Augustin de Lestrange — Wikipédia

Augustin de Lestrange
Fonction
Abbé
Abbaye de La Trappe
-
Joseph-Marie Hercelin (d)
Biographie
Naissance
Décès
Nationalité
Activité
Autres informations
Ordre religieux
Plaque commémorative

Augustin de Lestrange (1754-1827) est un moine cistercien de l'abbaye de la Trappe qui fut l'un des principaux artisans de la continuité de la vie monastique en France et en Europe, contre les interdictions posées par la Révolution française.

Biographie[modifier | modifier le code]

Jeunesse et premiers engagements[modifier | modifier le code]

Né en 1754 dans une ancienne famille de la noblesse chevaleresque du Vivarais, Louis-Henri de Lestrange entend d'abord l'appel à être prêtre diocésain. Après des études assez solides pour l'époque au séminaire de Lyon puis à Saint-Sulpice, il est ordonné prêtre en 1778. Malgré des débuts qui laissaient augurer d'une belle carrière ecclésiastique, il entre en 1780 à l'abbaye de la Trappe, de l'ordre de Cîteaux, dans le Perche. Celle-ci, au contraire de la grande majorité des monastères de l'époque, est célèbre pour sa stricte observance de la Règle de saint Benoît, qui est la règle de tous les monastères bénédictins et cisterciens. En effet, elle a été réformée au XVIIe siècle par l'abbé Armand-Jean de Rancé. Louis-Henri de Lestrange y reçoit le nom d'Augustin. Il y fait profession, après un an de noviciat, selon l'usage d'alors. En 1785, il devient confesseur de la communauté et reçoit la charge de maître des novices, c'est-à-dire qu'il est responsable de la formation des nouveaux arrivants, postulants et novices : rôle important dans un monastère.

Face à la Révolution française[modifier | modifier le code]

Pendant la Révolution, le père Augustin subit la menace découlant des interdictions et des persécutions religieuses. Il obtient en 1791 la permission de ses supérieurs d'émigrer avec vingt-quatre moines en Suisse, dans le canton de Fribourg : ils s'installent dans l'ancienne chartreuse de la Valsainte. L'information circule en France ; de nombreux religieux et candidats à la vie religieuse tant hommes que femmes rejoignent le groupe. Les futures moniales trappistines sont installées à Sembrancher. Devant l'afflux de recrues, Dom Augustin envoie des essaims fonder des installations dans toute l'Europe : Westmalle (1793, Belgique), Lulworth (1794, Angleterre) et Darfeld (1795, Westphalie) et même en Amérique (1803). Les troupes révolutionnaires françaises envahissent la Suisse en 1798 : il faut à nouveau fuir. Commence un long périple à travers l'Europe, qui conduit « les trappistes » jusqu'en Russie, dans des conditions difficiles. L'arrivée de Napoléon au pouvoir en France facilite d'abord la vie aux trappistes. En 1811, Dom Augustin oblige l'une de ses maisons-filles à révoquer publiquement le serment de fidélité à l'empereur. Les trappistes sont à nouveau pourchassés à travers le continent. Dom Augustin s'enfuit en Prusse (Königsberg), gagne Lulworth en Angleterre, puis le Nouveau Monde (New-York). À la chute de Napoléon en 1814, il regagne la France. la Valsainte est vendue, les abbayes de la Trappe de Soligny, de Bellefontaine et d'Aiguebelle sont rachetées et reconstruites. Dom Augustin tente sans succès de racheter Cîteaux. Il s'installe à la Trappe.

Dom Augustin de Lestrange avait été élu abbé de la Valsainte en 1794. Il n'obtient pas officiellement le titre d'abbé de la Trappe. Très attaché à l'austérité, il en rajoute : les Règlements de la Valsainte rédigés par lui, sont une règle de vie exigeante, davantage que la règle de saint Benoît, que les coutumes des premiers cisterciens et que celles en usage à la Trappe sous l'abbé de Rancé, un grand réformateur. Les moines se nourrissent seulement de pain et d'eau une grande partie de l'année, dorment très peu. Ils meurent en nombre[réf. nécessaire]. Cette pénitence extrême est contestée. Quand la chute de Napoléon permet aux moines de revenir en France, Augustin de Lestrange n'est plus considéré comme le chef des « trappistes ». Il meurt le à l'abbaye de Vaise, à Lyon. Malgré ses erreurs et ses excès, il a grandement contribué à la pérennité de la vie monastique en France et au-delà. En 1892, les trappistes se rassemblent au sein de l’Ordre des cisterciens réformés de Notre-Dame de la Trappe, appelé plus tard Ordre cistercien de la stricte observance. En janvier 2009, les héritiers d'Augustin de Lestrange comptaient 1937 moines et 1799 moniales, dans tous les continents.

Notes et références[modifier | modifier le code]

Voir aussi[modifier | modifier le code]

Bibliographie[modifier | modifier le code]

  • André Saurin et Augustin Pignard, Vie du vénérable abbé dom Augustin de Lestrange, supérieur général des trappistes, Aix, Chez Pontier imprimeur, , 236 p. (lire en ligne)
  • Abbé Damourette, « Notice historique sur dom Augustin de Lestranges », Revue du Centre : littérature, histoire, archéologie, sciences, statistique et beaux-arts, t. 11, no 11,‎ , p. 549-558 (lire en ligne)
  • A. H. Laffay, Dom Augustin de Lestrange et l'avenir du monachisme : 1754-1827, Paris, Les Éd. du Cerf, , 659 p. (ISBN 978-2-204-05645-8).
  • Josiane Ferrari-Clément, Fous de Dieu : récit d'une odyssée trappiste, 1793-1815, Genève Paris, Slatkine Cerf, , 223 p. (ISBN 978-2-204-05920-6).
  • [Marie de la Trinité Kervingant 1989] Marie de la Trinité Kervingant, Des moniales face à la Révolution française : aux origines des Cisterciennes-Trappistines, Paris, Éditions Beauchesne, coll. « Religions, société, politique » (no 14), , 408 p. (ISBN 978-2-7010-1182-0, OCLC 20234091, lire en ligne)

Articles connexes[modifier | modifier le code]

Liens externes[modifier | modifier le code]