Garde du corps du roi — Wikipédia

Garde du corps du roi
Image illustrative de l’article Garde du corps du roi
Gardes du corps du roi
Capitaine (1820)

Création 1422
Dissolution 1830
Pays Royaume de France
Branche Cavalerie
Type Garde royale
Fait partie de Maison militaire du roi de France
Composée de 1re compagnie (Cie écossaise)
2e compagnie (1re Cie française)
3e compagnie (2e Cie française)
4e compagnie (3e Cie française)
Musique
Surnom Maison bleue
Couleurs Bleu, rouge
Devise « Erit haec quoque cognita monstris »
« Nec pluribus impar »

La garde du corps du roi est une unité de cavalerie de la maison militaire du roi de France, sous l'Ancien Régime et la Restauration.

Histoire[modifier | modifier le code]

La première unité des gardes du corps est la garde écossaise créée par le roi Charles VII vers 1422. Cette unité est composée de soldats écossais portant le titre d’archers du corps du roi. Le terme d'archer désigne à l'époque un cavalier légèrement armé, à la différence des gens d'armes ou cavaliers cuirassés. Louis XI adjoignit à cette garde deux compagnies d'archers français. Une quatrième compagnie est créée par François Ier en 1515. Dès cette époque, la compagnie écossaise compte plus de Français que d'Écossais.

Les quatre compagnies de gardes du corps — ce terme supplantant au XVIe siècle celui d'archer du corps — n'ont toutefois aucun lien entre elles. Elles sont dirigées par des capitaines différents, souvent de haut rang. La compagnie écossaise est ainsi souvent commandée par des membres de la famille royale d'Écosse, les compagnies françaises par des maréchaux de France. En 1664, Louis XIV dote les gardes du corps d'un état-major commun.

Les compagnies de gardes du corps sont supprimées en 1791. Nombre d'entre leurs membres participent à la contre-révolution. Le corps est rétabli en 1814 et définitivement supprimé en 1830.

Le recrutement et les fonctions[modifier | modifier le code]

Benoît Defauconpret dans son ouvrage Les preuves de noblesse au XVIIIe siècle écrit : « Le recrutement des gardes du corps se fait très majoritairement par cooptation, les candidats étant présentés par des officiers, bas officiers ou gardes de la compagnie. Il faut être né sujet du roi, ancien catholique, de bonnes mœurs, bien fait et mesurant au moins cinq pieds cinq pouces. La solde ne suffit pas à l'entretien, et il faut disposer de quelques revenus. (...). Un garde du corps ne peut servir auprès du roi avant d'avoir un an de réception et de service au quartier. »[1]

Les gardes du corps - vêtus de bleu, veste, culotte et bas rouges, le tout galonné d'argent - « servaient par quartiers, et pendant leurs trois mois (...) passaient alternativement une semaine au château, une à l'hôtel pour les chasses, et la troisième où ils voulaient. Ainsi, cent gardes du corps et quelques centaines de Suisses formaient toute la défense du palais ». Leur service consistait « à monter la garde aux portes des appartements, à prendre les armes quand les princes passaient, à garnir la chapelle pendant la messe et à escorter les dîners de la famille royale ». Ils sont la protection rapprochée du prince[2].

Avec les Cent-Suisses, les gardes du corps veillent sur le roi à l'intérieur de son palais. Ils assurent la garde des portes du palais la nuit. Dans un déplacement ou une bataille, ils se tiennent à la droite du souverain.

Dans la compagnie écossaise sont choisis vingt-quatre gardes parmi les plus anciens, qui portent le titre de « gardes de la manche ». Ils sont chargés d'escorter la personne du roi en permanence. Parmi les gardes de la manche, on distingue encore six « gardes écossais », chargés des mêmes fonctions lors de cérémonies exceptionnelles telles que sacre ou mariage. Les gardes de la manche se distinguent par le port d'un hoqueton, sorte de casaque blanche brodée d'or portée par-dessus leur uniforme. Ils assurent également la garde du corps du souverain défunt et sa mise en bière.

Privilèges[modifier | modifier le code]

Les gardes du roi occupent le premier rang de la maison militaire du roi, devant les chevau-légers et les gendarmes de la Garde.

