Amérindiens de Guyane — Wikipédia

Drapeau des 6 peuples autochtones de Guyane.

Les Amérindiens de Guyane sont les peuples autochtones amérindiens de Guyane, département et région d'outre-mer français situé en Amérique du Sud. On compte environ 9 000 Amérindiens en Guyane, soit moins de 5 % de la population totale de la région française. Ils appartiennent aux peuples autochtones de Guyane.

Peuples[modifier | modifier le code]

Six ethnies amérindiennes sont présentes sur le territoire guyanais :

Ethnie Population Zone géographique Famille linguistique
Kali'na 3 000 Littoral Caribe
Lokono (ou Arawak) 200 à 400 Littoral Arawak
Palikur 550 Est de la Guyane Arawak
Teko (ou Émerillon) 3 000 Sud de la Guyane Tupi-guarani
Wayãpi 400 à 600 Sud de la Guyane Tupi-guarani
Wayana 1 000 Sud de la Guyane Caribe

Kali'na[modifier | modifier le code]

Un groupe d'autochtones Kali'na de village Bigi Poika (Suriname)

Les Kali’nas[1], prononcé [kaliɲa], (anciennement Galibis ou Karib[note 1]) sont une ethnie autochtone d'Amérique que l’on retrouve dans plusieurs pays de la côte caraïbe d’Amérique du Sud. Ils sont de langue et de culture kalinago.

L’origine du nom que les Européens leur donnèrent, Galibi, est inconnue, mais eux-mêmes préfèrent s’appeler Kali’na tilewuyu, c’est-à-dire « les vrais Kali’na » , en partie pour se différencier des métis marron-kali’na habitant le Suriname[2]. L’emploi de « Kali’na » n’est devenu habituel dans les publications que récemment[Quand ?]. Les Kali'nas, qui ont peuplé un temps les Antilles, se faisaient appeler Kalinago.

Lokono[modifier | modifier le code]

Un groupe d'artistes Lokono en 2012.
Les Lokono, également appelés Arawak ou Lokono-Arawak se nomment eux-mêmes Loko qui signifie "être humain" et Lokono au pluriel. Dans leur rapport avec les étrangers, ils se désignent comme étant des Arawak. Le nom Arawak correspond aussi à la famille linguistique qui englobe de nombreux groupes amérindiens d'Amazonie[3]dont les Palikur. Ils composent une des six tribus amérindiennes de Guyane d'origine arawak.

Palikur[modifier | modifier le code]

Cérémonie ancestrale des palikurs en Guyane en août 2019.

Les Palikur (ou Palikour, Palikuyene) sont un peuple autochtone vivant dans le Nord de l'État brésilien d'Amapá et dans l'Est de la Guyane (Macouria, Régina, Roura et Saint-Georges-de-l'Oyapock), où ils sont l'une des six ethnies amérindiennes de Guyane.

Composé d'environ 2 300 membres (1400 recensés au Brésil en 1986 et 900 en Guyane française en 2015), c'est un peuple qui, à la fin des années 1990, était réputé peu « acculturé », mais subissant toutefois une acculturation par l'intermédiaire des missions pentecôtistes et adventistes.

Teko[modifier | modifier le code]

Les Tekos (autrefois appelés Émérillons par les Français, Teko étant leur autoethnonyme) sont l'un des six peuples autochtones amérindiens de Guyane. Ils sont actuellement entre 450 et 500 personnes. De langue et de culture tupi-guarani, ils vivent, comme les Wayãpi dans l'intérieur de la Guyane, à l'est sur le Moyen-Oyapock (village de Camopi), à l'ouest sur le Haut-Maroni et le Tampok (villages d'Élahé, Kayodé, Talhuwen et Twenké).

Le terme Teko désigne la langue des Tekos et veut dire « nous ».

Wayãpi[modifier | modifier le code]

Les Wayãpi, Wajãpi ou Wayampi (anciennement appelés Oyampi) sont un peuple autochtone du nord-est de l'Amérique du Sud, présents en Guyane française, où ils sont l'un des six peuples amérindiens de ce territoire, et au Brésil dans les états d'Amapá et de Pará.

