Artus Gouffier de Boisy — Wikipédia

Artus Gouffier de Boisy
Illustration.
Artus Gouffier de Boisy.
Fonctions
Grand maître de France

(4 ans, 4 mois et 6 jours)
Prédécesseur Jacques II de Chabannes
Successeur René de Savoie
Duc de Roannais

(4 ans, 4 mois et 12 jours)
Prédécesseur Suzanne de Bourbon
Successeur Claude Gouffier
Seigneur de Boisy et d’Oiron
Comte d'Étampes
Biographie
Date de naissance
Lieu de naissance Boisy
(Pouilly-les-Nonains/Boisy près de Roanne)
(Loire)
Date de décès (à 44 ans)
Lieu de décès Montpellier (Hérault)
Père Guillaume Gouffier
Mère Philippine de Montmorency
Fratrie Louis,
Adrien,
Pierre,
Guillaume,
Charlotte,
Anne,
Aymar
Conjoint Hélène de Hangest
Enfants Claude,
Hélène,
Anne
Profession Diplomate
Religion Catholicisme
Gisant d’Artus Gouffier, dans la collégiale d’Oiron.

Artus Ier Gouffier de Boisy[1], né le à Boisy[2] et décédé le à Montpellier (Hérault), est un diplomate français[3].

Il fut seigneur de Boisy, de St-Loup et d’Oiron, duc de Roannais, comte d'Étampes, pair de France et grand maître de France.

Homme de paix, il œuvra jusqu'à son décès le , à établir une paix entre le futur Charles Quint et Francois Ier, dont il a été le principal conseiller dès l’avènement de celui-ci en 1515. Il en avait été dès 1506 son gouverneur, c'est-à-dire le responsable de son éducation.

Biographie[modifier | modifier le code]

Enfance[modifier | modifier le code]

Artus Ier Gouffier est l’aîné du second mariage, le , de Guillaume Ier Gouffier, seigneur de Boisy ou Boissy, sénéchal de Saintonge († à Amboise, Indre-et-Loire) avec Philippe dite Philippine de Montmorency († à Chinon, Indre-et-Loire ; fille de Jean II de Montmorency, sœur de Guillaume de Montmorency et tante paternelle du connétable Anne de Montmorency).

Guillaume et Philippe Gouffier avaient eu huit autres enfants : Louis Gouffier (chanoine de la Sainte-Chapelle, abbé de Saint-Maixent), le cardinal évêque d'Albi Adrien Gouffier, Pierre Gouffier (clunisien, abbé de St-Denis en 1505, de St-Pierre-sur-Dives et de St-Maixent), l'amiral Guillaume Gouffier de Bonnivet, Catherine Gouffier (religieuse aux clarisses de Moulins), Charlotte Gouffier (gouvernante des enfants de François Ier, épouse de René de Cossé-Brissac et mère des maréchaux Charles et Artus), Anne Gouffier (aussi gouvernante des Enfants de France) et Aymar Gouffier (abbé de St-Denis en 1517, abbé de Cluny en 1518, évêque d'Albi en 1523 ou 1524) ; de plus, Artus avait cinq demi-frères et sœurs, son père Guillaume ayant épousé en premières noces Louise de Chaumont d'Amboise, fille de Pierre : dont Madeleine, aussi gouvernante des Enfants de France et femme de René Le Roy de Chavigny.

Artus Gouffier devient au plus tard en 1490 enfant d’honneur du roi Charles VIII et se trouve ainsi placé dans l’intimité du jeune roi de France : c’est à ce titre qu’il l’accompagne lors de la conquête de Naples, combattant à ses côtés lors de la bataille de Fornoue, le , gagnant définitivement la confiance du Roi, ainsi que celle de la reine, Anne de Bretagne.

Le gouvernement de François d'Angoulême[modifier | modifier le code]

Après la mort de Charles VIII, Artus Gouffier reste proche de son successeur, Louis XII, fort du soutien que son père Guillaume avait apporté lors de la Guerre folle à celui qui n’était encore que duc d’Orléans. C’est ainsi que Louis XII le fait bailli de Vermandois en 1503 et capitaine de Chinon en 1514.

