Archevêque — Wikipédia

Jean-François de Gondi, premier archevêque de Paris.

Dans plusieurs dénominations chrétiennes, un archevêque Écouter est un ministre ecclésiastique appartenant à l'ordre épiscopal, mais bénéficiant d'une primauté d'honneur sur les évêques suffragants. Il est souvent à la tête d'une province ecclésiastique.

Dans l'Église catholique[modifier | modifier le code]

Dans l'Église latine[modifier | modifier le code]

Ornement extérieur de l'écu d'un archevêque.

Dans l'Église latine, régie par le code de droit canonique, l'archevêque est un prélat qui bénéficie, en vertu d'anciens privilèges attachés à son diocèse ou d'une décision pontificale, d'une dignité supérieure à celle d'un évêque.

Archevêque et archidiocèse[modifier | modifier le code]

En principe, l'archevêque est l'ordinaire d'une Église particulière appelée archidiocèse. L'ordinaire d'un archidiocèse est dit archevêque ex officio, titre qu'il conservera après son départ.

Un archevêque peut aussi n'être l'ordinaire que d'un simple diocèse ou d'une autre Église particulière. Un tel archevêque est dit archevêque ad personam.

Un archevêque peut n'être l'ordinaire d'aucune Église particulière. Un tel archevêque est dit archevêque titulaire.

Archevêque métropolitain[modifier | modifier le code]

Ornement extérieur de l'écu d'un archevêque métropolitain.

En principe, l'office de métropolitain est joint au siège archiépiscopal de sorte que l'archevêque qui est l'ordinaire d'un archidiocèse est le métropolitain d'une province ecclésiastique.

La grande majorité des archevêques catholiques sont aussi métropolitains, c'est-à-dire à la tête d'une province ecclésiastique.

L'archevêque détient, d'une part la juridiction spirituelle sur son diocèse que l'on appelle ainsi un archidiocèse, et d'autre part, un certain droit de regard sur les évêques de sa province. Son rôle est essentiellement d'organiser la coopération entre les diocèses, mais il n'a pas d'autorité à proprement parler sur les diocèses de sa province autres que le sien (appelés diocèses suffragants).

Les archevêques métropolitains portent le pallium.

Archevêque non métropolitain[modifier | modifier le code]

Il existe des archidiocèses auquel l'office de métropolitain n'est pas joint. Au , leur nombre était de quarante-huit[1]. Un tel archidiocèse est dit archidiocèse non métropolitain et l'archevêque qui en est l'ordinaire est dit archevêque non métropolitain.

Archevêque non métropolitain suffragant[modifier | modifier le code]

Certains archidiocèses non métropolitains sont suffragants d'un archidiocèse métropolitain ; l'archevêque d'un tel archidiocèse est dit archevêque suffragant. Il s'agit en général de sièges autrefois métropolitains ayant perdu ce privilège au profit d'une autre ville voisine devenue plus importante, et à qui l'on conserve cependant la dignité archiépiscopale.

C'est le cas, en France, de huit archidiocèses :

Archevêque non métropolitain exempt[modifier | modifier le code]

D'autres archidiocèses non métropolitains ne sont suffragants d'aucun métropolitain ; l'archevêque qui est l'ordinaire d'un tel archidiocèse est dit archevêque exempt ou sujet immédiat du Saint-Siège. Cette situation résulte toujours d'une particularité historique ; c'est le cas, par exemple, de :

