Évacuation de Dunkerque — Wikipédia

Opération Dynamo

Pendant la Seconde Guerre mondiale

Description de cette image, également commentée ci-après
Troupes britanniques embarquant sur un pont de bateaux.
Type Evacuation
Localisation Dunkerque et sa région (France)
Planification Amirauté britannique
Planifiée par Amiral Ramsay
Cible Douvres (Angleterre)
Date 26 mai - 4 juin 1940
Participants Marines britannique, française et canadienne
Issue Évacuation du « B.E.F. » et de soldats français
Pertes 40 000 prisonniers

L'Évacuation de Dunkerque, communément appelée le miracle de Dunkerque et designée sous le nom de code opération Dynamo par les Britanniques, est un épisode de la Seconde Guerre mondiale consistant en l'évacuation des soldats alliés des plages et du port de Dunkerque, en France, entre le et les premières heures du , après que ces troupes britanniques, françaises et belges ont été coupées de leurs arrières par l'armée allemande, durant la bataille de Dunkerque[1],[2].

L'évacuation est ordonnée le [3] sans concertation avec les autorités françaises. Ce sauvetage rend ainsi irréalisable le plan de contre-attaque prévu pour réaliser la jonction des armées françaises et britanniques.

Dans un discours à la Chambre des communes, Winston Churchill qualifie les événements en France de « désastre militaire colossal », disant que « la racine, le noyau et le cerveau de l'armée britannique » ont été bloqués à Dunkerque et semblent sur le point de périr ou d'être capturés. Le dans son discours « We Shall Fight on the Beaches » (« Nous nous battrons sur les plages »), il salue les secours comme un « miracle de la délivrance »[4].

Le premier jour de l'opération Dynamo, seulement 7 011 hommes sont évacués, mais au neuvième jour, un total de 338 226 soldats (198 229 Britanniques, 139 997 Franco-belges dont 16 816 belges )[5] sont sauvés par une flotte de 850 bateaux assemblés à la hâte. Beaucoup de soldats ont ainsi pu s'embarquer à partir de la digue de protection du port, au moyen de 42 destroyers britanniques et autres grands navires, tandis que d'autres ont à patauger des plages vers les navires, attendant, pendant des heures, de pouvoir monter à bord, de l'eau jusqu'aux épaules. Des milliers de soldats sont transportés depuis les plages vers les plus grands navires, par les « petits navires de Dunkerque », une flottille hétéroclite d'environ 700 bateaux de la marine marchande, de la flotte de pêche, de la flotte de plaisance et des canots de la Royal National Lifeboat Institution, le plus petit étant le Tamzine, un bateau de pêche de 4,6 m de long opérant sur la Tamise, bateau qui se trouve maintenant à l'Imperial War Museum. Les équipages civils sont également appelés à prendre du service, vu l'urgence. Le « miracle des petits bateaux » reste au premier plan dans la mémoire populaire au Royaume-Uni[6],[7].

L'opération Dynamo tient son nom de la salle de la dynamo du quartier général naval situé sous le château de Douvres, qui contient le générateur qui alimente le bâtiment en électricité tout au long de la guerre. C'est en cette salle que le vice-amiral britannique Bertram Ramsay planifie l'opération et qu'il informe Winston Churchill de son exécution[8].

Évacuation[modifier | modifier le code]

Zone de l'évacuation.
Soldats anglais en retraite, Dunkerque.

En raison de la censure en temps de guerre et de la volonté de maintenir le moral de la nation, la pleine mesure du déroulement du « désastre » autour de Dunkerque n'a pas été médiatisée. Toutefois, la situation grave des troupes a conduit le roi George VI à appeler à une semaine sans précédent de prière. Le , partout dans le pays, les gens priaient pour une délivrance miraculeuse[9]. L'archevêque de Canterbury a conduit les prières « pour nos soldats en situation de grand péril en France ». Des prières similaires ont été faites dans les synagogues et les églises à travers toute la Grande-Bretagne ce jour-là, ce qui confirme que le public soupçonnait la situation désespérée des troupes[10].

