Avenue Henri-Martin — Wikipédia

16e arrt
Avenue Henri-Martin
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L'avenue Henri-Martin.
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Situation
Arrondissement 16e
Quartier La Muette
Porte-Dauphine
Début 77, rue de la Pompe
Fin 77, boulevard Lannes et place de Colombie
Morphologie
Longueur 663 m
Largeur 40 m
Historique
Création 6 mars 1858
Dénomination Arrêté du
Géocodification
Ville de Paris 4500
DGI 4567
Géolocalisation sur la carte : Paris
(Voir situation sur carte : Paris)
Avenue Henri-Martin
Géolocalisation sur la carte : 16e arrondissement de Paris
(Voir situation sur carte : 16e arrondissement de Paris)
Avenue Henri-Martin
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L'avenue Henri-Martin est une voie du 16e arrondissement de Paris, en France.

Situation et accès[modifier | modifier le code]

L'avenue Henri-Martin est une voie publique située dans le 16e arrondissement de Paris. Elle débute au 77, rue de la Pompe et se termine au 77, boulevard Lannes et place de Colombie. Elle mesure 663 mètres de long et sa largeur est de 40 mètres[1].

Une piste cavalière sablée permettait aux cavaliers d'aller au Bois depuis l'École militaire, jusqu'à la fin des années 1970. Elle a été transformée en place de stationnements résidentiels. Une piste cyclable protégée a été mise en place au milieu de la voie mais, faute d'achèvement, débouche sur la porte de la Muette et sur sa circulation dense et rapide de manière inattendue pour les usagers non prévenus.

La mairie du 16e arrondissement est au no 71[1].

L’avenue est desservie par la ligne 9 à la station Rue de la Pompe et par la ligne C du RER, à la gare de l'avenue Henri-Martin.

Origine du nom[modifier | modifier le code]

Henri Martin, historien.

L’avenue tient son nom d’Henri Martin (1810-1883), historien français, maire du 16e arrondissement.

Historique[modifier | modifier le code]

L’avenue est tracée de 1862 à 1868 sous la direction d’Adolphe Alphand. Les travaux d'ouverture produisent de chaque côté de la voie des déblais pouvant atteindre jusqu’à 10 mètres de hauteur[2].

Initialement dénommée « avenue de l’Empereur » (dont elle ne constitue alors qu’une partie, l’autre étant l’actuelle avenue du Président-Wilson), elle prend en 1877 le nom d’ « avenue du Trocadéro » puis reçoit par décret, le 3 décembre 1885[3], sa dénomination actuelle[2]. La partie comprise entre la place du Trocadéro et la rue de la Pompe prend le nom d’« avenue Jean-Chiappe » en 1941, puis le nom d’« avenue Georges-Mandel » en 1945[1]. La partie située au débouché du boulevard Flandrin est nommée « place Tattegrain » en 1955[4].

Le 6 avril 1919, une importante manifestation de protestation à la suite de l’acquittement du meurtrier de l’homme politique Jean Jaurès (1859-1914) se déroule sur l’avenue. Plusieurs dizaines de milliers de personnes (30 000 selon les uns, 300 000 selon les autres) défilent, drapeaux rouges déployés, de la place du Trocadéro au square Lamartine, où a été installé provisoirement un buste de l’homme politique[5].

Bâtiments remarquables et lieux de mémoire[modifier | modifier le code]

Une partie de l'avenue ayant été renommée dans les années 1940 (voir supra), la numérotation de l'actuelle avenue commence au no 58 pour les chiffres pairs et au no 71 pour les chiffres impairs. Pour les numéros inférieurs, voir l'article avenue Georges-Mandel.

