Vol 714 pour Sydney — Wikipédia

Vol 714 pour Sydney
22e album de la série Les Aventures de Tintin
Logo de l’album Vol 714 pour Sydney
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Auteur Hergé
Genre(s) Franco-Belge
Aventure

Personnages principaux Tintin
Milou
Capitaine Haddock
Tryphon Tournesol
Roberto Rastapopoulos
Allan Thompson
Laszlo Carreidas
Lieu de l’action Drapeau de l'Indonésie Indonésie
Océanie

Langue originale Français
Éditeur Casterman
Première publication 1968
Nombre de pages 62

Prépublication journal Tintin
(de 1966 à 1967)
Albums de la série

Vol 714 pour Sydney est le vingt-deuxième album de la série de bande dessinée Les Aventures de Tintin, créée par le dessinateur belge Hergé. L'histoire est d'abord pré-publiée du au dans les pages du journal Tintin, avant d'être éditée en album aux éditions Casterman en 1968.

Dans cette aventure, Tintin retrouve son ennemi de toujours, Rastapopoulos, qui organise le détournement de l'avion du milliardaire Laszlo Carreidas en vue de lui extorquer des fonds placés sur un compte secret. L'intrigue, fortement influencée par les articles de la revue Planète dont l'un des fondateurs, Jacques Bergier, est croqué dans l'album sous les traits de Mik Ezdanitoff, évoque la possibilité d'une forme de vie extraterrestre en communication avec la Terre. L'île volcanique fictive de Pulau-Pulau Bompa, en Indonésie, où sont retenus les héros, renferme une grotte souterraine ornée de têtes monumentales et de pétroglyphes témoignant de leur passage. Hergé reprend ainsi la théorie des anciens astronautes qui connaît un certain retentissement dans l'opinion publique à l'époque de la création de l'album.

Alors qu'il commence à cette époque à se désintéresser de son héros de papier, Hergé doit néanmoins faire travailler l'équipe d'artistes des Studios Hergé. Après s'être fourvoyé dans une première version inachevée de Tintin et les Picaros, le dessinateur retrouve inspiration et motivation en assouvissant son goût pour l'ésotérisme et le surnaturel. L'album est l'un de ceux qui accordent une large place au fantastique dans la série. Les phénomènes paranormaux se succèdent au cœur du récit, de la télépathie à la présence d'ovnis en passant par l'hypnose et la radiesthésie.

Véritable succès commercial, Vol 714 pour Sydney est cependant critiqué par de nombreux spécialistes de l'œuvre d'Hergé comme une aventure « inutile » ou « un album de trop » ou accusant une maîtrise graphique en déclin. L'immersion extrême dans le paranormal est également mise en cause. L'auteur poursuit la déconstruction de l'univers de son héros, plus encore qu'il ne l'avait fait dans l'album précédent, Les Bijoux de la Castafiore. Il se plaît à ridiculiser les personnages de méchants et fait disparaître la frontière entre le Bien et le Mal à travers l'ambiguïté du personnage de Laszlo Carreidas, cependant que Tintin apparaît comme dépossédé de l'aventure.

L'histoire[modifier | modifier le code]

Résumé[modifier | modifier le code]

Un avion aux couleurs de la compagnie Qantas en vol.
Tintin, Milou, Haddock et Tournesol voyagent à bord du Boeing 707 de la compagnie Qantas assurant la liaison Londres-Sydney.

Tintin, Milou, le capitaine Haddock et le professeur Tournesol sont en route pour Sydney où ils doivent assister à un congrès d'astronautique, étant les premiers hommes à avoir marché sur la Lune. Ils font escale sur l'aéroport de Kemayoran, à Jakarta où ils rencontrent par hasard le pilote estonien Piotr Szut, apparu dans Coke en stock et travaillant désormais pour le milliardaire Laszlo Carreidas. Ce dernier, lui-même en route pour l'Australie, invite Tintin et ses amis à bord de son jet privé, le Carreidas 160[h 1].

Pendant le vol, l'avion est détourné vers l'île volcanique de Pulau-Pulau Bompa[h 2], où Rastapopoulos et son lieutenant Allan Thompson entendent soutirer à Carreidas le numéro d'un compte bancaire secret en utilisant un sérum de vérité mis au point par le docteur Krollspell[h 3]. Les héros sont capturés et enfermés dans un bunker, mais Tintin trompe la vigilance des gardiens sondonésiens, alliés de Rastapopoulos, et libère ses amis[h 4]. Avec l'aide du capitaine Haddock, il délivre ensuite Laszlo Carreidas mais leur situation est délicate, prisonniers de l'île et poursuivis par les malfaiteurs[h 5]. Dans le même temps, le professeur Tournesol, comme indifférent aux événements qui l'entourent, enregistre de très fortes oscillations avec son pendule. Tintin est mystérieusement guidé par des voix intérieures qui lui indiquent l'entrée d'une grotte souterraine où les héros trouvent refuge. La cavité est en fait l'entrée d'un temple souterrain où ils rencontrent Mik Ezdanitoff, un « initié » pratiquant la télépathie et l'hypnose et qui se présente à eux comme un intermédiaire entre la Terre et des extraterrestres qui visitent l'île depuis des millénaires[h 6].

Rastapopoulos et Allan cherchent à dynamiter l'entrée de la grotte alors que les Sondonésiens refusent d'y pénétrer. Plusieurs séismes se produisent, annonçant l'imminence d'une éruption volcanique[h 7], et l'explosion provoquée par les bandits accélère le phénomène. Les héros sont évacués à l'aide d'une « soucoupe volante » convoquée par Mik Ezdanitoff, cependant que ce dernier prend soin d'effacer ces événements de leur mémoire[h 8].

Photographie en noir et blanc d'une soucoupe volante aperçue dans le ciel.
Une « soucoupe volante » photographiée en 1952 aux États-Unis.

Rastapopoulos et ses comparses tentent de fuir l'île à bord d'un canot pneumatique. Ils sont enlevés à leur tour par les extraterrestres qui déposent Tintin et ses amis à leur place. Retrouvés sains et saufs, les héros manifestent leur incompréhension dans un reportage télévisé : Milou, seul personnage à avoir conservé tous ses souvenirs, ne peut les révéler, tandis que le professeur Tournesol dit avoir retrouvé dans sa poche un objet d'origine extraterrestre. Rastapopoulos et ses complices sont conduits dans un endroit tenu secret, à l'exception du docteur Krollspell, errant près de New Delhi, en Inde, complètement amnésique[h 9].

Dans la dernière vignette de l'album, Tintin et ses compagnons embarquent à bord du vol 714 qui doit finalement les conduire à Sydney[h 10].

Personnages[modifier | modifier le code]

Héros de la série, Tintin voyage à destination de Sydney en compagnie du capitaine Haddock, du professeur Tournesol et de Milou. Plusieurs personnages effectuent leur retour dans cet album, parmi lesquels le « génie du mal » Roberto Rastapopoulos et son fidèle lieutenant Allan Thompson. Haddock et Tintin retrouvent également le pilote d'avion Piotr Szut, rencontré en mer Rouge dans Coke en stock[1]. Séraphin Lampion fait une brève apparition à la fin de l'album, entouré de sa famille[2].

