Alliance Sahra Wagenknecht - Pour la raison et la justice — Wikipédia

Alliance Sahra Wagenknecht - Pour la raison et la justice
(de) Bündnis Sahra Wagenknecht - Für Vernunft und Gerechtigkeit
Image illustrative de l’article Alliance Sahra Wagenknecht - Pour la raison et la justice
Logotype officiel.
Présentation
Fondateur Sahra Wagenknecht
Fondation (association)
(parti)
Scission de Die Linke
Siège Lorenzstraße 29

76135 Karlsruhe

Président Amira Mohamed Ali
Vice-président Shervin Haghsheno
Positionnement Gauche radicale[1],[2] ou attrape-tout[3],[4]
Idéologie Nationalisme de gauche[5],[6],[7],[8],[9]
Populisme de gauche[10]
Conservatisme culturel[4]
Anti-atlantisme[11]
Opposition à l'immigration[12],[13]
Opposition à l'écologie politique[12]
Couleurs Violet, orange
Site web bsw-vg.de
Représentation
Députés
10  /  736
Bundesrat
0  /  69
Députés européens
0  /  96
Ministres-présidents
0  /  16
Députés régionaux
3  /  1898

L'Alliance Sahra Wagenknecht - Pour la raison et la justice (en allemand : Bündnis Sahra Wagenknecht - Für Vernunft und Gerechtigkeit, couramment abrégé BSW) est un parti politique allemand de gauche radicale créé le [14],[15].

Il est issu d'une association enregistrée le par des membres du parti politique allemand Die Linke, au premier rang desquels Sahra Wagenknecht, dans le but de fonder ce nouveau parti.

Origines[modifier | modifier le code]

Sahra Wagenknecht est une figure de Die Linke et de ses prédécesseurs, le Parti du socialisme démocratique et le Parti socialiste unifié d'Allemagne, et ses positions politiques sont généralement identifiées comme populistes de gauche[16]. Bien qu'elle ait été co-dirigeante de Die Linke de 2015 à 2019, des conflits avec d'autres membres du parti sur des sujets tels que l'immigration, la vaccination contre le Covid-19 et l'invasion russe de l'Ukraine en 2022 conduisent à des spéculations sur son départ de Die Linke à partir de 2021. Ces spéculations se multiplient à l'approche des élections régionales de 2023 en Hesse et en Bavière, au cours desquelles Die Linke ne parvient pas à atteindre le seuil électoral de 5 % tandis que le parti d'extrême droite Alternative pour l'Allemagne (AfD) progresse dans les deux Länder.

Sahra Wagenknecht impute les échecs électoraux successifs de Die Linke (le parti étant passé au niveau national de 12 % des voix en 2009 à 5 % en 2021) à l'accent mis sur les politiques de luttes contre les discriminations sexistes, racistes ou homophobes au détriment des questions sociales. Elle plaide pour la primauté de ces dernières, à rebours de l'approche intersectionnelle de la direction du parti qui, sous le terme « classisme » renvoie la question sociale à une forme de discrimination, au même titre que le sexisme ou le racisme. Selon elle, les classes populaires ne se reconnaissent plus dans le discours de la gauche et se tournent vers le parti d’extrême droite AfD, réceptacle du vote contestataire[17].

Le parti est officiellement fondé en janvier 2024 sous le nom provisoire de « Alliance Sahra Wagenknecht » (BSW). Le mouvement sera rebaptisé après les élections législatives de l’automne 2025, et ne portera plus son nom[18]. Neuf des trente-huit députés de Die Linke participent à la fondation de ce nouveau parti, ainsi que l'ancien maire SPD de Düsseldorf, Thomas Geisel[18], et l'ancien président du SPD puis de Die Linke, Oskar Lafontaine[19].

Positions politiques[modifier | modifier le code]

Le BSW se définit lui-même comme de gauche, dans la mesure où il a pour principal combat la justice et l'égalité sociale, selon sa présidente Sahra Wagenknecht, pour laquelle toutefois « les gens ne se reconnaissent plus dans les étiquettes traditionnelles ». Il est décrit comme un parti de gauche conservatrice en raison de ses positions progressistes sur les questions économiques et conservatrices sur les questions culturelles. La rupture avec Die Linke est motivée par l'idée que le parti était devenu « libéral de gauche » et s'éloignait des préoccupations des classes populaires. Sahra Wagenknecht accuse ainsi les progressistes de gauche d'être « trop concentrés sur le régime alimentaire, les pronoms et la perception du racisme », et estime qu'ils « ne s'inquiètent pas suffisamment de la pauvreté et de l'écart toujours croissant entre riches et pauvres »[4],[20]. Le parti est fortement opposé au gouvernement d'Olaf Scholz[18].

En matière économique, son programme prévoit de relever les minima sociaux, d'augmenter le salaire minimum à 14 euros de l'heure, d'investir massivement dans l’éducation et d'instaurer un contrôle des prix sur certains produits pour contenir l'inflation, tout en appliquant une plus forte pression régulatrice et fiscale sur les grandes entreprises au niveau national et européen[21],[22].

Toutefois, sur plusieurs autres thématiques politiques, le BSW et son programme sont identifiés comme plus proches du parti d'extrême droite AfD[21]. Il critique l'intersectionnalité, le progressisme et le libéralisme culturel, qu'il juge éloignés des préoccupations des classes populaires[4],[20].

Les thèmes de l'immigration et de l'accueil des réfugiés sont l'un des principaux points de désaccords avec Die Linke. Alors que ce dernier défend une position très libérale d’accueil des réfugiés presque sans conditions, le BSW critique au contraire une « immigration incontrôlée » et souhaite que les demandes d’asile soient examinées par des pays tiers en dehors de l'Union européenne[18], la suppression de toute aide financière et sociale aux migrants ne bénéficiant pas du droit d’asile et l'augmentation de l'aide au développement[18],[21].