Les plans initiaux prévoyaient le sauvetage de 45 000 hommes du Corps expéditionnaire britannique (BEF) en deux jours, délai au bout duquel il était attendu que les troupes allemandes seraient en mesure de bloquer toute nouvelle évacuation. Seuls 25 000 hommes ont été embarqués pendant cette période, dont 7 000 le premier jour[11]. Dix destroyers supplémentaires ont rejoint l'opération de sauvetage le et ont tenté de participer en début de matinée, mais ont été incapables d'approcher suffisamment près des plages, bien que plusieurs milliers de soldats eurent été secourus. Toutefois, le rythme de l'évacuation de la poche de Dunkerque, qui ne cessait de se rétrécir, croissait régulièrement.

Le , 47 000 soldats britanniques ont été sauvés[12] malgré la première attaque aérienne massive de la Luftwaffe dans la soirée. Le lendemain, 54 000 hommes supplémentaires[13] ont embarqué, dont les premiers soldats français[14]. 68 000 hommes et le commandant de la BEF, Lord Gort, ont évacué le [15]. 64 000 soldats alliés supplémentaires sont partis le 1er juin[16], avant que les attaques aériennes n'empêchent l'évacuation de jour de se poursuivre[11]. L'arrière-garde britannique a quitté la France dans la nuit du , avec 60 000 soldats français[16]. Un contingent de 26 000 soldats français supplémentaires a été extrait pendant la nuit suivante avant l’achèvement de l’opération[11].

Deux divisions françaises sont restées en arrière pour protéger l'évacuation. Bien qu'elles aient stoppé l'avance allemande, elles furent bientôt capturées. Le reste de l'arrière-garde, essentiellement française, s'est rendu le . Le lendemain, la BBC a rapporté que « le major-général Harold Alexander [le commandant de l'arrière-garde] a inspecté les rivages de Dunkerque depuis un bateau, ce matin, pour s'assurer que personne n'avait été laissé derrière avant de prendre le dernier bateau pour la Grande-Bretagne. »[2],[17]

Le à h 40, la 18e armée allemande de la Wehrmacht commandée par le général von Küchler, occupe Dunkerque, 40 000 soldats français sont faits prisonniers.

Tableau synoptique des troupes évacuées de la poche de Dunkerque
Date Troupes évacuées depuis les plages Troupes évacuées depuis le port de Dunkerque Total
- 7 669 7 669
5 930 11 874 17 804
13 752 33 558 47 310
29 512 24 311 53 823
22 942 45 072 68 014
17 348 47 081 64 429
6 695 19 561 26 256
1 870 24 876 26 746
622 25 553 26 175
Total 98 780 239 446 338 226
Canonnier de la Royal Navy protégeant l'évacuation de Dunkerque (1940).

Petits bâtiments[modifier | modifier le code]

La plupart des « petits navires » étaient des bateaux de pêche et des bateaux de plaisance privés, mais les navires de commerce ont également contribué à l'opération, y compris un certain nombre de navires venant de très loin (île de Man et Glasgow). Guidés par les embarcations de la marine à travers la Manche, depuis l'estuaire de la Tamise et Douvres, ces petits navires ont été en mesure de beaucoup plus s'approcher de la plage et ont fait la navette entre le rivage et les destroyers, embarquant les troupes qui faisaient la queue dans l'eau (certains attendaient pendant des heures, de l'eau jusqu'aux épaules, pour embarquer sur des navires plus grands). Des milliers de soldats ont également été rapatriés à bord de petits navires en Grande-Bretagne.

Trente-neuf bateaux côtiers néerlandais qui avaient échappé à l'occupation des Pays-Bas par les Allemands le ont été invités par le bureau maritime néerlandais de Londres à se joindre à l'opération de sauvetage. Les bateaux côtiers néerlandais ont été capables de s'approcher très près des plages grâce à leur fond plat et sauvèrent 22 698 hommes, malgré la perte de sept bateaux[18].

