Al-Nahr — Wikipédia

Al-Nahr
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Nom local
(ar) النهرVoir et modifier les données sur Wikidata
Géographie
Pays
Sous-district
Superficie
5,26 km2Voir et modifier les données sur Wikidata
Altitude
65 mVoir et modifier les données sur Wikidata
Coordonnées
Démographie
Population
610 hab. ()Voir et modifier les données sur Wikidata
Densité
116 hab./km2 ()
Fonctionnement
Statut
Localité disparue (d)Voir et modifier les données sur Wikidata
Histoire
Destruction
Localisation sur la carte de la Palestine mandataire
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al-Nahr (en arabe : النهر), était un village de Palestine mandataire situé à 14 km au nord-est d’Acre. Les habitants furent expulsés et le village rasé en mai 1948 dans le cadre de l’opération Ben-Ami des forces de défenses israéliennes.

Histoire[modifier | modifier le code]

Les villages jumeaux d’al-Nahr et d’al-Tall étaient deux sites d’anciens peuplements sur la butte de Tell Kabri. Des fouilles récentes indiquent que les lieux étaient habités dès le sixième millénaire avant notre ère[1].

Village nommé El Qahweh sur la carte de Pierre Jacotin en 1799

Pendant la période de domination ottomane sur la région, le village apparaît sous le nom d’El Qahweh ou une variante : c’est le cas par exemple sur la carte dessinée par Pierre Jacotin en 1799 dans le cadre de la campagne d’Égypte[2]. En 1875, quand l’explorateur et géographie français Victor Guérin visite le village, qu’il appelle El Kahoueh, il y trouve 120 habitants, tous musulmans[3].

En 1881, le Survey of Western Palestine du Palestine Exploration Fund décrit El Kahweh, comme « un village en pierre, contenant environ 250 musulmans, situé sur la plaine, entouré de figues, d’olives, de mûres et de grenades ; il y a une fontaine et un cours d’eau coulant vers le village[4] ». Un recensement de 1887 environ le dote de 370 habitants[5].

Sous le mandat britannique en Palestine, un recensement de la population, en 1922, dote le village Al Nahr wa Tal d’une population of 422 habitants (208 hommes, 211 femmes), dont 3 bahais (2 hommes et 1 femme), les autres musulmans[6]. Le recensement de 1931 indique 522 habitants de religion musulmande, répartis dans 120 maisons[7].

Les habitants d’Al-Nahr vivent principalement d’agriculture et d’élevage[8]. En 1945, sa population atteint 610 personnes, musulmanes[9], dotées de 5 261 dounams (soit 5,26 km2) de terres[10]. Un total of 2 066 dounams (soit 2,06 km2) est utilisé pour la culture des citrons[9], 1 094 dounams (soit 1,1 km2) sont alloués aux céréales, 1 937 dounams (soit 1,97 km2) sont irrigués ou plantés d’arbres, dont 30 dounams d’oliviers[9],[11],[12] ; les bâtiments et maisons s’étalent sur 28 dounams[9],[13].

La guerre de 1948 et ses suites[modifier | modifier le code]

Le 27 mars 1948, des centaines de villageois armés et des unités de l'Armée de libération arabe attaquèrent un convoi juif près de'Al-Kabri, tuant 49 personnes ; 6 des attaquants furent aussi tués. Deux mois plus tard, le commandant de l'opération Ben-Ami donna l'ordre « d'attaquer, avec l'objectif de capturer, les villages de Kabri, d'Umm al Faraj et d'Al-Nahr; de tuer les hommes ; et de détruire et mettre le feu au village[14] »,[15]. Benvenisti affirme que les « ordres furent suivis à la lettre[14] », tandis que Morris écrit que plusieurs villageois furent apparemment exécutés[15].

Après la guerre, la zone fut incorporée dans le nouvel état israélien. Le kibboutz de Kabri fut fondé l'année suivante, et utilise des terres qui ont appartenu à Al-Nahr[8]. Le moshav Ben Ami, nommé d'après le commandant tué pendant une attaque sur le village voisin de Nahariyya, fut aussi établi sur les terres du village[8]. En 1992, l'historien palestinien Walid Khalidi décrit ainsi le site : « Seules deux maisons demeurent et une d'elles est partiellement détruite. Un grand arbre à dates pousse sur le site du village qui est envahi par les herbes sauvages, quelques cactus et des figuiers. Le cimetière, sur le côté ouest du village, contient encore une tombe identifiable. La source Fawwara à proximité a été entourée de grilles et déclarée propriété privée[8],[16] ».