En 1506, il est choisi comme gouverneur du jeune François d’Angoulême par la mère de ce dernier, Louise de Savoie en remplacement de Pierre de Rohan, Maréchal de Gié, qui vient d’être disgracié. Anne de Bretagne a vraisemblablement joué un rôle déterminant dans sa désignation, car elle figurait parmi les adversaires du maréchal. Cette charge de gouverneur était déterminante car, Louis XII n’ayant pas de fils, François d’Angoulême se trouvait le premier dans l’ordre de succession au trône de France et deviendra par la suite, François Ier.

En tant que gouverneur, Artus était vraisemblablement chargé de l’aspect chevaleresque et militaire de l’éducation du jeune prince : Jean de Saint-Gelais, quand il énumère les mérites d’Artus sur l'éducation du futur roi, insiste surtout sur ses hauts faits durant la campagne napolitaine de 1494-1495.

La confiance de Louise de Savoie et de François d’Angoulême se concrétise à plusieurs reprises dans les années qui suivent. En 1508, il fait office de procureur de Louise de Savoie lors de l’hommage rendu pour elle au roi pour les seigneuries de Matha, Aulnay et Maulévrier. En 1513, François d’Angoulême fait de lui le gouverneur de son duché de Valois. En 1514, il est nommé en tête de la liste des officiers de la maison de François d’Angoulême.

Le Grand maître de France[modifier | modifier le code]

Artus Gouffier est nommé Grand maître de France dès le , succédant à Jacques II de Chabannes de La Palice moins d'une semaine après l’avènement de François Ier. Grand officier de la couronne, le grand maître est chargé de diriger toute l’activité de la cour : il supervise les appointements du personnel de la cour, contrôle les dépenses, garde les clés des résidences royales et veille à la sécurité du roi[3].

Il devient dans le même temps le conseiller le plus écouté de François Ier. C’est dans les négociations précédant la signature du Concordat de Bologne, dans les derniers mois de l’année 1515, que son rôle éclate pour la première fois au grand jour.

Lorsque le Concordat est finalement signé, le , Artus Gouffier a déjà quitté l'Italie pour mener au nom du roi une autre négociation : durant ce même mois d’, il est à Noyon pour rencontrer les émissaires du jeune roi d'Espagne Charles 1er, futur Charles Quint. Quelques mois plus tard, au début de l’année 1517, c’est encore le grand maître qui conduit la délégation française qui rencontre à Cambrai les émissaires de l’empereur Maximilien, avec qui un autre traité est alors signé.

Le Concordat et ces différents traités visaient à assurer la sécurité extérieure du royaume vis-à-vis de ses puissants voisins. Pour compléter ce dispositif, une ambassade est également organisée en 1518 auprès d'Henri VIII, en Angleterre. L’ambassade a lieu, mais Artus Gouffier ne peut pas, cette fois-ci, la conduire, du fait des graves crises de goutte qui l’assaillent régulièrement.

Il parvient tout de même à conduire une nouvelle rencontre avec les émissaires de Charles d’Espagne, au printemps 1519, à Montpellier. Cette entrevue visait à apaiser les tensions suscitées entre les deux souverains par la mort de Maximilien, le , dont la succession attisait les convoitises des deux jeunes rois de France et d’Espagne.

Largement compromises par cette rivalité, les négociations de Montpellier sont finalement interrompues brutalement le par le décès du grand maître, emporté par une nouvelle crise de la maladie : le décès d’Artus Gouffier sert de prétexte aux autres ambassadeurs de François Ier pour mettre fin aux discussions.

Artus Gouffier portait « D'or, à 3 jumelles de sable en fasce ».

Mariage et descendance[modifier | modifier le code]

Artus Gouffier épouse le , Hélène de Hangest († ), fille unique de Jacques de Hangest, seigneur de Genlis (aujourd'hui Villequier-Aumont), Magny (aujourd'hui Guiscard), et de Jeanne de Moy. Elle est la nièce de Charles de Hangest, évêque comte de Noyon de 1501 à 1525[4]. Elle lui apporte en dot toutes ses seigneuries. Après la mort de son époux, elle fait poursuivre les travaux au Château d'Oiron et à la collégiale d'Oiron. Elle demanda à être inhumée dans la collégiale d'Oiron, avec son époux.