  • l'archidiocèse de Strasbourg. L'Alsace-Moselle étant régie depuis par le concordat comme le reste de la France, le siège épiscopal de Strasbourg était suffragant de Besançon. Le diocèse de Strasbourg n'était plus en territoire français à la suite de son annexion à l'Allemagne par le traité de Francfort () à l'issue de la guerre franco-allemande de 1870 ; aussi la Sacrée Congrégation consistoriale fit-elle du diocèse un sujet immédiat du Saint-Siège, par le décret Rem in ecclesiastica du . Le pape Jean-Paul II éleva par la suite le diocèse au rang d'archidiocèse, par la constitution apostolique Antiquissima ipsa du .
  • l'archidiocèse de Monaco. La Sacrée Congrégation consistoriale érige l'abbaye territoriale des Saints-Nicolas-et-Benoît, avec juridiction sur toute la principauté de Monaco, par le décret Pastoris aeterni du . Vingt ans plus tard, Léon XIII érige l'abbaye en évêché dépendant directement de Rome, par la bulle pontificale Quemadmodum Sollicitus Pastor du . Enfin, par la bulle Apostolica haec du — dont la forme est celle d'un traité international —, le pape Jean-Paul II élève le siège épiscopal de Monaco à la dignité d'archevêché en compensation de la renonciation du Prince au droit de patronat et de collation. L'archevêque de Monaco siège à la Conférence des évêques de France.
  • l'archidiocèse de Vaduz, au Liechtenstein. Il est créé par le pape Jean-Paul II par le bref Ad satius consulendum du pour régler un conflit interne au diocèse de Coire en Suisse. Son territoire correspond désormais à celui de la principauté. L'archevêque de Vaduz siège à la Conférence des évêques de Suisse.

Monaco ou le Liechtenstein peuvent aussi être jugés trop petits (malgré leur caractère souverain) pour justifier la création d'une province ecclésiastique, tout en voyant ainsi reconnaître au siège de leur capitale un caractère national.

Archevêque primat[modifier | modifier le code]

Certains archevêques métropolitains jouissent également du titre de primat, qui leur garantit une juridiction théorique sur plusieurs provinces. Les autres primaties provinciales ne sont plus portées depuis les années -, à l'exception en France des titres suivants qui restent uniquement honorifiques (cf. canon 438[2] du Code de droit canonique) :

  • primat des Gaules, attribué aux archevêques de Lyon. Par la bulle Antiqua sanctorum Patrum d', le pape Grégoire VII reconnaît à Gébuin, archevêque de Lyon, et à ses successeurs le titre de primat, avec juridiction sur les quatre provinces de Lyonnaise, à savoir les provinces ecclésiastiques de Lyon, de Rouen, de Tours et de Sens ;
  • primat de Normandie, attribué aux archevêques de Rouen. Un arrêt du Conseil du confirme le titre et interdit à l'archevêque de Lyon d'intervenir dans son ressort. L'archevêque de Rouen revendiquait la juridiction sur les nouveaux diocèses d'Amérique du Nord, avant que Rome ne mît fin à cette prétention.
  • primat de Lorraine, attribué aux évêques de Nancy (qui n'ont néanmoins pas le rang d'archevêques). Le bref apostolique du les autorise à accoler à leur titre celui d'évêque de Toul, le titre de primat leur ayant initialement été attribué en .
  • primat d'Aquitaine : l'archevêque de Bordeaux, de (par Clément V) à . Les conséquences de ce titre honorifique sont visibles dans la cinquième rangée de houppes du blason épiscopal de Jean-Paul James, archevêque de Bordeaux depuis .

Il existe également en France les titres historiques suivants, correspondant au territoire actuel des provinces ecclésiastiques :

D'autres titres historiques français ont existé, mais les diocèses auxquels ils correspondaient ne sont plus les archidiocèses métropolitains d'une province ecclésiastique :

Archevêque patriarche[modifier | modifier le code]

Deux archevêques métropolitains jouissent encore du titre de patriarche, purement honorifique (cf. canon 438[2] du Code de droit canonique) :

Archevêque titulaire[modifier | modifier le code]

Enfin, les archevêques ou évêques titulaires sont des prélats pourvus de la dignité épiscopale, mais n'ayant aucune juridiction diocésaine. Cette dignité est toujours accordée aux nonces apostoliques, ainsi qu'à des membres de la Curie romaine, qui jouissent ainsi d'une plus grande stabilité en cas de changement de pape.