Personnages peints sur le mur blanc d'une station de métro.
Mik Ezdanitoff et Laszlo Carreidas à la station Stockel du métro de Bruxelles.

D'autres personnages font leur première apparition. Mik Ezdanitoff, qui travaille à la revue Comète, se dit en relation avec une civilisation extraterrestre avec laquelle il communique par télépathie pour les informer des activités humaines dans tous les domaines. Il pratique également l'hypnose et aide les héros à s'échapper de l'île en appelant une soucoupe volante[3]. Laszlo Carreidas est un milliardaire antipathique et interlope, surnommé « l'homme-qui-ne-rit-jamais ». Avare et tricheur, maniaque et hypocondriaque, il est profondément attaché à son chapeau[4],[5]. Son secrétaire britannique, Spalding, le trahit en réunissant une équipe de malfaiteurs aux ordres de Rastapopoulos[6] — notamment l'opérateur radio-navigant Hans Boehm, qui intègre l'équipage à Singapour[7], ainsi que le copilote Paolo Colombani, engagé à Téhéran pour remplacer le précédent, tombé malade[8]. Le docteur Krollspell, directeur d'un institut psychiatrique de New Delhi et complice de Rastapopoulos, met au point un sérum de vérité destiné à faire parler Laszlo Carreidas[9]. À l'inverse, le steward napolitain Gino n'est pas membre du complot. Il est fait prisonnier comme Tintin et ses amis à son arrivée sur l'île[10].

Comme dans Tintin au Tibet, les détectives Dupond et Dupont, pourtant parmi les personnages récurrents de la série, sont absents de l'aventure[11].

Lieux visités[modifier | modifier le code]

Photographie en couleur d'un aéroport pris depuis l'intérieur d'un avion situé sur la piste.
L'aéroport de Kemayoran au début des années 1970.

Le début de l'aventure se déroule à l'aéroport de Kemayoran près de Jakarta, sur l'île de Java, en Indonésie. Après le détournement de leur avion, les héros sont conduits sur l'île volcanique imaginaire de Pulau-Pulau Bompa, dans l'océan Pacifique[12], parmi les îles de la Sonde[13].

Les renseignements fournis par Hergé dans l'album permettent de déterminer approximativement la position de cette île fictive[13]. La radio émettant sur la plage de l'île après l'éruption volcanique déclare que celle-ci se situe dans la mer de Célèbes[h 11], un haut lieu de la piraterie à laquelle se livrent justement Rastapopoulos et ses complices[13]. Peu avant son détournement, l'avion de Carreidas survole d'abord le radiophare de Mataram, sur l'île de Lombok, la suite du plan de vol prévoyant qu'il passe par Sumbawa, Florès et Timor[h 12]. À partir de là, les pirates échappent à la zone de contrôle de Makassar, dans laquelle ils se trouvent et, au lieu d'entrer dans celle de Darwin, comme il est prévu initialement[h 13], ils se posent sur l'île fictive. Celle-ci se trouve donc en Indonésie, plus particulièrement parmi les îles de la Sonde, une des régions du monde les plus soumises à l'activité volcanique[13].

Après leur repêchage en pleine mer, Tintin et ses amis sont hospitalisés à l'hôpital de Jakarta, à la sortie duquel ils sont interviewés. Plusieurs cases de l'album montrent Séraphin Lampion et sa famille regardant ce reportage à la télévision depuis leur domicile[h 14].

Création de l'œuvre[modifier | modifier le code]

Contexte d'écriture[modifier | modifier le code]

Lassitude d'Hergé, malgré le succès[modifier | modifier le code]

Photographie en noir et blanc d'un homme aux cheveux courts tenant un crayon de la main droite, légèrement penché en avant
Hergé en 1962, travaillant sur une planche des Bijoux de la Castafiore, dans sa maison de Céroux-Mousty.

Au début des années 1960, Tintin devient une icône internationale[14]. L'œuvre d'Hergé commence à être étudiée par les universitaires et la presse des plus sérieuses[15]. Malgré la publication récente de deux albums considérés comme des chefs-d'œuvre — Tintin au Tibet et Les Bijoux de la Castafiore —, Hergé semble se désintéresser de plus en plus des Aventures de Tintin, pourtant en plein apogée commercial[16]. Déjà dans l'immédiat après-guerre, l'auteur semble déplorer les limitations des possibilités expressives de la bande dessinée[a 1] et se rend compte qu'il ne peut plus créer des aventures avec la facilité et l'évidence d'avant, mais au prix d'un grand labeur[p 1].

Depuis 1960, il vit avec sa jeune coloriste Fanny Vlamynck, pour laquelle il a quitté son épouse Germaine, après quatre années de liaison[p 2]. De nombreuses occupations le détournent de son travail, en particulier sa nouvelle passion pour l'art moderne et l'art contemporain, qui lui prend d'autant plus de temps qu'il s'essaie lui-même à la peinture[16],[p 3]. L'auteur prend des vacances de plus en plus régulières et longues[16], notamment en Ardenne, en Suisse[p 4], ou en Italie[c 1]. Hergé qui, à l'inverse de son héros, n'a que peu voyagé, multiplie désormais les destinations lointaines[16] : il visite notamment la Tunisie à l'occasion d'une croisière en Méditerranée en 1963[c 2], puis voyage au Québec en 1965[c 3].

Immeuble surmonté d'un panneau à l'effigie de Tintin et Milou.
À Bruxelles, l'immeuble du Lombard, éditeur du journal Tintin, surmonté de l'effigie géante de Tintin et Milou, emblème du triomphe commercial de l'œuvre d'Hergé (photo de 2017).

L'auteur donne davantage de son temps au journal Tintin, où Raymond Leblanc consent enfin à lui laisser une place de directeur artistique en 1964[c 4]. Aux Studios Hergé, le dessinateur s'occupe de la révision de ses précédentes aventures, soit en vue de les rendre politiquement correctes, soit pour corriger des erreurs et les remettre au goût de l'époque[a 1]. Il est notamment accaparé par la refonte de L'Île Noire demandée par l'éditeur anglais Methuen, sur laquelle il travaille de l'été 1963 à l'été 1965[g 1],[note 1]. Par ailleurs, il se laisse volontiers distraire par des discussions avec ses amis, ou de longues pauses entre collègues, prend le temps de répondre à sa volumineuse correspondance et d'accueillir les visiteurs[17],[18],[p 5]. De fait, le rythme de production des nouveaux albums diminue progressivement[a 1] et l'ensemble de l'équipe vit une période de désœuvrement[p 6].