De leur union sont issus trois enfants :

Terres et titres[modifier | modifier le code]

Par son père, Artus Gouffier se trouvait à la tête d’un ensemble de terres dont les deux pôles se situaient l’un en Poitou, à Oiron, l’autre en Forez, autour de Roanne et Boisy. En Poitou, ce sont les seigneuries d’Oiron et de Glénouze ; en Forez celles de Boisy, Roanne, Saint-Haon-le-Châtel et La Motte-Saint-Romain.

La faveur de François Ier lui valut plusieurs autres terres et titres : comté d’Étampes (en 1515, à titre viager uniquement), seigneuries de Villedieu-sur-Indre et de Bourg-Charente (et Garde-Épée à Saint-Brice). Sa fortune lui permit dans le même temps d’arrondir le périmètre de ses possessions autour d’Oiron avec l’acquisition des seigneuries de Saint-Loup et de Passavant.

De plus, juste après la victoire de Marignan, François Ier fit don à Artus Gouffier d’un ensemble de seigneuries du duché de Milan, l’ensemble étant érigé en un comté de Caravaggio. Ces seigneuries furent définitivement perdues par son fils Claude après la perte définitive du duché de Milan par la couronne de France en 1525, mais le titre de comte de Caravaggio, francisé en Caravas ou Caravaz, resta à ses descendants (le Carabas du ''Chat botté'' de Perrault ?).

Enfin, il achète, toujours en 1515, le droit de gérer les biens considérables qui constituaient le douaire de la reine Marie, veuve de Louis XII, repartie en Angleterre et de ce fait dans l’incapacité d’assurer elle-même l’administration de ses biens en France.

La consécration de vaste ensemble vient le , avec l’érection des seigneuries foréziennes d’Artus Gouffier en duché-pairie « de Roannais » : pour la première fois, ce titre était attribué à un personnage qui n’était pas prince du sang. Malheureusement, les lettres du roi n’avaient pas encore été enregistrées à la mort du Grand maître, quelques semaines plus tard : elles n’ont donc jamais pris effet.

Artus Gouffier et le château d'Oiron[modifier | modifier le code]

Malgré l'obtention de ce titre ducal, c'est dans le Poitou, au château d'Oiron qu'Artus fit réaliser des aménagements destinés à en faire le cœur des possessions de la famille. Outre la construction d’une galerie, il entreprit surtout la construction, juste à côté du château, d’une collégiale Saint-Maurice, achevée après son décès par son épouse, et qui abrite encore aujourd’hui son gisant.

Épitaphes[modifier | modifier le code]

Artus Gouffier laissait à sa mort l'image d'un homme de paix, mort avant d'être parvenu à un accord entre François Ier et Charles d'Espagne, dirigeant des plus grandes puissances de la chrétienté. De fait, quelques mois plus tard, l'élection du second comme empereur sous le nom de Charles Quint signe le début des hostilités entre les deux royaumes. La concomitance de la mort du grand maître et de la reprise des hostilités a fortement marqué ses contemporains, ce qui transparait dans plusieurs textes de l'époque :

  • Fleuranges : « dont feust grand dommaige de sa mort, car elle a cousté la mort de deux cent mille hommes depuis ; et s'il eust vescu, je suis bien asseuré que ce n'eust point esté. »[6]
  • Martin du Bellay : « Ladite mort fut cause de grandes guerres, ainsi qu'entendrez cy-après ; car s'ils eussent achevé leur parlement, il est tout certazin que la chrestienté fust demourée en repos pour l'heure, mais ceux qui par après manièrent les affaires, n'aimèrent pas le repos de la chrestienté comme faisoient lesdits de Chièvres et le grant maistre. »[7]
  • Nicolas Versoris : « l'on disoit communement que, s'il eust encores vesqu, ensamble monseigneur de Chevres, gouverneur et chancellier du Roy catolique, les guerres n'eussent esté telles comme depuys on esté au moyen de ce que il gouvernoit bien les princes en amour. »[8]
  • Brantôme : « il mourut et on n'y sceut jamais mettre remede, dont fut tres grant dommaige, car il a cousté la mort de deux cens mil hommes depuis sa mort. » [9]

