Bataille de Wadi Barada — Wikipédia

Bataille de Wadi Barada
Description de cette image, également commentée ci-après
Explosion d'une bombe barril larguée par hélicoptère à Wadi Barada, le 22 janvier 2017.
Informations générales
Date -
(1 mois et 6 jours)
Lieu Suq Wadi Barada et Aïn al-Fijé
Issue Victoire des loyalistes
Belligérants
Drapeau de la Syrie République arabe syrienne Hezbollah
Liwa Zulfikar
Drapeau de la Russie Russie
Armée syrienne libre Jaych al-Islam
Ahrar al-Cham
Front Fatah al-Cham
Commandants
Maher el-Assad
Forces en présence
5 000 hommes[1] 700 à 3 500 hommes[2],[3],[4]
Pertes
inconnues inconnues

Guerre civile syrienne

Batailles

Coordonnées 33° 37′ 00″ nord, 36° 06′ 00″ est
Géolocalisation sur la carte : Syrie
(Voir situation sur carte : Syrie)
Bataille de Wadi Barada

La bataille de Wadi Barada a lieu du au pendant la guerre civile syrienne dans la vallée du Barada à une vingtaine de kilomètres au nord-ouest de Damas en Syrie.

Prélude[modifier | modifier le code]

Position de la poche de Wadi Barada, au nord-ouest de Damas.
  • Zones contrôlées par le régime syrien et ses alliés
  • Zones contrôlées par les rebelles
  • Zones contrôlées par les rebelles sous cessez-le-feu
  • Zone contrôlée par l'État islamique
  • Zones contestées
  • Le , l'armée syrienne lance une offensive sur la vallée de Wadi Barada, à 18 kilomètres au nord-ouest de Damas[5]. L'objectif des loyalistes est de s'emparer des villes de Wadi Barada et Aïn al-Fijé, afin de contrôler leurs deux réservoirs d’eau potable qui alimentent 65 à 70 % de la population de Damas[5],[6]. Entre 4 et 5,5 millions d'habitants de Damas et de ses banlieues sont alors privés d'eau potable depuis fin décembre selon l'ONU qui indique que « les agences gouvernementales ont mis en place un programme de rationnement et de distribution d’eau », mais les habitants de Damas doivent « s'approvisionner auprès de vendeurs privés dont les prix et la qualité de l’eau ne font l'objet d'aucune réglementation »[6],[7]. Le 25 décembre, le régime accuse les rebelles d'avoir pollué les sources avec du carburant diesel afin de déclencher la coupure de l'approvisionnement en eau de la capitale[5],[8]. Les rebelles démentent en expliquant qu'ils seraient les premiers à en faire les frais d'un empoisonnement de la source[5]. En revanche, l'émir du Front Fatah al-Cham à Wadi Barada reconnaît la responsabilité de son groupe dans l'interruption de l’approvisionnement de Damas en eau potable depuis le 22 décembre[9]. Auparavant, les insurgés avaient utilisé à plusieurs reprises les coupures d'eau comme moyen de pression pour empêcher les forces du régime de les attaquer[5],[7]. Le 27 décembre, selon des habitants et des rebelles, des frappes aériennes détruisent la principale station de pompage de la source d'Aïn al-Fijé, tuent 14 civils et endommagent une clinique et une unité de la Défense civile syrienne[5]. Le 5 janvier, Jan Egeland, le chef du groupe de travail de l'ONU sur l'aide humanitaire en Syrie, déclare que « le sabotage et la privation d'eau sont évidemment un crime de guerre », mais juge qu'il est difficile d'établir lequel des deux camps est responsable de la situation[10].

    Cependant, dans un rapport publié le , la commission d'enquête de l'ONU tranche et affirme que les privations en eau subies par la population de Damas sont dues aux bombardements menés « intentionnellement » et « à de multiples reprises » par les forces aériennes syriennes contre la principale source de la vallée de Wadi Barada, Al-Fijah, dès le 23 décembre[11]. La commission d'enquête réfute également les accusations du régime syrien contre les rebelles et affirme qu'« aucune partie n’a intentionnellement contaminé l’eau »[11]. Elle indique que les destructions causées par les frappes aériennes menées par les forces de Damas ont été « excessivement disproportionnées par rapport à l’avantage militaire attendu ou obtenu » et que les bombardements menés contre des installations civiles équivalent à « un crime de guerre »[11].

