Bataille de Saint-Rémy-du-Plain — Wikipédia

La bataille de Saint Rémy du Plain se déroule le pendant la Guerre civile entre Armagnacs et Bourguignons

Localisation[modifier | modifier le code]

À l’origine la motte est constituée d’une vaste plateforme en forme de quadrilatère cernée de profonds fossés allant jusqu’à 18 mètres de profondeur. Cette plateforme était entourée de palissades en bois avec en son centre un donjon en bois.

Robert II, dit Robert le Diable suivant la légende, seigneur de Bellême et vassal du duc de Normandie, fortifie le Saosnois contre les velléités du comte du Maine, les Anglais et les brigands. Vers 1098, il entame sur ses terres et celles de ses vassaux une ligne de fortifications et d’édifications de complexes castraux, soit 134 constructions d’après Orderic Vital. Elles se situent entre Saosnes et Mamers et entre Mortagne et Mamers et dans la région de Falaise. Dans le Saosnois, Robert Ier ou II fait creuser un fossé de 16 km de long dit « fossés Robert » qui rejoint les mottes de Courgains, Aillières, la butte du Theil et le Perray dans le pays du Marollais.

C’est sur cette ligne que nait au XIe siècle le complexe de Saint Rémy du Plain avec motte, donjon en pierre de 21,8 m de diamètre et probablement 30 m de hauteur à usage de guet et militaire. Motte et donjon sont alors ceinturés de murailles. S’y adjoint une haute cour et une basse-cour. Elles sont destinées à abriter d’une part les soldats et leurs provisions et d’autre part les villageois.

Forces en présences[modifier | modifier le code]

Ruines de l'ancienne forteresse médiévale de Saint-Rémy-du-Plain.

On se rapprochera des récits de Pierre de Fénin et d'Enguerrand de Monstrelet, repris par Bertrand Schnerb[1].

Armagnacs[modifier | modifier le code]

Le représentant des Armagnacs dans le Saosnois est Jean Ier d’Alençon dit « le sage ». Il n’hésite pas, le 18 mai 1412, à signer simultanément à Bourges et Eltham près de Londres, un traité d’alliance avec Henri IV d’Angleterre. Il mourra à Azincourt en 1415.

Raoul VI de Gaucourt est chambellan du duc Charles d’Orléans. Il commande la troupe qui viendra au secours des assiégés de Saint-Rémy-du-Plain. Plus tard, il accompagnera Jeanne d’Arc dans la reconquête. Le sire de Gaucourt, Messires Jean de Dreux, Guesnes de Garencières, Guillaume Batillier, Jean de Falaise, composent la troupe chargée de secourir les assiégés de la forteresse de St Rémy.

Bourguignons[modifier | modifier le code]

Le duc Louis II d’Anjou est autorisé par le roi Charles VI à faire la guerre aux Armagnacs. Avec son armée de 800 bassinets (casques plus léger que le heaume), le duc d’Anjou rejoint le comte de Saint-Pol pour battre les Armagnacs. Le roi savait que le duc d’Orléans négociait une alliance avec Henri IV d’Angleterre.

Waléran de Luxembourg, comte de Saint-Pol et comte de Ligny, est connétable (chef des armées) depuis le 5 mars 1411. Il établit à Paris la milice des « écorcheurs » chargé de maintenir l’ordre. On les retrouve dans les campagnes où, lorsqu’ils ne sont pas employés par le roi ou les seigneurs, faute de solde, ils se livrent à des pillages afin de survivre.

Antoine de Craon est soupçonné d’avoir participé à l’assassinat du duc Louis d’Orléans en 1407. En 1411, il reprend Gennevilliers aux Armagnacs. Il est chargé d’aller quérir à Vernon des bombardes et autres machines de guerre.