  • Entre le no 70 et le no 72 se trouve le square Lamartine[6].
  • No 72 (et 4, square Lamartine) : immeuble de 1922 construit par l’architecte Charles Labro[7]. En 1925, dans un appartement situé au 3e étage, le vol d’un million de bijoux est commis au préjudice d’une riche réfugiée russe. Une femme de chambre est soupçonnée, suspectée d’avoir agi pour le compte de « l’organisation secrète des soviets »[8].
  • No 78 bis : l'homme politique espagnol Juan Negrín y vit de 1947 jusqu'à sa mort, en 1956.
  • No 83 : immeuble de 1908. La disposition des pièces de l’appartement du premier étage, donnant sur l’avenue, était la suivante, de gauche à droite sur la photo ci-dessus[9] : grand salon, petit salon, 1re chambre ou billard, cabinet de toilette, 2e chambre, 3e chambre (l’appartement comptait 5 chambres au total). La cuisine, l’office et la « salle des gens » se trouvaient côté cour.
  • No 87 : immeuble de 1892 réalisé par l'architecte Albert Walwein.
  • No 90 : immeuble de style Art déco construit en 1927 par l’architecte Charles Labro[10].
  • No 91 : immeuble de sept étages construit en 1911 par les architectes Gustave Umbdenstock et Ernest Picard. Lauréat du concours de façades de la ville de Paris de 1912, l’immeuble est notamment remarquable par son impressionnante marquise. La diva australienne Nellie Melba (1861-1931), en l’honneur de laquelle a été créée la recette de la pêche Melba, y a résidé[11]. En juillet 2017, une manifestation d’opposants djiboutiens a eu lieu devant l’immeuble, domicile parisien du président de la république de Djibouti Ismaël Omar Guelleh, y dénonçant un bien mal acquis[12]. Le président djiboutien y occupe un appartement, qui lui sert de résidence lors de ses séjours à Paris, acheté en 2002 pour la somme de 2,25 millions d'euros[13].
  • No 101 : immeuble de 1891 ; architecte : Alfred Fasquelle. Dans les années 1920, Jean-Guy Bernard et Jacqueline Bernard, futurs résistants, y résident durant leur enfance[14]. En 1935, alors que le futur président de la République Valéry Giscard d’Estaing entre au lycée Janson-de-Sailly, sa famille emménage à cette adresse[15]. Ce numéro abrite les bureaux de l'Abwehr[16] pendant la Seconde Guerre mondiale.
  • No 103 : la marquise de Crussol y tient salon le mercredi, dans l'entre-deux-guerres[17]. S'y retrouvent de grands noms de la littérature[18] et de la politique, de gauche comme de droite[19].
  • No 107-113 : groupe d'immeubles situés à l'emplacement de la villa où mourut Alphonse de Lamartine (1790-1869), le 28 février 1869 (plaque apposée sur la façade du no 111 en 1912). À ce niveau de l'actuelle avenue se trouvait en effet un chalet doté d'un jardin, concédé par la ville en 1859 à l'écrivain, sa femme et sa nièce, chanoinesse de Césiat. En 1879, cette dernière rétrocède à la municipalité son droit de jouissance sur la propriété en échange d'une rente viagère de 12 000 francs. La ville de Paris la vend ensuite à un spéculateur pour 478 000 francs, qui fait démolir le chalet et lotir le site. Trois immeubles sont construits, dont, au no 107, un hôtel particulier pour les frères galeristes Josse et Gaston Berheim. La chanoinesse de Césiat y meurt en 1894[1].
    Entre 1859 et 1898, on comptait également, à hauteur de l'actuel no 109, une des entrées du jardin fleuriste de la Muette[1].
    Le , devant le no 113, un militant du groupe terroriste d’extrême gauche Action directe est interpellé, alors qu’il se trouve en compagnie de deux autres individus à proximité d’une voiture stationnée devant l’immeuble. Dans le véhicule, qui se révèlera volé, les policiers vont trouver plusieurs armes, dont une mitraillette[20].
  • No 109 : la romancière et poétesse Anna de Noailles a résidé à cette adresse dans les années 1900, avant de déménager rue Scheffer en 1910 ; elle y a accouché de son unique enfant, Anne-Jules de Noailles (1900-1979)[21]. De nos jours y est installée l'ambassade du Bangladesh en France.
  • No 115 : immeuble-îlot Art déco de 1931, de style « paquebot »[22], entre l'avenue Henri-Martin et les rues Octave-Feuillet, de Franqueville et Georges-Leygues ; architecte : Michel Roux-Spitz[10].

Bâtiment démoli[modifier | modifier le code]

  • No 115 : hôtel particulier de H. Cornudet, député de Seine-et-Oise. De 1914 à 1919, pendant la Première Guerre mondiale, il abrite l’hôpital auxiliaire no 287, qui compte 40 lits, une salle d’opérations, une chambre d’isolement pour les malades difficiles, un dépôt mortuaire avec une petite chapelle... Les salons de l’hôtel, dits rouge et noir, sont transformés en dortoirs pour les soldats blessés, qui peuvent se promener dans les jardins et dans le bois de Boulogne tout proche[25].