Dans les années 1960, la diffusion internationale des Aventures de Tintin prend son envol avec de nouvelles traductions à travers le monde[19],[note 2] : le succès de la série ne se dément pas, mais il est concurrencé par l'éclosion d'Astérix en 1959[20]. Casterman suit avec inquiétude la montée spectaculaire des ventes de cette bande dessinée comique, alors que les Studios Hergé ne livrent plus de véritables nouveautés aux lecteurs (seulement les albums des films et la modernisation de L'Île Noire)[20]. La presse accorde à Astérix une place jusqu'alors uniquement occupée par le héros d'Hergé[20]. L'apogée est atteint à l'époque où Vol 714 pour Sydney apparaît dans les pages du journal Tintin en 1966, quand dans une enquête de L'Express consacrée au « phénomène Astérix », un journaliste relègue les Aventures de Tintin dans le passé et affirme que « dans le sillage d'Astérix, Tintin mord la poussière », ou encore qu'« Astérix a le même succès que Tintin naguère »[20],[21]. Ce genre de considérations irrite Hergé[20],[21],[note 3].

Tintin et les Bigotudos, travail mis de côté[modifier | modifier le code]

Photo en noir et blanc d'un groupe d'hommes armés et en tenue militaire, dans la jungle.
Fidel Castro et ses « barbudos » cachés dans la Sierra Maestra durant la révolution cubaine. Hergé planche sur un retour au San Theodoros plongé dans cette ambiance de guérilla.

Après la parution des Bijoux de la Castafiore en 1962, Hergé pense se nourrir de l'instabilité politique de l'Amérique latine d'alors pour renvoyer Tintin au San Theodoros, vingt-cinq ans après L'Oreille cassée[22],[g 2],[p 7]. Il désire moderniser la rivalité entre le général Tapioca et le général Alcazar en l'adaptant à ce contexte de guérillas et coups d'État, révolutions ou avènements de juntes militaires, liées à la guerre froide, soutenues voire dirigées de loin par le bloc de l'Est ou de l'Ouest[22],[g 2]. Il fait d'Alcazar et ses partisans des « bigotudos », guérilleros ayant juré de de ne pas se raser la moustache jusqu'à la victoire finale, parodie des barbudos castristes de la révolution cubaine[g 3].

Après plusieurs hésitations sur les prémices du récit, Hergé entreprend des découpages commençant par un voyage en avion de Tintin, le capitaine Haddock et Milou vers le San Theodoros pour un but encore incertain pour l'auteur[g 4]. Le vol, prévu pour la capitale Las Dopicos, est détourné par des « bigotudos » vers une autre ville tout juste « libérée » par les partisans d'Alcazar et s'achève sur un atterrissage en catastrophe, opéré dans une version par Tintin[g 5]. Malgré leurs bonnes relations avec Alcazar, Tintin et Haddock sont enfermés dans un camp de concentration d'opposants politiques, une vengeance opportune du colonel Sponsz, un Bordure déjà affronté dans L'Affaire Tournesol, envoyé par son pays pour soutenir cette révolution[g 6]. Les évasions ou les soubresauts du conflit les font ensuite retomber de camps de rééducation tapioquistes en prisons alcazaristes[g 6]. Une nouvelle version, au même début, conduit Haddock seul dans les geôles bigotudos, tandis que Tintin s'affaire à délivrer son ami ; il retrouve Piotr Szut, devenu aviateur mercenaire chez les bigotudos, qui l'aide à se cacher et à préparer la libération du capitaine[g 7]. Hergé envisage depuis le départ de terminer l'aventure sur une révolution permettant la réconciliation nationale favorisée par Tintin, sans savoir comment y parvenir[g 8]. Pendant plusieurs années, le dessinateur recommence en vain son découpage[g 9]. Chaque piste narrative se conclut sur un blocage[23],[g 10]. L'auteur hésite quant à la place à attribuer à son héros et s'empêtre dans les multiples ramifications de ses idées[23],[p 8].

En l'absence de nouvel album, l'activité des Studios Hergé est réduite au minimum, à peine compensée par la création des produits dérivés, des travaux publicitaires et la refonte de L'Île Noire[18],[24],[p 6]. Hergé doit fréquemment mettre de côté Tintin et les Bigotudos pour ces sollicitations annexes[g 1],[p 9]. Les artistes travaillent au ralenti, prenant plus de temps que nécessaire pour réaliser leurs tâches[18]. Dans une interview accordée en 2001, Roger Leloup, membre de l'équipe, revient sur cette période d'inertie : « La pire chose dans la vie est d'être payé à ne rien faire. Et personnellement, je trouve qu'on ne foutait rien. Les coloristes mettaient une semaine pour réaliser leur ouvrage. Chez Dupuis, le même travail se faisait en un jour »[18]. L'apparente nonchalance du maître à terminer son scénario exaspère certains de ses collaborateurs[18],[g 11]. Le reproche lui est adressé franchement à l'été 1965 : Jacques Martin et Bob de Moor profitent de vacances d'Hergé pour effectuer le crayonné et l'encrage de l'un des brouillons du dossier préparatoire de ce nouvel album[g 11],[p 8]. Ils déposent cette planche sans un mot de commentaire sur le bureau de l'auteur qui la découvre à son retour[g 11],[p 8]. Par ce « geste d'humeur », comme le qualifie Philippe Goddin, les deux dessinateurs cherchent avant tout à montrer au créateur de Tintin que la naissance d'une nouvelle aventure ne repose pas uniquement sur ses propres épaules et que son rôle peut bien être plus limité que ce qu'il laisse entendre[g 11]. Quelques jours après son retour, Hergé laisse paraître la planche en question dans l'hebdomadaire suisse L'Illustré, tout en livrant un entretien dans lequel il confie manquer d'inspiration et réclame son droit de ne pas soutenir une cadence forcée de production, comme peuvent le faire de nombreux écrivains[g 11],[p 10],[note 4].

Engouement pour le paranormal et la vie extraterrestre[modifier | modifier le code]

Couverture de livre de couleur blanc cassé.
Le Matin des magiciens de Louis Pauwels et Jacques Bergier, définissant le réalisme fantastique, influence fortement Hergé.

Les années 1960 voient l'émergence d'un grand intérêt pour l'infini de l'espace, à l'époque des débuts de son exploration[l 1],[25]. Des évènements comme le tour du monde en 108 minutes de Youri Gagarine, le projet américain d'envoyer un homme sur la Lune ou la révélation des premières images de la Terre vue depuis l'espace donnent conscience de la petitesse et de la finitude de notre planète, tout en ouvrant la curiosité et l'imagination vers l'inconnu de l'Univers[l 1],[25]. Cette mode relance l'intérêt autour des objets volants non identifiés et l'interrogation sur la vie extraterrestre, entraînant l'effervescence de thèses pseudo-scientifiques à ce sujet[l 1].

Au début de la décennie, Louis Pauwels et Jacques Bergier touchent le grand public avec leur essai Le Matin des magiciens, posant les bases du mouvement culturel du « réalisme fantastique »[l 1],[25]. Leur but est de traiter sérieusement de thèmes pseudo-scientifiques en couvrant de larges champs de recherches dont le paranormal, l'ésotérisme, les religions, les soucoupes volantes, l'alchimie, les sociétés secrètes, les civilisations disparues et l'étude des récits de science-fiction ou de fantastique[l 1],[25]. Prolongeant leur livre, ils fondent la revue Planète destinée à aborder « tout ce que la science officielle et les revues normales négligent »[l 1],[25]. En France comme en Belgique, la revue rencontre un énorme succès[l 1].