Références[modifier | modifier le code]

(en) Cet article est partiellement ou en totalité issu de la page de Wikipédia en anglais intitulée « Al-Nahr » (voir la liste des auteurs).

  1. Stern, Lewinson-Gilboa et Avriam 1993, p. 839–841.
  2. Karmon 1960.
  3. Guérin 1880, p. 31.
  4. Conder et Kitchener 1881, SWP I, p. 146.
  5. Schumacher 1888, p. 173.
  6. Barron 1923, Table XI, Sub-district of Acre, p. 36.
  7. Mills 1932, p. 102.
  8. a b c et d Khalidi 1992, p. 28.
  9. a b c et d Statistiques de 1945, p. 4.
  10. Hadawi 1970, p. 41.
  11. Khalidi 1992, p. 27-28.
  12. Hadawi 1970, p. 81.
  13. Hadawi 1970, p. 131.
  14. a et b Benvinisti 2000, p. 138.
  15. a et b Morris 2004, p. 254.
  16. Khalidi 1992, p. 28 : « Only two houses remain, and one of them is partially destroyed. A tall date-palm tree grows on the village site, which is overgrown by wild grasses, a few cactuses, and fig trees. The cemetery, on the western side of the village contains one identifiable grave. The nearby Fawwara spring has been fenced in and declared private property ».

Bibliographie[modifier | modifier le code]

  • (en) Department of Statistics, Village Statistics, April, 1945, Government of Palestine, (lire en ligne).
  • (en) John Bernard Barron, Palestine : Report and General Abstracts of the Census of 1922, taken on the 23rd of Octobre, 1922, Jérusalem, Greek Convent Press, (lire en ligne), Table XI, Sub-district of Acre, p. 36.
  • (en) Meron Benveniśtî et Maxine Kaufman-Lacusta (trad.), Sacred Landscape: the buried history of the Holy Land since 1948, Berkeley, University of California Press, (ISBN 978-0-520-23422-2).
  • (en) Claude Reignier Conder et Horatio Herbert Kitchener, The Survey of Western Palestine: Memoirs of the Topography, Orography, Hydrography, and Archaeology, Londres, Committee of the Palestine Exploration Fund, (lire en ligne).
  • Victor Guérin, Description Géographique Historique et Archéologique de la Palestine, vol. 3: Galilee, pt. 1, Paris, Imprimerie Nationale, (lire en ligne).
  • (en) Sami Hadawi, Village Statistics of 1945: A Classification of Land and Area ownership in Palestine, PLO Research Center, (lire en ligne).
  • (en) Yehuda Karmon, « An Analysis of Jacotin's Map of Palestine », Israel Exploration Journal, vol. 10, nos 3,4,‎ , p. 155–173; 244–253 (lire en ligne).
  • (en) Eric Mills, Census of Palestine 1931 : Population of Towns, Villages and Administrative Areas, Jérusalem, Greek Convent and Goldberg Presses, (lire en ligne).
  • (en) Benny Morris, The Birth of the Palestinian Refugee Problem Revisited, Cambridge University Press, (ISBN 978-0-521-00967-6, lire en ligne).
  • (en) Gottlieb Schumacher, « Population list of the Liwa of Akka », Quarterly statement - Palestine Exploration Fund,‎ , p. 169-191 (lire en ligne).
  • (en) Ephraim Stern (ed.), Ayelet Lewinson-Gilboa (ed.) et Joseph Avriam (ed.), The New Encyclopedia of Archaeological Excavations in the Holy Land, vol. 3, Jérusalem, Israel Exploration Society & Carta, Simon and Schuster, (ISBN 0-13-276312-5).

Lien externe[modifier | modifier le code]

  • (en + ar) « Photos d'Al-Nahr », sur Palestine remembered (consulté le ).