavae...).

Gouverneurs[modifier | modifier le code]

Période Responsable Remarques
de 1880 à 1881 Henri Chessé
de 1881 à 1883 Frédéric Dorlodot des Essarts
de 1883 à 1885 Nicolas Morau
de 1886 à 1893 Étienne Théodore Mondésir Lacascade
1893 Adolphe Granier de Cassagnac (par intérim)
1893 Lucien Bommier (par intérim)
1893 Jean Ours (par intérim)
de 1893 à 1896 Pierre Papinaud
de 1896 à 1901 Gustave Gallet (1850-1926)[6],[7]
1901 Victor Rey (par intérim)
de 1901 à 1904 Édouard Petit
1904 Victor Lanrezac (en)
de 1904 à 1905 Henri Cor (par intérim)
de 1905 à 1907 Philippe Émile Jullien
de 1907 à 1908 Élie Adrien Édouard Charlier (par intérim)
de 1908 à 1910 Joseph Pascal François (en)
de 1910 à 1912 Adrien Bonhoure
1912 Charles Hostein (par intérim)
de 1912 à 1913 Baptiste Géraud (par intérim)
de 1913 à 1915 William Fawtier
d' jusqu'en 1919 Gustave Julien
1919- Simoneau (par intérim)
d' à Josselin Robert[8] (par intérim)
de janvier à Gabriel Thaly (par intérim)
d'avril à Auguste Guédès
de à Louis Rivet
de à Alfred Solari (par intérim)
de à Louis Joseph Bouge (par intérim)
du au Léonce Jore
de à Alfred Bouchet (par intérim)
de à Michel Montagné
de à Henri Sautot (par intérim)
de au Frédéric Chastenet de Géry
2- Comité provisoire de gouvernement :
Édouard Ahnne, Georges Bambridge
Georges Lagarde, Émile Martin
du au Edmond Mansard
du au Émile de Curton
du à Richard Brunot
de novembre 1941 à 1945 Georges Orselli
de 1945 à 1947 Jean-Camille Haumant

Notes et références[modifier | modifier le code]

  1. Bernard Gille, Antoine Leca, « Histoire des institutions de l'Océanie française: Polynésie, Nouvelle-Calédonie, Wallis et Futuna », L'Harmattan, 2009, (ISBN 978-2-296-09234-1)
  2. Loi du 30 décembre 1880, Messager de Tahiti, 25 mars 1881
  3. [PDF] L'Huître nacrière et perlière en Polynésie française : mutation de l'exploitation par André Intès dans La Pêche maritime no 1272 de mars 1984.
  4. Faivre 1945, p. 136.
  5. Publiés au Journal officiel de la République française le 11 janvier 1886, p. 169 et suivantes.
  6. Lagayette, Pierre, « Contribution à l'histoire coloniale de Tahiti « l'affaire Henri Mager » », Journal de la Société des Océanistes, Persée - Portail des revues scientifiques en SHS, vol. 38, no 74,‎ , p. 57–76 (DOI 10.3406/jso.1982.2498, lire en ligne, consulté le ).
  7. Newbury, Colin, « La représentation politique en Polynésie française, 1880-1903 », Journal de la Société des Océanistes, Persée - Portail des revues scientifiques en SHS, vol. 23, no 23,‎ , p. 11–27 (DOI 10.3406/jso.1967.2207, lire en ligne, consulté le ).
  8. « Cote 19800035/229/30319 », base Léonore, ministère français de la Culture.

Voir aussi[modifier | modifier le code]

Bibliographie[modifier | modifier le code]