Béatification — Wikipédia

Béatification de Jean-Paul II par le pape Benoît XVI, le Dimanche de la divine Miséricorde 2011.

La béatification est la déclaration, par décret pontifical, qu'une personne de foi chrétienne a pratiqué les vertus naturelles et chrétiennes de façon exemplaire, ou même héroïque. De plus, la reconnaissance d'un miracle obtenu par son intercession suppose que la personne est au paradis.

La publication de ce décret est suivie d'une célébration solennelle de béatification. La vénération publique de celui ou celle qui est alors appelé bienheureux ou bienheureuse est par la suite autorisée localement. Il faut attendre la canonisation pour que le culte soit étendu à toute l'Église.

Il existe un nombre indéterminé de bienheureux et bienheureuses par acclamation populaire et près de 3000 bienheureux et bienheureuses officiels, à ne pas confondre avec les milliers de saints et saintes.

Historique[modifier | modifier le code]

Aux premiers temps de l'Église, il n'y avait pas de bienheureux. Seuls les martyrs et les confesseurs de la foi étaient vénérés comme saints dès le IIIe siècle. La procédure de béatification s'élabora progressivement au Moyen Âge par strates : était déclaré bienheureux une personne qui jouissait de la « vision béatifique » (la contemplation face à face de l'essence même de Dieu) et était dans la gloire du Ciel[1]. Le bienheureux, élu par acclamation populaire (la vox populi), bénéficiait uniquement d'un culte local. Alors que la procédure de canonisation fut prise en main à partir du XIIe siècle par la papauté à Rome, celle de béatification se poursuivit à l’échelle locale jusqu'au XIIIe siècle avant de se fixer au concile de Trente qui réservait au pape le droit de dire qui pouvait être vénéré[2].

Au sein de l’Église catholique[modifier | modifier le code]

But et intention[modifier | modifier le code]

Béatification et canonisation ont pour but, de la part de l'Église catholique, de proposer au peuple chrétien des exemples de vies éminemment chrétiennes.

Vénération et prières sont proposées ou autorisées, localement s'il s'agit d'une béatification (ou même universellement — dans certains cas — s'il en est décidé ainsi). Le culte se traduit par l'attribution d'un jour de commémoration au calendrier liturgique, autant que possible celui de la mort terrestre (ou « naissance au Ciel », selon l'expression classique du martyrologe) de l'intéressé.

Pour les catholiques, ce culte de dulie n'est pas à confondre avec la commémoration des défunts. Ce n'est pas non plus un culte des morts. Les Bienheureux et les saints participent à la vie même de Dieu dans l'éternité, et ils y sont en compagnie de tous « Ceux qui meurent dans la grâce et l'amitié de Dieu, et qui sont parfaitement purifiés, vivent pour toujours avec le Christ. Ils sont pour toujours semblables à Dieu, parce qu'ils Le voient tel qu'Il est, face à face» (CEC n°1023). Dans la foi, une communion spirituelle et mystique s'établit avec eux ; c'est la communion des saints. La croyance à la communion des saints et à la vie éternelle font partie du symbole de foi. Voir aussi le Code de droit canonique de 1983, canons 1186-1187 et suivants.

En principe[3], un bienheureux ne peut pas être choisi comme patron titulaire pour la dédicace d'une église, ce « privilège » étant réservé aux saints dûment canonisés.

Aujourd'hui, la béatification est souvent la première étape, nécessaire mais non suffisante, vers la sainteté. La Congrégation pour les causes des saints statue uniquement sur base des pièces du dossier, constitué à l'issue du procès diocésain, et défendu par le postulateur de la cause .

Procédure[modifier | modifier le code]

Une béatification n'aboutit qu'après une longue procédure (ou procès) préparatoire ; elle est mise en route par l'évêque du lieu où le serviteur de Dieu a vécu la majeure partie de sa vie d'adulte, généralement celui où il est décédé.

Selon l'article 9a des Normes pour la cause des saints (Novæ leges pro causis sanctorum), promulguées le , les évêques doivent attendre cinq ans après la mort de la personne concernée avant d'introduire sa cause, afin que l'émotion n'entre pas en ligne de compte.