Dix-neuf canots de sauvetage de la Royal National Lifeboat Institution (RNLI) ont fait route vers Dunkerque. Ceux rattachés aux postes de sauvetage de Ramsgate et de Margate ont été conduits directement en France par leurs équipes de bénévoles habituels, mais les autres ont navigué jusqu'à Douvres, où ils ont été réquisitionnés par la Royal Navy, qui a fourni les équipages. Quelques équipages de la RNLI sont restés à Douvres pour mettre en place un atelier de réparation et de ravitaillement en carburant pour les petits navires. Le canot de sauvetage The Viscountess Wakefield a été perdu après qu'il eut atteint la plage de Dunkerque[19]. Le Jane Holland a subi une voie d'eau lors d'un éperonnage accidentel par un torpilleur, puis son moteur est tombé en panne après avoir été mitraillé par un avion. Il a été abandonné, mais retrouvé plus tard à la dérive, il a été remorqué jusqu'à Douvres et réparé. Il est retourné au service actif le [20].

Faisaient notamment partie de cette flottille de canots de sauvetage :

  • The Cyril and Lilian Bishop (numéro officiel de la RNLI 740), un canot auto-redressable de 10,82 mètres basé à Hastings[21] ;
  • Jane Holland, douze mètres, un canot auto redressable d'Eastbourne[20] ;
  • The Michael Stevens (ON 838), un 46 pieds (14 m) de la classe Watson basé à Lowestoft[22] ;
  • The Viscountess Wakefield (ON 783), un 41 pieds (12 m) de la classe Watson de Hythe dans le Kent[23] ;
  • Thomas Kirk Wright (ON 811), un 32 pieds (9,8 m) de la classe Surf de Poole[24] ;
  • un canot sans nom (ON 826), un 35 pied (10,7 m), un canot auto-redressable nouvellement construit. Il a été réparé et remis au service actif en 1941 à Cadgwith avec le nom de Guide of Dunkirk[24] ;
  • Mary Scott. Lancé en 1925, longueur 14,17 m, disposant d'un mât de 3,89 m, et d'un tirant d'eau d'un mètre. À Southwold, le Mary Scott a été remorqué jusqu'à Dunkerque par le bateau à aubes Empress of India, avec deux autres petits bateaux. À eux trois, ils ont transporté 160 hommes jusqu'à leur vaisseau-mère, et ont fait un voyage avec cinquante hommes à bord jusqu'à un autre navire de transport. Il a été abandonné sur la plage, récupéré et remis en service par la RNLI de Southwold ;
  • Dowager. Lancé en 1933, comme le Rosa Woodd et le Phyllis Lunn. 12,5 m de long, doté d'un mât haut de 3,56 m, et disposant d'un tirant d'eau de 0,91 m. Basé à Shoreham, Il a fait trois voyages entre Douvres et Dunkerque ;
  • Stenoa. Mis à la mer en 1929, comme le Cecil and Lilian Philpott. Longueur 13,87 m, doté d'un mât haut de 3,81 m, et disposant d'un tirant d'eau de 1,37 m. Il a sauvé 51 personnes de la plage de Dunkerque. Puis est retourné au service dans la RNLI à Newhaven.

Pertes[modifier | modifier le code]

Hommes et matériels[modifier | modifier le code]

Malgré le succès de l'opération, 40 000 soldats, pour l'essentiel français, ont été capturés dans la poche de Dunkerque. En outre, tous les équipements lourds et les véhicules ont dû être abandonnés. 2 472 canons, près de 65 000 véhicules et 20 000 motocyclettes ont été laissés en France. 377 000 tonnes d'approvisionnement, plus de 68 000 t de munitions et 147 000 t de carburant ont également été abandonnées[25].

Pertes navales[modifier | modifier le code]

Six destroyers britanniques et trois français ont été coulés, avec neuf autres grands bateaux. En outre, 19 destroyers ont été endommagés[16]. Au total, plus de 200 bâtiments alliés ont été coulés et autant ont été endommagés[26].

Les pertes les plus importantes de la Royal Navy sont les six destroyers suivants :

La marine française a perdu trois torpilleurs :

  • le Bourrasque, par un tir de batterie depuis la plage de Nieuport le (comme l'a reconnu plus tard un jugement du tribunal de guerre qui a innocenté le capitaine de Frégate Fouqué) ;
  • le Sirocco, coulé par les Schnellboote S-23 et S-26 le  ;
  • le Foudroyant, coulé par une attaque aérienne au large des plages, le .