    Forces en présence[modifier | modifier le code]

    L'offensive est menée par l'armée syrienne — avec notamment des unités des 104e et 105e brigades de la Garde républicaine, la 3e division blindée, la 42e brigade de la 4e division blindée commandée par le général Maher el-Assad, la Brigade du Bouclier du Qalamoun — et par le Hezbollah[5],[12],[13],[14]. Selon le média pro-régime Al-Masdar News, 4 000 soldats et miliciens sont engagés dans les combats côté loyaliste début janvier[12], puis 5 000 fin janvier[1]. Du côté des rebelles, plusieurs groupes sont affiliés à l'Armée syrienne libre — avec le Liwa Ahel al-Cham[13], les Kataeb Ahel al-Cham[13], le Liwa al-Qadissiya[13], Jaych al-Tahrir al-Cham[15], Abdal Asham[15] — les autres sont Jaych al-Islam[16],[15], Ahrar al-Cham[5],[15] et le Front Fatah al-Cham[16]. La présence du Front Fatah al-Cham à Wadi Barada est niée par Jaych al-Islam, mais confirmée par l'OSDH, qui précise cependant que ce groupe est minoritaire[16],[17]. Selon Charles Lister, chercheur américain au Middle East Institute (en), la présence du Front Fatah al-Cham est marginale, avec seulement une trentaine de combattants[18].

    Déroulement[modifier | modifier le code]

    Carte de l'offensive du régime syrien sur Wadi Barada.
  • Zones contrôlées par le régime syrien et ses alliés
  • Zones contrôlées par les rebelles
  • La vallée de Wadi Barada est encerclée par le régime[5]. La zone, peuplée par environ 100 000 à 150 000 habitants, comprend les villes de Wadi Barada et Aïn al-Fijé et une dizaine de villages[5],[13]. Le 26 décembre, les combats se concentrent dans le village de Bassimeh, au sud-est, où les troupes loyalistes tentent de faire une percée pour pénétrer dans la poche rebelle[5].

    Le 29 décembre, la Russie et la Turquie annoncent l'instauration d'un nouveau cessez-le-feu dans l'ensemble de la Syrie. Reconnu par le régime de Damas et une partie de l'opposition, il entre en vigueur dans la nuit du 29 au 30 décembre[19],[20],[21]. Pourtant, le 30 décembre, les bombardements du régime et les combats entre les loyalistes et les rebelles se poursuivent dans la zone de Wadi Barada[22]. Le 2 janvier, les rebelles de Wadi Barada publient un communiqué dans lequel ils appellent « les parrains de la trêve à assumer leurs responsabilités et à mettre la pression sur le régime et ses milices alliées pour qu'ils cessent leurs violations flagrantes de l'accord », et dans le cas contraire appellent « toutes les factions rebelles opérant en Syrie à désavouer l'accord et à enflammer les fronts » en solidarité avec Wadi Barada[8],[23]. Le 3 janvier, une dizaine de groupes rebelles — dont Jaych al-Islam, Faylaq al-Rahman, Jaych al-Ezzah et la Division Sultan Mourad — accusent le régime de violer le cessez-le-feu en poursuivant ses attaques contre Wadi Barada et annoncent qu'ils suspendent toute discussion liée aux pourparlers de paix prévus à Astana, au Kazakhstan[16],[23]. Le régime syrien justifie quant à lui son offensive par la présence à Wadi Barada du Front Fatah al-Cham, exclu de l'accord de cessez-le-feu[13],[24]. Ce dernier groupe est opposé à la trêve et va jusqu'à accuser d'autres groupes rebelles de « trahison »[9].

    Le 2 janvier, les forces du régime arrivent aux portes d'Aïn al-Fijé[8]. Cependant les rebelles résistent toujours à Bassimeh[13].