De par leur place près du roi, l'accès aux compagnies de gardes du corps est un privilège envié. Jusqu'au règne de Louis XIV, les places de gardes du corps sont vendues par les capitaines des quatre compagnies. Le roi-soleil met fin à ce privilège en 1664. Il s'attache à faire des gardes du corps une troupe d'élite en y intégrant les meilleurs éléments des régiments de cavalerie de ligne. Les gardes bénéficient de privilèges de noblesse à titre viager. Le rang de garde du corps équivaut à celui de sous-lieutenant de cavalerie et, au terme de 15 à 20 ans de service, à celui de capitaine de cavalerie.

Quartiers[modifier | modifier le code]

À Versailles, les gardes du corps du roi sont logés entre la rue de l'Orangerie et l'avenue de Sceaux. Ils ont également des garnisons à l'extérieur de Versailles : Saint-Germain, Chartres et Beauvais.

Insignes[modifier | modifier le code]

Les gardes portent un habit bleu sur une veste, des culottes et des bas rouges. Cet uniforme leur vaut le surnom de « maison bleue du roi ». Ils sont en effet l'un des seuls corps de la maison militaire du roi à porter le bleu comme couleur principale.

Les gardes du corps du roi ont d'abord pour devise Erit haec quoque cognita monstris (On les reconnaîtra, eux aussi, à leurs actions d'éclat), puis au temps du roi Louis XIV, Nec pluribus impar (À nul comparable (le soleil)).

Sur leurs épées, on peut lire l'inscription : Vive le Roy.

Deux bâtons d'ébène à pomme d'ivoire en sautoir.

D'un point de vue héraldique, les capitaines, chefs de corps des compagnies, pouvaient poser leur écu sur deux bâtons d'ébène à pomme d'ivoire disposés en sautoir.

Combats et batailles[modifier | modifier le code]

Organisation[modifier | modifier le code]

Le nombre de gardes du corps augmente entre le règne de François Ier et celui de Louis XIV de 400 à 1 600 hommes. Au XVIIIe siècle, l'effectif se stabilise autour de 1 500 hommes.

En 1737, chaque compagnie compte 320 hommes, organisés en deux escadrons et six brigades.

1re compagnie (Cie écossaise)[modifier | modifier le code]

1re compagnie
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Étendard de la 1re Cie française des gardes du corps du roi

Création 1440
Dissolution Licenciée le
Pays Royaume de FranceVoir et modifier les données sur Wikidata
Fait partie de Corps des gardes du corps du roi
Composée de Gardes de la manche
Ancienne dénomination Garde écossaise
Surnom Cie écossaise
Couleurs Blanc et or

Capitaines ou chefs de corps[3] :

2e compagnie (1re Cie française)[modifier | modifier le code]

2e compagnie
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Étendard de la 1re Cie française des gardes du corps du roi

Création / 1515
Dissolution
Pays Royaume de FranceVoir et modifier les données sur Wikidata
Fait partie de Corps des gardes du corps du roi
Garnison Coulommiers
Surnom Cent archers
1re Cie française
Couleurs Bleu et or
Commandant historique Hector de Galard

Louis XI, par édit du , avait institué pour la garde de son corps (c’est au roi que l'on doit cette dénomination singulière) une compagnie de 100 hommes d’armes français, sous le commandement d’Hector de Galard. Cette troupe fut longtemps connue sous le sobriquet de « gentilshommes au bec de corbin », parce qu’ils portaient, dans le service, une hache équilibrée sur son manche par une pointe recourbée.

Chacun de ces gentilshommes devait entretenir à ses frais deux archers. En vertu de lettres patentes données à Rouen le , le roi dispensa ces gentilshommes de l’entretien des archers ; il prit ceux-ci à sa solde et en forma une compagnie particulière dont il confia le commandement à Jean Blosset, seigneur du Plessis-Pâté.

Cette compagnie des archers s’appelait « la petite garde du roi », pour la distinguer de la 1re compagnie (garde écossaise) que l’on désignait officiellement sous le titre de « Cent lances des gentilshommes de l’hôtel du roy », ordonnée pour la grande garde de son corps, c'est-à-dire de son escorte.

La petite garde servait aussi bien à pied qu’à cheval, c'est-à-dire dans les appartements et dans l’intimité du roi.

