Banque Zitouna — Wikipédia

Banque Zitouna
(مصرف الزيتونة)
logo de Banque Zitouna
Logo de la Banque Zitouna.

Création 2010[1]
Fondateurs Mohamed Sakhr El Materi
Slogan Des valeurs à partager
Siège social Le Kram[2]
Drapeau de la Tunisie Tunisie
Direction Nabil El Madani (DG)
Activité Banque
Produits Finance islamique
Effectif 1 055 en 2019[3]
Site web banquezitouna.com

Capitalisation 265 millions (TND) en 2019[3]
Fonds propres 346 millions (TND) en 2019[3]
Résultat net 24,3 millions (TND) en 2019[3]

La Banque Zitouna (arabe : مصرف الزيتونة) est une banque commerciale tunisienne spécialisée dans la finance islamique, soit la commercialisation de produits financiers respectueux de la charia.

Elle est fondée en 2009 par l'homme d'affaires tunisien Mohamed Sakhr El Materi, gendre de l'ancien président de la République tunisienne Zine el-Abidine Ben Ali, avec une ouverture au public en 2010.

Le , la banque est placée par la Banque centrale de Tunisie (BCT) sous administration provisoire. En 2018, l'État cède ses 69,15 % du capital au groupe qatari Majda.

Historique[modifier | modifier le code]

En , Mohamed Sakhr El Materi obtient l'agrément des autorités monétaires tunisiennes pour créer la banque commerciale Zitouna. Le , la constitution de la banque, dotée d'un capital de départ de 30 millions de dinars[4], est annoncée par une publication au Journal officiel de la République tunisienne ; elle a pour objet l'exercice de toutes opérations bancaires, l'octroi de financements, l'exercice à titre d'intermédiaire des opérations de change, la mise à disposition de la clientèle et la gestion des moyens de paiement[5].

La Banque Zitouna démarre officiellement ses activités le [6]. Peu de temps après son démarrage, la Banque Zitouna voit son capital doubler et atteindre 70 millions de dinars ; cette augmentation constitue la deuxième opération de renforcement des capitaux de la banque[7].

À l'automne 2010, le groupe Zitouna et son fondateur sont mentionnés dans les notes diplomatiques américaines révélées par le site WikiLeaks comme illustration de la « quasi-mafia » autour de l'ancien président Zine el-Abidine Ben Ali[8],[9].

En , à la suite de la révolution tunisienne qui met fin au régime Ben Ali, Mohamed Sakhr El Materi s'enfuit à l'étranger[10] et les clients se ruent vers les agences pour retirer leurs fonds[11],[12]. Le 19 janvier 2011, la Banque Zitouna est placée sous le contrôle de la Banque centrale de Tunisie (BCT) qui lui désigne un administrateur provisoire[11],[12]. Un processus de nationalisation de la banque serait envisagé[13],[14] ; le décret-loi du , paru dans le Journal officiel de la République tunisienne du , confisque tous les biens mobiliers, immobiliers et avoirs de 110 personnes, dont El Materi, ce qui se traduit par la nationalisation de la banque.

En , alors que le mandat de l'administrateur provisoire, Slaheddine Kanoun, arrive à échéance, Ezzeddine Khouja est nommé directeur général de la Banque Zitouna ; ce dernier est alors le secrétaire général du Conseil des banques et des établissements financiers islamiques[15]. Rapidement, il est mis fin à l'administration provisoire et, lors de l'assemblée générale du , un nouveau conseil d'administration est nommé.  En même temps, un nouveau PDG est élu et c'est logiquement Khouja qui remporte la mise. La banque devient la première banque islamique 100 % tunisienne[16] car l'État tunisien est l'actionnaire majoritaire de la banque[17].

Siège de la Banque Zitouna situé aux Berges du Lac.

