Adrian Năstase — Wikipédia

Adrian Năstase
Illustration.
Adrian Năstase en 2006.
Fonctions
Président de la Chambre des députés de Roumanie

(1 an, 2 mois et 23 jours)
Législature 5e
Prédécesseur Valer Dorneanu
Successeur Bogdan Olteanu
Président du Parti social-démocrate

(4 ans et 5 jours)
Prédécesseur Poste créé
Successeur Mircea Geoană
Premier ministre de Roumanie

(3 ans, 11 mois et 23 jours)
Président Ion Iliescu
Traian Băsescu
Gouvernement Năstase
Législature 4e
Coalition PSD-PUR
Prédécesseur Mugur Isărescu
Successeur Eugen Bejinariu (intérim)
Călin Popescu-Tăriceanu
Président de la Chambre des députés de Roumanie

(4 ans et 25 jours)
Législature 2e
Prédécesseur Dan Marțian
Successeur Ion Diaconescu
Ministre des Affaires étrangères

(2 ans, 4 mois et 22 jours)
Premier ministre Petre Roman
Theodor Stolojan
Gouvernement Roman II
Stolojan
Prédécesseur Sergiu Celac
Successeur Teodor Meleșcanu
Biographie
Date de naissance (73 ans)
Lieu de naissance Bucarest (Roumanie)
Nationalité Roumaine
Parti politique Parti social-démocrate
Diplômé de Université de Bucarest
Profession Professeur de droit

Adrian Năstase
Premiers ministres de Roumanie
Présidents de la Chambre des députés de Roumanie

Adrian Năstase, né le à Bucarest, est un homme d'État roumain.

Après avoir été ministre des Affaires étrangères de 1990 à 1992, il préside la Chambre des députés de 1992 à 1996. Premier ministre de Roumanie à partir de 2000 et président du Parti social-démocrate (PSD) à partir de 2001, il se présente à l'élection présidentielle de 2004, qu'il perd face à Traian Băsescu.

Il retrouve alors la fonction de président de la Chambre des députés, mais, accusé de corruption, il démissionne en 2006. Condamné à deux ans de prison en 2012, il tente de se suicider avant d'être incarcéré ; libéré l'année suivante, il est condamné à quatre ans d'emprisonnement dans un autre dossier en 2014, mais ne reste que quelques mois en prison.

Biographie[modifier | modifier le code]

Jeunesse[modifier | modifier le code]

Il est né à Bucarest, dans une famille originaire du village de Tărtășești dans le județ de Dâmbovița. Son grand-père paternel ayant été officier marinier de la marine royale roumaine, son père craignait les persécutions des années 1950 contre les cadres de l'ancienne monarchie et leurs descendants : pour y échapper, il adhéra au Parti communiste roumain, ce qui lui permit de faire carrière de fonctionnaire au ministère de l'Éducation. La famille intégra la nomenklatura et Adrian Năstase put faire des études de droit et de sociologie : il est docteur en droit de l'université de Bucarest. Il va alors occuper différents postes de professeur de droit et de juriste.

Début de carrière[modifier | modifier le code]

Jeune apparatchik du Parti communiste roumain, passionné de chasse (ce qui le rapproche du jeune Nicolae Ceaușescu) et encore étudiant, Adrian Năstase se marie avec la fille de Grigore Preoteasa (1915-1957), ancien ministre des Affaires étrangères de la République populaire roumaine sous Gheorghe Gheorghiu-Dej. Divorcé, il se remarie en 1985 avec la fille d'un autre dignitaire communiste, Anghel Miculescu, avec laquelle il aura deux enfants.

Bien qu'encore jeune mais ayant la confiance du régime, il est fréquemment envoyé à l'étranger comme représentant de la Roumanie lors de réunions internationales sur les droits de l'homme. Il prend alors des positions conservatrices : en 1983, il publie un article, intitulé « Les droits de l'homme, un concept rétrograde », dans lequel il attaque la Freedom House, une organisation américaine, qui a classé la Roumanie dans les pays non libres. En 1989, il participe à une conférence soviéto-roumaine de la jeunesse à Moscou et à une autre à Pyongyang, en Corée du Nord. Dans une interview au journal russe Komsomolskaya Pravda, il critique ouvertement la Perestroïka lancée par Gorbatchev, s'alignant ainsi sur les positions du président Nicolae Ceaușescu.

Chute du communisme[modifier | modifier le code]

Après la libération de 1989, il reste au parti, qui s'auto-dissout et se reforme aussitôt sous le nom de Front de salut national, sous la direction d'Ion Iliescu (qui représente l'« aile conservatrice » de la nomenklatura) et de Petre Roman (qui représente l'« aile réformatrice » ou « libérale »). En , il devient député du Front de salut national lors des premières élections après la chute de Ceauşescu. Trois semaines plus tard, le , il est nommé ministre des Affaires étrangères dans les gouvernements de Petre Roman, puis de Theodor Stolojan. Il quitte ses fonctions le après sa réélection comme député et son élection à la présidence de la Chambre des députés. À cette époque, il commence à prendre ses distances avec la position prudente d'Ion Iliescu et à se rapprocher de celle de Petre Roman, plus favorable à un rapprochement avec l'Europe et l'Occident.