Wayana[modifier | modifier le code]

À Antécume-Pata, en 1979
Le peuple Wayana est l'un des six peuples amérindiens vivant en Guyane, sur les rives du fleuve Maroni et de la rivière Tampok. Ces Amérindiens, originaires du sud de l'actuelle Guyane[4], autrefois aussi appelés Roucouyennes, vivent au bord de l'eau en communautés villageoises.

Histoire et archéologie[modifier | modifier le code]

Époque ancienne[modifier | modifier le code]

XVIIe siècle[modifier | modifier le code]

Selon l'ethnologue Éric Navet, on estime qu'au XVIIe siècle, la population des autochtones amérindiens de Guyane s'élevait à 30 000 personnes. Les rassemblements artificiels des amérindiens dans les missions jésuites seront à l'origine de la vertigineuse chute démographie qui l'affecta[5]. En 1654, les Anglais s'emparent de la Guyane qui redevient française dix ans plus tard, en 1664. En 1674 les jésuites arrivent en Guyane[6].

XVIIIe siècle[modifier | modifier le code]

En 1704, le père jésuite Lombard « fonde une mission à Kourou, sur la côte, où il met en pratique les principes qui régiront, pour l'essentiel, les autres établissements fondés plus tard sur l'Oyapock »[6]. En 1733 et 1740 sont créées les missions jésuites de Saint Paul et Sainte Foy. Les maladies importées y déciment les dix peuples amérindiens peuplant le bassin de l'Oyapock : Aramakoto, Aramišo, Karana, Wes, Taripi, Kusari, etc. En 1767, les Tekos, seule ethnie survivante dans l'intérieur guyanais de la période précoloniale, sont estimés à 400 individus[réf. souhaitée]. Mais ils doivent subir les raids d'autres ethnies armées par les puissances coloniales. D'abord ceux des Galibis armés par les colons néerlandais, puis vers la fin du siècle, ceux des Wayãpi chassant les esclaves pour le compte des Portugais[5].

XXe siècle[modifier | modifier le code]

Le gouvernement français crée le Territoire de l'Inini à l'intérieur des terres guyanaises le par décret. Sa population est alors estimée à seulement 3 000 habitants, majoritairement amérindiens, dont les intérêts sont considérés comme négligeables par l'administration face à ceux, stratégiques, de la France. En effet, les Wayãpi ne sont plus, en 1935-1940, que 480 individus, les Wayanas que 500 vers 1950, et les Tekos (Émerillons) atteignant le seuil d'extinction avec à peine plus de cinquante membres vers 1950-1960[7].

L'indépendance du peuple algérien de 1962 impose à la France un repli stratégique qui sera à l'origine de la création en 1964 du Centre Spatial Guyanais à Kourou, ainsi que, plus tard, de l'implantation des régiments de l'armée française ayant, notamment, combattu en Indochine et en Kabylie, bien connue de l'ancien préfet de Guyane devenu gouverneur de Tizi Ouzou, Robert Vignon.

Selon l'ethnologue français Jean-Marcel Hurault :

« Jusqu'en 1968, les populations tribales vivaient sous un régime particulier, le statut de l'Inini, qui s'appliquait à l'ensemble du territoire de la Guyane au sud de la bande littorale occupée par les communes ; le territoire de l'Inini relevait directement du préfet. Il était administré par le sous-préfet de Saint-Laurent, assisté par les postes de gendarmerie. Sous ce régime, les populations tribales bénéficiaient d'un statut de fait parfaitement adapté à leurs besoins et à leur situation réelle. Ces populations vivaient sous leur droit coutumier, on les laissait parfaitement tranquilles et la seule forme d'administration consistait à verser aux chefs de village une petite solde. Réserve faite des soucis que continuait à donner l'état sanitaire des Indiens, toujours menacés par les épidémies, la situation dans l'Inini était aussi satisfaisante que possible. Elle aurait pu être donnée en exemple avec la plupart des pays d'Amérique du Sud[8]. »

Durant les années 1982-1983, les Wayãpi étaient évalués à 666 personnes, dont 412 en Guyane. Les Tekos, dénombrés en 1985, sont désormais environ 230 dont 40 sur le Tampok et l'Itany, plus de 180 dans la région des trois villages du confluent Oyapock-Camopi, et une dizaine, mariés à des Créoles et des Brésiliens, à Cayenne[9].