L’Alliance est par ailleurs critique envers les politiques mises en œuvre, en Allemagne et au niveau européen, dans le cadre de la transition énergétique. Elle demande ainsi l'annulation de l'interdiction de produire des voitures à moteur thermique dans l'UE à partir de 2035. Elle est également critique envers le système d'échange de quotas d'émission CO2 qu'ils considèrent comme un « objet de spéculation attractif ». Le BSW avance au contraire un discours pouvant être considéré de « technosolutionniste », promouvant le développement de technologies clef innovantes comme la plus grande contribution que l’Allemagne peut apporter à l'écologie[21],[23].

Sur les questions internationales, le parti s'oppose à l'envoi d'armes en Ukraine et aux sanctions contre la Russie et plaide pour une résolution négociée de la guerre russo-ukrainienne. Il dénonce par ailleurs la vente d’avions de combat Eurofighter à l’Arabie saoudite, laquelle est engagée dans la guerre au Yémen[18]. Au cours de la guerre Israël-Gaza de 2023, Wagenknecht adopte une position favorable à la Palestine et décrit la bande de Gaza comme une « prison à ciel ouvert »[24]

Notes et références[modifier | modifier le code]

  1. « Allemagne : un nouveau parti de gauche radicale appelle à négocier avec Moscou », sur Franceinfo, (consulté le ).
  2. « Le nouveau parti allemand de gauche radicale enjoint Moscou à stopper la guerre en Ukraine », sur RTBF (consulté le ).
  3. Sébastien Baer, « En Allemagne, un nouveau parti "ni droite ni gauche" : mauvaise nouvelle pour le chancelier Scholz ? », sur francetvinfo.fr, (consulté le ).
  4. a b c et d « Wagenknecht: A far-left challenge to Germany's far-right AfD – DW – 10/23/2023 », sur Deutsche Welle
  5. (de) Christopher Ziedler, « Vermögenssteuer statt Zuwanderung: So sieht Wagenknechts links-nationales Angebot aus » [« Wealth tax instead of immigration: this is what Wagenknecht's left-wing nationalist offer looks like »], sur Der Tagesspiegel,
  6. Josef Lentsch, « How the nationalist left could succeed in Germany: Sahra Wagenknecht’s breakthrough », sur PartyParty,
  7. (nl) « Nieuwe 'anti-woke' partij in Duitsland kan rekenen op veel stemmen » [« New 'anti-woke' party in Germany can count on many votes »], sur Nieuw Rechts : « "Met haar links-nationalistische focus kan Wagenknecht stemmen winnen bij zowel linkse als rechtse kiezers die ontevreden zijn over de huidige politiek in Duitsland." »
  8. Liana Fix et Caroline Kapp, « Why Vladimir Putin Is Embracing Germany’s Far Right », sur The Atlantic,  : « "To make things worse, a new nationalist left-wing party just launched by the charismatic politician Sahra Wagenknecht echoes some of the AfD’s positions on Russia." »
  9. Chris Tomlinson, « New Left-Wing Nationalist Party May Not Run in German State Elections », sur The European Conservative,
  10. « En Allemagne, Sahra Wagenknecht quitte Die Linke pour créer un parti populiste de gauche », sur liberation.fr, (consulté le )
  11. « Allemagne. Qui est Sahra Wagenknecht qui lance son parti populiste de gauche anti-migrants ? », sur ouest-france.fr, (consulté le )
  12. a et b « Allemagne : le parti de Wagenknecht affiche un programme proche de celui de l’extrême droite », sur mediapart.fr, (consulté le )
  13. « Allemagne : un mouvement de gauche anti-immigration veut supplanter l'extrême droite », sur lesechos.fr, (consulté le )
  14. (de) « Sahra Wagenknecht: Partei BSW offiziell gegründet », Der Spiegel,‎ (ISSN 2195-1349, lire en ligne, consulté le )
  15. (de) « Bündnis Sahra Wagenknecht gründet sich in Berlin als Partei », sur stern.de, (consulté le )
  16. Oliver Georgi, « Was Wagenknecht riskiert », Frankfurter Allgemeine Zeitung,‎ (lire en ligne, consulté le )
  17. Peter Wahl, « En Allemagne, deux lignes pour un même camp », sur Le Monde diplomatique, (consulté le )
  18. a b c d e et f « En Allemagne, une députée dissidente de Die Linke lance son propre parti », Le Monde.fr,‎ (lire en ligne, consulté le )
  19. (de) « Lafontaine beim BSW-Parteitag: Gefährliche Rhetorik und Geschichtsverdrehung, die schmerzt », Der Tagesspiegel Online,‎ (lire en ligne)
  20. a et b nytimes.com, « Leftist Upstart Threatens to Shake Up German Politics », sur New York Times (consulté le )
  21. a b c et d Thomas Schnee, « Allemagne : le parti de Wagenknecht affiche un programme proche de celui de l’extrême droite », Mediapart,‎ (lire en ligne Accès payant)
  22. (es) Aldo Mas, « Sahra Wagenknecht, la líder del rojipardismo alemán que triunfa en los sondeos », sur elDiario.es,
  23. (de) Lisa Caspari, « BSW: Das steht in Wagenknechts EU-Wahlprogramm », Die Zeit,‎ (ISSN 0044-2070, lire en ligne, consulté le )
  24. Derek Scally, « German Linke rebel walks out to form new left-wing populist party », The Irish Times,‎ (lire en ligne)