La Royal Navy a revendiqué avoir détruit 35 appareils de la Luftwaffe grâce aux tirs depuis ses navires durant la période du au , et avoir endommagé 21 autres aéronefs[27].

Pertes aériennes[modifier | modifier le code]

Winston Churchill a révélé dans ses écrits sur la Seconde Guerre mondiale que la Royal Air Force (RAF) avait joué un rôle majeur dans la protection des troupes en retraite contre la Luftwaffe. Churchill a également écrit que le sable des plages avait amorti les explosions des bombes allemandes.

Entre le et le , la RAF a enregistré un total de 4 822 sorties au-dessus de Dunkerque, perdant un peu plus de 100 avions dans les combats[28]. Heureusement pour la BEF, le mauvais temps a cloué au sol la Luftwaffe pendant la plus grande partie de l'opération, contribuant ainsi à réduire les pertes[29],[30].

La RAF a revendiqué la destruction de 262 appareils de la Luftwaffe au-dessus de Dunkerque[31]. La RAF a perdu 177 avions entre le et le , tandis que la Luftwaffe a perdu 240 avions pendant la même période[32]. Les pertes de chasseurs d'unités basées en France et en Grande-Bretagne du au se sont élevées à 432, tandis que le total des pertes de la RAF, toutes causes confondues pendant les mois de mai et juin ont été de 959 appareils, dont 477 chasseurs[33]. Cependant, la plupart des duels aériens ont eu lieu loin des plages et les troupes en retraite ont largement ignoré cette aide vitale. En conséquence, de nombreux soldats britanniques accusèrent amèrement les aviateurs de n'avoir rien fait pour les aider[34].

Conséquences[modifier | modifier le code]

Troupes britanniques évacuées rassemblées à bord d'un navire à Dunkerque.
Troupes françaises évacuées de Dunkerque débarquant dans un port de la côte sud de l'Angleterre.

La conséquence immédiate de l'opération est le déséquilibre des forces entre les armées alliées et les armées allemandes sur le territoire français ; à compter de cette évacuation, la bataille de France est irrémédiablement compromise pour les troupes françaises poursuivant le combat.

Avant que l'opération ne soit achevée, le pronostic avait été sombre, avec Winston Churchill qui prévenait la Chambre des communes à s’attendre à « des nouvelles dures et lourdes ». Par la suite, Churchill fait mention à l'issue de cette opération d’un « miracle », et la presse britannique a présenté l'évacuation comme une « catastrophe qui a basculé vers le triomphe », succès tel, que Churchill a dû rappeler au pays, dans un discours à la Chambre des communes le , que « nous devons être très prudents de ne pas attribuer à cette délivrance les attributs d'une victoire. Les guerres ne se gagnent pas avec des évacuations ». Néanmoins, les exhortations à « l'esprit de Dunkerque », une expression utilisée pour décrire la tendance de l'opinion publique britannique à se rassembler et à surmonter les moments d'adversité, sont toujours présentes dans l’inconscient britannique aujourd'hui[35].

Le sauvetage des troupes britanniques à Dunkerque a fourni une impulsion psychologique au moral britannique, pour l'ensemble du pays cela a été considéré comme une grande victoire. Alors que l'armée britannique avait perdu une grande partie de ses équipements et de ses véhicules en France, elle avait sauvé la plupart de ses soldats et a pu les affecter à la défense de la Grande-Bretagne. Une fois la menace d'invasion passée, ils ont été transférés outremer, au Moyen-Orient et sur d'autres théâtres. Ils ont également formé le noyau de l'armée qui est retournée en France en 1944.

