Ferdinand Marcos Jr. — Wikipédia

Ferdinand Marcos Jr.
Illustration.
Portrait officiel de Bongbong Marcos, 2022.
Fonctions
Président des Philippines
En fonction depuis le
(1 an, 8 mois et 27 jours)
Élection 9 mai 2022
Vice-président Sara Duterte
Prédécesseur Rodrigo Duterte
Sénateur des Philippines

(6 ans)
Élection 10 mai 2010
Réélection 13 mai 2013
Législature 15e et 16e
Groupe politique NP
Représentant des Philippines

(3 ans)
Élection 14 mai 2007
Circonscription 2e d'Ilocos Norte
Législature 14e
Groupe politique NP
Prédécesseur Imee Marcos
Successeur Imelda Marcos

(3 ans)
Élection 11 mai 1992
Circonscription 2e d'Ilocos Norte
Législature 9e
Groupe politique KBL
Prédécesseur Mariano Nalupta Jr.
Successeur Simeon Valdez
Biographie
Nom de naissance Ferdinand Romualdez Marcos Jr.
Date de naissance (66 ans)
Lieu de naissance Manille (Philippines)
Parti politique Parti nationaliste (2009-2021)
Kilusang Bagong Lipunan (1980-2009)
Père Ferdinand Marcos
Mère Imelda Romualdez
Résidence Palais de Malacañan

Signature de Ferdinand Marcos Jr.

Ferdinand Marcos Jr.
Présidents des Philippines

Ferdinand Marcos Jr., dit Bongbong Marcos (BBM), né à Manille le , est un homme politique philippin, membre du Parti fédéral des Philippines (PFP). Il est président des Philippines depuis le 30 juin 2022.

Fils du dictateur Ferdinand Marcos et d’Imelda Marcos, il est vice-gouverneur d'Ilocos Norte de 1980 à 1983 et gouverneur d'Ilocos Norte de 1983 à 1986 puis de 1998 à 2007, ainsi que membre de la Chambre des représentants de 1992 à 1995 puis de 2007 à 2010 et sénateur de 2010 à 2016.

À la suite de la révolution philippine de 1986, il s'exile à Hawaï avec sa famille.

Lors de l’élection à la vice-présidence des Philippines de 2016, il perd de justesse face à Leni Robredo. Il remporte l'élection présidentielle de 2022 contre cette dernière.

Ferdinand Marcos Jr. est critiqué pour ses manipulations historiques et son révisionnisme dans le but de blanchir l'image et la réputation de sa famille. Son association a également été accusée d'avoir occulté les violations des droits de l'homme et les pillages qui ont eu lieu pendant la présidence de son père. Il a également été condamné pour fraude fiscale.

Biographie[modifier | modifier le code]

Naissance et famille[modifier | modifier le code]

Ferdinand Romualdez Marcos Jr., surnommé Bongbong, est né à Manille le 13 septembre 1957, de Ferdinand Edralin Marcos Sr. et Imelda Romualdez. Son père était représentant du deuxième arrondissement d'Ilocos Norte à sa naissance. Deux ans plus tard, il devient sénateur.

Jeunesses et études[modifier | modifier le code]

En 1970, Ferdinand Marcos Jr. est envoyé en Angleterre, où il étudie à la Worth School, une institution bénédictine du West Sussex réservée aux garçons. En 1972, son père déclare la loi martiale dans toutes les Philippines[1]. En 1978, il est étudiant à l'université d'Oxford, où il reçoit non pas un diplôme mais un « certificat spécial »[2].

Il est nommé par son père de 1980 à 1986 vice-gouverneur puis gouverneur de la province d’Ilocos Norte. Il siégea aussi, pour un salaire considérable, à la tête de l’opérateur de satellites du pays, Philcomsat[3].

En 1986, il conseille à son père de bombarder les camps policiers et militaires soutenant la révolution, ce que ce dernier refuse[2].