Hergé, dont la fascination pour le paranormal remonte à sa jeunesse, s'est plongé dans Le Matin des magiciens puis est devenu un lecteur assidu de Planète[p 12],[g 12],[26],[a 2]. Des proches écrivent dans la revue : Raymond De Becker, son patron au Soir pendant la guerre, et Bernard Heuvelmans, parascientifique l'ayant aidé sur certains scénarios[26],[a 3]. Dès son premier numéro, Planète parle fréquemment des autres « mondes habités »[l 2]. Hergé découvre également à l'été 1965 Le Livre des secrets trahis de Robert Charroux, dont il a déjà lu Histoire inconnue des hommes depuis cent mille ans[g 12],[26],[a 4],[l 3],[13],[17]. Dans ses ouvrages, Charroux développe la théorie des anciens astronautes : des civilisations passées auraient été « visitées » par des extraterrestres et le témoignage de leur passage sur Terre en plusieurs points du globe serait certaines réalisations monumentales ou des pétroglyphes évoquant des véhicules ou technologies semblables à ceux de l'exploration spatiale du xxe siècle[l 4]. Sur le même principe, Jean Sendy analyse la Bible comme le récit de ces rencontres à une époque lointaine, des thèses dont Hergé affirme qu'elles l'ont fortement troublé[l 5]. Le dessinateur a aussi parcouru Un mythe moderne. Des « signes du ciel » du psychanalyste Carl Gustav Jung, publié en 1959, une interprétation psychologique du phénomène des ovnis[l 5].

« Hergé était très intéressé par toutes les sciences un peu marginales […]. Il avait une attirance indiscutable pour les phénomènes inexpliqués. Je pense qu'Hergé croyait profondément à la réalité de tous ces phénomènes de clairvoyance, de télépathie, de rêves prémonitoires que l'on voit dans Les Aventures de Tintin. Il les traitait d’ailleurs tout à fait sérieusement. Il suffit de comparer la façon dont il évoque l'apesanteur dans On a marché sur la Lune — il en fait quelque chose de comique alors que c'est une réalité scientifique établie — et la manière dont il montre le moine qui lévite dans Tintin au Tibet : là, il évoque le phénomène d’une manière très sérieuse, et presque avec déférence, parce qu'il y croyait profondément. »

— Bernard Heuvelmans, ami et collaborateur d'Hergé[a 5].

Élaboration de l'histoire[modifier | modifier le code]

Un récit dérivé du précédent[modifier | modifier le code]

« J'ai voulu changer, revenir à l'Aventure avec un grand A… sans y revenir vraiment. »

— Hergé en 1970[27].

Hergé s'est toujours nourri de l'actualité de son temps pour la retranscrire plus ou moins directement dans Les Aventures de Tintin[l 1],[28]. Ce regain d'intérêt pour certains phénomènes inexpliqués, et leur légitimation intellectuelle, l'inspire pour établir les bases d'un nouveau scénario[a 6],[p 12]. Il voit un cadre suffisamment atypique et énigmatique pour ses héros dans ces vestiges mystérieux de civilisations anciennes, traces du passage d'extraterrestres sur Terre[g 12]. Il compte exploiter dans cette aventure « deux interrogations : y aurait-il d'autres mondes habités ? Y aurait-il des « Initiés » qui le savent ? »[a 6],[29]. Le projet d'Hergé est de leurrer le lecteur en commençant par une aventure classique (tranchant avec Les Bijoux de la Castafiore) avant de plonger dans le paranormal[26],[g 13]. Il délaisse Tintin et les Bigotudos pour cette histoire, tout en y récupérant des éléments narratifs[26],[g 12],[16].

Photo en noir et blanc d'un militaire en uniforme tendant un sabre à deux mains tendues devant lui, entouré de photographes.
L'ultime soldat japonais restant rendant les armes en 1974. Hergé pense confronter Tintin à ces soldats isolés du Pacifique ignorant la fin de la Seconde Guerre mondiale.

L'intrigue repart de l'idée d'ouverture de Tintin et les Bigotudos par un voyage en avion, Tintin, Tournesol et Haddock (et Dupond et Dupont à ce moment-là) étant invités au Congrès mondial d'astronautique en Australie à Sydney en tant que premiers hommes à avoir marché sur la Lune[g 12]. Un atterrissage d'urgence ou un crash en mer doit amener les héros sur une île déserte, où ils découvriraient de mystérieux signes gravés dans la pierre et rencontreraient — plus ou moins directement — des extraterrestres[g 12]. Dans les premières ébauches, Hergé perturbe leur vol par un ouragan qui les contraint à un atterrissage forcé sur un providentiel vieil aérodrome militaire perdu sur une île isolée du côté de Bornéo ; les personnages sont fait prisonniers par des soldats japonais en haillons, oubliés là depuis vingt ans, sans savoir que la Seconde Guerre mondiale a pris fin[26],[g 14]. Dans la scène de l'avion, le dessinateur reprend un gag conçu pour Les Bigotudos : le capitaine Haddock se démène avec un siège récalcitrant qui se coince ou se débloque intempestivement, l'empêchant de savourer son whisky[g 14].

Hergé remanie ces prémices en faisant revenir Piotr Szut, prévu en aviateur mercenaire chez les bigotudos, qu'il emploie ici en pilote d'avion privé en Australie[26], au service de James H. Spalding, collectionneur sydnéen de retour d'Inde (où il aurait acheté des émeraudes au maharadjah de Gopal)[g 13]. Szut retrouve Tintin et ses amis lors d'une escale avant Sydney, pour laquelle Hergé récupère des éléments du transit à Rio de Janeiro qui commence une des versions des Bigotudos, dont l'accueil par une hôtesse[26],[g 13]. Dans une nouvelle mouture, Hergé renomme l'homme d'affaires R. E. Barclay et en fait un influent éleveur australien, par ailleurs organisateur du congrès d'astronautique et accompagné d'un secrétaire nommé Harrison ; après les retrouvailles de Szut et Tintin, Barclay les invite à poursuivre ensemble le voyage jusqu'à Sydney à bord de son avion privé[g 13]. Ce synopsis continue encore par l'ouragan obligeant à un atterrissage de fortune sur une île, la capture par des soldats japonais restants, l'évasion puis la confrontation avec un mystère[g 15].