Les forces terrestres allemandes auraient pu pousser leur attaque contre le corps expéditionnaire britannique (BEF) et ses alliés, en particulier après avoir conquis les ports de Calais et Boulogne. Pendant des années, on a supposé qu’Adolf Hitler avait ordonné à l'armée allemande d'arrêter l’attaque pour favoriser les bombardements par la Luftwaffe. Toutefois, selon le journal de guerre officiel du Groupe d'armées A, le Generalfeldmarshall Gerd von Rundstedt — le chef d'état-major général —, préoccupé par la vulnérabilité de ses flancs et l’approvisionnement de ses troupes en pointe, a ordonné l'arrêt. Hitler aurait simplement validé l’ordre quelques heures plus tard. Cette accalmie a donné aux Alliés quelques jours pour évacuer par voie maritime. Néanmoins, il convient de noter que les journaux des unités et formations sont tenus par des officiers subalternes n'ayant pas toutes les informations et ceux-ci contiennent souvent des erreurs. Ce que le passage plutôt vague du journal de guerre suggère, au mieux, est que Rundstedt exprima, dans son rapport, certaines inquiétudes qui s'accordaient avec celles du Führer. Selon les témoignages de tous les officiers Allemands impliqués, cet ordre fut bel et bien donné par Hitler[36].

Plusieurs hauts commandants allemands, par exemple, les généraux Erich von Manstein et Heinz Guderian, ainsi que l'amiral Karl Dönitz, ont considéré l'incapacité du haut commandement allemand à ordonner un assaut rapide sur Dunkerque pour éliminer le BEF comme l'une des principales erreurs que les Allemands aient commises sur le front occidental durant la Seconde Guerre mondiale.

Plus de 100 000 soldats français évacués ont été transférés vers des camps dans différents lieux dans le sud-ouest de l'Angleterre où ils ont été hébergés temporairement, avant d'être rapidement rapatriés[37]. Les navires britanniques ont transporté les troupes françaises à Brest, Cherbourg et vers d’autres ports de la Normandie et de la Bretagne, bien que seulement environ la moitié des troupes rapatriées ait été déployée contre les Allemands avant l'armistice. Seule une minorité resta en Angleterre et rejoignit, par la suite, la France libre[38]. Pour beaucoup de soldats français, l'évacuation de Dunkerque ne fut pas un salut, mais un sursis de quelques semaines avant d'être faits prisonniers par l'armée allemande en France[39].

En France, la préférence perçue de la Royal Navy pour évacuer les forces britanniques au détriment des Français a conduit à un certain ressentiment. L'amiral français François Darlan avait à l’origine ordonné que les forces britanniques devraient avoir la préférence, mais Churchill était intervenu, lors d'une réunion le à Paris, pour ordonner que l'on procède de façon égale pour les deux armées et pour que les Britanniques forment l'arrière-garde[40]. Les 35 000 soldats de l'arrière-garde furent pour l'essentiel français. Ils furent capturés après que l'évacuation fut prolongée d’une journée et permit d’embarquer 26 175 Français en Grande-Bretagne le .

Pour sept soldats qui se sont échappés de Dunkerque, un homme a été fait prisonnier de guerre. La majorité de ces prisonniers ont dû gagner l'Allemagne à pied, en convoi. Certains ont rapporté le traitement brutal subi de la part de leurs gardiens, dont les coups, la faim, et les assassinats. En particulier, les prisonniers britanniques se plaignaient que les prisonniers français reçoivent un traitement préférentiel[41]. Une autre plainte majeure était que les gardes allemands renversaient les seaux d'eau qui avaient été laissés au bord de la route par des civils français[42]. Beaucoup de prisonniers ont été conduits vers la ville de Trèves, au bout de 20 jours de marche. D'autres ont été conduits jusqu’à l'Escaut et ont été envoyés par barge vers la Ruhr. Les prisonniers étaient ensuite envoyés par train dans les différents camps de prisonniers de guerre en Allemagne[43]. La majorité des prisonniers, les caporaux et les soldats, ont travaillé par la suite pour l'industrie allemande et l'agriculture pendant cinq ans[44].

Les pertes très importantes de matériel militaire abandonné à Dunkerque ont renforcé la dépendance financière du gouvernement britannique envers les États-Unis.

La croix de saint Georges arborée à l'étrave d'un bateau est connue comme le pavillon de Dunkerque et est seulement arborée par les bateaux civils de toutes tailles qui ont pris part à l'opération de sauvetage de Dunkerque en 1940. Les seuls autres navires autorisés à arborer ce pavillon à l'étrave sont ceux avec un amiral de la flotte à bord.

