Atys (Piccinni) — Wikipédia

Atys
Description de cette image, également commentée ci-après
Portrait de Niccolo Puccinni par Hippolyte Pauquet, gravure
Genre tragédie lyrique
Nbre d'actes trois
Musique Niccolo Piccinni
Livret Jean-François Marmontel
Langue
originale
français
Sources
littéraires
Fastes, Ovide
Dates de
composition
1779-1780
Création 22 février 1780
Académie Royale de Musique

Atys est une tragédie lyrique du compositeur italien Niccolò Piccinni, sur un livret de l'homme de lettres Jean-François Marmontel, créée en 1780 à Paris. L'histoire, reprise de l'opéra homonyme de Jean-Baptiste Lully et Philippe Quinault de 1676, est inspirée des Fastes d'Ovide.

Historique[modifier | modifier le code]

Genèse[modifier | modifier le code]

Puccinni est invité en France par Marie-Antoinette avec d'autres compositeurs comme Gluck, dans l'objectif de renouveler les livrets d'opéra du siècle précédent. Les deux hommes se retrouvent ainsi très vite en querelle, avec d'un côté les puccinnistes, partisans d'un opéra musical typiquement italien et de l'autre, gluckistes, les fervants du style français[1]. C'est dans cette ambiance[2] que Puccinni compose son Atys, entre 1779 et 1780, reprenant celui de Quinault[3].

Piccinni et Marmontel avaient déjà collaboré auparavant, notamment avec l'opéra Roland en 1778, également repris de la tragédie en musique de Lully. (Le compositeur a, par ailleurs, fourni pas moins de douze opéras à l'Opéra de Paris entre 1778 et 1783.) Marmontel avait soutenu publiquement le compositeur dans la querelle des piccinnistes et des gluckistes, dans un ouvrage sur les révolutions de la musique[4],[5].

Création[modifier | modifier le code]

L'ouvrage est créé à l'Académie Royale de Musique dans la seconde Salle du Palais-Royal le 22 février 1780. L'accueil de public y est relativement mitigé, reprochant à l'ouvrage d'avoir « trop de musique pour trop peu d'effets dramatiques[6] », cependant que la reine, présente lors de la première[4], apprécie pourtant l'opéra de Piccinni, séduite par les récitatifs dramatiques et les airs à la manière italienne. Le public reproche également la fin tragique et la mort d'Atys par suicide dans le dénouement de l'histoire, pourtant présent dans l'œuvre d'inspiration.

Le Journal de Paris, le lendemain, produit une vive critique d'Atys sans même citer le nom du librettiste[7]. Selon lui, la réduction du livret à trois actes a fortement affecté la qualité du récit, de même que les ajouts, trop visibles au milieu du reste de la composition, abîment le matériau originel. Le Mercure de France est quant à lui plus élogieux, voyant dans le retranchement du texte une manière intelligente d'adapter la structure du livret à la musique nouvelle du compositeur[8]. La musique a semblablement, à l'inverse, généré une approbation relativement générale.

Reprise[modifier | modifier le code]

L'opéra est repris et remanié en 1783 pour tenter de réparer ce qui faisait défaut, ou était en trop, selon le public lors de la création —version qui sera par ailleurs jouée de nombreuses fois dans les années qui suivent—. Il modifiera notamment la fin de l'histoire, la transformant par un dénouement heureux, laissant Atys vivre et calmant la fureur de Cybèle, qui le marie avec Sangaride[1]. Cette nouvelle fin n'a pas l'air de trouver beaucoup plus de grâce aux yeux des spectateurs. Cette désapprobation de plus fit dire au librettiste que le « public est bien fantasque et capricieux[4]. »

Description[modifier | modifier le code]

Le livret d'Atys, en français et avec ballets, est distribué en trois actes et n'est pas doté de prologue. Il a été réduit par le librettiste par rapport à l'opéra de Lully, et certains aspects sont transformés. Les rôles secondaires ont été supprimés tandis que les principaux, développés. L'action est simplifiée entre les quatre personnages principaux, entre conflits et amours[1].

Résumé[modifier | modifier le code]

Atys et Cybèle, amoureux en secret, vont devoir se défendre face à la jalousie de la déesse Cybèle et du roi Célénus, déçus par cet amour qui leur échappe.

