Alix de Savoie — Wikipédia

Alix de Savoie ou Alix de Maurienne, parfois prénommée Alice ou Agnès, est une princesse issue de la dynastie humbertienne, fiancée à Jean d'Angleterre, mais qui mourut précocement. Elle est la fille du comte Humbert III.

Biographie[modifier | modifier le code]

Origines[modifier | modifier le code]

Alix (Aalis[1]), nommée suivant certaines sources Alice[2], Agnès[3],[4] ou encore Adélaïde[5],[4] est la fille du comte en Maurienne Humbert III et de sa troisième épouse Clémence de Zähringen[3],[1]. L'appartenance à la dynastie des Humbertiens, souche de la Maison de Savoie, amène à la nommer indifféremment Alix de Maurienne ou de Savoie.

Sa date de naissance est incertaine. L'année 1166 est cependant communément admise, notamment par le site MedLands[6]. Cependant, la date de mort de sa mère est discutée (1163, 1167 ou 1173), de même que son rang dans la fratrie : elle est comptée comme aînée (MedLands[6], Bebin-Langrognet[5]), seconde après Sophie[3], voire seule enfant du couple[2]. Par ailleurs, lorsque l'historien Claudius Blanchard (1836-1900) affirme que Clémence de Zähringen serait morte en 1162[2], cela impliquerait qu'Alix soit donc née avant.

Fiançailles avec Jean sans Terre[modifier | modifier le code]

Quoi qu'il en soit, avant le — elle a donc entre huit et un peu plus de onze ans —, elle est promise à Jean sans Terre, fils du roi d'Angleterre[6],[5],[7],[8],[9], dans un accord signé à Clermont-Ferrand. Ce traité, signé en présence notamment de l'archevêque Pierre de Tarentaise, stipule principalement que le comté de Savoie, plus 5 000 marcs, constituent la dot apportée par Alix[2]. À l'époque, et malgré ses trois mariages successifs, Humbert III n'a pas d'héritier mâle, qui puisse lui succéder selon la loi salique. Il est également prévu qu'en cas de décès de la jeune fille, c'est sa sœur cadette qui épousera Jean, apportant la même dot. Cette alliance avec l'Angleterre était principalement un moyen de lutte contre les visées expansionnistes du roi de France, Louis VII[5].

Ce traité prouve qu'Alix était l'aînée d'au moins deux filles. Il semblerait que les deux enfants (Jean sans Terre avait le même âge qu'Alix, étant né en 1166) se soient rencontrés au château de Montmayeur, qui est mentionné dans le traité comme faisant partie avec ses terres de la dot d'Alix[10],[11].

Décès[modifier | modifier le code]

Mais deux évènements intervinrent qui brisèrent l'union de la Savoie et de l'Angleterre : le premier est la mort d'Alix, en 1174, avant la cérémonie de mariage[8],[5]. Cette mort n'est pas attestée par Claudius Blanchard, qui se fonde sur un écrit de Luigi Cibrario, affirmant qu'Alix aurait épousé Humbert de Genève et aurait été encore vivante en 1256[12]. Outre l'unicité de cette source, le fait est peu probable par la durée de vie supposée d'Alix (90 ans), et surtout par son mariage avec un homme de trente ans son cadet, Humbert de Genève étant né en 1195. De surcroît, la multiplication des variantes sur le prénom de la princesse accroît fortement le risque de confusion.

Le second est la mort de sa mère, survenu probablement à la même époque ; Claudius Blanchard raconte que cette perte conduisit le comte Humbert, bouleversé, à vouloir se retirer du monde et à se faire moine à l'abbaye d'Hautecombe, où sa femme était enterrée[13], et qu'il fallut l'insistance de nombre de ses sujets pour le contraindre à se remarier avec Béatrice de Vienne[14],[15]. Cette dernière donne naissance à un héritier mâle, le futur Thomas Ier de Savoie.