Figure de l'opposition[modifier | modifier le code]

Entre 1993 et 1997, il est aussi le président de son parti, qui abandonne la dénomination de Front démocrate de salut national, pour celle de Parti de la social-démocratie de Roumanie (PDSR), puis de Parti social-démocrate (PSD) et se positionne à gauche de l'échiquier politique, devenant membre du Parti socialiste européen et de l'Internationale socialiste. À ce moment, ses positions sont clairement réformistes, alors que les communistes reconstruisent leur parti de leur côté, le Parti socialiste du travail.

À partir de 1993, Adrian Năstase est vice-président du World Council of Former Foreign Ministers et, à partir de 1995, membre de la Société américaine de droit international. Il devient également membre de la délégation roumaine au Conseil de l'Europe, où ses manières séductrices le font surnommer « Sweetboy » (il était déjà surnommé « Bombonel », le « petit bombon » en Roumanie[1],[2]).

En 1996, son parti perd les élections et Adrian Năstase, toutefois réélu député, devient le chef du groupe parlementaire social-démocrate. En 1997, il devient vice-président du PDSR, puis président par intérim en 2000.

Premier ministre[modifier | modifier le code]

En , il est nommé Premier ministre du gouvernement minoritaire de gauche (majorité relative au Parlement pour le PSD) et, en , il devient président de ce parti (Ion Iliescu avait obtenu un nouveau mandat de président de la République).

Il est le candidat du PSD à l'élection présidentielle de 2004, Ion Iliescu ne pouvant constitutionnellement pas se représenter après deux mandats. Il est alors donné largement gagnant dans les sondages. Mais, lors d'un débat télévisé avec son principal adversaire de centre-droit, le candidat de l'Alliance justice et vérité, Traian Băsescu, ses manières « sucrées » le desservent face au franc-parler de son interlocuteur, qui, tout en avouant avoir été lui aussi communiste et membre de la nomenklatura, se moque des dénégations d'Adrian Năstase à ce sujet, et lui reproche de prendre ses électeurs pour des amnésiques. Obtenant 40,9 % des voix, Năstase est contraint à un second tour, à l'issue duquel il est battu par Băsescu.

Ses premiers ennuis judiciaires ne lui viennent pas de la politique, mais de sa passion pour la chasse : en 2004 la Société ornithologique roumaine[3] porte plainte contre lui pour chasse illégale, en collaboration avec une société italienne de safaris[4], dans la réserve de biosphère du delta du Danube. Les gardes locaux témoignent, en , l'avoir vu, en compagnie de chasseurs italiens, abattre en grand nombre des colverts, mais aussi des espèces strictement protégées comme les bernaches à col roux, les garrots à œil d’or et les fuligules morillons. Il est condamné à de lourdes amendes[5]. Dans la même période, il se comporte en mécène et fait don de sa collection au Musée national des cartes et des livres anciens de Bucarest, dont il est le fondateur et le principal financeur[6].

Retour dans l'opposition[modifier | modifier le code]

Après les élections de novembre 2004, Adrian Năstase est élu à nouveau président de la Chambre des députés. Il cède la présidence du Parti social-démocrate à Mircea Geoană en 2005, puis, l'année suivante, celle de la Chambre des députés en raison de son implication dans des affaires judiciaires.

Emprisonnement[modifier | modifier le code]

Soupçonné de vol, corruption et détournement de fonds publics concernant plusieurs millions d'euros, il est mis en examen à plusieurs reprises[7]. Après avoir échappé plusieurs fois à des condamnations judiciaires, il est condamné, le , à deux ans de prison ferme pour avoir détourné plus de 1,5 million d'euros afin de financer sa campagne présidentielle de 2004[8]. Quelques heures après le verdict, il tente de mettre fin à ses jours en se tirant une balle dans la gorge[8]. Il bénéficie d’une libération anticipée en [9].

Le , accusé d'avoir reçu des pots-de-vin d'un montant total de 630 000 euros, Adrian Năstase est condamné en appel à quatre ans de prison ferme pour corruption et chantage. Son épouse, Daniela, est quant à elle condamnée à trois ans de prison avec sursis pour usage de faux documents. Aussitôt incarcéré, il est libéré sept mois plus tard, en [10].

Notes et références[modifier | modifier le code]

  1. (ro) Alin Teodorescu, Adrian Năstase, de Karl Marx au Coca-Cola, Bucarest, Editura Nemira, (ISBN 9789735697082).
  2. (ro) Cristian Delcea et Andrei Crăciun, « Viața și opera lui Adrian Năstase », sur adevarul.ro, .
  3. en roumain : Societatea Ornitologică Română et [1]
  4. Montefeltro [2]
  5. La Roumanie, paradis des braconniers, dans Jurnalul.ro sur [3].
  6. en roumain : Muzeul Național al Hărților și Cărții Vechi et [4].
  7. « La lutte anticorruption reste au point mort en Roumanie », sur Le Figaro, (consulté le ).
  8. a et b « L'ex-premier ministre roumain tente de se suicider », sur Le Figaro, (consulté le ).
  9. « Roumanie: remise en liberté conditionnelle de l'ex-Premier ministre Nastase », sur Metro, (consulté le ).
  10. « Roumanie : retour à la case prison pour Adrian Nastase », sur Euronews.com, (consulté le ).

Annexes[modifier | modifier le code]

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Articles connexes[modifier | modifier le code]

Liens externes[modifier | modifier le code]