Accident de Beaune — Wikipédia

Accident de Beaune
Caractéristiques de l'accident
Date
TypeCarambolage
SiteAutoroute A6, Beaune, France
Coordonnées 46° 56′ 53″ nord, 4° 49′ 47″ est
Caractéristiques de l'appareil
Type d'appareil2 autocars, deux voitures
Morts53

Géolocalisation sur la carte : Côte-d'Or
(Voir situation sur carte : Côte-d'Or)
Accident de Beaune
Géolocalisation sur la carte : France
(Voir situation sur carte : France)
Accident de Beaune

L'accident de Beaune est un accident de la route survenu le sur l'autoroute A6 près de Beaune, en Côte-d'Or. Accident routier le plus meurtrier en France, il a fait 53 morts dont 46 enfants et adolescents[1] âgés de 5 à 14 ans. La plupart des victimes se trouvaient à bord d'un autocar qui a pris feu à la suite de l'accident et étaient originaires de la commune de Crépy-en-Valois dans l'Oise[2].

Circonstances[modifier | modifier le code]

À 20 h, le , deux autocars partent de Crépy-en-Valois, ville située à une soixantaine de kilomètres au nord de Paris[3]. Ils transportent des enfants et adolescents et leurs moniteurs, vers une colonie de vacances organisée par l'assistance sociale de la caisse d'allocations familiales de l'Oise, à Aussois en Savoie.

Au milieu de la nuit, les deux autocars qui se suivent sur l'autoroute A6[4] en direction de Lyon passent Beaune. Il pleut[4] et la circulation est dense en ce temps de « chassé-croisé » des vacances d'été. Selon les témoignages, les autocars roulaient à plus de 120 ou 130 km/h, la vitesse exacte ne peut pas être connue car les chronotachygraphes furent détruits lors de l'accident[a].

Peu après, vers h 45, lors d'un ralentissement dans l'« entonnoir » de Beaune, une zone dangereuse où l'autoroute passe de trois à deux voies, une Citroën GS se trouvant sur la troisième voie se rabat précipitamment devant une Citroën 2CV qui se trouvait déjà entre les deux cars. L'autocar de tête doit freiner car un autocar allemand situé devant lui freine[2]. Il percute l'autocar allemand, mais sans conséquences dramatiques. Le deuxième car, victime d'une avarie du système de freinage, se déporte sur la voie de gauche, percute deux véhicules, parvient à revenir sur la voie centrale et vient finir sa course sur la 2CV, projetant la première voiture sur le car de tête, provoquant un carambolage. Le réservoir de la 2CV s'éventre, se vide sur la chaussée et l'essence s'embrase. Six véhicules prennent feu.

Le premier autocar est évacué par les conducteurs et les moniteurs. Dans le second, l'issue latérale avant est bloquée par la 2CV encastrée. Deux moniteurs parviennent tout de même à faire sortir une quinzaine d'enfants par la porte arrière du véhicule mais 44 restent bloqués à l'intérieur avec les deux conducteurs et deux moniteurs. Cinq autres personnes, dont deux enfants, meurent dans les deux voitures (il n'y a pas de survivant dans les deux voitures impliquées).

Obsèques[modifier | modifier le code]

Les familles sont informées de l'accident à 6 heures du matin. Le nom des enfants morts est communiqué par Michel Dupuy, maire de Crépy-en-Valois vers 11 h, suivant l'ordre alphabétique. Peu de corps sont identifiés.

Les obsèques ont lieu dans cette même commune le en présence du président de la République, François Mitterrand, du Premier ministre, Pierre Mauroy, et de plusieurs officiels[b].

Procès[modifier | modifier le code]

À la suite du procès, le transporteur est condamné à dix-huit mois de prison avec sursis[5] et à 25 000 francs d'amende : le véhicule présentait en effet un système de freinage gravement défectueux. Un des conducteurs est condamné à six mois de prison avec sursis[5], un an de suspension de permis et 2 300 francs d'amende[2]. La compagnie d'assurances doit verser 12 millions de francs aux familles des victimes[2].

Commémorations[modifier | modifier le code]

Chaque année depuis plus de quarante ans, à la date anniversaire, la ville de Crépy-en-Valois commémore l'accident au cimetière à Crépy-en-Valois où reposent les victimes. Les familles des victimes, le maire et les élus de la commune se rendent également sur les lieux de l'accident pour une cérémonie de recueillement.

Marie-Andrée Martin, mère de trois victimes (un de ses enfants a survécu à l'accident[3]) a créé l'Association des victimes de Beaune, qui rejoint la Fédération nationale des victimes d'attentats et d'accidents collectifs[6].

Cimetière de Crépy-en-Valois[modifier | modifier le code]

49° 14′ 40″ N, 2° 52′ 47″ E[α]

Les corps des victimes n'ayant pu être identifiées sont enterrés ensemble sous une grande stèle dans le cimetière d'Hazemont de Crépy-en-Valois[c]. Sur les plaques on peut lire les noms des enfants.