Il faudra attendre la fin du siècle pour que plusieurs espaces naturels de la forêt guyanaise, notamment, soient sanctuarisés sous la forme administrative de « réserves naturelles nationales », sans qu'il soit, toutefois, tenu réellement compte des territoires ancestraux de chasse des peuples autochtones amérindiens.

Espace[modifier | modifier le code]

XXIe siècle : entre or jaune et or vert[modifier | modifier le code]

Depuis le début des années 2000 les communautés amérindiennes de Guyane connaissent une « épidémie de suicides », en particulier chez les jeunes. Le taux de suicide est de dix à vingt fois plus élevé qu'en France métropolitaine[10].

En 2012, le nombre des habitants amérindiens de l'ensemble de la Guyane française est estimé à neuf mille personnes.

Politique et administration[modifier | modifier le code]

Culture[modifier | modifier le code]

Architecture[modifier | modifier le code]

Carbet de Guyane, du village Antécume-Pata des Wayana, en 1979.

Un carbet est un abri de bois sans mur typique des cultures amérindiennes. On en trouve notamment en Guyane, au Brésil, au Suriname et dans certaines îles[Lesquelles ?] des Antilles. Il est en général conçu pour facilement y attacher des hamacs.

Les avantages du carbet sont en général les suivants :

  • abaissement de la température dû à la large surface d'ombre qui permet de garder une partie de la fraîcheur nocturne (jusqu'à °C) ;
  • protège de la pluie ;
  • par le jeu du clair-obscur, permet de voir tout en étant partiellement dissimulé ;
  • construction bon marché.

Cultures vestimentaires[modifier | modifier le code]

Les femmes amérindiennes portent un costume composé de tissu et de perles, les hommes portent un calimbé[réf. souhaitée].

Gastronomie[modifier | modifier le code]

Galettes de cassave mises à sécher sur une claie.

Les spécialités des cuisines amérindiennes sont la soupe de jus de manioc, les viandes et poissons bouillis ou boucanés accompagnés de couac et cassave, et divers mets issus de la forêt (escargots de rivière, vers palmistes, miel de mélipones…). La boisson typiquement amérindienne est le Cachiri.

Sport[modifier | modifier le code]

Bibliographie[modifier | modifier le code]

Voir aussi[modifier | modifier le code]

Exploitation aurifère et orpaillage illégal[modifier | modifier le code]

Droit international[modifier | modifier le code]

Bulles pontificales[modifier | modifier le code]

Liens externes[modifier | modifier le code]

Notes et références[modifier | modifier le code]

Notes[modifier | modifier le code]

  1. Aux premières années de la colonisation, les Européens appelaient toutes les tribus de culture caraïbe « Karib » ; aujourd’hui, il existe une petite tribu ayant gardé ce nom.

Références[modifier | modifier le code]

  1. Orthographié parfois aussi Kalina, Karina, Carina, Kalinha, Kariña, Kari’ña, Kaliña ou Karinya.
  2. (en + nl) Wim Hoogbergen, Origins of the Suriname Kwinti Marrons ; Nieuwe West-Indische Gids, vol. 66 (1 & 2), p. 27-59. 1992. Pour un cas similaire de métissage afro-caribéen voir l’article Garifunas. Source citée dans Gérard Collomb et Félix Tiouka, Na’na Kali’na - Une histoire des Kali’na en Guyane ; Ibis Rouge Éditions, 2000 ; (ISBN 2-84450-068-4), dorénavant appelé Na'na.
  3. Pierre Grenand, « LA COMMUNAUTE ARAWAK DE SAINTE-ROSE DE LIMA (COMMUNE DE MATOURY) SITUATION ACTUELLE ET PERSPECTIVES », sur ird.fr, (consulté le ).
  4. Fleury et al. 2016.
  5. a et b Navet 1990, p. 13.
  6. a et b Navet 1990, p. 44.
  7. Navet 1990, p. 14.
  8. Navet 1990, p. 58.
  9. Navet 1990, p. 15.
  10. « Les jeunes Amérindiens de Guyane victimes d'une « épidémie de suicides », sur Reporterre (consulté le )
  11. « WATAU : un portail dédié aux cultures Wayana et Apalaï », sur e-karbe.com (consulté le ).