Augustins — Wikipédia

Augustins.

Les Augustins désignent l'ensemble des clercs réguliers vivant selon les principes définis par la règle de saint Augustin. Ce texte est une lettre authentique d'Augustin d'Hippone donnant des normes de vie religieuse communes à une communauté d'hommes (non identifiée), mais qui n'a rien à voir avec les amis groupés autour de lui, dont il parle dans ses Confessions. Augustin d'Hippone lui-même n'a jamais eu l'intention de fonder un ordre religieux au sens institutionnel du terme.

Plusieurs familles religieuses de nature différente se réfèrent de la sorte à saint Augustin. Les unes portent directement son nom et forment un ordre spécifique (ordre de Saint Augustin [O.S.A.], anciennement les ermites de saint Augustin [O.E.S.A.], chanoines réguliers de saint Augustin [C.R.S.A.]), les autres suivent sa règle tout en adoptant en plus des constitutions propres qui précisent certains détails de l'organisation de leur vie, par exemple les Dominicains.

Ordres masculins[modifier | modifier le code]

Abbr. Nom officiel Nom commun Nom en latin
A.A. Augustins de l'Assomption Assomptionnistes Congregatio Augustinianorum ab Assumptione
C.R.S.A. Chanoines réguliers de saint Augustin Ordo Canonicorum Regularium Sancti Augustini
O.A.D. Ordre des Augustins déchaux Augustins Ordo Augustiniensium Discalceatorum
O.A.R. Augustins récollets Récollets Ordo Augustinianorum Recollectorum
O.E.S.A. Ermites de saint Augustin Ordo Eremitarum Sancti Augustini
O.S.A. Ordre de Saint Augustin Ordo Fratum Sancti Augustini

Les chanoines réguliers de saint Augustin (C.R.S.A.)[modifier | modifier le code]

Dès le haut Moyen Âge, le pouvoir séculier et ecclésiastique entreprit de réformer la vie du clergé de certaines églises en le plaçant sous l'autorité de la règle de saint Augustin ou de Chrodegang, évêque de Metz.

Ce mouvement conduit à organiser la vie de chanoines réguliers de saint Augustin (C.R.S.A.). Certaines de ces communautés se développèrent autour de centres de pèlerinage et de dévotion, comme Saint-Sernin de Toulouse, Saint-Amable de Riom ou Saint-Maurice d'Agaune, ou en fonction de finalités caritatives ou apostoliques particulières inspirées par des personnalités charismatiques tels les chanoines du Grand-Saint-Bernard, les chanoines de Saint-Victor de Paris, d'Arrouaise, de Saint-Ruf, etc.

Les ordres nouveaux du XIIIe siècle[modifier | modifier le code]

Au concile de Latran IV (1215), l'Église prescrit aux ordres nouveaux de choisir entre les règles monastiques traditionnelles ou la règle de saint Augustin. Tous les mouvements nouveaux qui ne voulaient pas être astreints à la stabilité monastique ou à ses conditions économiques adoptèrent donc la règle de saint Augustin comme texte fondamental, tout en y associant des statuts conformes à leur vocation particulières. Ainsi fit saint Dominique pour les frères prêcheurs.

Ordre de saint Augustin (O.E.S.A puis O.S.A.)[modifier | modifier le code]

L'ordre de saint Augustin (auparavant ermites de Saint Augustin en latin Ordo Eremitarum Sancti Augustini) forment un ordre mendiant appelé aussi ordre des grands augustins. Le par la bulle Licet ecclesiæ catholicæ[1], le pape Alexandre IV décida de regrouper et d'organiser selon les principes de la règle de saint Augustin plusieurs groupuscules issus de l'érémitisme du XIIe siècle. Il les plaça sous la direction de Lanfranc. L'ordre fut définitivement approuvé lors du deuxième concile de Lyon en 1274. Les augustins se vouaient surtout à la prédication, rivalisant avec les dominicains. Ils portaient à l'origine un vêtement gris comme les franciscains. Ils prirent dans la suite un vêtement noir ou blanc, à larges manches, attaché autour du corps par une ceinture de cuir.

Répondant à l'attente générale, le pape Sixte V nomme Gregorio Petrocchini (1535-1612) supérieur général de l'ordre lors du chapitre célébré à Rome en 1587, après la mort du P. Spirito Vicentini, avant de le créer cardinal, lors du consistoire du .

À Paris, les grands augustins ou augustins chaussés, établis dès 1259, ne relevaient que de Rome. Leur couvent situé sur l'emplacement de la rue Dauphine actuelle, servit souvent aux assemblées du clergé et du parlement. À Paris, quatorze d'entre eux desservaient la chapelle des Louanges de la rue dite « des Petits-Pères », bâtie en 1609 par Marguerite de Valois et devenue par la suite chapelle de l'hôpital de la Charité.

À Toulouse, le couvent des augustins de Toulouse a toujours abrité des ermites de Saint-Augustin depuis la fin du XIIIe siècle.

Les autres ordres dans la famille augustine[modifier | modifier le code]

L'ordre des augustins récollets (O.A.R.)[modifier | modifier le code]

Symboles des Agustins Recollets.

En , un groupe de prêtres augustins se sont rencontrés au chapitre de Tolède pour demander une maison pour ceux qui voudraient vivre plus la vie de prière. Le chapitre a approuvé la demande et l'ordre des augustins récollets. Après 38 ans, la province est élevée au niveau d'une congrégation. Ça veut dire qu'il peut se diviser en ses propres provinces. Et parmi les premières missions de la congrégation sont celles de la Columbie (où ils sont connus comme les pères Candelaries) et des Philippines. Depuis l'occupation espagnole aux Philippines, les augustins récollets (ou simplement les récollets) sont un des ordres qui évangélisent les îles.