Rôles[modifier | modifier le code]

Rôle Voix Créateurs[9]
Atys haute-contre Joseph Legros (Le Gros)
Cybèle, déesse soprano Françoise-Claude-Marie-Rosalie Campagne (Mlle Duplant)
Sangaride, princesse phrygienne soprano Marie-Joséphine Laguerre
Celœnus, roi de Phrygie baryton-basse Henri Larrivée
Idas, confident d'Atys ténor Étienne Lainez
Mélisse, confidente de Cybèle soprano Mlle Chateauvieux
Doris, confidente de Sangaride soprano Suzanne Joinville
Morphée basse M. Durand
Suivants du Sommeil ténors/barytons-basses François Lays, M. Royer, Jean-Joseph Rousseau,

Auguste-Athanase (Augustin) Chéron, M. Mèon, M. Tacusset

Rêves plaisants sopranos Anne-Marie-Jeanne Gavaudan, l'aînée,

Gertrude Girardin, Mlle Rozalie, Mlle Dubuisson

Songe funeste basse M. Moreau
Chœur mixte
Ballet : Anne Heinel, Marie-Madeleine Guimard, Grenier, Peslin ; Gaëtan Vestris, Pierre Gardel, Auguste Vestris, Jean Dauberval

Argument (version de 1780)[modifier | modifier le code]

Acte I[modifier | modifier le code]

Atys, secrètement amoureux de Sangaride, est promise à son ami le roi Célénus. Il confesse son amour à son confident Idas. Sangaride, également amoureux d'Atys en secret, confie quant à elle son secret à sa confidente, Doris, sœur d'Idas. La déesse Cybèle paraît et les phrygiens viennent l'acclamer. Atys et Sangaride se confessent leur amour quand Cybèle annonce faire du héros son grand sacrificateur plutôt que Célénus.

Acte II[modifier | modifier le code]

Cybèle confie l'amour qu'elle porte à Atys à sa confidente, Mélisse, pendant qu'Atys, interrogé par Célénus, nie son amour pour Sangaride. Peu après, il s'endort et rêve de Morphée, dieu du Sommeil, qui lui annonce que Cybèle le prévient de son amour et qu'il doit l'accepter. Il se réveille et Sangaride paraît, demandant à la déesse de la libérer du prochain lien avec Célénus, pendant qu'Atys essaie de l'empêcher de révéler son amour pour lui. Cybèle accepte mais se rend compte peu après de l'objet réel de sa demande.

Acte III[modifier | modifier le code]

Sangaride s'inquiète du comportement d'Atys, pensant qu'il ne l'aime plus. Après un conflit, ils se réconcilient, alors que Cybèle, témoin de toute l'action, prépare sa vengeance avec Célénus, trahi. Elle ensorcelle Atys le rendant fou, qui tue Sangaride, la prenant pour un monstre. Quand il revient à lui et voit son forfait, il se suicide.

Représentations[modifier | modifier le code]

Bibliographie[modifier | modifier le code]

  • Alexandre Stroev, Correspondance et théâtre, Presses universitaires de Rennes, (DOI 10.4000/books.pur.55328, lire en ligne), « “En vérité, Monsieur, ce qu’on appelle le public est bien fantasque et bien capricieux” : Jean-François Marmontel, librettiste et journaliste »

Notes et références[modifier | modifier le code]

  1. a b et c Gabrielle Oliveira GUYON, « Atys à Hardelot, Sorèze et Périgueux - Piccinni, vous connaissez ? », sur Concertclassic, (consulté le )
  2. M. Devismes, directeur de l'Opéra de Paris d'alors, leur commande à tous les deux une version d'Iphigénie en Tauride. Celle de Gluck sera l'objet d'un grand succès, jusqu'à nos jours. (cf. Gabrielle Oliveira GUYON, op.cit.)
  3. « Atys (Piccinni, Niccolò) », sur imslp.org (consulté le )
  4. a b et c Alexandre Stroev, « « En vérité, Monsieur, ce qu’on appelle le public est bien fantasque et bien capricieux » : Jean-François Marmontel, librettiste et journaliste », dans Correspondance et théâtre, Presses universitaires de Rennes, coll. « Interférences », (ISBN 978-2-7535-5720-8, lire en ligne), p. 175–184
  5. Jean-François Marmontel, Essai sur les révolutions de la musique, en France, (lire en ligne).
  6. François Moureau, « Niccolo Piccinni : Atys, tragédie lyrique. Introduction by Julian Rushton. Coll. « French Opera in the 17th & 18th Centuries ». 1991 », Dix-Huitième Siècle, vol. 25, no 1,‎ , p. 639–639 (lire en ligne, consulté le )
  7. Journal de Paris, 23 février 1780, no 54
  8. Jacques Wagner, Marmontel journaliste et le « Mercure de France » : 1725-1761, Presses universitaires de Grenoble, 1975.
  9. Gherardo Casaglia, « 22 Febbraio 1780, Martedì », sur almanac-gherardo-casaglia.com (consulté le )
  10. Alain COCHARD, « En bref - Atys de Piccinni ouvre la saison des Bouffes du Nord », sur Concertclassic, (consulté le )
  11. Alexandre Pham, « Piccinni: Atys, 1780. L’opéra de Marie-AntoinetteClip vidéo: extraits », sur Classiquenews.com, (consulté le )

Articles connexes[modifier | modifier le code]

Liens externes[modifier | modifier le code]