Bataille de Dinant (1914) — Wikipédia

Bataille de Dinant
Description de cette image, également commentée ci-après
Le cimetière militaire français sur la citadelle de Dinant.
Informations générales
Date du 15 au
Lieu Dinant et ses environs (Belgique)
Issue Victoire tactique française
Victoire stratégique allemande
Belligérants
Drapeau de la France France Drapeau de l'Empire allemand Empire allemand
Commandants
Drapeau de la France Henry Victor Deligny
Drapeau de la France Joseph Émile Mangin
Drapeau de la France Henri Édouard Claudel
Drapeau de l'Empire allemand Max von Hausen
Drapeau de l'Empire allemand Karl von Bülow
Forces en présence
148e régiment d'infanterie
3e bataillon du 33e régiment d'infanterie
8e régiment d'infanterie
73e régiment d'infanterie
(Ier et IIe Corps d'armée[1])
12e bataillon de chasseurs de Freyberg
11e bataillon des Garde-Schützen
13e bataillon des Garde-Jäger
(3e armée allemande[1])
Pertes
1 200 soldats tués ou blessés
674 civils belges massacrés
3 000 soldats tués, capturés ou disparus

Première Guerre mondiale

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Coordonnées 50° 15′ nord, 4° 54′ est
Géolocalisation sur la carte : Belgique
(Voir situation sur carte : Belgique)
Bataille de Dinant
Géolocalisation sur la carte : province de Namur
(Voir situation sur carte : province de Namur)
Bataille de Dinant

La bataille de Dinant est une bataille de la Première Guerre mondiale qui opposa les troupes françaises à l'armée allemande, du 15 au 23 août 1914, pour le contrôle de la ville de Dinant, dans la province de Namur, en Belgique.

Elle est devenue tristement célèbre le 23 août 1914 par le massacre de 674 civils par les forces allemandes, notamment dans le quartier des Rivages et dans le village de Neffe.

Contexte historique[modifier | modifier le code]

Vue de la ville de Dinant en 1914.

Au début de la Première Guerre mondiale, l'armée allemande, qui combat sur deux fronts, décide de frapper vite et fort, dès le mois d'août. L'invasion de la Belgique et du Grand-duché de Luxembourg n'est qu'une étape dans l'avancée vers la France. Dinant, sur la Meuse, est située sur l'axe principal de l'invasion de l'armée impériale allemande.

La ville dispose d'une importance stratégique, située entre Mons et Liège et près des frontières française et allemande[2].

À partir du 6 août, les Allemands mènent des patrouilles de reconnaissance dans la région de Dinant.

Le 9 août, peu de temps après que l'Empire allemand a déclaré la guerre à la France, le 148e régiment d'infanterie de l'armée Française venant de Givet se déploie à Dinant et occupe la rive gauche de la Meuse[3].

Déroulement de la bataille[modifier | modifier le code]

Les forces en présence[modifier | modifier le code]

Au lever du jour, le samedi 15 août, allait se livrer la première bataille pour le contrôle de la Meuse à Dinant. Elle opposa l'armée française à l'armée allemande :

  • côté français : 16 compagnies et 4 sections de mitrailleuses, mais pas d'artillerie ;
  • côté allemand : 2 divisions de cavalerie, la division de la garde et la 5e division, appuyées par 3 bataillons d'infanterie, les 11e, 12e et 13e chasseurs.

Tentative de prise de la ville par les Allemands (15 août)[modifier | modifier le code]

Destructions à Dinant pendant la Première Guerre mondiale.

Une section du 148e régiment d'infanterie française établie dans la citadelle était en patrouille sur les hauteurs. Vers 5 heures du matin, la 12e compagnie du IIIe bataillon du 33e régiment d'infanterie française reçut l'ordre de monter à la citadelle et de s'y maintenir.

Vers 6 h du matin, l'armée allemande attaqua. Les 12e bataillon de chasseurs de Freyberg et 13e bataillon des Garde-Jäger lancèrent une attaque sur la ville. L'artillerie allemande, déployée à l'ouest de Sorinnes ouvrit le feu sur Dinant, touchant notamment la citadelle. L'Hospice, où le drapeau de la Croix-Rouge était arboré, reçut un des premiers obus. La 10e compagnie, commandée par le capitaine Bataille, fut envoyée en renfort pour tenter d'éloigner l'artillerie allemande, mais une mitrailleuse ennemie parvint à s'approcher et la défense se replia.

En attendant, les obus des canons de 77 allemands plurent aux abords du pont et sur la route de Philippeville, par où devaient arriver les renforts français. Parmi les troupes françaises qui occupaient le quartier de la gare et du pont, les pertes furent très lourdes : 2 officiers et 9 hommes de troupe tués, 57 blessés et 96 portés disparus.