L'auteur le plus prolifique sur le sujet fut le rhétoriqueur poitevin Jean Bouchet, qui a doté son ouvrage Le Labirynth de fortune[10] d'un « prelude contenant le motif de l'acteur qui deplore le trespas de feu messire Autur Gouffier », où l'on peut lire notamment :

« Il est mort, qui ? Le sire de Boisy,
Que l'on avoit sur tous aultres choisy
Pour gouverner soubz le roy tout son royalme (sic).
Si donc tu voys la fons de pleurs, boys-y
Pour arrouser ton cueur de deul (sic) moisy,
Et ditz pour luy quelque cantique ou psalme,
Car entre ceulx qui ont porté le heaulme
Des vertueux, a le loz merité.
Prions donc Dieu que au ciel soit herité
Et que ça-bas vive par renommee.
Il fut fidele et plain de verité,
D'amour, d'espoir, onc par temerité
Ne fut sa vie entre gens mal nommee. »

Distinction[modifier | modifier le code]

Références[modifier | modifier le code]

  1. Toutes les informations proviennent de l'un des quatre titres cités en bibliographie, sauf exception précisée en notes
  2. Boisy : la rédaction initiale de l'article indique ''actuelle commune de Ballaison (Haute-Savoie)'', mais cette précision laisse perplexe, d'autant que le duché de Savoie n'est alors pas français. En tout cas, depuis Guillaume Ier, les Gouffier sont bien sires de Boisy en Roannais, dans le nord de la Loire.
  3. a et b Pierre Carouge, « Artus (1474-1519) et Guillaume (1482-1525) Gouffier à l’émergence de nouvelles modalités de gouvernement », dans Les conseillers de François Ier, Presses universitaires de Rennes, coll. « Histoire », , 229–253 p. (ISBN 978-2-7535-6794-8, lire en ligne)
  4. Christophe Levantal, Ducs et Pairs et duchés-pairies laïques à l'époque moderne (1519-1790), Paris, Maisonneuve & Larose, , 1218 p. (ISBN 2-7068-1219-2), p. 870-871
  5. Henri Filleau, Dictionnaire historique et généalogique des Familles du Poitou, tome quatrième, Poitiers, Société française d'imprimerie et de librairie, (lire en ligne), p. 252-253
  6. Fleuranges (Robert III de La Marck, sire de), Mémoires, éd. Robert Goubaux et P.-André Lemoine, Paris, 1913-1924, I, p. 257-258.
  7. Martin et Guillaume du Bellay, Mémoires, éd. V.-L. Bourrilly et F. Vindry, Paris, 1908-1919, 4 vol.
  8. Nicolas Versoris, Livre de raison, éd. G. Fagniez, dans Mémoires de la Société d'histoire de Paris et de l'Île-de-France, Paris, 1885, t. XII, p. 10
  9. Brantôme (Pierre de Bourdeille, abbé de), Œuvres complètes, éd. Ludovic Lalanne, Paris, 1864-1882, I, p. 217.
  10. Jean Bouchet, Le Labirynth de fortune, Poitiers, 1524.
  11. « Listes:Ordres_et_Societes_diverses:ordre_de_saint_michel », sur roglo.eu (consulté le )

Bibliographie[modifier | modifier le code]

  • Yves-Marie Bercé, « Artus Gouffier, grand maître de la Maison du Roi (vers 1472-1519) », Le Conseil du Roi de Louis XII à la Révolution, dir. Roland Mousnier, Paris, PUF, 1970, p. 207-230.
  • Étienne Fournial, Monsieur de Boisy. Grand maître de France sous François Ier, Lyon, Presses universitaires de Lyon, 1996, 149 p.
  • Arlette Jouanna, Philippe Hamon, Dominique Biloghi, Guy Le Thiec, La France de la Renaissance. Histoire et dictionnaire, Paris, Robert Laffont, 2001, article « Gouffier, famille », p. 851-854.
  • Pierre Carouge, « Artus (1474-1519) et Guillaume (1482-1525) Gouffier à l’émergence de nouvelles modalités de gouvernement », Les conseillers de François Ier, dir. Cédric Michon, Rennes, Presses universitaires de Rennes, 2011, p. 229-253.

Voir aussi[modifier | modifier le code]

Articles connexes[modifier | modifier le code]

Liens externes[modifier | modifier le code]

Chronologies[modifier | modifier le code]