Bernard Dreyfus — Wikipédia

Bernard Dreyfus
L'artiste peintre Bernard Dreyfus dans son atelier à Paris
Biographie
Naissance
Décès
Sépulture
Nationalité
Française et Nicaraguayenne
Formation
Activité
Autres informations
Mouvement
Maître
Lorser Feitelson
Influencé par
Distinction
Vue de la sépulture.

Bernard Dreyfus est un artiste peintre né le à Managua au Nicaragua[1]. Résidant à Paris depuis novembre 1967, il se partage entre Paris, l'Amérique centrale et les États-Unis[2]. Il décède le dans le 14e arrondissement de Paris[3] à l'âge de 79 ans.

Biographie[modifier | modifier le code]

Mela Muter

Par tradition familiale, Bernard Dreyfus effectue ses études secondaires à Paris. Il conserve de ses années de jeunesse des souvenirs de rencontres essentielles : d'abord Bernard Dorival, conservateur adjoint du Musée national d'art moderne, ensuite la sculptrice Chana Orloff, enfin les peintres Mela Muter (« une femme aimée de Rainer Maria Rilke et encore très belle au soir de sa vie » évoque Bernard Dreyfus) et Josette Bournet (1905-1962)[4], cette dernière rencontrée à Nice au cours de l'été 1958 avec autour d'elle ses proches amis Charles Vildrac et André Salmon : tous affirment au jeune Bernard lui reconnaître un tempérament et un avenir de peintre.

Art Center College of Design, Pasadena

Bernard Dreyfus est ensuite élève du peintre abstrait Lorser Feitelson (1898-1978)[5], l'un des fondateurs avec son épouse Helen Lundeberg (1908-1999), du mouvement sud-californien Hard-edge painting, à l'Art Center College of Design de Pasadena (comté de Los Angeles)[1]. Si l'orientation pédagogique du collège (les arts appliqués) est de nature à rassurer le père de Bernard par ses perspectives de débouchés professionnels dans le dessin industriel et l'illustration, une rencontre brève mais déterminante, celle de Man Ray[6] venu à Pasadena en tant que conférencier - « mon plus grand souvenir d'étudiant » évoque-t-il - conforte le jeune homme dans sa vocation picturale.

José Gómez-Sicre

De retour à Paris en novembre 1967, Bernard Dreyfus peint tout en vivant de prestations pour des agences de publicité et des maisons d'éditions. En 1971, la Biennale de Paris est sa première exposition. Son voyage au Nicaragua en juillet 1971 (dans le cadre du Prix du 150e anniversaire de l'Indépendance du Nicaragua qui lui est attribué) croise celui du critique d'art cubain José Gómez-Sicre (en) (1916-1991), en séjour à Managua. Conseiller d'Alfred Barr au Museum of Modern Art de New York puis responsable des arts plastiques à la Pan American Union (O.E.A.) de Washington, Gómez-Sicre, impressionné par la peinture de Bernard Dreyfus où déjà s'affirme une relation forte à l'art pariétal et « une poésie de l'insolite »[7], lui écrira en octobre 1971[8],[9], l'invitant pour une exposition personnelle à Washington au siège de l'O.E.A. en 1972. Dès lors, la vie de Bernard Dreyfus se partagera entre son atelier parisien et de nombreux séjours aux États-Unis, notamment New York où il rencontrera Alexander Calder, Larry Rivers et Norman Mailer[10].

Maison de l'Amérique latine, Paris

En accueillant l'artiste à la Maison de l'Amérique latine en 2009, Alain Rouquié en fait cette présentation : « Bernard Dreyfus, peintre des volcans, des lacs et des poètes, a longtemps chassé les couleurs; armé des savoirs de la tradition et du modernisme. Il nous fait découvrir les commencements, les exodes, les premières images, les soleils et les nuits noirs, tous les incessants mouvements qui agitent son lointain intérieur. Il y a du Michaux dans cette peinture »[2].