Remplaçant l'ouragan par le détournement d'avion prévu dans Tintin et les Bigotudos, Hergé en fait la manœuvre d'un secrétaire véreux envers son patron, rappelant l'antagonisme entre Mendoza, ministre tapioquiste croisé dans l'avion vers Las Dopicos, et Fernandez, son secrétaire se révélant bigotudos lorsqu'il déclenche la prise d'otages avec des complices[g 15]. Comme dans la dernière itération des Bigotudos, ce secrétaire cherche à extorquer les richesses de son employeur[g 15]. Hergé écarte peu à peu à l'idée des Japonais et, un temps, de l'atterrissage houleux[g 15]. L'avion finirait plutôt à la mer et les personnages dériveraient sur un canot pneumatique vers l'île, puis seraient guidés vers l'élément fantastique par le pendule du professeur Tournesol[g 15].

Finalisation et fabrication, du journal Tintin à l'album[modifier | modifier le code]

Hergé s'éloigne de ces premières versions et, en bien moins de temps que Tintin et les Bigotudos, parvient à fixer le scénario définitif[g 15]. Lorsque l'auteur voyage au Québec en , Bob de Moor essaie d'avancer le scénario, amenant des péripéties ou détaillant la structure définie par Hergé ; ce dernier retient ensuite quelques idées de son assistant[c 5]. Le dessinateur prend le temps de recommencer plusieurs fois son découpage ou de remanier des passages précis[c 5]. Il se lance dans les premiers crayonnés en grand format au cours du printemps[c 5]. Il y place et anime ses personnages puis confie la planche crayonnée à ses collaborateurs pour les ajouts purement techniques de décors ou de véhicules[c 6]. L'histoire s'est établie : Hergé a créé Laszlo Carreidas et donné le nom de Spalding au secrétaire malhonnête, tandis que le plan général de l'enlèvement du milliardaire est l'œuvre de Rastapopoulos (une idée envisagée depuis les débuts du projet)[g 15]. Autre idée tirée des Bigotudos, le gag du Sani-Cola au goût infâme, jeté par le capitaine dans un pot de fleurs et s'avérant nocif pour la plante, était prévu avec du Spladj, un alcool bordure, à l'aéroport de Tacapolca au San Theodoros[g 16],[c 7]. À la fin de l'année 1965, les Studios n'en sont qu'à la moitié des crayonnés de l'aventure[c 8]. Hergé s'étonne lui-même d'éprouver du plaisir dans le travail, écrivant à un ami : « Tout est subordonné à Tintin ! Et jusqu'ici, à ma grande surprise, je tintine avec joie ! »[c 9].

Photographie en couleurs d'un homme de profil, portant des lunettes.
Bob de Moor, principal collaborateur d'Hergé au sein des Studios, en 1980.

Michel Greg, nouveau rédacteur en chef du journal Tintin, espère pouvoir proposer cette histoire pour le vingtième anniversaire du périodique en , aucune aventure inédite du héros éponyme n'y étant parue depuis quatre ans[c 8]. Hergé et son équipe commencent l'encrage des planches en , partageant le dessin comme à l'étape des crayonnés[c 10]. L'histoire est baptisée tardivement[c 8]. Le dessinateur hésite entre plusieurs titres, comme « L'Archipel du grand secret » ou « Vol spécial pour Adélaïde » (d'après la ville australienne), avant de choisir Vol 714 pour Sydney[c 8],[26]. Ce « vol 714 pour Sydney » du titre ne joue pourtant aucun rôle dans l'action : c'est la référence du vol que Tintin, Haddock et Tournesol auraient dû prendre au début de l'histoire (mais n'ont pas pris à la suite de la rencontre avec Carreidas), et prennent une fois le livre fini, pour se rendre au congrès d'aéronautique[h 15],[30]. Ce titre n'est divulgué qu'une semaine avant la prépublication dans Tintin[c 11]. L'achèvement des crayonnés et des planches encrées, puis leur mise en couleur, se fait en parallèle de la parution des premières dans le journal[c 12]. Hergé termine les crayonnés des dernières pages au tournant de l'année 1967[c 13]. Au cours de la mise au net, arrivés au milieu de l'épisode, le dessinateur et ses collaborateurs découvrent tardivement que les crayonnés comportent une planche de trop, car deux pages ont été numérotés 33 par erreur[c 14]. Hergé est donc contraint de réduire d'une planche son récit[c 14]. Retouchant les crayonnés des ultimes planches, il condense la scène finale de l'éruption[c 15]. Les dernières planches sont encrées vers l'automne 1967[c 9].

Tout au long de l'écriture de l'aventure, l'auteur se demande à quel point montrer les extraterrestres[g 15]. Il résout en partie cette question en faisant apparaître un initié, Mik Ezdanitoff, intermédiaire entre les personnages humains et les extraterrestres[g 15]. Dans la grotte, les statues similaires à des cosmonautes et les pétroglyphes représentant des soucoupes volantes entourées d'être volants évoquent aussi leur présence[31],[a 7]. Hergé hésite également sur le fait de représenter les extraterrestres ou, au moins, leur vaisseau spatial[31]. Il en débat avec son entourage ; par exemple, Jacques Martin l'incite à les représenter, comme il l'avait encouragé à révéler le yéti au plus tôt dans Tintin au Tibet[31]. Hergé décide finalement de seulement donner à voir la soucoupe dans le ciel, dans les dernières pages[31]. Il regrette plus tard ce choix, déclarant en 1971 : « La soucoupe volante n'aurait pas dû y être. Je n'aurais peut-être pas dû [la] montrer de façon si précise… Mais ce n'était pas assez visible, sinon. […] Je n'ai pas trouvé le moyen de terminer autrement. Le mystère n'est pas assez mystérieux : il y a une réponse »[31],[32].

Début , Hergé termine avec soulagement son travail sur l'aventure et prend des vacances, tandis que ses collaborateurs poursuivent leurs tâches dans les décors puis la mise en couleurs[c 16],[note 5]. Au cours de la conception de Vol 714 pour Sydney, il a brièvement songé à ce que ce soit la dernière des Aventures de Tintin[34]. À son retour de Suisse, il livre la couverture de l'album, montrant Tintin, Haddock, Milou, Carreidas et Krollspell dans le sinistre souterrain, encadrés par deux gigantesques visages de pierre ; l'éditeur Louis-Robert Casterman est réticent envers cette illustration sombre et éloignée du sujet aérien du titre mais Hergé le rassure en agrandissant ses personnages et en donnant plus de couleur à l'ensemble[c 17],[note 6]. Une fois la prépublication de Vol 714 pour Sydney achevée en , Hergé retourne aussitôt aux brouillons de Tintin et les Bigotudos[g 17],[note 7].

Sources d'inspiration[modifier | modifier le code]

Intérêt pour les pseudo-sciences[modifier | modifier le code]

Titre « Planète » en capitales.
Hergé s'appuie les articles pseudoscientifiques de la populaire revue Planète.

L'écriture de Vol 714 pour Sydney est directement inspirée des articles de la revue Planète[26],[a 2]. Selon l'universitaire Maxime Prévost, plusieurs articles du premier numéro, paru en 1961, suggèrent à Hergé des éléments de son intrigue, parmi lesquels « Hypothèses sur les mondes habités » de Pierre Guérin, « Notions nouvelles sur l'hypnotisme » de Jacques Mousseau, et surtout « Redécouverte du roman d'aventures anglais » de Jacques Bergier, qui se propose de réhabiliter Henry Rider Haggard, Arthur Conan Doyle, John Buchan et Robert Louis Stevenson, des romanciers dont l'influence sur Hergé est certaine[a 2],[35].