C’est cette petite garde, transformée par François Ier en compagnie de 100 hommes d’armes, qui est devenue en 1515, la 1re compagnie française des gardes du corps. Cette compagnie s’est distinguée des autres, à partir du règne de Louis XIV, par la couleur bleue de ses étendards, bandoulières, banderoles et équipages.

Elle avait ses quartiers ordinaires à Coulommiers et servait à Versailles le quartier d’avril.

Capitaines ou chefs de corps[3] :

3e compagnie (2e Cie française)[modifier | modifier le code]

3e compagnie
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Étendard de la 2e Cie française des gardes du corps du roi

Création 1479
Dissolution
Pays Royaume de FranceVoir et modifier les données sur Wikidata
Fait partie de Corps des gardes du corps du roi
Surnom 2e Cie française
Couleurs Vert et or
Commandant historique Antoine VIII, duc de Gramont
François Potier (1612-1646), marquis de Gesvres

Louis XI, satisfait des services de ses « petits gardes » de la 1re Cie française, créa en 1479 une seconde compagnie semblable, et en donna le commandement à Claude de La Châtre.

Elle devint, comme la précédente, compagnie des gardes du corps au commencement du règne de François Ier.

Capitaines ou chefs de corps[3] :

Lauzun, qui perdit, en 1669, la charge de colonel général des dragons, reçut celle de capitaine de cette compagnie, grâce à l'appui (ou la passion que lui vouait) de Mlle de Montpensier qui, non seulement obtint l’agrément du roi, mais paya cette charge 750 000 livres au duc de Gesvres.

4e compagnie (3e Cie française)[modifier | modifier le code]

4e compagnie
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Étendard de la 3e Cie française des Gardes du corps du roi

Création 1515/1545
Dissolution
Pays Royaume de FranceVoir et modifier les données sur Wikidata
Fait partie de Corps des Gardes du corps du roi
Garnison Dreux
Surnom 3e Cie française
Couleurs Or
Garde du corps - l'uniforme de la 4e compagnie en 1786.

À son avènement à la couronne, François Ier possédait une compagnie des ordonnances qui était commandée par un capitaine-lieutenant, Raoul de Vernon, seigneur de Montreuilbouyn. Il avait aussi une garde personnelle commandée par Louis Leroy de Chavigny.

Souhaitant disposer de cinq compagnies des gardes du corps, toutes organisées sur le pied de la compagnie écossaise, il transforma donc en 1515, comme dit précédemment, les deux compagnies d'archers de la petite garde de Louis XI, et en ajouta deux autres formées avec ses gardes personnelles et avec des détachements de compagnies d'archers de Crussol et de La Chatre.

En 1545, il remania l'organisation des gardes du corps, et il n'en conserva que 4 compagnies. La 4e compagnie avait ses étendards, bandoulières et équipages de couleur jaune. Elle faisait le service à la cour du au , et était habituellement casernée à Dreux.

Capitaines ou chefs de corps :

5e compagnie (ex-gardes du corps de Monsieur)[modifier | modifier le code]

La Restauration française rétablit les compagnies de gardes du corps, par ordonnances des et (elles furent licenciées le ).

Officier des gardes du corps de Monsieur, frère du Roi, École française, XIXe siècle.

Le comte de Provence et le comte d’Artois avaient chacun deux compagnies de gardes du corps (celles de Provence avaient été créées en 1771 et celles d'Artois en 1773), qui ont été supprimées le , sans laisser d’autres traces dans l’histoire que les noms de leurs capitaines et la description de leurs uniformes :

  • Les compagnies de Monsieur avaient l’habit entièrement bleu, et la culotte et les bas rouges :
  1. La 1re se distinguait par la bandoulière et l’équipage[précision nécessaire] aurore, et fut successivement commandée par deux Lévis
  2. La 2e eut la bandoulière et l’équipage en violet et avait pour capitaine le comte de Chabrillan.
  • Les compagnies du comte d’Artois portaient l’habit vert-saxe, avec le collet, les parements, la doublure, la culotte et les bas cramoisis.
  1. La 1re, commandée par le prince d'Hénin avait la bandoulière et l’équipage bleu céleste.
  2. La 2e, commandée par le chevalier de Crussol, les avait de couleur rose. Pierre-Octave de Milleville s'illustra ici en mai 1775 lorsque, suffisamment courageux pour s'opposer au marquis de Louvois -maître de camps au Royal-Roussillon, il le fit condamner par un tribunal.