La révolution, qui a conduit à la chute du régime, contraint la famille Marcos à fuir les Philippines. En 1986, à Hawaï, où elle a été accueillie par les États-Unis, Ferdinand Marcos Jr. informe leur banquier suisse qu’un intermédiaire avait été désigné afin d’effectuer des opérations en leur nom. Le banquier a ensuite dénoncé la machination, ce qui a conduit au blocage des comptes suisses et à la restitution aux Philippines de plusieurs centaines de millions de dollars d’argent détourné pendant la dictature[3].

Après la mort de son père en 1989, la présidente Corazon Aquino autorise le retour des autres membres de la famille Marcos aux Philippines pour faire face à diverses accusations. Bongbong Marcos est l'un des premiers à revenir aux Philippines. Il fait son retour en 1991 et il est rapidement sollicité pour des fonctions politiques, commençant par le fief traditionnel de la famille à Ilocos Norte.

La famille Marcos reste puissante aux Philippines, exerçant essentiellement son influence dans le nord du pays, où elle possède de grandes propriétés[4]. Après le retour de la famille aux Philippines, sa mère fut deux fois élue députée et sa sœur a également exercé d’importantes responsabilités politiques, étant successivement députée, gouverneure et sénatrice.

Député[modifier | modifier le code]

Bongbong Marcos en 2012.

Il est membre de la Chambre des représentants de 1992 à 1995 et de 2007 à 2010.

Campagne vice-présidentielle de 2016[modifier | modifier le code]

Le 5 octobre 2015, Ferdinand Marcos Jr. annonce via son site web sa candidature à la vice-présidence des Philippines aux élections générales de 2016. Il se présente en candidat indépendant. Avant son annonce, il avait décliné une invitation du candidat à la présidence, le vice-président Jejomar Binay, pour devenir son colistier. Le 15 octobre 2015, la candidate à la présidentielle Miriam Defensor Santiago confirme que Marcos sera son colistier[5].

Ferdinand Marcos se classe deuxième dans la course à la vice-présidence, très disputée, perdant face à la représentante de Camarines Sur Leni Robredo, qui l'emporte par 263 473 voix, l'une des marges les plus serrées depuis la victoire de Fernando Lopez (en) à l'élection à la vice-présidence de 1965. Il conteste sa défaite et dépose une plainte pour fraude mais elle est rejetée en 2021[2].

Élection présidentielle de 2022[modifier | modifier le code]

Ferdinand Marcos Jr. lance officiellement sa campagne en vue de l'élection présidentielle philippine de 2022 le 5 octobre 2021. Le 16 novembre, il annonce que sa colistière sera Sara Duterte, fille du président Rodrigo Duterte et maire de Davao[6]. Ce dernier, qui a toujours traité Marcos Jr. avec mépris en dépit de son alliance politique avec la famille Marcos, aurait été fort mécontent de voir sa fille le rejoindre comme colistière[7].

Durant la campagne, Ferdinand Marcos Jr. ne donne pas d'interviews aux grands médias du pays et ne participe à aucun débat avec les autres candidats. Le Monde estime qu'« il a surfé sur une vague de nostalgie qui repose sur une vision largement édulcorée du règne de son père ». Il profite aussi de l'affaiblissement du régime démocratique opéré par le président sortant Rodrigo Duterte[2].

Les réseaux sociaux ont été inondés d'informations mensongères concernant l'origine de fortune de la famille ou les progrès économiques réalisés sous le régime de Ferdinand Marcos père. Au contraire, ses adversaires ont été les cibles de dizaines d'affirmations fausses ou trompeuses, notamment des photos et des vidéos truquées visant à dépeindre Leni Robredo comme étant stupide ou communiste[8],[3].

Président des Philippines[modifier | modifier le code]

Bongbong Marcos et Sara Duterte lors de leur investiture.