D'autres numéros de la revue contiennent des articles qui se rapprochent de l'imaginaire de Vol 714 pour Sydney, comme l'analyse des théories de Thor Heyerdahl sur les statues de l'île de Pâques par Serge Hutin dans « La grande énigme des rochers sculptés », article paru dans le deuxième numéro en 1961, ou les communications télépathiques et les soucoupes volantes, dans des articles parus en 1964 et 1966[a 2]. Dans un de ces articles, le récit de la rencontre d'un couple américain avec des extraterrestres comporte, à l'instar de la fin de l'album, l'effacement de leur mémoire par hypnose et des signes d'« aimantation intense » de leurs montres et leur voiture, tel l'objet métallique gardé par le professeur Tournesol[a 2].

Dos de plusieurs livres d'une même collection.
Autres succès, les livres de Robert Charroux élaborent une théorie particulière sur les extraterrestres et l'Humanité.

L'influence des écrits de Robert Charroux est aussi perceptible[26],[a 4],[l 3],[13],[17]. Hergé fonde son récit sur la théorie des anciens astronautes, exposée dans Histoire inconnue des hommes depuis cent mille ans en 1963 puis Le Livre des secrets trahis en 1965[l 4]. Cette hypothèse pseudo-historique tente d'expliquer par le contact de civilisations anciennes avec des extraterrestres, depuis la Préhistoire, les architectures monumentales échappant aux moyens techniques de leur époque et les gravures, dessins ou sculptures rappelant des objets volants ou des cosmonautes en scaphandre[l 4]. Ces œuvres mystérieuses seraient la preuve matérielle d'une transmission de savoirs à ces peuples ou, tout du moins, la représentation par ces civilisations de la venue de ces êtres d'un autre monde, également décelable dans des récits religieux tel le Livre d'Hénoch[l 4].

Dans son histoire, Hergé fait de l'île de Pulau-Pulau Bompa le territoire d'un peuple désormais disparu, visité par des extraterrestres depuis des millénaires ; l'endroit garde des traces de la vénération des autochtones envers ces « dieux » d'une autre planète[l 4]. Le dessinateur place ainsi des représentations équivoques dans le temple souterrain, mêlant des exemples d'origines géographiques diverses[l 4],[36]. Dans Le Livre des secrets trahis, Charroux mentionne notamment la découverte d'une peinture rupestre en Ouzbékistan, parmi les grottes ornées de Ferghana, dépeignant un cosmonaute « coiffé d'un casque hermétique pourvu d'antennes et portant sur le dos un appareil ressemblant à ceux dont on envisage de doter les futurs “piétons de l’espace” »[l 4],[36]. L'entrée basculante du passage secret dans la grotte s'inspire directement d'une remarque présente dans le même ouvrage : les têtes géantes de pierre édifiées par les Olmèques au Mexique semblent « casqué[e]s comme des cosmonautes modernes », d'autant plus qu'elles évoqueraient des « dieux volants »[l 4],[36],[note 8]. Dans Histoire des hommes inconnue depuis cent mille ans puis Le Livre des maîtres du monde en 1967, explorant les mystères connus de seuls Initiés, Charroux érige celui du contact avec les extraterrestres et de leur lien ancien aux humains comme l'un des plus importants, secret perpétué par une poignée de « médiateurs » : Hergé fait de Mik Ezdanitoff l'un d'entre eux[l 6]. Dans le premier livre, Charroux estime, au chapitre « Les soucoupes volantes », que les extraterrestres viendraient régulièrement sur Terre pour se tenir au courant des activités de l'Humanité, Hergé établissant Ezdanitoff comme l'intermédiaire de cette mission[l 7]. Enfin, dans Le Livre des maîtres du monde, Charroux relève dans plusieurs récits religieux la rémanence du motif des élus préservés d'un malheur terrestre, tel le Déluge : « tous ont été “enlevés vivants” à la Terre et transportés ailleurs… comme s'ils avaient eu le pouvoir de se déplacer dans un mystérieux engin pour se rendre en un mystérieux endroit » ; la fin de l'aventure — en particulier le destin du docteur Krollspell, retrouvé à New Delhi — peut faire écho à cette considération[l 7].

Nouveaux personnages[modifier | modifier le code]

Pour composer le personnage du milliardaire Laszlo Carreidas, Hergé s'inspire de l'austère homme le plus riche du monde J. Paul Getty, connu pour son avarice et son absence de sourire, et du magnat Howard Hughes devenu à la fin de sa vie fou et mysophobe[37]. Il pense d'abord le baptiser Juan Carredas et hésite entre l'affubler d'un tic verbal, de la phobie des microbes ou d'un catarrhe chronique comme défaut susceptible de créer des gags[c 18]. Son nom provient d'un jeu de mots sur « carré d'as »[4]. Le nom de sa marque de soda, Sani-Cola, est également un jeu de mots sur saint Nicolas[37]. Carreidas pourrait aussi emprunter à l'ingénieur et homme d'affaires Marcel Dassault, même si le dessinateur le réfute[a 8],[30] : outre le rapport aux avions, Carreidas et son probable modèle partagent une allure qui ne laisse pas deviner de prime abord leur nature de pilier du monde des affaires[38],[39]. Hergé se défend de s'être inspiré de l'avionneur, probablement pour ne pas le froisser[37]. Sur le conseil de ses collaborateurs, pour éviter la comparaison avec Dassault, il retire les mots « cinéma » et « presse » des activités de Carreidas énumérées par Szut mais fait l'erreur de les remplacer par « électronique », domaine crucial de son groupe industriel[40]. Dassault est néanmoins ravi de cette caricature dans laquelle il se reconnaît pleinement ; il aurait même envoyé une lettre de félicitations à Hergé[37],[41].

Mik Ezdanitoff, de la revue Comète, est quant à lui ouvertement inspiré de l'écrivain et journaliste Jacques Bergier, de la revue Planète[a 8]. Hergé disait à son sujet « J'aime bien dérouter, Ezdanitoff lui aussi est déroutant… Jacques Bergier a été ravi de se voir ainsi croqué dans le rôle de l'initié : il figure maintenant dans une bande dessinée ! L'étonnant Bergier… »[42]. Hergé a aussi envisagé les noms « Jacques Gerbier » ou « Korsakoff »[43]. Fondateur de la revue Planète et coauteur du Matin des magiciens, grand succès de librairie dès sa parution en 1960, Jacques Bergier se distingue par son ouverture pour tout ce qui relève des savoirs déviants, des thèmes qui suscitent l'intérêt d'Hergé depuis de longues années[a 8]. Cependant, Bergier tient en horreur la question des OVNI, qu'il range parmi les « escroqueries classiques »[a 6],[44]. Hergé le rencontre personnellement sur le tournage de Tintin et les Oranges bleues, durant lequel Bergier conseille les producteurs[45]. Le nom de Mik Ezdanitoff, à consonance slave, est en réalité emprunté au marollien « is dat niet tof ? » qui signifie « n'est-ce pas que c'est chouette ? »[46], Hergé se plaisant à inventer des noms propres à partir de ce dialecte bruxellois[47]. Son langage comporte des « r roulés », évoquant un accent russe, qu'Hergé a curieusement tenté de gommer avant la parution en album[31].