Le , la Banque islamique de développement annonce avoir cédé ses parts dans le capital de la Banque Zitouna au groupe Triki, soit 25 084 739 actions (20,9 %) à un prix de 4,100 dinars l'action, pour une somme totale de 102,8 millions de dinars[18]. Début octobre, à la suite de l'appel d'offres international lancé par Al Karama Holding pour la cession de 69,15 % du capital, il est annoncé que c'est la société qatarie Majda Tunisia qui remporte cette dernière[19],[20].

Nabil El Madani est nommé directeur général de la Banque Zitouna en [21].

Le , un incendie ravage le siège social de la banque[22].

Polémiques[modifier | modifier le code]

Origine des fonds[modifier | modifier le code]

La Banque Zitouna est créée grâce à des fonds apportés par Mohamed Sakhr El Materi, dont l'origine de la fortune est fortement controversée. Il est alors actionnaire majoritaire, via sa holding détenant plus de 51 % du capital, à quoi s'ajoute un ensemble d'actionnaires composé par les principaux groupes privés tunisiens : groupe La Carte, groupe Poulina, groupe TTS, groupe Délice-Danone, groupe UTIC et groupe Bouchamoui[4].

Après avoir épousé en 2004 Nesrine Ben Ali, la fille aînée du président Zine el-Abidine Ben Ali et de Leïla Ben Ali[23],[24], El Materi acquiert l'année suivante 16 % du capital de la Banque du Sud (actuelle Attijari Bank), banque tunisienne alors en mains publiques. Pour cela, il emprunte directement les fonds à cette même Banque du Sud, grâce au soutien du pouvoir tunisien[24].

À cette époque, le groupe marocain Attijariwafa Bank et le groupe espagnol Banco Santander Central Hispano qui forment le consortium AndaluMaghreb souhaitent racheter la totalité des parts de la Banque du Sud et sont en concurrence avec BNP Paribas. Finalement, c'est AndaluMaghreb qui acquiert ces parts à un prix unitaire de 9,010 dinars par action ; BNP Paribas avait proposé moins de deux dinars par action. Il est à préciser qu'à cette époque l'action Attijari bank est cotée en bourse entre 6 et 7,5 dinars[25].

El Materi revend ainsi sa participation au groupe Banco Santander Central Hispano avec une forte plus-value ; cette vente est accompagnée d'une garantie donnée à l'acheteur par le gouvernement tunisien d'une baisse de 25 % du prix sur le reste du capital[24],[26].

La plus-value pour El Materi, estimée par Bakchich à 17 millions d'euros[24], est majoritairement ré-investie dans la société Ennakl, représentant exclusif de Volkswagen, Audi et Renault Trucks en Tunisie[26]. Cette société devient alors le fournisseur officiel de l'administration tunisienne[24].

Tentatives de récupération de l'islam politique[modifier | modifier le code]

La presse française mentionne la volonté d'instaurer un « islam officiel tunisien », en soulignant la connotation religieuse des initiatives entrepreneuriales d'El Materi : propriétaire de Zitouna FM depuis 2007, du groupe de presse Dar Assabah, il travaille depuis 2009 à un projet de chaîne télévisée islamique également baptisée Zitouna. Ce que Khemaïs Chammari, ancien secrétaire général de la Ligue tunisienne des droits de l'homme et membre de l'opposition tunisienne à l'ancien président, a assimilé à une « entreprise de récupération de l'islam politique » de la part du pouvoir tunisien[27],[26].