    Le matin du 7 janvier, une trêve est conclue par les belligérants par le biais de négociateurs russes et de notables de la région[25]. L'accord prévoit l'entrée d'équipes de maintenance à la source d'Aïn al-Fijé pour réparer les dégâts[25],[26]. Mais le 9 janvier, Bachar el-Assad déclare qu'il rejette toute trêve à Wadi Barada et les combats reprennent[17]. Le 13 janvier, des techniciens gouvernementaux entrent dans le secteur de Wadi Barada et commencent les travaux pour rétablir l'alimentation en eau à Damas[27]. Le gouverneur de la province, Alaa Ibrahim, déclare que les opérations militaires ont été arrêtées[27].

    Mais le 14 janvier, le chef du comité des négociations dans la région, Ahmad al-Ghadbane, un officier à la retraite, est tué par des hommes armés alors qu'il accompagnait les équipes de maintenance à Wadi Barada[28]. Les deux camps s'accusent mutuellement d'être responsables de l'assassinat et la nuit suivante, les combats reprennent entre les hommes du Hezbollah et les rebelles[28]. Les loyalistes reprennent alors leur offensive et s'emparent le 15 janvier des villages d'Aïn al-Khadra et de Husseiniya[29]. Le même jour, au moins neuf civils sont tués et 20 blessés par des bombardements sur le village de Deir Qanoun[29]. Les forces pro-Assad assiègent ensuite Wadi Barada et encerclent Aïn al-Fijé[30].

    Le 26 janvier, selon le média pro-régime Al-Masdar News, 2 600 rebelles de Wadi Barada ont déposé les armes ou ont accepté d'être évacués avec leurs familles vers le gouvernorat d'Idleb et 500 insurgés armés sont encore sur place[4]. Le 28 janvier, l'armée syrienne et le Hezbollah entrent dans la ville d'Aïn al-Fijé et prennent le contrôle de ses sources d'eau, après la conclusion d'un accord avec les rebelles[31]. Les premiers travaux de réparation et d'entretien reprennent aussitôt[32]. Le lendemain, l'armée syrienne affirme avoir totalement reconquis la vallée de Wadi Barada[32]. Le choix est laissé aux rebelles, qui contrôlaient la région depuis 2012, de déposer les armes ou d'être évacués vers le gouvernorat d'Idleb[32]. Selon RFI, 1 200 combattants locaux de l'Armée syrienne libre auraient accepté de rester dans leurs villages en intégrant les Forces de défense nationale[3]. Le 29 janvier, plusieurs centaines de rebelles commencent à être évacués en bus avec leurs familles vers la province d'Idleb[33],[34]. Un activiste originaire de la région déclare affirme à L'Orient-Le Jour que l'opération concerne 2 100 personnes, dont 700 combattants[2].

    Notes et références[modifier | modifier le code]

