Antoine-Louis Albitte — Wikipédia

Antoine-Louis Albitte
Fonctions
Maire de Dieppe
à partir de
Député de la Seine-Maritime
-
Biographie
Naissance
Décès
(à 50 ans)
Raseiniai (Russie, actuelle Lituanie)
Nationalité
Activités
Autres informations
Distinction

Antoine-Louis Albitte, dit Albitte aîné pour le différencier de son frère Jean-Louis, est un homme politique français, né le à Dieppe et mort le à Raseiniai en Russie. Il a notamment été député de la Seine-Inférieure à l'Assemblée législative (1791-1792) et à la Convention nationale (1792-1795).

Biographie[modifier | modifier le code]

Il est le fils de François-Antoine Albitte « ancien garde du roi » et Marie Barbe Bourdon. Il appartient à une famille de négociants dieppois. Il est le cousin germain de Pierre Nicolas Étienne Langlois (1756-1819), qui sera aussi député de Seine-Inférieure à l'Assemblée législative. Il serait l'amant de Mme Ducastel [1]., dont le mari est aussi député.

Il est élève au collège des Oratoriens de Dieppe, puis étudie le droit à Rouen, où il devient avocat[2]. Installé à Dieppe[3], franc-maçon, il participe à la rédaction des cahiers de doléance du tiers état de Dieppe le et à la création de la garde nationale de la ville le . Nommé électeur le [4], il est élu le député de Seine-Inférieure[3] – le seul de gauche[2] – à l’Assemblée législative, où il se fait remarquer par son zèle et entre au Comité militaire. Dans ce cadre, il s'attache particulièrement aux questions portant sur la réorganisation de l'armée : il présente un décret sur le mode de remplacement militaire le , s'oppose au séjour de troupes militaires auprès de l'Assemblée le , demande que le ministre de la Guerre réponde sur sa tête des éléments d'information transmis sur la situation aux frontières le . En , il s'oppose à l'augmentation des effectifs de la gendarmerie, jugeant ce projet dangereux pour la liberté publique. Opposé aux ministres Bertrand de Molleville et Narbonne, il demande leur mise en accusation[3].

Membre du Club des jacobins, il demande l'amnistie pour les émeutiers accusés de la mort de Jacques Guillaume Simoneau, le maire d'Étampes[2]. Le , il fait voter la démolition des fortifications des villes de l'intérieur, afin qu'elles ne puissent servir de point d'appui aux contre-révolutionnaires. Il participe aux évènements de la journée du 10 août 1792[3] et, le lendemain, propose le renversement des statues des rois[2] sur les places Louis-XV et Vendôme[4] et leur remplacement par des statues de la liberté[3].

Élu secrétaire de la Législative le , il est nommé le [4], avec Lecointre-Puyraveau[3] commissaire dans l'Eure et la Seine-Inférieure pour y assurer la levée de volontaires. Le , il escorte 109 prêtre réfractaires à Rouen. Le , il est à Dieppe avec Lecointre pour l'enrôlement des volontaires[4].

L'Eure et la Seine-Inférieure l'ayant choisi pour les représenter à la Convention, il opte pour le second, qui l'a choisi le premier, le [2]. Siégeant sur les bancs de la Montagne, il fait souvent office de conciliateur entre montagnards et girondins et retrouve le Comité de la guerre.

Lors du procès de Louis XVI, il vote pour la culpabilité du roi, contre la ratification du jugement du peuple, contre le sursis et pour la peine de mort[2]. Le , il fait décréter par la Convention que les émigrés capturés à l'étranger seront fusillés[4]. Le , il vota contre la mise en accusation de Marat. Envoyé en mission, comme beaucoup de montagnards à la même époque[2], à l’armée des Alpes avec Dubois-Crancé, Gauthier et Nioche par décret du [5], il reste éloigné de la capitale durant dix-mois[2], ne participant pas au scrutin relatif au rapport du décret qui avait cassé la Commission des Douze ni, plus tard, à la mise en accusation des girondins. Présent à Grenoble quand les autorités départementales de l'Isère menacent de rejoindre Lyon dans la rébellion, il obtient leur soumission, avec Dubois-Crancé. Puis il accompagne le détachement chargé, sous les ordres de Carteaux, de mener le siège de Marseille. Le , il écrit au Comité de salut public pour lui suggérer des mesures d'apaisement. De retour à l'armée des Alpes, il critique de Lyon – où il ne s'occupe que de ravitailler l'armée de Toulon – les modalités de la loi 29 septembre sur le maximum général[2].