Le 9 mai 2022, Ferdinand Marcos Jr. est élu président des Philippines face à Leni Robredo. Son investiture a eu lieu le 30 juin. Cette victoire marque le retour du clan Marcos au pouvoir, 36 ans après le départ de son père[2]. En outre, sa victoire constitue un indéniable triomphe : il a été élu avec 58,7 % des voix et peut compter sur le soutien d’une majorité à la Chambre des représentants et au Sénat et des institutions très malléables des Philippines[9].

Politique intérieure[modifier | modifier le code]

Agriculture[modifier | modifier le code]

Ferdinand Marcos Jr. dirige le ministère de l'Agriculture. Il déclare qu'il trouvera des solutions à la hausse des prix et au manque d'approvisionnement alimentaire. Une façon de résoudre ce problème, a-t-il dit, est d'augmenter la production des agriculteurs pendant la saison de plantation en leur fournissant une assistance financière et technique. Il s'est également engagé à fournir des subventions aux agriculteurs face à la flambée des prix des engrais et des pesticides, entre autres. « Les agriculteurs et les pêcheurs seront la priorité de mon administration », a-t-il déclaré.

Énergie[modifier | modifier le code]

Ferdinand Marcos Jr. a déclaré vouloir augmenter le niveau de production d'énergie en multipliant les sources d'alimentation électrique et en construisant de nouvelles centrales électriques. Dans son premier discours à la nation (SONA), il a déclaré qu'il était temps de réexaminer la stratégie du gouvernement en matière de construction de centrales nucléaires et a souligné que l'utilisation des énergies renouvelables, telles que l'hydroélectricité, l'énergie géothermique, l'énergie solaire et éolienne, figurait en tête de son programme climatique.

Infrastructures[modifier | modifier le code]

Ferdinand Marcos Jr. a souligné que les infrastructures sont l'épine dorsale de l'économie. Il a promis de poursuivre et d'étendre le programme d'infrastructure de l'administration Duterte.

Santé[modifier | modifier le code]

Ferdinand Marcos Jr. a demandé au Congrès d'adopter une loi qui créera un Centre de contrôle et de prévention des maladies, ainsi qu'un Institut des vaccins. Il a également déclaré que son administration construirait davantage de centres de santé et d'hôpitaux.

Estimant que le pays ne peut pas se permettre un autre confinement lié au COVID-19, il déclare nécessaire d'équilibrer la santé de la population et l'économie. Il a déclaré avoir demandé l'aide de plusieurs agences, en particulier le ministère de la Santé (DOH), pour s'assurer que le système de santé du pays a la capacité d'empêcher une recrudescence des cas de Covid-19.

Mesures répressives[modifier | modifier le code]

Son gouvernement fait arrêter le militant de gauche, candidat à la vice-présidence, Walden Bello[7].

L’Église catholique des Philippines a dénoncé une intensification de la militarisation dans les zones rurales et l'arrestation de prêtres et de dizaines d'autres personnes sous le prétexte d’être membres ou soutiens de « groupes communistes ou de terroristes armés ». L’Église souligne que « ceux qui défendent la terre, souvent propriété ancestrale des peuples indigènes, contre le développement de mines et de barrages, sont confrontés à l'armée philippine, qui utilise son pouvoir pour protéger les intérêts des sociétés multinationales. Les agriculteurs, qui cherchent des moyens de subsistance justes, décents et durables pour leurs familles et leurs communautés, sont souvent emprisonnés ou tués, tandis que les avocats qui tentent de les représenter sont agressés ou arrêtés ». Le Conseil œcuménique des Églises (CEC) qui s'est tenue à Genève en juin 2023, a lui aussi condamné les « graves violations des droits de l'homme » commises aux Philippines[10].

Affaires extérieures[modifier | modifier le code]

Ferdinand Marcos Jr. a déclaré que les Philippines continueraient d'être un ami pour tous, un ennemi pour personne, mais il a souligné : « Nous sommes très jaloux de tout ce qui est philippin ». Il déclare aussi : « Je ne présiderai aucun processus qui abandonnera ne serait-ce qu'un centimètre carré de territoire de la République des Philippines à une puissance étrangère ».