Aspects culturels notables[modifier | modifier le code]

Dans la littérature[modifier | modifier le code]

Dans les jeux de société[modifier | modifier le code]

  • L'avenue Henri-Martin est la case ayant la fréquence de visite la plus élevée de toutes les cases du Monopoly[26],[27].

Notes et références[modifier | modifier le code]

Notes[modifier | modifier le code]

  1. À noter qu'il existe dans le même quartier, dans le jardin du Ranelagh, une autre statue de l'écrivain, Vision du poète, de Georges Bareau.

Références[modifier | modifier le code]

  1. a b c d et e Jacques Hillairet, Dictionnaire historique des rues de Paris, Éditions de Minuit, septième édition, 1963, t. 1 (« A-K »), « Avenue Henri-Martin », p. 631.
  2. a et b Auguste Doniol, « Notes sur l’histoire des avenues et rues de Passy », Bulletin de la Société historique d'Auteuil et de Passy, 1er janvier 1901.
  3. Recueil des lettres patentes, ordonnances royales, décrets et arrêtés préfectoraux concernant les voies publiques, Ville de Paris, 1886-1902.
  4. « Avenue Henri-Martin », www.v2asp.paris.fr.
  5. « La manifestation à la mémoire de Jean Jaurès », Le Petit Journal, 7 avril 1919, sur RetroNews.
  6. Jacques Hillairet, Dictionnaire historique des rues de Paris, Éditions de Minuit, septième édition, 1963, t. 2 (« L-Z »), « Square Lamartine », p. 17.
  7. Demandes de permis de construire parisiens, volume 6, Archives départementales de Paris.
  8. « Un million de bijoux volés par une femme de chambre », Le Petit Journal, 28 avril 1925, sur RetroNews.
  9. Plan conservé par les Archives départementales de Paris.
  10. a et b Protections patrimoniales, 16e arrondissement, Ville de Paris, Règlement du PLU, tome 2, annexe VI, p. 340 à 432.
  11. (en) Ann Blainey, Marvellous Melba: The Extraordinary Life of a Great Diva, Ivan R. Dee, 2009.
  12. « Djibouti : la France doit discuter avec l’opposition », 18 juillet 2017, sur Courrier blogs.
  13. David Bensoussan, « L’enquête sur les biens mal acquis de Djibouti s’accélère », Challenges, 29 avril 2022.
  14. « Jean Guy BERNARD », sur Convoi 77 (consulté le )
  15. Jean-Marc Philibert, L’Argent de nos présidents, Max Milo Éditions, 2008 (ISBN 978-2-31500-189-7).
  16. « Suivez le guide de la Gestapo à Paris », www.noemiegrynberg.com.
  17. Dominique Lacan, « La débâcle de 1940 : tout va très bien, madame la marquise », sur lesparisdld.com, 7 août 2011 (consulté le 7 août 2022).
  18. Éric Teyssier, « Les reines d'une République aux abois », sur historia.fr, juin 2020 (consulté le 7 août 2022).
  19. Les Nouvelles littéraires, 7 juillet 1934.
  20. « Arrestation d’un militant d'Action directe », Le Monde, 26 février 1982.
  21. « Actes d’état civil », Archives de Paris, V4E 10063, page 14.
  22. Gilles Plum, Paris Art déco. Immeubles, monuments et maisons de l’entre-deux-guerres (1918-1940) , Parigramme, 2008 (ISBN 978-2840964773).
  23. « Sur les traces de Rodin dans la capitale », Le Figaroscope, semaine du 22 au 28 mars 2018, p. 14.
  24. « Monument à Victor Hugo – Paris, 75016 », sur e-monumen.net/ (consulté le ).
  25. Clémentine Sanchez, « L’hôpital auxiliaire no 287 pendant la Grande Guerre », Archives départementales du Val-d'Oise.
  26. Sébastien Ferenczi, Rémy Jaudun et Brigitte Mossé, « Rendez-vous avenue Henri Martin ou comment gagner au Monopoly grâce aux chaînes de Markov », Quadrature, no 19,‎ (lire en ligne).
  27. Michel Brassine et Maryse Raffin, « Le Monopoly », Jeux et Stratégie, no 20,‎ , p. 34-38.

Annexes[modifier | modifier le code]

Articles connexes[modifier | modifier le code]

Liens externes[modifier | modifier le code]