Caponnière — Wikipédia

La caponnière ou moineau, à son origine, est un élément de la fortification dont le rôle est de battre le fossé par flanquement.

Étymologie et définition[modifier | modifier le code]

Étymologie[modifier | modifier le code]

Il est probable que le mot vienne de « capon », lui-même dérivé du bas latin capit (tête), à l'instar des mots « chapeau », « chef », « capeline », « capitale », etc. Probablement parce que les caponnières étaient implantées dans les fossés des forteresses, donc à l'extérieur de l'enceinte, comme des « têtes » tournées résolument vers l'assaillant. Signalons que dans le langage des XVe siècle et XVIe siècle, faire face à quelqu'un se disait « tourner visage » ou « tourner tête à quelqu'un » (voir les Commentaires de Blaise de Monluc).

Définitions[modifier | modifier le code]

  • Tourelle basse et crénelée, construite au pied des remparts d'une fortification médiévale pour en assurer la défense ;
  • Communication enterrée en fond de fossé reliant le corps de place à un ouvrage extérieur (fortification bastionnée) ;
  • Casemate défilée à un ou deux étages de canons ou mousqueterie, destinée au flanquement des fossés (fortification polygonale).

Ordre[modifier | modifier le code]

Caponnière est un terme du glossaire de la fortification dont la signification a évolué au cours des siècles pour désigner des ouvrages d'architecture défensive différents souvent par leur conception technique et par l'usage auquel ils étaient destinés. C'est ainsi qu'on distingue, du XVe siècle jusqu'à l'époque contemporaine, trois ouvrages défensifs différents qui furent appelés « caponnières » :

  • la caponnière médiévale apparue dans la seconde moitié du XVe siècle sous le nom de «moineau » ;
  • la caponnière pour la fortification bastionnée, un chemin protégé imaginé par Vauban au XVIIe siècle ;
  • et enfin la caponnière contemporaine de la fin du XIXe siècle propre à la fortification polygonale, réapparition du principe de la caponnière médiévale.

Certains bunkers allemands de la seconde guerre mondiale comportaient une casemate de défense de l'entrée baptisée caponnière[1].

En fortification médiévale[modifier | modifier le code]

À la fin de la période médiévale, la caponnière, d'abord connue sous le nom de moineau est un petit ouvrage bas et vouté, installé en fond de fossé , d'où les défenseurs peuvent tirer en flanquement, de part et d'autre de la courtine. Cette première génération de caponnière présente l'avantage d’être à l’abri des coups directs de l’artillerie de siège et des assaillants.

Le mot renvoie probablement à l'isolement des soldats qui l'occupaient. On retrouve cette même hypothèse d'étymologie pour les moines, vivant en retrait dans un monastère, et dont la couleur de l'habit peut rappeler celle des plumes du moineau[2]. Cette hypothèse est à rapprocher le l’hypothèse d'étymologie des corbeaux, autre volatile, désignant un ouvrage perché.

Casemates adossées à l'escarpe, établies au pied des courtines ou sous les arches des ponts dormants, les moineaux étaient destinés à permettre aux défenseurs de battre le fond des fossés par des tirs rasants. Les embrasures de tir qui y étaient aménagées pouvaient être des canonnières ou des arbalétrières.

Les exemples de moineaux médiévaux subsistant en France sont rares[3] :

Hors de France :

À partir du XVIe siècle, l'amélioration de l'armement et les progrès de l'architecture militaire mènent à la fortification bastionnée. Le moineau disparaît alors au profit de la caponnière, un chemin protégé battant les fossés. Puis, son principe est repris au milieu du XIXe siècle avec la caponnière de la fortification polygonale, une casemate modernisée pour tenir compte des progrès de l'artillerie.

En fortification bastionnée[modifier | modifier le code]

La caponnière est un chemin protégé balayant le fond du fossé. Le rôle défensif est donc sensiblement le même, mais l’élément défensif n'étant plus une casemate, cette caponnière doit être bien distinguée de ses homonymes qui précèdent et suivent.

Une caponnière, est en fortification bastionnée un passage situé en fond de fossé flanqué par un mur ou un parapet en terre qui permet aux défenseurs de se déplacer de la porte ou de la poterne[b] vers un ouvrage extérieur[c] en étant protégés du feu ennemi tout en permettant de défendre le fond du fossé[5],[6]. Généralement positionné au milieu du fossé, le passage dispose d'un mur ou parapet de chaque côté d'où l'appellation de double caponnière.

Par extension, le terme caponnière fut attribué à tout passage protégé assurant une liaison entre deux ouvrages, qu'il soit ou non couvert et situé ou non à fond de fossé[6]. On peut ainsi voir des caponnières de liaison :entre l'enceinte urbaine et le fort de France à Colmars, entre la citadelle et la tour du sel à Calvi, entre les forts des Trois-Têtes et du Randouilet à Briançon.

En fortification polygonale[modifier | modifier le code]

Au milieu du XIXe siècle, les bastions sont devenus trop vulnérables face aux progrès de l'artillerie : ils sont remplacés pour la défense des fossés par des caponnières tirant uniquement en flanquement le long des fossés. Ces ouvrages, adossés au mur d'escarpe, sont assez bas pour être défilés aux coups directs de l'assaillant ; ils sont implantés aux angles du fort pour prendre en enfilade toute une face du fossé (caponnière simple, ou « aileron ») ou deux faces (caponnière double) ), avec quelques cas pour trois (triple). Des créneaux de tirs permettent de tirer au fusil et/ou avec de petites pièces d'artillerie sous casemate. Dans le fossé, la caponnière est entourée d'une cunette (un petit fossé, ancêtre du fossé diamant) sèche ou rempli d'eau, défendue par des « créneaux de pied » (une sorte de mâchicoulis)[4].

À la fin du XIXe siècle, les nouveaux obus et explosifs sont capables de défoncer les caponnières (lors de la crise de l'obus-torpille). Une solution est de remplacer les caponnières en maçonnerie par des coffres de contrescarpe en béton[7].

Notes et références[modifier | modifier le code]

Notes[modifier | modifier le code]

  1. Du nom du maître-échevin de l'époque, Philippe Dex
  2. Toutes les deux situées sur la courtine.
  3. Généralement une demi-lune.

Références[modifier | modifier le code]

  1. « Bunker type 636a - Regelbau R 636a - blockhaus poste de commandement de batterie côtière », sur presqu-ile-de-crozon.com (consulté le ).
  2. a et b Dépliant et documentation in situ du château de Bonaguil, août 2018.
  3. « Le glossaire », sur Fortification et Mémoire (consulté le ).
  4. a et b « Le glossaire : Caponnière », sur fortificationetmemoire.fr.
  5. « caponnière », sur le site du Centre National de Ressources Textuelles et Lexicales (CNRTL) (consulté le ).
  6. a et b « Caponnière », sur le site Fortification et Mémoire Le site des passionnés – De Vauban à Todt (consulté le ).
  7. Cédric Vaubourg, « Fortiff'Séré », 2010-2023 (consulté le )

Voir aussi[modifier | modifier le code]

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Articles connexes[modifier | modifier le code]

Liens externes[modifier | modifier le code]