Île de Tiran — Wikipédia

Île de Tiran
جزيرة تيران (ar)
Vue de l'île de Tiran.
Vue de l'île de Tiran.
Géographie
Pays Drapeau de l'Arabie saoudite Arabie saoudite
Localisation Golfe d'Aqaba et mer Rouge
Coordonnées 27° 57′ 07″ N, 34° 33′ 58″ E
Superficie 80 km2
Point culminant Djebel Tiran (524 m)
Administration
Démographie
Population Aucun habitant
Autres informations
Fuseau horaire UTC+03:00
Géolocalisation sur la carte : Arabie saoudite
(Voir situation sur carte : Arabie saoudite)
Île de Tiran
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Géolocalisation sur la carte : Égypte
(Voir situation sur carte : Égypte)
Île de Tiran
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Géolocalisation sur la carte : Sinaï
(Voir situation sur carte : Sinaï)
Île de Tiran
Île de Tiran
Île en Arabie saoudite

L'île de Tiran (en arabe : جزيرة تيران, Jazīrat Tīrān ou Jezîret Tīrān, en hébreu : יוטבת, Yotvat) est une île saoudienne située dans le golfe d'Aqaba aux confins de la mer Rouge. Elle est séparée de la péninsule du Sinaï par le détroit de Tiran, ainsi que de la péninsule arabique. D'une superficie de 80 km2, elle est voisine à l'est de l'île plus petite de Sanafir, cette dernière se trouvant entièrement en mer Rouge.

Tiran et Sanafir ont été administrées jusqu'en 2022 par l'Égypte, qui reconnaît désormais la souveraineté de l'Arabie saoudite sur ces îles.

Géographie[modifier | modifier le code]

Carte du détroit de Tiran.

Tiran fait partie du parc naturel Ras Muhammad, remarquable pour ses récifs coralliens et sa faune sous-marine. Sans eau, elle est actuellement inhabitée. Les îles de Tiran et de Sanafir (cette dernière, plus à l'est, se retrouve dans les limites de la mer Rouge) sont très arides, la chaleur en été approche 50° centigrade. En hiver, le climat est plus doux, et proche de 25° C. Son relief très accidenté n'encourage pas une implantation humaine. Cependant, sa position stratégique en a fait une base militaire occasionnelle.

Histoire[modifier | modifier le code]

Antiquité[modifier | modifier le code]

Lucius Seius Strabo écrit que l'île fut d'abord occupée par des peuples pacifiques avant de s'adonner à la piraterie des bateaux en provenance d'Égypte, avant d'être victimes de représailles[1].

Procope de Césarée écrit qu'il y avait une communauté juive autonome sur l'île, alors appelée Iotabe, à l'époque, au VIe siècle, où avec d'autres îles de la mer Rouge et Socotra, elle faisait partie de l'Empire byzantin[a]. Cela montre qu'à l'époque, la pluviométrie était plus importante : des citernes existaient sur l'île. De nos jours, la pluie est quasi inexistante sur l'île, et il faudrait installer une usine pour enlever le sel de l'eau de mer pour installer une population permanente.

L'île possède de nombreux sites archéologiques, dont des ruines d'aménagements d'un petit port, qui datent surtout de la fin de la période des Ptolémée, de l'époque romaine, et byzantine.

Sous les Ptolémée et l'époque romaine et byzantine, les îles étaient sans doute des postes de douane, et avaient des dépôts pour entreposer diverses marchandises, qui venaient de Perse (en temps de paix), du monde indien, et peut-être de Chine ou de l'Extrême-Orient, les deux îles étant sans doute l'un des débouchés de la route de la soie.

Les deux îles de Tiran et Sanafir furent sans doute abandonnées entre la fin du règne de Justinien, vers 565, ou vers 610 lors des débuts du règne de Héraclius. La cause de l'abandon était le manque d'eau, pour maintenir une population permanente, et la chute de la pluviométrie, et la désertification de l'archipel.

XXe siècle[modifier | modifier le code]

En , à la fin de la première guerre israélo-arabe, l'État d'Israël prend le contrôle d'Oum al-Rashrash, l'actuelle Eilat, ce qui lui donne accès à la Mer Rouge (en) via le golfe d'Aqaba. L'Égypte réagit en occupant Tiran et Sanafir, jusque-là inhabitées, en pour être capable de couper cet accès en fermant le détroit de Tiran[2].

Israël occupe l'île brièvement durant la crise du canal de Suez et à nouveau entre 1967 et 1982 à la suite de la guerre des Six Jours.

En 1979, les accords de Camp David permettent à l'Égypte de récupérer ces territoires. Mais les Égyptiens s'engagent à une démilitarisation du Sinaï et à ne pas stationner de troupes sur les deux îlots de Tiran et Sanafir. Seule la Force multinationale d'observateurs au Sinaï est autorisée dans la zone jusqu'à la fin 2022[3].