Quatre bataillons français furent appelés en renfort. Les deux du 73e, arrivent d'Onhaye, sans trop d'encombre. Ceux du 8e, cantonné à Weillen, éprouvèrent plus de difficultés dans leur marche en avant. Ils furent la cible des mitrailleuses allemandes et perdirent plus de 350 soldats.

À 11 h, le général Deligny ordonna à l'artillerie française (21e RAC) de répliquer. Mais à 11 h 40, la citadelle tomba aux mains des Allemands malgré la défense des Français[1].

L'échec de l'armée allemande[modifier | modifier le code]

Vers 13h20, le général Deligny ordonna de reprendre chaque recoin de la ville. Le 27e régiment d'artillerie français entra en action. Les canons de 75 ripostèrent aux canons allemands et ils firent taire les mitrailleuses établies sur les crêtes de la citadelle.

Vers 16 h, le 8e régiment d'infanterie (RI) se regroupa et traversa la Meuse afin de reprendre la citadelle. Des éléments du 73e et du 8e grimpèrent audacieusement les 408 marches et les contreforts qui conduisent à la citadelle. Le drapeau allemand qui flottait depuis midi est remplacé par l'étendard français. Une vingtaine de soldats allemands furent faits prisonniers[4].

À la fin de la journée, les canons allemands cessèrent le feu et l'ennemi commença, vers 17 heures, une retraite précipitée, poursuivi par la cavalerie française, qui s'était approchée de la Meuse[1]. L'infanterie ramenée sur la rive gauche à la tombée de la nuit, s'établit dans la ville en cantonnement d'alerte.

Pendant la bataille du 15 août, deux dinantais furent tués : le facteur Narcisse Pirson et Léon Moussoux (55 ans), blessé dans l'exercice de sa mission. Porteur du brassard de la Croix-Rouge, il se rendait ce jour-là, vers 13 heures, rue Saint-Jacques, pour y porter secours à des soldats blessés. Il fut touché d'une balle dans la tête, tirée du haut du fort. Charles de Gaulle, lieutenant au 33e régiment d'infanterie d'Arras, dont c'est le premier combat, est touché à la jambe (« fracture du péroné par balles avec éclats dans l'articulation ») en ce 15 août[5].

La population dinantaise acclama les troupes françaises en chantant La Marseillaise. Les pertes allemandes s'élevaient à 3 000 soldats tués, prisonniers disparus au total[6] tandis que le 8e RI perd 54 hommes et subit 9 officiers blessés au cours de la reprise de la citadelle[1].

Les jours suivants, la région de Dinant fut survolée par les avions allemands, quelques escarmouches continuèrent d'avoir lieu, les unités françaises se replièrent sur la rive gauche de la Meuse prêtes à intervenir en cas d'attaques allemandes[7].

Cependant, l'armée allemande ne voulut pas reconnaître son échec. Son dépit n'en retomba que plus lourdement sur la ville de Dinant.

Le massacre de Dinant (23 août 1914)[modifier | modifier le code]

Monument aux victimes du massacre de Dinant
Image illustrative de l’article Bataille de Dinant (1914)
Monument commémoratif du massacre du 23 août 1914

Date 23 août 1914
Lieu Dinant, Drapeau de la Belgique Belgique
Victimes Civils belges
Morts 674 fusillés
Blessés 558
Auteurs Drapeau de l'Allemagne Allemagne
Guerre Première Guerre mondiale
Coordonnées 50° 16′ 00″ nord, 4° 55′ 00″ est
Géolocalisation sur la carte : Belgique
(Voir situation sur carte : Belgique)
Bataille de Dinant (1914)
Géolocalisation sur la carte : Région wallonne
(Voir situation sur carte : Région wallonne)
Bataille de Dinant (1914)
Géolocalisation sur la carte : province de Namur
(Voir situation sur carte : province de Namur)
Bataille de Dinant (1914)

Dinant est parmi les villes les plus durement touchées par les atrocités allemandes en 1914.

Dans la nuit du 21 au 22 août, des cavaliers allemands soutenus par des automitrailleuses s’engagent dans la rue Saint-Jacques non-défendue et mettent le feu aux habitations. Dans la journée du 22 août, 2 500 civils tentent de fuir derrière les lignes françaises et sont accueillis par les troupes françaises. Le quartier-général donne bientôt l'ordre de battre en retraite.

Le 23 août, les Allemands, suspectant de compter dans la population dinantaise des francs-tireurs, rassemblent un grand nombre d'habitants qu'ils fusillent. On recense 674 hommes, femmes et enfants passés par les armes lors de ce massacre et plus d'un millier d'habitations incendiées. Quelques compagnies françaises tentent encore sans répit de défendre Dinant[3].

