Caméo — Wikipédia

Brève apparition d'Alfred Hitchcock, à droite, dans son film L'Inconnu du Nord-Express, en 1951.

Un caméo, également appelé passage éclair[1] ou vedette éclair[2] (essentiellement au Québec), est, dans le monde de l'image et plus particulièrement au théâtre et au cinéma, l'apparition fugace d'une personne membre de l'équipe de tournage ou autrement célèbre. Le mot « caméo » est un terme emprunté à l'anglais qui l'a lui-même emprunté à l'italien « cameo » ou « cammeo », signifiant « camée ».

Définition[modifier | modifier le code]

Le caméo est avant tout un clin d'œil, c'est pourquoi il n'est généralement pas crédité. Il est bref et souvent anecdotique, car il n'influe généralement pas sur le cours de l'histoire. Il peut être ouvertement montré, ou bien décelable par les seuls spectateurs avertis.

Le caméo au cinéma se démarque de la « participation exceptionnelle » à l'affiche des films français, qui relève du rôle parlant, ce qui n'est pas nécessairement le cas pour un caméo. Il diffère également de la notion de « guest star », qui consiste à faire participer de manière plus longue une personne connue dans un film ou dans un ou plusieurs épisodes d'une série télévisée.[pas clair]

Le caméo constitue en général une marque d'estime réciproque — si le rôle est plus long qu'une simple apparition, on parle de « participation amicale » — alors que la participation exceptionnelle ne l'est pas nécessairement : un acteur prestigieux peut apparaître dans un navet aussi longtemps que le budget de la production peut le supporter, ce qui peut aller de quelques secondes à un rôle complet. C'est ainsi qu'Orson Welles a joué le roi Saül dans le péplum italien David et Goliath (1960).

Extensions du sens[modifier | modifier le code]

Caméo d'un auteur[modifier | modifier le code]

Par extension, le terme « caméo » peut désigner toute apparition d'une personne dans une œuvre où l'on ne s'attendrait pas à la voir.

Peinture[modifier | modifier le code]

Au XVe siècle en Italie, il est fréquent qu'un peintre insère son portrait dans une de ses fresques, celle-ci étant de grandes dimensions et incluant de nombreux personnages. Cette apparition furtive constitue pour l'artiste une manière de signer son œuvre.

Bande dessinée[modifier | modifier le code]

Hergé, créateur des Aventures de Tintin, fait apparaître Edgar Pierre Jacobs (le dessinateur de Blake et Mortimer) dans quatre albums : Tintin au Congo, les Cigares du pharaon, le Sceptre d'Ottokar et Objectif Lune ; Hergé lui-même est présent dans plusieurs albums[a].

De même, Uderzo et Goscinny figurent dans certaines histoires d’Astérix dont ils sont les auteurs[b].

Cinéma[modifier | modifier le code]

C'est au cinéma que l'on rencontre le plus fréquemment les caméos.

Alfred Hitchcock en a fait une spécialité pendant cinquante ans, puisqu'on en dénombre quarante-et-un dans ses propres films, entre 1925 et 1976. Ils sont considérés comme sa signature.

Inspiré par Hitchcock, le réalisateur emblématique de la Nouvelle Vague, François Truffaut fait un caméo dans son premier long-métrage autobiographique Les Quatre Cents Coups (1959). Il apparaît lors de la scène du manège, où il accompagne discrètement Antoine Doinel dans un rotor géant pour faire une expérience anti-gravitationnelle.

Stephen King est également connu pour recourir régulièrement au procédé depuis 1981[3], de même que Stan Lee et Quentin Tarantino.

Les anglophones emploient l'expression pour désigner une apparition extrêmement courte d'un personnage, même si ce personnage n'est pas du tout incongru dans l'œuvre en question (Kitty Pryde dans les deux premiers films X-Men) et même si le rôle joué n'est pas du tout négligeable dans le récit.

Un coauteur apparaît parfois dans l'œuvre. Stan Lee, cocréateur des comics Marvel, est présent en caméo dans la plupart des adaptations cinématographiques de l'univers Marvel. Charles Bukowski fait une brève apparition en pilier de comptoir, dans Barfly de Barbet Schroeder sorti en 1987, dont il a écrit le scénario[4] (apparition d'autant plus légitime que le film s'inspire de sa propre vie).

En 1976, l'astronaute James Lovell fait une apparition dans le film de L'homme qui venait d'ailleurs de Nicolas Roeg, avec David Bowie. Il tient alors son propre rôle. En 1995, on le retrouve à la fin du film Apollo 13, dont il est le héros. Jouant le rôle du commandant du navire de récupération du vaisseau, on le voit serrer la main de Tom Hanks, qui interprète son rôle.

En 1996, Larry Flint, objet du biopic du même titre réalisé par Milos Forman, apparaît comme le juge de son propre personnage historique.

De même, les personnalités dont la vie est adaptée en « biopic » peuvent apparaître en caméo, comme Erin Brockovich, en 2000, dans Erin Brockovich, seule contre tous, où elle apparaît à l'écran dans le rôle de la serveuse nommée Julia, et ce justement devant l'actrice Julia Roberts qui interprète le rôle de Brockovich.

Dans le même esprit, en 2014, dans Big Eyes de Tim Burton, la peintre américaine Margaret Keane peut être aperçue dans un parc sur un banc, soit derrière l'actrice Amy Adams qui l'interprète.

En France, la pneumologue Irène Frachon apparaît de manière fugitive dans le récit qui en 2016 décrit son combat contre le Mediator, La Fille de Brest.

Caméo d'un personnage provenant d'une autre œuvre[modifier | modifier le code]

De même, par extension, le terme « caméo » peut désigner toute apparition d'un personnage dans une œuvre où l'on ne s'attendrait pas à le voir. Les studios Disney sont ainsi coutumiers du clin d'œil qui consiste à faire apparaître des personnages de leurs précédents films d'animation dans de nouvelles productions : ainsi, une statuette représentant la Bête de La Belle et la Bête est en possession du sultan dans Aladdin ; Mickey Mouse, Donald Duck et Dingo apparaissent sans raison dans la foule au début de La petite Sirène. Dans La Chambre d'ambre , tome 15 de la série de bande dessinée L'Histoire secrète, les auteurs font apparaître le personnage de Corto Maltese pour lui rendre hommage.

Application homonyme[modifier | modifier le code]

L'application Cameo, qui contre rémunération permet d'échanger en visioconférence ou de recevoir un message vidéo personnalisé d'une célébrité, reprend ce terme. L'application a fait florès durant la pandémie de Covid-19, alors que de nombreuses personnalités ont vu leurs ressources financières diminuer[5].

Notes et références[modifier | modifier le code]

Notes[modifier | modifier le code]

Références[modifier | modifier le code]

  1. « passage éclair », sur Le Grand Dictionnaire terminologique (consulté le ).
  2. « vedette éclair », sur Le Grand Dictionnaire terminologique (consulté le ).
  3. Caméos : les apparitions de Stephen King dans les films, Club Stephen King, 10 septembre 2019.
  4. Barfly (1987) - Full Cast and Crew sur IMDb.
  5. Par Antoine Castagné Le 15 janvier 2021 à 19h48, « VIDÉO. Comment les stars arrondissent les fins de mois sur cameo », sur leparisien.fr, (consulté le )

Voir aussi[modifier | modifier le code]

Sur les autres projets Wikimedia :

Articles connexes[modifier | modifier le code]

Liens externes[modifier | modifier le code]