Le sociologue Richard Titmuss a vu dans cet événement les germes de la « société généreuse » à venir. À l'été 1940, avec Dunkerque, « l'humeur du peuple changea et, avec elle, les valeurs. Puisque les dangers devaient être partagés, il devait en être de même pour les ressources »[45].

Dans la culture populaire[modifier | modifier le code]

  • The Snow Goose (L'oie des neiges), un roman de 1941 de Paul Gallico, a raconté l'histoire d'un artiste solitaire qui participe à l'évacuation au prix de sa vie. Il a donné lieu à un film, avec Richard Harris et Jenny Agutter, qui a été primé en 1971 ;
  • dans le film Madame Miniver, auquel a été décerné un Oscar du cinéma en 1942, le mari de Mme Miniver prend part à l'évacuation. Robert Owen Wilcoxon, le frère de l'acteur Henry Wilcoxon qui joue le vicaire dans le film, a été tué en participant à l'évacuation ;
  • le thriller de Katherine Kurtz Lammas Night met en scène un personnage pris dans l'évacuation ;
  • le roman Week-end à Zuydcoote de Robert Merle publié en 1949 raconte l'histoire d'un soldat français lors de l'évacuation. Il a remporté le prix Goncourt la même année. Il a été adapté au cinéma en 1964 par Henri Verneuil ;
  • l'histoire est l'objet du Dunkerque, un film de 1958 de Leslie Norman ;
  • dans la mini-série de 1981 de la BBC Television Private Schulz (en), le personnage-titre (un espion allemand peu enthousiaste) s'échappe du Royaume-Uni grâce à un des bateaux d'évacuation voguant vers le continent ;
  • l'évacuation a été figurée en bonne place dans le roman de Ian McEwan Expiation et dans l'adaptation cinématographique Reviens-moi (2007). La version cinématographique contient une séquence continue de 4 minutes et demie montrant des troupes alliées sur la plage de Dunkerque qui attendent d'être évacuées (filmé sur la plage de Redcar, Yorkshire du Nord) ;
  • l'évacuation et la bataille de Dunkerque ont été jouées de nouveau dans le docudrame de la BBC Television de 2004 Dunkerque (en) ;
  • le roman Dunkirk Crescendo (2005) de Bodie Thoene (en) met en scène le miracle de Dunkerque. Le roman commence début mai, avant que Churchill ne devienne Premier ministre, et se termine le , lorsque l'évacuation s'achève ;
  • l'évacuation est mise en scène dans le roman de Doctor Who The Nemonite Invasion (en) (2009) ;
  • dans le roman de Connie Willis, Black-out (2010), Mike Davies, l'un des protagonistes voyageur dans le temps de l'histoire, a l'intention d'observer l'évacuation comme un historien, mais est inconsciemment attiré par l'action, le faisant s'inquiéter d'avoir peut être fait quelque chose qui changera le cours de l'histoire ;
  • les efforts de l'historien de la télévision Dan Snow (en) pour sauver les Britanniques bloqués en France à la suite de perturbations du transport aérien en raison de l'éruption volcan Eyjafjallajökull en 2010 ont été décrits comme recréant l'esprit de Dunkerque. La police française à Calais a stoppé leur effort[46] ;
  • le roman pour jeunes adultes de Nancy L. Hull On Rough Seas (Sur des mers agitées) (2008), une adolescente de 14 ans, Alex Curtis prend part à l'évacuation de Dunkerque ;
  • dans le roman de Dorita Fairlie Bruce (en) Toby of Tibbs Cross, Miles Haydon prend son bateau et met le cap sur Dunkerque pour aider à l'évacuation. Le livre a été publié en 1942 et est un récit fictif intéressant car contemporain de l'évacuation ;
  • le jeu vidéo armes Secret Weapons Over Normandy se concentre sur l'évacuation de Dunkerque pendant la mission Adlertag ;
  • dans le jeu vidéo Blazing Angels: Squadrons of WWII, deux missions se concentrent sur l'évacuation ;
  • l'évacuation est un point d'intrigue majeure dans l'épisode The White Feather (La plume blanche) de la série Foyle's War.
  • Dyptique écrit par Connie Willis et composé de Black-out et All Clear, tous deux parus en 2010
  • l'opération Dynamo est l'intrigue principale de Dunkerque (VO : Dunkirk) de Christopher Nolan, dont le tournage débute en , à Dunkerque même. Le film est sorti le .
  • En , une application mobile Operation Dynamo - Dunkerque 1940[47],[48], réalisée pour Dunkerque Grand Littoral, permet de découvrir en contexte les différents événements clés de l'évacuation, en différents points de vue (soldats, civils), au travers de récits, d'archives et d'expériences immersives en réalité augmentée ou virtuelle.