Il choisit l’Indonésie pour sa première visite d'État début septembre 2022 et s'adresse à l'Assemblée générale des Nations unies le 21 septembre 2022. Lors de son discours il déclare : « En renforçant la prévisibilité et la stabilité du droit international, en particulier la Convention des Nations Unies sur le droit de la mer de 1982, nous avons fourni un exemple de la manière dont les États devraient résoudre leurs différends : par la raison et par le droit »[11].

Il se montre, tout comme son père autrefois, pro-américain sur les enjeux géopolitiques. Après avoir donné l’accès à l'armée américaine de quatre nouvelles bases militaires aux Philippines – qui s’ajoutent aux cinq qui leur sont déjà ouvertes – il propose en février 2023 l’idée d’un accord militaire tripartite entre les Philippines, les États-Unis et le Japon. Les Philippines sont ainsi appelées à redevenir une pièce maîtresse de la stratégie américaine dans la région[12].

Manille et Washington annoncent en mai 2023 un nouvel ensemble d’orientations bilatérales en matière de défense. Celles-ci doivent, selon le gouvernement américain, renforcer l’interopérabilité des armées philippines et américaines « dans tous les domaines opérationnels, y compris la terre, la mer, l’air, l’espace et le cyberespace ». Joe Biden a aussi annoncé que les États-Unis allaient « soutenir la modernisation » de l’armée philippine. L’édition 2023 des exercices militaires conjoints annuels entre les États-Unis et les Philippines constitue la plus importante jamais organisée et entraine des protestations de la Chine[13].

Vie privée[modifier | modifier le code]

Bongbong est marié à Louise Cacho Araneta, dite Liza, membre de l'éminente famille Araneta, avec qui il a trois fils : Ferdinand Alexander III, dit Sandro (né en 1994), Joseph Simon (né en 1995) et William Vincent, dit Vince (né en 1997).

Notes et références[modifier | modifier le code]

  1. (en) By Amita O. Legaspi, GMA News, « Where was Bongbong Marcos when martial law was declared in 1972? », sur GMA News Online (consulté le )
  2. a b c d et e Brice Pedroletti, « Aux Philippines, le retour de la famille Marcos, trente-six ans après la chute de la dictature », sur lemonde.fr, (consulté le ).
  3. a b et c « Aux Philippines, le camp Marcos porté par les « fake news » », Le Monde.fr,‎ (lire en ligne, consulté le )
  4. « Aux Philippines, le clan Marcos en marche vers le pouvoir », La Croix,‎ (ISSN 0242-6056, lire en ligne)
  5. (en) Aries Joseph Hegina, « Miriam Santiago confirms Bongbong Marcos is her vice president », sur INQUIRER.net, (consulté le )
  6. (en) Neil Arwin Mercado, « It’s official: Bongbong Marcos, Sara Duterte running in tandem in 2022 elections », sur inquirer.net, (consulté le )
  7. a et b « Le retour du clan Marcos aux Philippines », sur Le Monde diplomatique, (consulté le )
  8. « Philippines: le fils du dictateur Marcos, grand gagnant de la désinformation », sur L'Obs,
  9. « Ferdinand Marcos Jr, dit « Bongbong », investi président des Philippines », Le Monde.fr,‎ (lire en ligne, consulté le )
  10. « Philippines: des chrétiens accusés de soutien aux rebelles communistes », sur Vatican News,
  11. (en-US) « Marcos champions UNCLOS in first UN speech, but leaves out mention of Hague ruling », sur RAPPLER, (consulté le )
  12. « Du Japon aux Philippines, les alliés des Etats-Unis serrent les rangs face à la Chine », Le Monde.fr,‎ (lire en ligne)
  13. « A Washington, Joe Biden et Ferdinand Marcos scellent une alliance militaire renforcée », Le Monde.fr,‎ (lire en ligne)

Liens externes[modifier | modifier le code]

Sur les autres projets Wikimedia :