    1. a et b (en-US) Leith Aboufadel, « Over 5,000 Syrian Army soldiers freed up after Wadi Barada battle », sur AMN - Al-Masdar News | المصدر نيوز,‎ (consulté le )
    2. a et b Samia MEDAWAR, « De l’importance de la reprise de Wadi Barada pour le régime syrien... - Samia MEDAWAR (avec agences) », L'Orient-Le Jour, (consulté le )
    3. a et b Paul Khalifeh, « Syrie: l'armée reprend la main sur une source d'eau alimentant Damas », RFI, (consulté le )
    4. a et b (en-US) News Desk, « Over 2,600 militants lay down arms in Syria’s Damascus province », sur AMN - Al-Masdar News | المصدر نيوز,‎ (consulté le )
    5. a b c d e f g h i j et k Reuters, « L'armée syrienne intensifie son offensive près de Damas », sur www.zonebourse.com, (consulté le )
    6. a et b AFP, « Nouvelle année, nouvel espoir en Syrie », sur Le Devoir, (consulté le )
    7. a et b Laure Stephan, « En Syrie, la guerre de l’eau frappe sévèrement Damas », Le Monde,‎ (lire en ligne, consulté le )
    8. a b et c Le Point avec AFP, « Syrie : malgré la trêve, le régime bombarde les rebelles près de Damas », (consulté le )
    9. a et b Paul Khalifeh, « Syrie: malgré le cessez-le-feu, les combats font toujours rage », sur RFI, (consulté le )
    10. Le Point avec AFP, « Syrie : grave pénurie d'eau à Damas, un », (consulté le )
    11. a b et c Laure Stephan, « Alimentation en eau de Damas : l’ONU accuse l’armée syrienne de « crime de guerre » », Le Monde,‎ (lire en ligne, consulté le )
    12. a et b (en-US) Leith Aboufadel, « Syrian Army reinforcements pour into the Wadi Barada region for massive offensive », sur AMN - Al-Masdar News | المصدر نيوز,‎ (consulté le )
    13. a b c d e f et g Caroline HAYEK, « À Wadi Barada, la bataille de l’eau fait rage », L'Orient-Le Jour, (consulté le )
    14. (en-US) Leith Aboufadel, « Syrian Army's elite forces head to rural Damascus for Wadi Barada offensive », sur AMN - Al-Masdar News | المصدر نيوز,‎ (consulté le )
    15. a b c et d (en) « Territorial Control Map », sur omrandirasat.org,
    16. a b c et d Le Figaro avec AFP, « Syrie : les rebelles gèlent toute discussion en vue des pourparlers de paix », (consulté le )
    17. a et b AFP, « Syrie: Assad exclut une trêve des combats à Wadi Barada », Le Point, (consulté le )
    18. Charles Lister, JFS has a negligible presence in #WadiBarada area; c. 30 fighters. This does *not* in any way justify the ongoing assault amid a ceasefire., twitter, 4 janvier 2017.
    19. Le Monde avec AFP et Reuters, « Syrie : Damas, Moscou, Ankara et l’opposition annoncent un accord de cessez-le-feu », Le Monde,‎ (lire en ligne, consulté le )
    20. Célian Macé, « En Syrie, une trêve sous le signe du duo Poutine-Erdogan », Libération, (consulté le )
    21. Nicolas Hénin, « Syrie : l'accord de cessez-le-feu ou la spectaculaire réconciliation Poutine-Erdogan », Le Point, (consulté le )
    22. Le Figaro avec Reuters, « Syrie: des combats près de Damas », (consulté le )
    23. a et b Le Point avec AFP, « Syrie : la trêve à l'agonie », (consulté le )
    24. Sarah Bos, « Reprendre Wadi Barada, un enjeu vital pour le régime syrien », La Croix,‎ (ISSN 0242-6056, lire en ligne, consulté le )
    25. a et b Paul Khalifeh, « Syrie: la trêve de Wadi Barada doit permettre le retour de l’eau potable à Damas », RFI, (consulté le )
    26. AFP, « Journée meurtrière en Syrie : carnage à Aazaz, combats à Wadi Barada », L'Orient-Le Jour, (consulté le )
    27. a et b AFP, « Syrie: assaut de l'EI contre l'armée à Deir Ezzor, 30 morts », Le Point, (consulté le )
    28. a et b « Syrie: violents combats à Wadi Barada après la mort d'un négociateur », L'Orient-Le Jour, (consulté le )
    29. a et b Paul Khalifeh, « Syrie: fin de la trêve à Wadi Barada et reprise des combats meurtriers », RFI, (consulté le )
    30. « L’armée assiège Wadi Barada, clé pour l’alimentation en eau de Damas », L'Orient-Le Jour, (consulté le )
    31. Le Figaro avec Reuters, « L'armée syrienne reprend des sources d'eau », (consulté le )
    32. a b et c AFP, « Syrie: nouvelle défaite pour les rebelles près de Damas », Le Point, (consulté le )
    33. Rim Haddad, « Syrie: nouvelle défaite pour les rebelles près de Damas », sur fr.news.yahoo.com, AFP, (consulté le )
    34. Le Monde avec AFP, « Syrie : le régime s’empare d’une région stratégique proche de Damas », Le Monde,‎ (lire en ligne, consulté le )