Notes et références[modifier | modifier le code]

  1. (en) « 1940: Dunkirk rescue is over – Churchill defiant », BBC, 2008. Consulté le
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  3. Longden 2009, p. 48.
  4. Safire 2004, p. 146.
  5. Taylor, 1965.
  6. (en) David J. Knowles, « The 'miracle' of Dunkirk », BBC News, (consulté le )
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  8. Lord 1983, p. 43–44.
  9. Miller 1997, p. 83.
  10. Gelb 1990, p. 82.
  11. a b et c Liddell Hart, 1999.
  12. Keegan 1989.
  13. Liddell Hart 1999, p. 79.
  14. Murray et Millett 2000, p. 80.
  15. Keegan 1989, p. 81.
  16. a b et c Murray et Millett, 2000.
  17. L’inspection des plages, quant à elle, avait eu lieu dans les premières heures du matin précédent.
  18. (nl) « Operation Dynamo », wivonet.nl (consulté le )
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  20. a et b Morris et Hendy 2006, p. 13–14.
  21. Morris 2000, p. 7.
  22. Salsbury 2010, p. 79.
  23. Denton 2009, p. 16–17.
  24. a et b Denton 2009, p. 18–19.
  25. Longden 2009, p. 11.
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  29. (en) Walter Lord, The Miracle of Dunkirk, Londres, Allen Lane, , 323 p. (ISBN 978-0-7139-1211-1), p. 161, 211.
  30. Peter H Oppenheimer, « From the Spanish Civil War to the Fall of France: Luftwaffe Lessons Learned and Applied », Institute for Historical Review (consulté le ).
  31. B. H. Ramsey, « The Evacuation of the Allied Armies from Dunkirk and Neighbouring Beaches », Dépêche publiée dans la London Gazette, 17 juillet 1947, p. 3297.
  32. Peter Oppenheimer, « From the Spanish Civil War to the Fall of France: Luftwaffe Lessons Learned and Applied », Institute for Historical Review. Consulté le .
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  35. (en) Lucy Rodgers, « The men who defined the 'Dunkirk spirit' », BBC, (consulté le )
  36. Les Généraux allemands parlent, Stock 1948, traduction de l'ouvrage de Liddell Hart The Other Side of the Hill London 1948 (et édition augmentée en 1951). Traduction de la version définitive, Perrin, coll. « Tempus », 2011, (ISBN 978-2-262-03539-6). p. 232
  37. « Le Paradis après l'Enfer: the French Soldiers Evacuated from Dunkirk in 1940 », Franco-British Council, Publications. Consulté le 26 mars 2010.
  38. La 1-ère brigade française libre se constituera à partir de deux bataillons de la 13-e demi-brigade de la Légion étrangère, de 200 chasseurs alpins revenus de Narvik et de troupes coloniales composées d'indigènes d'outre-mer : Antoine Bourguilleau et Juliette Mitoyen : Dunkerque et les Français, paragr. : « Le triste sort des évacués français » sur [1].
  39. Mordal 1968, p. 496.
  40. Churchill 1959, p. 280.
  41. Longden 2009, p. 367.
  42. Longden 2009, p. 361.
  43. Longden 2009, p. 383–404.
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  45. Daniel Zamora, « Déplorer les inégalités, ignorer leurs causes », sur Le Monde diplomatique,
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Voir aussi[modifier | modifier le code]

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Sources et bibliographie[modifier | modifier le code]

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Articles connexes[modifier | modifier le code]

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