Cependant, le pape peut faire exception à cette règle. Ainsi, Jean-Paul II a béatifié mère Teresa en 2003, seulement six ans après sa mort survenue en 1997. La béatification de Jean-Paul II a été prononcée le dimanche par son successeur Benoît XVI six ans après sa mort.

La Congrégation pour les causes des saints a promulgué en 2007 la version actuelle des règles à suivre pour le procès diocésain[4].

La phase diocésaine qui a recueilli tous les témoignages et compilé la documentation dure en moyenne de un à cinq ans. L'évêque charge de ce travail une commission canonique (historiens, théologiens) qui fait une étude critique des écrits et recueille des témoignages. La demande y est soutenue par le postulateur qui peut représenter tantôt le diocèse lui-même, tantôt un groupe de fidèles, tantôt la famille religieuse à laquelle appartenait le serviteur de Dieu,... Elle fait appel aux témoins — favorables ou défavorables — et examine les écrits. Si les résultats de cette première enquête sont positifs, la phase diocésaine est solennellement conclue par l'évêque. L'ensemble des documents et témoignages recueillis est transmis à Rome et présenté par le postulateur à la Congrégation pour les causes des saints, qui mène l'instruction finale. Si la Congrégation accepte le dossier, un collège de cardinaux et d'évêques se prononce sur l'héroïcité des vertus. Le « décret d'héroïcité des vertus » qui fera du serviteur de Dieu un vénérable est soumis à l'approbation pontificale. En cas de décision favorable, le décret est publié[5] et le nouveau vénérable pourra faire l'objet d'un culte public, c'est-à-dire que son image pourra être exposée dans les églises et les chapelles et que des prières, publiques ou privées, pourront demander son intercession en vue de l'obtention d'un miracle portant sur une guérison physique. Ce miracle doit avoir été reconnu successivement :

  • par une commission médicale, sur base d'un dossier qui permet d'établir avec certitude la pathologie préexistante et le caractère inexplicable de la guérison en l'état actuel de la science;
  • par une commission de théologiens chargés de vérifier dans quelle circonstances le miracle s'est produit. En effet, le miracle doit avoir été obtenu par l'intercession de la personne concernée.

Seule exception à la règle générale, il n'est pas exigé de miracle pour la béatification d'un martyr[6]. Mais il est indispensable que le procès ait permis de mettre en évidence que les auteurs étaient mus par l'odium fidei, la haine de la foi, et non par quelque autre motif de tuer. « Le martyr rend témoignage au Christ, (...) Il rend témoignage à la vérité de la foi et de la doctrine chrétienne. Il supporte la mort par un acte de force. » (CEC n°2473).

Promulgation[modifier | modifier le code]

La déclaration de béatification se fait lors d'une liturgie eucharistique solennelle, après la proclamation de l'Évangile. Aucun rite liturgique particulier n'y est attaché.

Le pape Jean-Paul II a, durant de son pontificat, voulu illustrer la vocation universelle à la sainteté en promouvant des hommes et des femmes appartenant à tous les états de vie. Jusqu'en , il a béatifié 1 340 personnes, soit plus que l'ensemble des béatifications effectuées par ses prédécesseurs depuis le pape Sixte V.

Quelques bienheureux[modifier | modifier le code]

Notes et références[modifier | modifier le code]

  1. Christian Trottmann, La vision béatifique, des disputes scolastiques à sa définition par Benoît XII, École française de Rome, , p. 3-7.
  2. Yves Poutet, La sainteté d'après le droit canon et les normes en usage pour les causes de béatification du Concile de Trente à nos jours, Histoire et Sainteté, Presses de l'Université, 1982, p. 53-64.
  3. Sauf indult du Saint-Siège : cf. commentaires du canon 1218.
  4. Congrégation des causes des saints.
  5. « Béatification et canonisation dans l'Église catholique », La Croix,‎ (lire en ligne, consulté le ).
  6. Henri Schwery, Saints et sainteté. Les saints parmi nous, Éditions Saint-Augustin, , p. 87-88.
  7. Béatification de 498 martyrs de la persécution religieuse en Espagne.
  8. « Bienheureux Carlo Acutis », sur nominis.cef.fr (consulté le )

Voir aussi[modifier | modifier le code]

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Articles connexes[modifier | modifier le code]

Liens externes[modifier | modifier le code]