Notes et références[modifier | modifier le code]

  1. « Tunisie : la Banque Zitouna ouvrira à la fin du 1er trimestre 2010 », sur rekrute.com, (consulté le ).
  2. « Tunisie : ouverture officielle de la Banque Zitouna », sur babnet.net, (consulté le ).
  3. a b c et d « Rapport annuel 2019 » [PDF], sur zitouna.azureedge.net (consulté le ).
  4. a et b « Tunisie - Banque Zitouna : liste des actionnaires et composition du conseil d'administration », sur businessnews.com.tn, (consulté le ).
  5. « Tunisie : la Banque Zitouna, officiellement constituée », sur lesafriques.com, (consulté le )
  6. Anouar Chanoufi, « Zitouna Bank : 1re banque islamique tunisienne »(Archive.orgWikiwixArchive.isGoogleQue faire ?), sur tunivisions.net, .
  7. « Tunisie : augmentation du capital de la Banque Zitouna »(Archive.orgWikiwixArchive.isGoogleQue faire ?), sur tunipages-tn.com, .
  8. Marie Simon, « En Tunisie, une « quasi-mafia » entoure Ben Ali », L'Express,‎ (ISSN 0014-5270, lire en ligne, consulté le ).
  9. « WikiLeaks : corruption en Tunisie, « ce qui est à vous est à moi » », Le Monde,‎ (ISSN 0395-2037, lire en ligne, consulté le ).
  10. Aziz Zemouri, « La famille el-Materi-Ben Ali a quitté la France », Le Point,‎ (ISSN 0242-6005, lire en ligne, consulté le ).
  11. a et b « La BCT prend le contrôle d'une deuxième banque », L'Orient-Le Jour,‎ (ISSN 1564-0280, lire en ligne, consulté le ).
  12. a et b Oussama Nadjib, « La Banque Zitouna sous contrôle de la Banque centrale »(Archive.orgWikiwixArchive.isGoogleQue faire ?), sur maghrebemergent.com, .
  13. « Tunisie – Vers la nationalisation de la Banque Zitouna », sur businessnews.com.tn, (consulté le ).
  14. « Zitouna, une banque désormais publique », sur africanmanager.com, (consulté le ).
  15. « Tunisie. Ezzeddine Khouja à la tête de la Banque Zitouna », sur kapitalis.com, (consulté le ).
  16. « Tunisie : Ezzeddine Khouja, élu PDG de la Banque Zitouna », sur webmanagercenter.com, (consulté le ).
  17. « Banque Zitouna : Ezzedine Khoudja nouveau PDG ; Cheikhrouhou et Chouikha nouveaux administrateurs », sur tustex.com, (consulté le ).
  18. « Banque Zitouna : la BID cède 20,9% du capital au Groupe Triki », sur leconomistemaghrebin.com, (consulté le ).
  19. « Banque Zitouna et Zitouna Takaful vendues pour 370 MDT », sur leconomistemaghrebin.com, (consulté le ).
  20. « Banque Zitouna : le groupe qatari Majda remporte l'appel d'offres », Réalités,‎ (lire en ligne, consulté le ).
  21. Imen Zine, « Nabil El Madani, nouveau directeur général de la Banque Zitouna », sur leconomistemaghrebin.com, (consulté le ).
  22. « Ouverture d'une enquête suite à l'incendie du siège de la Banque Zitouna », sur webdo.tn, (consulté le ).
  23. Dominique Lagarde, « Deux livres dénoncent le clan de la première dame de Tunisie », L'Express,‎ (ISSN 0014-5270, lire en ligne, consulté le ).
  24. a b c d et e « Ben Ali & Co : le gendre préféré de Leïla emprunte l'argent à une banque pour en racheter des parts »(Archive.orgWikiwixArchive.isGoogleQue faire ?), sur bakchich.info, .
  25. Mohamed Zghal, « Privatisation de la BS : une nouvelle ère commence mardi prochain », Le Quotidien,‎ date inconnue (lire en ligne, consulté le ).
  26. a b et c Florence Beaugé, « Le parcours fulgurant de Sakhr El-Materi, gendre du président tunisien Ben Ali », Le Monde,‎ (ISSN 0395-2037, lire en ligne, consulté le ).
  27. Florence Beaugé, « En Tunisie, « le pouvoir mène une politique démagogique dangereuse » », Le Monde,‎ (ISSN 0395-2037, lire en ligne, consulté le ).

Liens externes[modifier | modifier le code]

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