Campent dans le village de Saint-Rémy : Jean de Luxembourg neveu de Waléran, Philippe de Harcourt et son frère le seigneur de Beausault, le seigneur d’Offemont, le seigneur de Chauny, Le Borgne de la Heuse, Raoul de Nesle, le seigneur de Louroy, le seigneur de Herbausmes, le seigneur de Sains, messire Boort Quéret, et 1 200 bassinets et grand nombre d’archers.

Paysans[modifier | modifier le code]

Il semble que les partis utilisent la paysannerie comme force d’appoint. Dans la bataille de Saint-Rémy, Raoul VI de Gaucourt vient avec 400 paysans. Cela aurait tout aussi bien pu être les Bourguignons. Comment en sont-ils arrivés à suivre des belligérants et devenir un peu « la chair à canon » de l’époque ?

La France est alors essentiellement agricole. Vers 1355, la peste noire touche la France. C’est dire que 30 % de la population en 1412 ont vu leurs grands-parents disparaître dans cette épidémie. La population française passe de 17 millions d’habitants à 10 millions entre 1340 et 1440. Conséquence, les terres les moins fertiles sont abandonnées. Beaucoup se trouvent désœuvrés.
C’est une population qui se voit régulièrement pillée, incendiée et violée par les différents passages de troupes. Les Anglais, les gens du comte du Maine, ceux du comte d’Alençon, les gens de Bellême laissent derrière eux des greniers vides. Ils sont pour beaucoup ruinés et l’attrait d’un pillage est grand.

La pression fiscale est à son comble. Bien que la guerre contre les Anglais se soit provisoirement calmée, la taille provisoire réclamée par le roi pour financer la guerre est maintenue. Et ça se chuchote : il faut financer le train de vie du conseil de régence à Paris et la reine Isabeau aurait quel qu’attirances pour le duc d’Orléans. Il faut aussi payer le seigneur pour cuire son pain, donner une partie de ses récoltes, payer pour accéder à une foire, payer la gabelle…. Comment payer tous ces impôts si ce n’est par le vol ? La peur de la famine est présente chez tous les paysans. Elle est souvent due à des hivers particulièrement froids et pluvieux. On parle de « petit âge glaciaire ». Il faut pouvoir se nourrir et les greniers de la partie adverse sont pleins.

Déroulement[modifier | modifier le code]

La tactique militaire des Bourguignons est nouvelle. Il convient de mettre sur un réseau de guetteurs capable de renseigner à l’avance sur l’importance des troupes ennemies et leur direction. La bataille à pied est privilégiée au détriment des charges frontales à cheval — l’enseignement en a été tiré après la bataille de Poitiers en 1356. Il faut choisir un endroit d’où l’on aura une option défensive privilégiée. Il faut utiliser de façon massive les gens de trait. Il faut envisager les mouvements de troupe par le débordement. Enfin les troupes doivent avoir de la discipline : rester autour de la bannière, ne point chercher l’exploit individuel et ne pas se laisser distraire par le pillage. Toutes ces nouvelles règles sont appliquées pendant la bataille de Saint-Rémy-du-Plain. Jean sans Peur en est l’initiateur, observant les succès de l’armée anglaise.

Début mai 1412, Waléran de Luxembourg, comte de Saint-Pol, s’installe dans le village de Saint-Rémy et somme les Armagnacs enfermés dans la forteresse de prêter obéissance au roi, ce qu’ils refusent. Il se rend compte que la forteresse qui possède un puits est puissante, pourvu d’une bonne garnison et fournie de toutes les provisions nécessaires pour une longue défense. Il demande à Antoine de Craon d’aller quérir bombardes et machines de guerre à Vernon. Pour les Bourguignons, le siège commence par quelques bombardements qui firent grands dommages à la forteresse. Mais, sûr de son fait, il s’endort paisiblement le 9 au soir.