2016-2022 : transfert de l'Égypte à l'Arabie saoudite[modifier | modifier le code]

En , un accord est passé entre l'Égypte et l'Arabie saoudite pour la construction d'un pont reliant les deux pays et passant par l'île de Tiran, un projet s'élevant à seize milliards de dollars. Un accord est signé dans la foulée pour céder l'île de Tiran à l'Arabie saoudite[réf. nécessaire].

Un accord inter-États sur la délimitation de la frontière maritime entre l'Égypte et l'Arabie saoudite, datant d', prévoyait la cession des îles Tiran et Sanafir à l'Arabie saoudite, mais celui-ci est annulé par le Tribunal administratif égyptien en [4], celui-ci ayant été saisi par l'opposant Khaled Ali[5]. Le Parlement égyptien avalise le transfert des îles le [6], qui sont restituées le à l'Arabie saoudite, cet acte de rétrocession ayant été rendu officiel par le président égyptien Abdel Fattah al-Sissi[7]. Le , la décision est validée par la Cour constitutionnelle suprême[8]. En Égypte, cette cession de ces deux iles, qui furent toujours associées à l'histoire du pays, font un tollé, autant du côté des nationalistes, dont les nasseriens, et les démocrates, et tout autant du côté des Frères musulmans. Cette cession est globalement vue comme une reculade, et une soumission toujours croissante à l'Arabie saoudite et ses pétrodollars. En juillet 2022, Israël donne son accord au retrait de la Force multinationale d'observateurs des îles de Tiran et Sanafir avant la fin de l'année 2022[9].

Selon Brennan Cusack du magazine Forbes, l'Arabie saoudite a souhaité récupérer l'île de Tiran pour faire avancer son projet pharaonique Neom[10].

Économie[modifier | modifier le code]

Les rivages attirent de nombreux touristes amateurs de plongée sous-marine. Des excursions étaient proposées aux touristes séjournant dans la station balnéaire de Charm el-Cheikh jusqu'à la cession des deux îles de Tiran et Sanafir par l'Égypte. Depuis, les Saoudiens n'autorisent plus les touristes à se rendre sur les îles ni dans les eaux territoriales, désormais saoudiennes. Deux corvettes de l'armée saoudienne patrouillent désormais dans les eaux territoriales des îles. Des touristes en bikini sur les plages de l'île ont scandalisé des plongeurs saoudiens qui ont demandé l'application de la Charia sur l'île[11].

Notes et références[modifier | modifier le code]

Notes[modifier | modifier le code]

  1. Ces îles byzantines de la mer Rouge figurent dans le Périple de la mer Érythrée (Περίπλους τῆς Ἐρυθρᾶς Θαλάσσης en grec, souvent cité sous son titre latin Periplus Maris Erythraei), récit maritime provenant d'un manuscrit byzantin du Xe siècle appartenant au fonds de la bibliothèque universitaire d'Heidelberg et d'une copie de celui-ci datant du XIVe ou XVe siècle appartenant au British Museum, et édité dès 1553 par Sigismund Gelenius.

Références[modifier | modifier le code]

  1. (en) Ancient Egyptian overseas trade, www.reshafim.org.il (consulté le 31 juillet 2018)
  2. (en) Ali A. Hakim, « IV: Legal status of the Gulf of Aqaba and the Straits of Tiran and the rules governing the right of passage therethrough », dans The Middle Eastern States and the Law of the Sea, .
  3. « La force multinationale de maintien de la paix va quitter un îlot stratégique de la mer Rouge », sur lefigaro, (consulté le )
  4. La justice égyptienne rejette la cession des deux îles à l'Arabie saoudite sur RFI le 21 juin 2016.
  5. AFP, « Présidentielle en Égypte : un autre candidat jette l’éponge face à Sissi », sur Libération, (consulté le )
  6. Alexandre Buccianti, L'Égypte confie finalement l'avenir des îles Tiran et Sanafir à l'Arabie saoudite, www.rfi.fr, 15 juin 2017 (consulté le 31 juillet 2018)
  7. L’Égypte rend deux îlots stratégiques de la mer Rouge à l’Arabie saoudite, Le Monde, 24 juin 2017
  8. « Égypte : une cour lève les obstacles juridiques au transfert de deux îlots à Riyad », sur L'Orient-Le Jour (consulté le )
  9. Justine Babin, « L'Arabie saoudite prend pleine possession de deux îlots stratégiques en mer Rouge » Accès libre, sur Les Echos,
  10. (en) Brennan Cusack, Happiness May Make Or Break Saudi Arabia's City Of The Future, www.forbes.com, 22 juillet 2018 (consulté le 7 août 2018)
  11. Des saoudiens exaspérés par la présence de touristes en bikini à Tiran, www.tunisienumerique.com, 14 mai 2016 (consulté le 31 juillet 2018)

Voir aussi[modifier | modifier le code]

Articles connexes[modifier | modifier le code]