Rentré à Paris, le , il est aussitôt envoyé en mission, dès le , par arrêté du Comité de salut public, à Lyon, puis à Toulon. Le 7 brumaire an II, le Comité de salut public le rappelle à Lyon, rebaptisée Commune-Affranchie, pour y faire exécuter, avec Collot d'Herbois, Fouché et Laporte, les décrets pris par la Convention contre la ville - ses pouvoirs sont étendus aux départements voisins par décret du 20 brumaire. Le 19 nivôse an II, il est envoyé par le Comité de salut public en mission dans les départements de l’Ain et du Mont-Blanc, en remplacement de Gouly, afin d'y organiser le gouvernement révolutionnaire[5]. Cette mission a été utilisée durant la période thermidorienne pour lui donner une réputation de « forcené » – on lui attribue alors les surnoms de « Robespierre savoyard » et de « Tigre de l’Ain » –, en n'en retenant que les aspects déchristianisateurs : la remise des objets religieux, l'arasement des clochers[2] (à l’occasion de l’application du décret 8 pluviôse an II () dans l'Ain, près de 800 clochers sont détruits - Philippe Boutry cite les clochers romans en pierre d'Arbigny, Boissey, Chevroux et Saint-Bénigne « construits à l'imitation de Cluny », seul le clocher de Saint-André-de-Bâgé ayant échappé au vandalisme pour témoigner de ce qu'ils furent[6] - et 1 500 à 1 600 cloches portées à la fonderie), la signature d'une déclaration d’abdication, dit « serment d’Albitte », exigée aux prêtres constitutionnels le 21 pluviôse an II (). Pour le reste, les mesures répressives, dans des départements tentés par le fédéralisme et la contre-révolution, sont assez modérées. De même, il met en œuvre des secours pour les indigents et le ravitaillement de régions pauvres, comme la Maurienne[2].

Puis il retourne, dès floréal an II, à l’armée des Alpes, où il est nommé par arrêté du comité de salut public le 18 prairial an II (). Enfin, un arrêté du Comité de salut public du 13 thermidor an II () l'envoie à l’armée d'Italie[5]. Il est donc absent, lors de la journée du 9 Thermidor an II, qui voit la chute de Robespierre.

Rappelé par le décret le 26 thermidor an II ()[5], qui limite la durée des missions[2], et par une lettre du Comité de salut public du 8 fructidor an III (), il écrit de Cairo, dans le Piémont, le 2 vendémiaire an III (), pour annoncer son retour à Paris[5]. Durant la Convention thermidorienne, il retourne aux Jacobins et reste fidèle à ses convictions montagnardes en siégeant parmi les Crêtois. Décrété d’arrestation et d’accusation les 1er et 2 prairial an III (), il se cache, échappant ainsi à la commission militaire, jusqu'à l'amnistie de brumaire an IV[2]. En 1796, il est élu maire de Dieppe[7]. Exclu de la vie politique, il végète plusieurs années, jusqu'à ce que le Directoire lui ouvre une carrière militaire[2].

Le 18 germinal an IV (), il est capitaine au 4e régiment de chasseurs à cheval. Le 4e jour complémentaire an IV, il est adjoint à l'adjudant général Margaron[4]. Adjudant général à Bâle[2] le , grade auquel il est confirmé le , il est nommé le chef de bataillon surnuméraire à l'armée d'observation[8] et devient sous-inspecteur aux revues de Mayence en l'an X[2]. Décoré de la Légion d'honneur le , il est nommé le dans le 3e corps de l'armée d'Allemagne commandé par le maréchal Davout[8]. Il trouve la mort lors de la retraite de Russie, en [2], après trois jours de souffrances, victime de la fatigue, du froid et de la faim[3].

Distinctions[modifier | modifier le code]

Notes et références[modifier | modifier le code]

  1. À Deux liards, À Deux liards, mon journal, n° 15. Numérisé
  2. a b c d e f g h i j k l m n o p et q Brunel 2005, p. 13-14.
  3. a b c d e f et g Robert et Cougny 1889, p. 32-33.
  4. a b c d e et f Croyet 2010.
  5. a b c d et e Biard 2002, p. 449.
  6. Philippe Boutry, Prêtres et paroisses au pays du Curé d'Ars, les éditions du Cerf, 1986, p. 124.
  7. Meunier 1946, p. 58.
  8. a et b Croyet 2004, p. 305.

Annexes[modifier | modifier le code]

Bibliographie[modifier | modifier le code]

Articles connexes[modifier | modifier le code]

Liens externes[modifier | modifier le code]