Achille Pierre Dionis du Séjour — Wikipédia

Achille Pierre Dionis du Séjour
Portrait de Dionis du Séjour
par Nicolas Courbe, d’après Olivier Perrin (1790).
Fonctions
Député français
Assemblée nationale constituante
-
Député français
États généraux de 1789
-
Biographie
Naissance
Décès
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Vernou
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Signature

Achille Pierre Dionis du Séjour, né le à Paris et mort le à Vernou, est un astronome et mathématicien français.

Biographie[modifier | modifier le code]

Petit-neveu de Pierre Dionis[1], fils de Louis-Achille Dionis du Séjour[2] et de Geneviève Madeleine Héron, il fit ses études au collège des Jésuites de Paris, de 1743 à 1750[3]. Reçu conseiller au Parlement, le , d’abord à la quatrième chambre des enquêtes, puis, en 1779, à la grand-chambre, on était surpris, au Parlement, de la manière dont il rapportait les procès, et de la quantité d’affaires qu’il expédiait[3]. Pourtant, il s’occupait, par goût, malgré les fonctions de sa charge, des calculs analytiques, surtout dans leur application à l’astronomie[3], et se distingua de bonne heure par des publications mathématiques et astronomiques et ses connaissances, en mathématiques[1].

Dès 1761, il publia, conjointement avec son confrère Mathieu-Bernard Goudin, un ouvrage contenant des mémoires sur le calcul analytique des éclipses, les rétrogradations des planètes, et la gnomonique[3].

En 1765, il fut reçu à l’Académie des sciences comme associé libre. Ses confrères au parlement prétendaient qu’il ne devait accepter qu’une place d’honoraire, mais il ne tint pas compte de cette vanité, car il trouvait honorable d’appartenir à cette société de savants, sous quelque dénomination que ce soit. Ensuite il voulut même être associé ordinaire, pour ne pas occuper une place qui, paraissant plus distinguée à certaines personnes, lui semblait par-là même être moins digne de lui[3]. Dans la même année, il entreprit d’appliquer l’analyse algébrique à toutes les branches de l’astronomie, et d’abord au calcul des éclipses. Il suivit ce travail avec autant d’assiduité que de succès pendant pas moins de trente ans et épuisa ce problème dans toute sa généralité[3]. Les astronomes ont toujours trop négligé l’analyse, les observations et les calculs qu’elles exigent pour en tirer des résultats, demandant tant de temps, qu’il ne leur en restait guère pour des spéculations abstraites et difficiles. Du Séjour est le premier qui se soit adonné tout entier à ce travail pour en faire une application importante à la détermination des longitudes d’un grand nombre de villes, par les éclipses de 1764 et de 1769, dans les Mémoires de l’Académie pour 1771[3]. II donna plus qu’aucun autre astronome de ces calculs si rarement réalisés avant 1760[3].

Nommé associé libre de l’Académie des sciences, en 1765, il appliqua l’analyse aux phénomènes célestes, en particulier aux éclipses. Il connut un moment de célébrité lorsque, le bruit s’étant répandu, d’après le mémoire intitulé Réflexions sur les comètes qui peuvent approcher de la Terre, que Lalande n’avait pas eu le temps de lire, en séance publique de l’Académie royale des sciences, le , qu’une comète devait entrer en collision avec la Terre, la terreur s’empara de toute la France[4]. Pour rassurer les esprits faibles, il soumit la question à l’analyse la plus rigoureuse, et montra que la collision entre une comète et la Terre était difficile, ou même impossible, dans l’ordre des probabilités, et qu’on pouvait affirmer avec certitude que cette catastrophe n’aurait pas lieu avant un grand nombre de siècles[1]. Cela rassura le public[1].

Après avoir appliqué l’analyse à toutes les parties de l’astronomie, il rassembla tous les mémoires qu’il avait publiés dans les volumes de l’Académie, les perfectionnant, les réunissant par un enchainement méthodique, en rendit les principes plus élémentaires, les applications plus nombreuses, et il en forma un grand ouvrage en deux gros volumes in-4°, parus en 1786 et 1789, sous le titre de Traité analytique des mouvemens apparens des corps célestes[3].

En mathématiques, il s’occupa de la résolution générale des équations. Peu de temps avant sa mort, il avait réalisé un grand mémoire sur le cinquième degré, où il en développait tous les cas, où il donnait la solution de tous ceux où elle est possible, et le caractère des racines pour tous les autres, n’attendant qu’une occasion de publier ce travail, pour s’occuper du sixième degré[3]. Sa mort en a empêché la publication, les géomètres ayant jugé que ce mémoire n’était pas en état d’être mis au nombre des ouvrages qui lui assignent un rang distingué parmi les géomètres et les astronomes de son siècle[1].