Expositions personnelles[modifier | modifier le code]

Musée d'art contemporain de Panama
Musée José Luis Cuevas, Mexico

Expositions collectives[modifier | modifier le code]

Réception critique[modifier | modifier le code]

Eugène Ionesco

« L'art, en l'occurrence la peinture de Bernard Dreyfus, ne peut plus avoir de ce monde que des visions fugitives et plutôt désespérées. Qu'est-ce que nous y voyons? Des sortes de silhouettes, des sortes d'êtres, plutôt nombreux, qui semblent être des créatures humaines, perdues dans une immensité blanche ou noire, des immensités de la toile, c'est-à-dire de cet univers à la fois épais et inconsistant, inquiétant comme un mystère impénétrable. J'aime Bernard Dreyfus parce que sa peinture n'est pas un simple problème de couleurs, de technique picturale, mais parce qu'elle est interrogation de l'énigme. »

— Eugène Ionesco, de l'Académie Française, 1980[2]

« El especialista Pablo Antonio Cuadra (es) opina que las pinturas de Bernard Dreyfus son "instantáneas del Bing-Bang inicial o final del hombre" y que "su estallido cubre de sugerentes desnudeces, de extrañas búsquedas y encuentros multitudinarios en el momento de redimir la materia"... Juan Malpartida (es) sostiene que "la primera impresión que nos produce su obra es la de que tiende hacia la representación pero acentúa, como reacción ante esta misma tendencia, el hecho mismo de pintar"... Mientras que Jorge Eduardo Arellano opina que su "capacidad de crear una inédita forma expresiva; es licito incluirio entre los inventores plásticos de nuestro tiempo... La historiadora de arte, Maria Dolores G. Torres, apunta que en la obra de Bernard Dreyfus nos encontramos con el más "profundo y emocional impacto de color, contrastes de luz y sombra, dibujo simplificado, gestualismo y acción. Une pintura visionaria que literalmente absorbe al espectabor y lo sumerge en un environment (ambiente) cromático". Lionel Méndez Dávila insiste en lo enigmático de este artista, al señalar que "lo primero que impacta en la pintura de Dreyfus son los signos de su lenguaje plástico. Son absolutamente personales y (en ese sentido), irrepetibles. Envolventes. También, enigmáticos". »

— Celdonio Arauz Espinosa[11]

« Son art semble investi de mystère et d'irréalité qu'il restitue sur la toile avec la force de la représentation. Et ces mystères naissent sous nos yeux sous forme d'êtres fluides, de foules migrantes ou d'animaux hybrides extraits des repères immémoriaux de l'histoire. On pourrait dire de la peinture de Bernard Dreyfus qu'elle est primitive, archaïque presque, car on y retrouve les caractères que les plus anciennes civilisations gravaient sur les parois des grottes et que nous retrouvons aujourd'hui sur les murs de nos cités sururbanisées. Elle reprend des silhouettes incertaines et floues, des thèmes fleuris de papyrus égyptiens ou des graffiti pariétaux. L'œuvre de Bernard Dreyfus établit un pont d'éternité entre les cultures et les hommes, entre les traditions contradictoires et l'infinie universalité de la nature humaine. »

— Dominique Stella, 2009[19],[2]

« Je sens, j'éprouve en Dreyfus la fusion de ces fabuleuses migrations de nos deux cultures mères, La grecque et occidentale et l'américaine. Son « univers », c'est précisément ce même univers, l'humanité qui avance, qui sait vers quel but. »

— Julio Valle Castillo (en), peintre, essayiste, critique d'art, directeur de l'Institut nicaraguayen de la culture.

Prix et distinctions[modifier | modifier le code]

Musées et collections publiques[modifier | modifier le code]

Collections privées[modifier | modifier le code]

Philatélie[modifier | modifier le code]

  • Timbre-poste, série Peinture contemporaine du Nicaragua, Thomas Greg & Sons, Pérou, imprimeurs. Sujet: Suite en Turquesa y azules, œuvre de Bernard Dreyfus. Émis le 23 octobre 2003 par Correos de Nicaragua[24].

Bibliographie[modifier | modifier le code]