Photographie en noir et blanc d'un homme portant une moustache et une cravate.
Le médecin nazi Josef Mengele est cité comme l'une des possibles inspirations du Dr Krollspell.

Le docteur Krollspell, psychiatre inventeur d'un sérum de vérité, est dans l'esprit d'Hergé, « un véritable tortionnaire. Il a un passé obscur et a probablement « travaillé » dans un camp nazi »[27],[48],[a 9],[49],[50],[note 9]. Ce pourrait être une transposition du docteur Mengele, médecin dans le camp d'Auschwitz durant la Seconde Guerre mondiale s'étant livré à de sordides expérimentations[51],[a 9],[50],[38], ou de Theodor Morell, médecin personnel d'Hitler qu'il a bourré de substances douteuses[49]. La présence de Krollspell en Inde peut rappeler l'exil de Mengele en Argentine afin d'échapper à toute condamnation[50],[38]. Au cours de ces années où Hergé conçoit Vol 714 pour Sydney, la presse révèle en détail et en images les crimes de Mengele, dont l'Allemagne vient récemment de demander l'extradition[50]. Le mot « krolspel » signifie « bigoudi » en bruxellois[49].

Hergé se prête exceptionnellement à représenter l'un de ses admirateurs dans une aventure de Tintin[52],[53]. Un lecteur bordelais nommé Jean Taussat (qui lui écrit sous le faux nom de Jean Tauré de Bessat) lui avait demandé en 1962 dans une lettre accompagnée d'une photo l'honneur d'être dessiné serrant la main ou parlant au capitaine Haddock[52],[53]. Touché par la ferveur de cet étudiant et cette requête rare, il avait d'abord prévu de donner son nom à un officier d'Alcazar dans Tintin et les Bigotudos[31],[53]. Finalement, il donne ses traits au journaliste qui interroge Tintin et ses compagnons à la fin de l'album[31],[54],[53],[note 10].

Emblème représentant un « C » bleu et, dans un losange, les symboles de pique, cœur, carreau et trèfle.
La dérive du jet arbore le logo de l'entreprise Carreidas, réunissant les quatre enseignes des jeux de cartes français, soit un carré d'as.

Invention du Carreidas 160[modifier | modifier le code]

Pour dessiner le Carreidas 160, le jet privé du milliardaire Laszlo Carreidas, Hergé rassemble des technologies de pointe des années 1960[55]. Avec ce jet supersonique, il entend apparaître comme un précurseur, comme il l'avait été avec Objectif Lune / On a marché sur la Lune au début des années 1950 et souhaite proposer la même rigueur technique que le diptyque lunaire[37]. L'assistant occasionnel Arthur Vannoeyen, précieux sur la conception des engins astronautiques dix ans plus tôt, n'est néanmoins plus disponible[37]. Hergé place donc ce travail entre les mains d'un collaborateur des Studios Hergé passionné d'aéronautique dont il n'a jamais pleinement exploité le potentiel : Roger Leloup, futur créateur du personnage de Yoko Tsuno[55],[37]. Il s'était chargé du dessin des Mosquitos de Coke en stock et des nombreux avions de la refonte de L'Île Noire[56],[57].

Avions en vol vus du dessus avec le terrain survolé à l'arrière-plan.
Deux Mirages G, l'un avec les ailes dépliées, l'autre avec les ailes repliées.

Le Carreidas 160 reflète les recherches alors en cours sur le chasseur F-111 de General Dynamics et sur le jet d’affaires Mystère 20 de Dassault Aviation, ainsi que celles sur les avions supersoniques à vocation commerciale tels les projets du Concorde, du Boeing 2707 et du Tupolev 144[37]. Hergé fait du jet de Carreidas le premier avion supersonique commercial[37]. Leloup invente un avion d'affaires triréacteur pour quatre hommes d'équipage et dix passagers, dont la vitesse à 12 000 mètres d'altitude est de mach 2[37]. Ses turboréacteurs Rolls-Royce Turbomeca totalisent 8 400 kilos de poussée[h 16]. Il est également équipé d'une voilure à géométrie variable[h 17], soit la même solution de vol que le Mirage G[58], un appareil qui effectue son premier vol en 1966[59], et d'un empennage en T proche du Vickers VC10[59].

Le Carreidas 160 emprunte l'aménagement de son cockpit au Boeing 707[55], un avion de ligne américain. L'un des collaborateurs d'Hergé, Michel Desmarets, se rend d'ailleurs à l'aéroport de Bruxelles pour étudier le système de verrouillage intérieur de l'appareil[60]. Le train d'atterrissage du Carreidas 160 rappelle quant à lui celui du Tupolev Tu-134, un modèle soviétique[59]. La propulsion par trois réacteurs évoque le petit Yakovlev Yak-40, un autre appareil soviétique[59]. De même, le Carreidas 160 dispose de réacteurs à postcombustion, que seuls le Concorde et le Tupolev Tu-144 ont eu parmi les avions civils[59]. Les buses d'entrées d'air sont similaires à celles du Rockwell B-1 Lancer, un bombardier supersonique, alors en développement aux États-Unis, qui possède lui aussi des ailes à géométrie variable[59]. Une maquette du Carreidas 160 est conçue par Leloup pour en faciliter le dessin[37],[c 19].

Personnages peints sur le mur blanc d'une station de métro.
Le Carreidas 160 et Szut en tenue de pilote sur la fresque de la station Stockel du métro de Bruxelles.

Un dessin de Roger Leloup du Carreidas 160 en vue éclatée est publié dans le journal Tintin le [61] et témoigne du souci de réalisme apporté à l'appareil[37],[59],[62],[55]. Toutefois, certaines incohérences figurent dans l'album. Le cockpit n'a pas de siège dont le dossier permet de soutenir la nuque, ce qui est pourtant nécessaire dans un engin supersonique afin que les membres d'équipage ne subissent pas de coup du lapin en cas de choc. Aussi, par mesure de sécurité, le pilote aurait dû porter des lunettes de soleil et les membres de l'équipage attacher leur ceinture de sécurité[63]. Par ailleurs, Piotr Szut, qui est borgne, n'aurait pas pu piloter cet avion. En effet, la législation aérienne est très stricte dans le domaine et le pilote doit avoir une vision normale du relief. Or, cette vision est produite par la juxtaposition de chacune des deux images transmises au cerveau par chaque œil. En effet, ces deux images ne sont pas exactement identiques, car les deux yeux sont séparés d'une dizaine de centimètres[63]. Au regard des premières versions de l'intrigue, Philippe Goddin constate d'ailleurs qu'« Hergé semble ainsi considérer qu'exercer le métier de pilote mercenaire chez les insurgés ou celui de pilote d'avion privé, c'est du pareil au même »[26].