Pendant ce temps, Raoul VI de Gaucourt averti par les assiégés et accompagné de 800 combattants et 400 paysans, chevauche toute la nuit du 9 au 10 mai espérant porter secours aux assiégés et surprendre le comte de St Pol. Au petit matin, avertis par des espions, Morlet de Mons et Galien Bastar d’Auxi arrivent dans St Rémy en criant « à l’arme » l’ennemi arrive. Surpris, le comte de St Pol fait préparer ses hommes et envoie les seigneurs de St Leger et de Drucat vérifier si l’information est exacte. Ceux-ci ne tardèrent pas à apercevoir les troupes de Raoul VI de Gaucourt arriver au grand galop et revinrent confirmer au comte de St Pol ce qu’ils avaient vu.
Le comte de St Pol déploya alors sa bannière, fit sonner les trompettes et mis une partie de ses gens en bataille pour recevoir l’ennemi. Puis, monté sur un cheval, il alla de l’un à l’autre, « exhorta bénignement à bien et hardiment combattre les ennemis du roi et de la couronne de France ». Sur les sages conseils de sa compagnie, il fit mettre à l’abri à l’arrière les chevaux, les chars et charrettes. Les 2 500 valets les gardaient et, comme c’était la coutume, ils avaient formés une barricade pour ne pas être pris à revers.
Il forme avec ses 1 700 hommes 3 groupes. Au centre 1 200 hommes d’arme, ceux qui prendront le choc frontal. À sa droite et à sa gauche deux ailes de protection, composées de 500 arbalétriers et archers, aussi loin qu’il le pouvait. Voyant l’ennemi arriver pour galvaniser ses troupes, le connétable Comte de St Pol fit chevalier Jean de Luxembourg, Jean de Beaufault, Raullequin fils du vidame d’Amiens, Allard de Herbainnes, Le Brun de Sains, Rau de Neelle, Raillars de Franffeurs, Regnault d’Azincourt.

La cavalerie armagnac, surprise de voir les Bourguignons en ordre de bataille, charge à hauteur de l’étang de Gué-Chaussé et se trouva prise en étaux par les deux ailes bourguignonnes composées d’homme de trait et d’arbalétriers bien cachés dans un fossé. Ceux-ci se déchaînèrent à coup de flèches sur les chevaux armagnacs qui, blessés, tuèrent nombre de leurs cavaliers. Légèrement armés, les archers et arbalétriers bourguignons tuent avec de grands cris les cavaliers à terre. Le connétable fait alors marcher en avant sa bataille (on l’appellera plus tard bataillon) et c’est la fuite des Armagnacs. Le comte de St Pol fit remettre ses hommes à cheval afin de poursuivre les Armagnacs qui s’enfuyaient vers Alençon et quelques forteresses amies. Près du champ de bataille, se trouvait un vivier dans lequel plusieurs chevaliers armagnacs tombèrent. Ils firent 80 prisonniers dont le seigneur d’Asnière et Jaunet de Guarochières. Beaucoup parmi les 400 paysans venus avec Raoul de Gaucourt furent tués, les nobles étaient faits prisonniers afin d’obtenir une rançon.

Les Armagnacs enfermés dans le château, voyant la déconfiture des gens de Raoul de Gaucourt, se rendirent. En grande joie et rendant grâce à Dieu, le comte de Saint-Pol s’empare de Mamers et se dirige vers Bellême pour son prochain siège.

Raoul de Gaucourt fut fait prisonnier et enfermé au château de St Paul sur Sarthe près de La Fresnaye sous Chédouet jusqu’à ce qu’il eut payé sa rançon.

Deux ans plus tard, en 1415, la chevalerie française est défaite par les Anglais à Azincourt. Et c’est pour les mêmes raisons que les Bourguignons ont battu les chevaliers armagnacs grâce à leurs archers et des hommes à terre légèrement armés et plus souples.

Cinq ans plus tard, en 1417 la Guerre de Cent ans ayant repris, les troupes d’Henri V d’Angleterre envahissent la région et brûlent le domaine de Moullins, notamment sa grande salle.

Références[modifier | modifier le code]