Quoi qu'il en soit, la famille royale anglaise renonce au projet de mariage et Jean épouse Isabelle de Gloucester[5].

Voir aussi[modifier | modifier le code]

Bibliographie[modifier | modifier le code]

Document utilisé pour la rédaction de l’article : document utilisé comme source pour la rédaction de cet article.

  • Claudius Blanchard, Histoire de l'abbaye d'Hautecombe en Savoie : avec pièces justificatives inédites, Chambéry, F. Puthod, , 744 p. (lire en ligne). Ouvrage utilisé pour la rédaction de l'article
  • Georges Chapier, Châteaux Savoyards : Faucigny, Chablais, Tarentaise, Maurienne, Savoie propre, Genevois, Éditions La Découvrance, coll. « L'amateur Averti », , 410 p. (ISBN 978-2-84265-326-2), p. 271-276. Ouvrage utilisé pour la rédaction de l'article
  • (en) Charles William Previté-Orton, The Early History of the House of Savoy : 1000-1233, Cambridge, Cambridge University Press (réimpr. 2013) (1re éd. 1912), 512 p. (lire en ligne).

Articles connexes[modifier | modifier le code]

Liens externes[modifier | modifier le code]

Références[modifier | modifier le code]

  1. a et b (en) « Alix de Maurienne », sur fmg.ac/MedLands (Foundation for Medieval Genealogy) (consulté en ).
  2. a b c et d Blanchard 1874, Deuxième partie, chapitre VI, p. 98 (lire en ligne).
  3. a b et c Palluel-Guillard, p. Humbert III.
  4. a et b Nicolas Viton de Saint-Allais, Histoire chronologique généalogique et politique de la maison de Bade, Millet, 1807, 372 pages, p. 59, (lire en ligne).
  5. a b c d e et f Odile Bebin-Langrognet, De Savoie en Comté : Saint Pierre de Tarentaise, Paris, L'Harmattan, , 192 p. (ISBN 978-2-296-47898-5, lire en ligne), p. 96.
  6. a b et c (en) « Alix de Maurienne », sur sur fmg.ac/MedLands (Foundation for Medieval Genealogy) (consulté en ).
  7. Bernard Demotz, Le comté de Savoie du XIe au XVe siècle : Pouvoir, château et État au Moyen Âge, Genève, Slatkine, , 496 p. (ISBN 2-05-101676-3), p. 25.
  8. a et b Réjane Brondy, Bernard Demotz, Jean-Pierre Leguay, Histoire de Savoie : La Savoie de l'an mil à la Réforme, XIe au début du XVIe siècle, Ouest France Université, , 626 p. (ISBN 2-85882-536-X), p. 33.
  9. Louis Moréri et Jean Le Clerc, Le grand dictionnaire historique : sur le mélange curieux de l'histoire sacrée et profane, t. 3, Paris, Halma, , 585 p. (lire en ligne), p. 183.
  10. Chapier 2005, p. 271-276.
  11. Josiane Gentil & Guillaume Betemps, « Mieux connaître notre patrie : les tours des Montmayeur (province de Savoie Ducale) », sur notre.savoie.free.fr, Ligue savoisienne, (consulté le ).
  12. Blanchard 1874, Deuxième partie, chapitre VI, p. 99 (lire en ligne).
  13. Jean Prieur et Hyacinthe Vulliez, Saints et saintes de Savoie, La Fontaine de Siloé, , 191 p. (ISBN 978-2-84206-465-5, lire en ligne), p. 82.
  14. Jehan d'Orieville, dit Cabaret (traduction de Daniel Chaubet), La Chronique de Savoye, La Fontaine de Siloé, coll. « Les Savoisiennes », , 297 p. (ISBN 978-2-908697-95-7, lire en ligne), p. 77-78.
  15. Blanchard 1874, « Prospérité croissante du monastère », p. 98 à 103(lire en ligne).