Plaque commémorative au PK 313[modifier | modifier le code]

46° 56′ 53″ N, 4° 49′ 46″ E[β]

En contrebas du lieu de l'accident, au PK 313 sur le territoire de la commune de Merceuil, une plaque commémorative a été posée dans un petit parc arboré qui borde l'autoroute. L'épitaphe est ainsi formulée[7] :

« En souvenir du tragique accident autoroutier qui provoqua la mort de 46 enfants et 7 adultes le — Beaune — Crépy-en-Valois. »

Mémorial pour l'Avenir[modifier | modifier le code]

46° 51′ 43″ N, 4° 49′ 15″ E[γ]

Un mémorial est érigé en 1985 sur l'aire de repos du Curney, à une dizaine de kilomètres au sud du lieu de l'accident, sur le territoire de la commune de Fontaines. Il est baptisé Mémorial pour l'Avenir ou Jardin onirique[8].

Le monument est financé par une souscription publique de l'Association du mémorial national des victimes de la route, association présidée par la comédienne Nicole Courcel[9] dont l'objet est d'« ériger un monument dédié aux victimes décédées dans des accidents de la route et destiné à sensibiliser la population à l'importance du drame social et humain que constituent ces accidents pour les familles comme pour le pays tout entier »[10].

En , le projet de l'architecte Jacques Valentin (d) et de la sculptrice Françoise Jolivet (d) remporte le concours d'architecture ouvert pour l'occasion[11]. Le mémorial est inauguré le suivant[11],[12],[13].

Wikimedia Commons présente d’autres illustrations sur le Mémorial pour l'Avenir.

Conséquences sur la réglementation[modifier | modifier le code]

Le ministre des Transports d'alors, Charles Fiterman, décide de prendre des mesures strictes.

La vitesse maximale autorisée pour les autocars est réduite, la vitesse par temps de pluie pour tous les véhicules est réduite à 110 km/h sur autoroute et à 80 km/h sur route[4],[2]. Les transports collectifs d'enfants sont interdits pendant les périodes de chassé-croisé fin juillet et début août. Tous les véhicules lourds (camions et autocars...) doivent désormais être équipés d'un dispositif de limitation de vitesse, sur lequel toute modification par son utilisateur est rigoureusement interdite[d].

De plus, les constructeurs de véhicules destinés aux transports en commun doivent utiliser des matériaux incombustibles[2] et non toxiques et poser des pare-brise en verre feuilleté.

Liste des victimes[modifier | modifier le code]

Les victimes de l'accident sont les suivantes[14],[15] :

Nom Date de naissance Âge Origine Véhicule
Polart, Dominique Dominique Polart 13 Oise (Baron) Autocar (enfant)
Polart, Sébastien Sébastien Polart 10
Dehan, Michaël Michaël Dehan 12 Oise (Crépy-en-Valois)
Dehan, Romuald Romuald Dehan 7
Delacourt, Éric Éric Delacourt 10
Delacourt, Fabrice Fabrice Delacourt 9
Delacourt, Myriam Myriam Delacourt 11
Fraillon, Christelle Christelle Fraillon 8
Fraillon, Karine Karine Fraillon 6
Fraillon, Stéphane Stéphane Fraillon 9
Guffroy, Aurore Aurore Guffroy 8
Guillot, Alain Alain Guillot 11
Guillot, Fabrice Fabrice Guillot 10
Guillot, Christophe Christophe Guillot 9
Guillot, Thierry Thierry Guillot 7
Bachelard, Angélique Angélique Bachelard 7
Bachelard, Jérôme Jérôme Bachelard 8
Guillot, Virginie Virginie Guillot 5
Hazard, Nathalie Nathalie Hazard 7
Malchien, Isabelle Isabelle Malchien 10
Malchien, Virginie Virginie Malchien 8
Martin, Bruno Bruno Martin 12
Martin, Florence Florence Martin 9
Martin, Frédéric Frédéric Martin 11
Martin, Elisabeth Elisabeth Martin 8
Martin, Gérald Gérald Martin 11
Martin, Stéphanie Stéphanie Martin 9
Michelot, Sandrine Sandrine Michelot 6
Millet, Thierry Thierry Millet 8
Richard, Sébastien Sébastien Richard 8
Richard, Yannick Yannick Richard 7
Syx, Christian Christian Syx 12
Syx, Nathalie Nathalie Syx 9
Syx, Patrick Patrick Syx 10
Syx, Valérie Valérie Syx 11
Sitek, Arnaud Arnaud Sitek 10 Oise (Chèvreville)
Sitek, Ludovic Ludovic Sitek 8
Hollemart, David David Hollemart 9 Oise (Duvy)
Hollemart, Philippe Philippe Hollemart 14
Guffroy, Michaël Michaël Guffroy 5 Oise (Gilocourt)
Ruta, Ludovic Ludovic Ruta 9 Oise (Nanteuil-le-Haudouin)
Ruta, Yannick Yannick Ruta 11
Pfiffelman, Jean-Jacques Jean-Jacques Pfiffelman 9 Oise (Néry)
Pfiffelman, Michel Michel Pfiffelman 6
Pallard, Bruno Bruno Pallard 17 Autocar (moniteur)
Hibert, Odile Odile Hibert 19
Lambert, René René Lambert 41 Autocar (conducteur)
Bonnet, Joseph Joseph Bonnet 36
Deyme, Louis Louis Deyme 23 Marne (Witry-lès-Reims) Citroën GS
Krupa, Martine Martine Krupa 25
Leclerc, Yolande Yolande Leclerc 39 Yvelines Citroën 2CV
Fouga, Cyril Cyril Fouga 8
Fouga, Arnaud Arnaud Fouga 6

