Accord de Panchsheel — Wikipédia

N. Raghavan (de)et Zhang Hanfu échangent des références avant de signer l'accord le à Pékin.

L’accord de Panchsheel, aussi appelé « accord sur le commerce et les relations entre le Tibet chinois et l'Inde » (Agreement on Trade and Intercourse Between the Tibet Region of China and India), est un accord controversé entre l’Inde et la République populaire de Chine (RPC) signé le .

La RPC proposa de discuter avec l'Inde car Pékin craignait que ne s'initie une alliance anglo-indienne[1].

À l'issue de discussions débutées en , l'accord fut signé à Pékin le par Chang Han-Fu, vice-ministre des Affaires étrangères de la RPC et Nedyam Raghavan, ambassadeur de l'Inde en Chine[2].

Le préambule de l’accord comporte Cinq Principes, qui devinrent la base de la politique étrangère de l’Inde par la suite[3]. Il s'agit des principes suivants [4] :

  1. respect mutuel envers l’intégrité du territoire et la souveraineté de chacun,
  2. non-agression mutuelle,
  3. non-interférence mutuelle,
  4. égalité et bénéfice mutuels,
  5. coexistence pacifique.

Ce document reconnaissait essentiellement le contrôle de la Chine sur le Tibet[5].

Lors d'une discussion en 1954 au parlement indien au sujet du Panchsheel, Bhimrao Ramji Ambedkar déclara : « Notre premier ministre dépend du Panchsheel qui a été adopté par le camarade Mao et le Panchsheel qui est une des propositions dans le traité de Non-Agression sur le Tibet. Je suis étonné en effet que notre honorable premier ministre considère ce Panchsheel sérieusement. Honorables membres du Parlement, vous devez savoir que le Panchsheel est une des parts significatives du Dharma du Bouddha. Si shri Mao avait ne serait-ce qu'un iota de foi dans le Panchsheel, il aurait traité les bouddhistes dans son pays de manière différente »[6]

J. B. Kripalani (en) déclara « Panchsheel est né dans le péché, car il a été créé pour donner son aval à la destruction d'une nation ancienne qui nous est associée culturellement et spirituellement et qui a pleinement le droit de jouir de son autonomie et de son indépendance. »[7],[8].

Après la guerre sino-indienne de 1962, l'accord ne fut pas reconduit[2].

En 1962, Hugh Richardson écrit au sujet de cet accord : « C'est là le point où la conduite du gouvernement indien est la plus critiquable : que l'énonciation de ces principes grandiloquants repose sur l'acceptation indienne de l’extinction de la liberté et de l'intégrité territoriale du Tibet, et que la connexion établie de longue date par traité entre l'Inde et un Tibet de facto indépendant — officiellement reconnu comme tel cinq ans seulement auparavant — puisse être balayée sans que son existence soit jamais mentionnée »[9].

Pour Claude Arpi, cet accord pourrait être plus correctement classé comme un "traité inégal", selon la terminologie chinoise[10].

Notes et références[modifier | modifier le code]

  1. La relation Inde - Chine (2/3)
  2. a et b Kowtowing to Beijing: a note on the Panchsheel celebrations
  3. Le triangle Inde-Tibet-Chine, par Claude Arpi, La Revue de l'Inde no 4 – juillet/septembre 2006
  4. Les Relations Sino-Indiennes, Tendances Récentes Et Évolutions En Cours, Isabelle Saint-Mézard
  5. Daniel Smith, Self-Determination in Tibet: the Politics of Remedies, part II, Écritique, No 2, 1997. « Also in 1954, the Indian government concluded with China the "Agreement on Trade and Intercourse Between the Tibet Region of China and India," avowing "'mutual respect for each other's territorial integrity and sovereignty'" and thereby essentially recognizing its control over Tibet. »
  6. (en) Lakhan Lal Mehrotra, India’s Tibet Policy, An Appraisal And Options, « Our Prime Minister is depending on the Panchsheel which has been adopted by Comrade Mao and the Panchsheel which is one of the clauses in the No-Aggression treaty on Tibet. I am indeed surprised that our Honorable Prime Minister is taking this Panchsheel seriously. Honorable Members of the House, you must be knowing that Panchsheel is one of the significant parts of the Buddha Dharma. If Shri Mao had even an iota of faith in Panchsheel, he would have treated the Buddhists in his country in a different manner »
  7. Nirmalya Bhushan Das Gupta, Nehru and Planning in India, p. 165
  8. Sankar Ghose, Jawaharlal Nehru, a Biography, p. 267
  9. Hugh Edward Richardson, A Short History of Tibet, Dutton, 1962, p. 198 : « That is the point where the conduct of the Indian Government is most open to criticism: that the enunciation of those high-sounding principles should be based on Indian acquiescence in the extinction of Tibetan freedom and territorial integrity and that the long-standing treaty connection between India and a de facto independent Tibet — officially acknowledged only five years before — should be allowed to be wiped out without its existence ever being mentioned. » , cité par Michael Harris Goodman, Le Dernier Dalaï-Lama ?, p. 196
  10. Claude Arpi, Born in Sin: The Panchsheel Agreement : the Sacrifice of Tibet, p. 114

Articles connexes[modifier | modifier le code]