Élu député de la noblesse de Paris pour les États généraux de 1789, il y porta le désintéressement d’un philosophe, fit partie du groupe des 47 députés de la noblesse qui se réunirent au tiers état, le et fut toujours du nombre de ceux qui sacrifiaient au bien public et à l’égalité les privilèges dont le tiers état réclamait l’abolition. Modéré, il désirait des réformes plus qu’une révolution généralisée. Son rôle politique achevé, le , par le remplacement de l’Assemblée constituante par l’Assemblée législative, il fut nommé, le , juge du tribunal de Paris, avant de démissionner et de se retirer dans son domaine d’Argeville, qui avait appartenu au fameux lord Bolingbroke[3]. Cette profonde retraite lui permit d’échapper à la Terreur mais, craignant pour sa vie, cette angoisse, surtout depuis l’exécution de son confrère au parlement et à l’Assemblée constituante Fréteau[5], pourrait avoir hâté sa mort[6].

Selon Lalande, son caractère, sa simplicité et sa bienfaisance l’avaient rendu cher à tous les habitants de sa campagne. Distrait, probablement en raison de ses occupations, il était extrêmement agréable dans la société, plaisantait continuellement et toujours avec esprit, raillant souvent même les personnes les plus élevées en dignité aussi simple qu’il était juste et savant, dédaignant de montrer dans son costume ou ses manières son grand savoir, sa position ou sa fortune. Outre l’Académie royale, il était également membre associé de la Royal Society, de Académie royale des sciences de Suède et de Académie des sciences de Göttingen.

Publications[modifier | modifier le code]

Sources[modifier | modifier le code]

  • Louis Maïeul Chaudon, Dictionnaire historique, critique et bibliographique : suivi d’un Dictionnaire abrégé des mythologies, et d’un Tableau chronologique, par une société de gens de lettres, t. 9, Paris, Ménard et Desenne, , 582 p. (lire en ligne), p. 33-4.
  • Jérôme Lalande, Bibliographie astronomique : avec l’histoire de l’astronomie depuis 1781 jusqu’à 1802, Paris, Imprimerie de la République, , 966 p. (lire en ligne), p. 750-1.
  • « Achille Pierre Dionis du Séjour », dans Adolphe Robert et Gaston Cougny, Dictionnaire des parlementaires français, Edgar Bourloton, 1889-1891 [détail de l’édition]

Notes et références[modifier | modifier le code]

  1. a b c d et e Louis Maïeul Chaudon, Dictionnaire historique, critique et bibliographique : suivi d’un Dictionnaire abrégé des mythologies, et d’un Tableau chronologique, par une sociéte de gens de lettres, t. 9, Paris, Ménard et Desenne, , 582 p. (lire en ligne), p. 33-4.
  2. Conseiller à la cour des Aides, dont il était doyen au moment de la Révolution, auteur de Mémoires pour servir à l’histoire de la cour des Aides, celui-ci possédait également de grandes connaissances en physique, ayant fait plusieurs communications sur des expériences de physique à l’Académie des sciences.
  3. a b c d e f g h i j et k Jérôme Lalande, Bibliographie astronomique : avec l’histoire de l’astronomie depuis 1781 jusqu’à 1802, Paris, Imprimerie de la République, , 966 p. (lire en ligne), p. 750-751.
  4. Colette Le Lay, « La Leçon de cosmographie d’Hervé Faye sur les comètes », Bibnum, vol. Physique,‎ (lire en ligne, consulté le ).
  5. Héros de la résistance des parlements aux édits de Loménie de Brienne, il fut des nobles libéraux souhaitant contester l’absolutisme et réunir les trois ordres en une Assemblée nationale. surnomma « la commère Fréteau » par Mirabeau pour sa propension à intervenir dans tous les débats, élu par deux fois président de l’Assemblée, il est à l’origine de la proposition de donner à Louis XVI le titre de « roi des Français ». Arrêté comme suspect pendant la Terreur, il fut malgré acquitté une première fois, puis enfin guillotiné sous l’accusation de complot contre la sûreté de l’État.
  6. Certaines biographies évoquent à mots couverts un suicide.
  7. Sur cette éclipse : page de la NASA.

Liens externes[modifier | modifier le code]