Les deux compagnies du comte d’Artois ont reparu pendant le règne de Louis XVIII. À la mort de ce dernier (1824), la compagnie des gardes du corps S.A.R. Monsieur, frère du roi (Charles Philippe, comte d'Artois) devient la 5e compagnie des gardes du corps de S. M. Charles X.

Capitaines ou chefs de corps :

Personnalités ayant servi au sein des gardes du corps du roi[modifier | modifier le code]

Règne de Charles VII[modifier | modifier le code]

Règne de Charles IX[modifier | modifier le code]

  • Gaspard de La Châtre (1539 - 1576), seigneur de Nançay, qui protégea Marguerite de Valois lors de la Saint-Barthélémy[7].

Règne de Henri IV[modifier | modifier le code]

  • Gabriel Anselmet, écuyer, seigneur des Bruneaux, capitaine-exempt des gardes du corps de Sa Majesté et gentilhomme ordinaire de sa chambre, chevalier de l'Ordre du roi.
  • Jérôme du Buisson (mort en 1622), écuyer, seigneur de La Marsaudière, garde du corps du roi (1602, 1610-1615, 2e compagnie), fauconnier du roi (chef du vol pour Corneille de la grande fauconnerie du roi (1605-1615)), conseiller du roi en ses conseils d'État et privé et son ambassadeur en Angleterre.
  • Antoine Grimoard de Beauvoir, baron du Roure (mort en 1622), baron de Banne et de Grisac, capitaine de cent hommes d'armes, lieutenant de la garde écossaise, lieutenant des gardes du corps du roi (compagnie écossaise).
  • Jean II de Mazelière, seigneur de Douazan et de Nazareth, capitaine exempt des gardes du corps du roi.

Règne de Louis XIV[modifier | modifier le code]

Règne de Louis XV[modifier | modifier le code]

Règne de Louis XVI[modifier | modifier le code]

Lors du sacre de Louis XVI, gravure Charles Emmanuel Patas.

Règne de Louis XVIII[modifier | modifier le code]

Robert Claret de Fleurieu (1792-1847).

Règne de Charles X[modifier | modifier le code]

Notes et références[modifier | modifier le code]

Notes[modifier | modifier le code]

  1. il reçoit la compagnie des gardes du corps (depuis Beauvau), par provisions du 3 décembre 1715 - voir de Courcelles, « Dictionnaire des généraux français », tome 2, p. 265.

Références[modifier | modifier le code]

  1. Benoît Defauconpret, Les preuves de noblesse au XVIIIe siècle, page 116.
  2. Jean-François Solnon, La Cour de France, page 513.
  3. a b et c Susane 1874.[réf. incomplète]
  4. Bulletin de la Société historique et archéologique du Périgord, Tome 17, p. 134
  5. Père des cardinaux de Richelieu
  6. Sur la démission du marquis de Praslin.
  7. Marguerite de Valois, Mémoires et lettres de Marguerite de Valois, Paris, Jules Renouard et C, (gallica), Livre premier, p. 29 - 35
  8. Le Cabinet historique: moniteur des bibliothèques et des archives, Au bureau du Cabinet historique, (lire en ligne)
  9. Joseph Durieux, Le Périgord militaire. Gardes du corps du roi au XVIIIe siècle, 1921, p. 275-278(lire en ligne)
  10. « MEMODOC : noms de famille in "GARDES DU CORPS DU ROI LOUIS XVI" de G. Bodinier, dictionnaire biographique », sur www.memodoc.com (consulté le )
  11. Avis aux bons citoyens, aux amis de la Constitution ou Extrait de la procédure criminelle instruite au Châtelet de Paris, sur la dénonciation des faits arrivés à Versailles dans la journée du 6 octobre 1789, (lire en ligne)
  12. Nicolas Viton de Saint-Allais, Nobiliaire universel de France, t. 13, Paris, Librairie Bachelin-Deflorenne, , 490 p. (lire en ligne), p. 333-336
  13. « Lamartine était soldat à Beauvais », (consulté le )
  14. Cie d'Havré
  15. Journal de Paris du 21 août 1814.

Annexes[modifier | modifier le code]

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Bibliographie[modifier | modifier le code]

Articles connexes[modifier | modifier le code]

Liens externes[modifier | modifier le code]