Finalement, le Vatican a élevé la congrégation au niveau d'un ordre mendiant en 1912 et elle devenue la dernière parmi les ordres mendiants du monde. Aujourd'hui, il y a environ de 1200 religieux récollets dans le monde entier (dont environ 900 sont prêtres). Il existe aussi plusieurs congrégations pour les femmes, par exemple les sœurs augustines récollets à Manille.

À part des groupes religieux, il existe aussi la Fraternité séculière augustin récollets pour les laïcs et les Jeunes augustins récollets. La présence des augustins récollets est plus forte en Espagne, aux Philippines et en Colombie. Actuellement[Quand ?], ils se trouvent dans 19 pays divisés en 8 provinces.

Les augustins déchaussés ou augustins déchaux (O.A.D.) (Petits Pères)[modifier | modifier le code]

Ordre mendiant issu d'une réforme de l'ordre des ermites de Saint-Augustin ; par imitation de la réforme des carmes ils se distinguaient des grands augustins par le fait de marcher pieds nus : cette branche, née en 1574 de la réforme du Portugais Thomas de Jésus, se répandit bientôt en France et en Italie. Les religieux de la congrégation française (XVIIe siècle) étaient familièrement appelés petits pères pour les distinguer des grands augustins. François Amet et Matthieu de Sainte-Françoise-romaine introduisirent la réforme en France dans la première décennie du XVIIe siècle. Comme tous les religieux, ils font les trois vœux de pauvreté, chasteté et obéissance ; ceux de la congrégation d'Italie font en plus celui d'humilité. Ils comptent environ 185 membres dans le monde. La branche de France s'est éteinte à la Révolution.

À Paris, après avoir acquis une partie du fief de la Grange-Batelière, les augustins déchaussés ou Petits Pères occupaient le couvent de Notre-Dame-des-Victoires, fondé par Louis XIII le . Ils faisaient partie de la province dite de France qui, avec celles de Dauphiné et de Provence, constituait la congrégation de France des augustins déchaussés. L'ordre, arrivé en France depuis l'Italie, s'est rapidement implanté en Dauphiné et en Provence. L'installation dans le Nord du Royaume a été plus compliquée puisqu'une première tentative pour ouvrir un couvent à Paris entre 1610 et 1615 s'est soldée par un échec. La fondation royale de 1629 a permis aux religieux d'essaimer dans les villes alentour (Saint-Germain-en-Laye, Clairefontaine, Rouen…), mais cette expansion s'est achevée dès le milieu du XVIIe siècle.

Les Petits Pères obtinrent plusieurs réformes adoucissant leurs constitutions très austères. La dernière, en 1746, les autorisa à porter des chaussures. Ils changèrent alors de nom et prirent celui d'augustins réformés. Après près d'un siècle de stabilité, l'ordre a rencontré des difficultés de recrutement et a subi, comme d'autres, des fermetures ordonnées par la commission des réguliers. Les couvents restants, y compris celui de Paris, ont été fermés comme à la Révolution française et les religieux se sont alors dispersés. L'église Notre-Dame-des-Victoires, rouverte au culte sous l'Empire, est devenue une paroisse puis, au XIXe siècle, un lieu de pèlerinage réputé[2].

Les Assomptionnistes (créés à Nîmes en 1845) ont aussi adopté la règle de saint Augustin.

Les ordres féminins[modifier | modifier le code]

Abbr. Nom officiel Nom commun Nom en latin
A.M. Sœurs augustines missionnaires
A.R.V. Augustines récollettes du Sacré-Cœur de Jésus Augustiniorum Recollectorum in Venetiola
C.B.M.V. Chanoinesses de Saint-Augustin de la Congrégation Notre-Dame Congregatio Beatæ Mariæ Virginis
O.S.M. Ordre des Servites de Marie Servites de Marie Ordo Servorum Beatæ Virginis Mariæ
O.SS.S. Ordre de Sainte-Brigitte Brigittines Ordo Sanctissimi Salvatoris Sanctæ Brigittæ
O.S.U. Ordre de Sainte-Ursule Ursulines Ordo Sanctæ Ursulæ
V.S.M. Ordre de la Visitation Visitandines Ordo Visitationis Beatissimæ Mariæ Virginis
A.M.J. Augustines de la miséricorde de Jésus
Augustines de l'ordre de la Pénitence de la Madeleine,
devenues sœurs augustines de Saint-Magloire
Augustines de Notre-Dame de Paris
(née en 1977 de l'union des augustines de l'Hôtel-Dieu de Paris (VIIe siècle) et des augustines du Précieux Sang d'Arras (XIIIe siècle))
Augustines du Saint-Cœur de Marie d'Angers
Augustines de l'Immaculée-Conception de Cambrai
Augustines de Meaux (XIIIe siècle)
Sœurs de Notre-Dame-de-l'Église
Augustines.

Placées également sous le vocable de Saint-Augustin, les augustines suivent la règle que donna saint Augustin à un monastère fondé par sa sœur à Hippone, se vouent à la garde des malades et au service des hôpitaux et portent une robe noire serrée par une ceinture de cuir.

L'Hôtel-Dieu de Paris était desservi par des augustines.

Depuis lors, d'autres ordres se sont mis sous l'égide de saint Augustin :

Notes et références[modifier | modifier le code]

  1. Pierre Salies, Les Augustins : origine, construction et vie du grand couvent toulousain au Moyen Âge (XIIIe – XVIe siècles), Archistra, , p. 15.
  2. J.-M. Barbiche, Les Augustins déchaussés de Notre-Dame-des-Victoires, thèse de l'École des chartes, 2007, lien.

Voir aussi[modifier | modifier le code]

Articles connexes[modifier | modifier le code]

Liens externes[modifier | modifier le code]