Les nombreux massacres et pillages perpétrés par les Allemands donna l'avantage moral aux Alliés. En effet, le concept de « guerre du droit » joua un rôle central dans l'engagement des États-Unis en 1917.

Lieux de mémoire[modifier | modifier le code]

  • Un cimetière militaire a été inauguré dans la citadelle en 1923, y reposent les 1 200 soldats français tombés pendant les combats d'août 1914 ;
  • Un monument commémoratif , L'Assaut, sculpté par le belge Alexandre Daoust, est par ailleurs situé près du cimetière, en mémoire la reprise de la citadelle par les Français le 15 août 1914[8];
  • Le monument aux 674 victimes civiles dont 116 fusillés au mur Tschoffen est situé dans la rue Daoust ;
  • le monument national aux martyrs civils de Belgique, Furore Teutonico inauguré le 23 août 1936 sur la Place d’Armes à la mémoire de 23 700 civils fusillés lors de l’invasion d’août 1914 ou tombés sous l’occupation, dont 2 812 civils dans les provinces de Namur et de Luxembourg et 674 civils dinantais (16 stèles mentionnaient le nom de ces derniers) fut détruit par les Allemands en mai-juin 1940.

Un nouveau monument aux victimes du 23 août 1914 a été inauguré le 23 août 2014, œuvre de l’atelier d’architecture bruxellois Kascen. Sorte de tunnel triangulaire, sur les parois duquel sont percés des textes, noms des victimes et des messages de paix.

Anecdotes[modifier | modifier le code]

Le lieutenant Charles de Gaulle, futur chef de la France libre et président de la République française, est touché à la jambe pendant cette bataille, le 15 août (« fracture du péroné par balles avec éclats dans l'articulation »)[9]. Il rejoindra ensuite le 33e RI sur le front de Champagne pour commander la 7e compagnie.

Une statue du lieutenant Charles de Gaulle de 2,5 mètres de haut a été inaugurée le 15 août 2014 par le petit-neveu de Charles de Gaulle et du petit-fils du Chancelier Konrad Adenauer[10], en présence des autorités locales et de l'ancien délégué Général de la Wallonie et de Bruxelles à Paris Paul-Henry Gendebien. Elle est l'œuvre du dernier artisan dinandier de Dinant Guido Clabots.

Jusqu'au 6 mai 2001, le drapeau allemand n'a pas flotté sur le pont de Dinant en raison de l'épisode du massacre des 674 civils par l'armée allemande. C'est la date choisie par les autorités communales pour organiser une cérémonie de « rapprochement » avec l'Allemagne, et « tourner » la page de ces évènements. Ce jour-là, le ministre allemand de la Défense est venu exprimer officiellement les regrets de son peuple aux Dinantais[11].

Notes et références[modifier | modifier le code]

  1. a b c d et e Combat de Dinant (15 août 1914), Sambre-Marne-Yser.be, 9 décembre 2006
  2. (en) THE BATTLE OF DINANT - Couturier's HABFANFOREVER, consulté le 7 juin 2013
  3. a et b LA MORT DE DINANT Résumé des massacres d’août 1914, genedinant.be
  4. « Bataille 15 août 1914 », sur dinant.be (consulté le ).
  5. Philippe Foro, « Charles de Gaulle et François Mitterrand : regards croisés sur l'Allemagne à partir de leur expérience de la captivité », dans : Sylvie Caucanas/Rémy Cazals/Pascal Payen (dir.), Les prisonniers de guerre dans l'Histoire. Contacts entre peuples et cultures, Privat, Toulouse, 2003, p. 279.
  6. (en) 20 Aug 1914 - THE BATTLE OF DINANT SERIOUS GERMAN REVERSE, consulté le 7 juin 2013
  7. LE SAC DU 23 AOUT 1914, Ville de Dinant, Site officiel
  8. CIMETIERE MILITAIRE FRANCAIS DE DINANT, Horizon 14-18
  9. Philippe Foro, « Charles de Gaulle et François Mitterrand : regards croisés sur l'Allemagne à partir de leur expérience de la captivité », dans : Sylvie Caucanas, Rémy Cazals et Pascal Payen, Les prisonniers de guerre dans l'histoire contacts entre peuples et cultures : [cinquième colloque international, mai 2002, Toulouse Carcassonne, Privat Les Audois, coll. « Regards sur l'histoire », , 319 p. (ISBN 978-2-708-90522-1), p. 279.
  10. [1]
  11. « Partners - lesoir.be », sur lesoir.be (consulté le )

Voir aussi[modifier | modifier le code]

Articles annexes[modifier | modifier le code]

Liens externes[modifier | modifier le code]