  • Eugène Ionesco (texte) et Marc Robin (photos), Bernard Dreyfus, peintures et dessins, édité par Galerie Levy, Hambourg, 1985.
  • Françoise Woimant, Marie-Cécile Miessner et Anne Mœglin-Delcroix, De Bonnard à Baselitz, estampes et livres d'artistes, B.N.F., 1992.
  • Bernard Dreyfus, édition Gary Nader, Coral Gables, Floride, 1992.
  • Emmanuel Bénézit, Dictionnaire des peintres, sculpteurs, dessinateurs et graveurs, Gründ, 1999. (en) (lire en ligne)
  • Adrian Darmon, Autour de l'art juif - Encyclopédie des peintres, photographes et sculpteurs, Éditions Carnot, 2003.
  • Miguel Ayerdis, Bernard Dreyfus y el color como expresión e identidad, in Revista de Historia n°17 - Arte en Nicaragua y Centroamerica, Instituto de Historia de Nicaragua y Centroamerica, Universidad Centroamericana (es), mars 2004, pages 75 à 84[25].
  • Bernard Dreyfus, Éditions Galleria d'Arte Vecchiato, Padoue, 2005.
  • Eugène Ionesco (texte écrit en 1980) et Dominique Stella (avant-propos d'Alain Rouquié, ambassadeur de France au Brésil puis directeur de la Maison de l'Amérique latine), Bernard Dreyfus, Éditions Maison de l'Amérique latine, Paris, novembre 2009.
  • Ray Merritt, Shared space: The Joseph M. Cohen Collection (langue anglaise), Éditions Damiani, 2010[22].
  • Dominique Stella[19], Bernard Dreyfus - Opere dal 1969 al 2016, Carlo Cambi Editore, 2016.

Références[modifier | modifier le code]

  1. a et b Dictionnaire Bénézit, Gründ 1999, tome 4 page 734.
  2. a b c et d Eugène Ionesco et Dominique Stella (avant-propos de Alain Rouquié), Bernard Dreyfus, Maison de l'Amérique latine, 2009.
  3. État civil sur le fichier des personnes décédées en France depuis 1970
  4. Site Josette Bournet, biographie
  5. Galerie Sullivan Goss, Santa Barbara, Lorser Feitelson
  6. a et b Barabara Codogno, Bernard Dreyfus - Simboli e graffiti da antiche civiltà, Corriere del Veneto, 17 mai 2016
  7. a et b Arskey, magazine d'art moderne et contemporain, Bernard Dreyfus, Galleria d'arte 1000 bolle Arte Contemporanea, Amantea, 2006
  8. The Nettie Lee Benson Latin American Collection, José Gómez-Sicre Papers, 1916-1981, fonds d'archives et de correspondance répertoriant Bernard Dreyfus
  9. The University of Texas at Austin, Les fonds d'archives de la Nettie Benson Latin American Collection
  10. Dominique Stella, Bernard Dreyfus - Opere dal 1969 al 2016, Carlo Cambi Editore, 2016.
  11. a et b Celdonio Arauz Espinosa, El mundo enigmático de Bernard Dreyfus, Panamá América, 7 avril 1999
  12. La Prensa literaria, Bernard Dreyfus, un monde en métamorphose, article en langue espagnole L'exposition Bernard Dreyfus à la Maison de l'Amérique Latine, Paris, rapportée dans la presse nicaraguayenne.
  13. Testin Eventi, Mostra retrospettiva Bernard Dreyfus, 16 avril 2016
  14. Maurizio Amore, A Padova retrospettiva per Bernard Dreyfus, La Stampa, 15 mai 2016
  15. Site "Arte.It - The map of art in Italy", Bernard Dreyfus - Retrospettiva - Opere dal 1969 al 1976, 24 mai 2016
  16. Turismo Padova, Bernard Dreyfus, rétrospective, 2016
  17. Open Service, Venise, L'arte di Bernard Dreyfus a Padova viaggio nella cultura primordiale degli uomini, 10 mai 2016
  18. Camilla Bottin, Bernard Dreyfus - Retrospettiva, Padovando Magazine, 12 mai 2016
  19. a et b Club Italie-France, Dominique Stella, historienne de l'art, spécialiste de l'art contemporain
  20. « Bulletin officiel des décorations, médailles et récompenses n°05 du 10 novembre 2005 - Légifrance », sur www.legifrance.gouv.fr (consulté le )
  21. Françoise Woimant, Marie-Cécile Miessner et Anne Mœglin Delcroix, De Bonnard à Baselitz, estampes et livres d'artistes, B.N.F., 1992.
  22. a et b Ray Merritt, Shared Space - The Joseph M. Cohen Collection, catalogue de la collection Source: Art book Cologne.
  23. Joseph M. Cohen Family Collection, Œuvres de Bernard Dreyfus
  24. Bernard Dreyfus, Suite en Turquesa y azules, descriptif du timbre-poste émis en 2003
  25. Revista de Historia n°17 - Arte en Nicaragua y Centroamericana, Universidad de Centroamericana, mars 2004 La revue en pdf: voir pages 75 à 84.

Liens externes[modifier | modifier le code]