Archevêque-évêque[modifier | modifier le code]

L'on appelle « archevêque-évêque » :

  • un archevêque ex officio ou titulaire déplacé ensuite à un siège seulement épiscopal :
    • Marcel Lefebvre, archevêque de Dakar () puis archevêque-évêque de Tulle () ;
    • Philippe Ballot, archevêque de Chambéry () puis archevêque-évêque de Metz ().
  • un évêque promu archevêque ad personam :
    • Joan-Enric Vives i Sicília, évêque d'Urgell et coprince d'Andorre () puis archevêque-évêque d'Urgell () à titre personnel.
  • un évêque pressenti vainement pour un siège archiépiscopal, pour l'en dédommager :
    • Étienne Antoine Boulogne, évêque de Troyes (), pressenti pour Vienne () puis archevêque-évêque de Troyes (-).

Dans les Églises catholiques orientales[modifier | modifier le code]

Le code des canons des Églises orientales, qui régit les Églises catholiques orientales, reconnaît le titre d'archevêque majeur à certains primats, à la tête d’Églises autonomes et membres de la Congrégation pour les Églises orientales. Le titre, créé en pour le chef de l'Église grecque-catholique ukrainienne, correspond au titre patriarcal de Catholicos des Églises orthodoxes. Il en existe actuellement quatre :

Dans l'Église anglicane[modifier | modifier le code]

La communion anglicane compte quarante provinces ecclésiastiques, la plupart comptant un ou plusieurs archevêques, et six petites églises rattachées différemment. Chacune de ces provinces ou églises est autonome. Les sièges les plus connus sont ceux de l'Église d'Angleterre, Canterbury (chef spirituel de l'Église d'Angleterre et de la communion anglicane) et York. Ces deux archevêques sont des « pairs spirituels » (spiritual peers) et donc membres de la Chambre des lords britannique.

Dans les églises luthériennes[modifier | modifier le code]

Relevant généralement du système presbytérien synodal, les églises luthériennes ont conservé certaines des formes héritées du système épiscopalien et certaines ont des archevêques. C'est le cas en Suède, en Finlande, en Lituanie et en Allemagne où l'église luthérienne est non seulement l'héritière directe des structures catholiques d'avant la Réforme mais aussi suffisamment nombreuse pour avoir deux niveaux hiérarchiques.

Un archevêque suédois célèbre est Lars Olof Jonathan Söderblom, qui s'est illustré dans le domaine de l’œcuménisme. C'est à Uppsala que se trouve le siège du seul archevêque de l'Église de Suède.

Dans l'Église orthodoxe[modifier | modifier le code]

Dans les Églises orthodoxes, à l’origine, l'archevêque était l'évêque qui présidait les conciles de sa province, synonyme de métropolitain. Dans la pratique orthodoxe actuelle, le mot a plusieurs usages distincts :

  1. Usage grec : titre porté par un évêque qui est aussi primat (Chypre, Grèce, Crète). Les patriarches sont aussi appelés archevêques de la ville où est situé leur siège épiscopal, tandis que tous les autres évêques titulaires sont métropolites.
  2. Usage russe : titre porté par un évêque titulaire qui a reçu une distinction honorifique intermédiaire entre le rang des simples évêques et celui des métropolites.
  3. Usage roumain : il se conforme à la signification originelle du mot.

Notes et références[modifier | modifier le code]

  1. (en) Liste des archidiocèses non métropolitains (consulté le )
  2. a et b « Canon 438 », sur droitcanonique.fr, .
  3. « 1948- Folklore religieux: le Primat de Bretagne bénit les chalutiers et goélettes », sur Belgavox | Videos D'archives Belges, (consulté le )

Voir aussi[modifier | modifier le code]

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Il existe une catégorie consacrée à ce sujet : Archevêque.

Liens externes[modifier | modifier le code]