Les enfants morts dans l'autocar sont originaires de Crépy-en-Valois ou des communes environnantes. Plusieurs d'entre eux sont issus de familles nombreuses.

Les passagers de la Citroën GS sont un couple venant de Witry-lès-Reims, dans la Marne. Les passagers de la Citroën 2CV sont une mère et ses deux enfants venus des Yvelines, qui rejoignaient leur mari et père à Avignon.

Notes et références[modifier | modifier le code]

  1. « Interdiction de transports d'enfants les et  »(Archive.orgWikiwixArchive.isGoogleQue faire ?), sur Planet' Anim, .
  2. a b c d e et f Françoise Escarpit, « Il y a vingt ans, l'accident de Beaune », L'Humanité, .
  3. a et b Faïza Zerouala, « L'impossible deuil de l'accident de Beaune, 30 ans après », Le Monde, .
  4. a b et c « L'accident d'autobus de Beaune qui fit 53 morts en 1982 »(Archive.orgWikiwixArchive.isGoogleQue faire ?), Le Bien public.
  5. a et b Guy Benhamou, « Les victimes se rebiffent », L'Express, .
  6. Laurence Allezy, « Beaune : vingt ans après Crépy se recueille », Le Parisien, .
  7. Gaëlle Clavandier, La mort collective : Pour une sociologie des catastrophes, Paris, CNRS Éditions, coll. « CNRS sociologie », , 255 p. (ISBN 2-271-06261-6 et 978-2-271-07798-1, DOI 10.4000/books.editionscnrs.1601), chap. 4 (« De la construction d'une mémoire à la nécessité d'un oubli »), § « Quelques épitaphes », p. 141 [lire en ligne].
  8. (nl) « Het Sierre-drama van Frankrijk », De Morgen, .
  9. « In memoriam », Le Monde, .
  10. Annonce no 462 du , JOAFE, no 35, , p. 1724.
  11. a et b Archives départementales de la Côte-d'Or, « 53 J - Fonds Jacques Valentin, architecte », sur FranceArchives, Service interministériel des archives de France.
  12. Clavandier 2004, p. 137.
  13. « Message de M. François Mitterrand, Président de la République, aux parents des victimes de la catastrophe de Beaune, Paris, le  », sur vie-publique.fr.
  14. « Histoire. Qui étaient les victimes de l'accident de Beaune de 1982 ? », Le Bien public (consulté le ).
  15. « Recherche personne décédé.e le 31/07/1982 à Merceuil », Fichier des personnes décédées, sur deces.matchid.io.

Dans les archives de l'Institut national de l'audiovisuel (INA), sur ina.fr :

  1. « Émission du  », Journal de 20 heures, Antenne 2, .
  2. « Émission du  », Journal de 20 heures, Antenne 2, .
  3. « Accident de Beaune : l'émotion, 30 ans après », Journal de 13 heures, TF1, 31 juillet 2012.
  4. Luce Perrot et Bruno Le Dref, avec Pierre Mayet (DRIS), « Limitations de vitesse+réactions transporteurs », Journal de 20 heures, Antenne 2, (consulté le ).

Sur OpenStreetMap :

  1. « Monument accident de Beaune  », chemin 254206994.
  2. « Plaque commémorative PK 313 », nœud 3531581406.
  3. « Mémorial pour l'Avenir », chemin 1096389297.

Voir aussi[modifier | modifier le code]

Bibliographie[modifier | modifier le code]

  • Jean Rouzet, chap. 12 « Les grandes vacances s'arrêtent à Beaune », dans Les grandes catastrophes en France : Au cœur des tragédies qui ont marqué le pays, Bruxelles, Ixelles éditions, , 350 p. (ISBN 978-2-87515-037-0, lire en ligne).
  • Jacqueline Remy et Anne Vidalie, « Sylvie : « Plus à ma place en famille » », dans Grandir après : Que deviennent les enfants des faits-divers ?, Neuilly-sur-Seine, Michel Lafon, , 207 p. (ISBN 978-2-7499-4905-5, lire en ligne).