Un aéroport et une île[modifier | modifier le code]

Photographies en noir et blanc montrant des avions sur une piste, vus de côté.
Avions sur le tarmac de l'aéroport de Kemayoran, en 1967.

Hergé obtient par Greg les coordonnées d'un abonné du journal Tintin à Yogyakarta[15]. Ce lecteur indonésien est sollicité pour transmettre aux Studios Hergé des photographies précises des bâtiments et des cartes postales de l'aéroport de Kemayoran : la tour de contrôle, l'aérogare et l'intérieur des installations de transit[60]. Fidèle à son souci de réalisme, Hergé agrémente ses décors d'objets mobiliers réels. À titre d'exemple, le canapé rouge dans lequel est assis Laszlo Carreidas au moment de sa rencontre avec le capitaine Haddock est une copie dessinée par l'architecte et designer américaine Florence Knoll[64]. Les Studios Hergé ont aussi l'habitude de reproduire du mobilier qu'ils ont sous la main, présents dans leurs bureaux[p 13].

Photographie d'un bunker en ciment, à l'état de ruine, situé à l'abri d'une dune, au bord d'une plage.
Un bunker édifié pendant la Seconde Guerre mondiale, près d'Ostende.

L'île fictive de Pulau-Pulau Bompa comporte plusieurs témoignages d'un passé militaire : épaves de navires sur la plage[h 18] et vieux bunkers japonais[h 19]. Par la situation de l'île, ces vestiges résultent probablement de l'occupation de la région par les Japonais et des conflits que ceux-ci mènent contre les Américains durant la Seconde Guerre mondiale, occupation qui prend fin avec l'indépendance de l'Indonésie, proclamée en 1945 et reconnue en 1949[13]. Quant aux volontés d'indépendance des patriotes sondonésiens mises en avant dans le récit, elles pourraient faire écho à celles des habitants du Timor oriental, qui n'obtiennent leur autonomie qu'en 2002[13]. Hergé vêt certains soldats de tenues traditionnelles d'Océanie, d'après des photographies[36].

Les bunkers sont dessinés d'après ceux édifiés par l'armée allemande en 1941 sur les côtes d'Ostende, en Belgique, près du fort Napoléon[65]. Par l'entremise de son frère le major Paul Remi, Hergé obtient du Service historique de l'Armée de pouvoir accéder à ces bunkers : il envoie Bob de Moor réaliser des croquis dans ce site fermé de la Force navale[65],[c 12]. Les décors des Studios Hergé reproduisent notamment en détail la forme particulière des fenêtres et les portes blindées[65]. Le commodore Lurquin compte en échange sur le journal Tintin pour publier un article sur la Force navale[c 12].

La piste d'atterrissage de plaques en acier perforées de l'île de Pulau-Pulau Bompa étant trop courte, l'avion utilise un parachute de queue, dispositif que vient compléter une barrière d'arrêt sur la piste afin que l'appareil puisse se poser sans trop de dommages. Dans la réalité, ces mêmes barrières sont utilisées dans l'armée et notamment sur les porte-avions, pour la même raison[63].

Photographie d'un animal marchant à quatre pattes, la langue sortie.
Varan dans le parc national de Komodo.

Le capitaine Haddock et Tintin croisent sur l'île un varan. Ce gros lézard carnivore de la famille des sauriens peut atteindre plus de trois mètres de longueur en Indonésie. Quant aux chauves-souris qui effraient le marin, ce sont certainement des roussettes de Malaisie, espèce frugivore. Elles sont plus impressionnantes que leurs cousines européennes et vivent à l'abri de la lumière[63].

La présence d'un temple extraterrestre sur l'île où Tintin est prisonnier se réfère à la théorie des anciens astronautes. Dans la grotte souterraine, Tintin et ses amis découvrent une gigantesque tête basculante qui peut évoquer celle d'un cosmonaute. Pour la dessiner, Hergé opère un « rapprochement hasardeux », selon les termes de Philippe Goddin[66]. La tête s'inspire en partie de la photographie d'une tête colossale olmèque de San Lorenzo Tenochtitlan au Mexique, qui se trouve en couverture du Livre des secrets trahis de Robert Charroux[67], tandis que les traits de son visage reprennent ceux d'un tiki, une divinité de pierre découverte sur l'île d'Hiva Oa, aux îles Marquises, dont il avait conservé une photographie publiée dans la revue National Geographic[66]. Une maquette en plâtre mobile de la tête basculante est réalisée pour faciliter le dessin du mouvement du mécanisme par les Studios Hergé[68].

Une éruption volcanique avec des coulées de lave, vue la nuit.
L'éruption détruisant l'île est notamment dépeinte d'après des images du volcan hawaïen Kīlauea.

À la fin de l'aventure, Hergé représente l'éruption volcanique d'après des photographies d'éruptions de l'Etna en Sicile et du Kīlauea à Hawaï, issues de son abondante documentation iconographique[69]. Au cours de l'encrage des crayonnés, le dessinateur et ses assistants découvrent que le récit s'étale sur une planche de trop : Hergé est contraint de réduire cette scène finale de l'éruption pour supprimer ce débordement, alors qu'il comptait offrir plus de cases à cet instant afin de montrer une éruption bien plus spectaculaire[c 15].

Publications[modifier | modifier le code]

Prépublication et parution en album[modifier | modifier le code]

Extrait d'une fresque montrant des personnages d'Astérix en train de courir.
Au cours des années 1960, Astérix est devenu un rude concurrent de Tintin.

Vol 714 pour Sydney est pré-publié dans les pages du journal Tintin du au [70], à raison d'une planche par semaine[c 20],[k 1]. La première planche paraît d'ailleurs dans un numéro spécial marquant les vingt ans du journal, composé de 100 pages[71],[k 1]. À cette occasion, la rédaction du périodique édite une carte promotionnelle de quatre pages qui contient la première planche du récit[k 1]. Une exposition Tintin et 20 ans de bandes dessinées est organisée au palais provincial du Brabant à Bruxelles, en face du siège des éditions du Lombard[71].

La prépublication de Vol 714 pour Sydney comporte certaines particularités par rapport aux autres aventures de la série : aucune couverture du journal n'est consacrée à la publication de l'album et c'est la dernière fois que la version du périodique et celle de l'album bénéficient de colorisations séparées[c 21]. Les différences entre les deux versions sont nombreuses[k 1] mais minimes[70]. Hergé procède à des modifications du décor en arrière-plan, ou d'accessoires comme la manière dont est nouée l'écharpe de Carreidas, et surtout à une réécriture des dialogues et des onomatopées[70].

Titre du présent album écrit en capitales d'imprimerie noires.
Titre sur la page de garde de l'album.

L'album paraît au printemps 1968. Casterman veut lancer une large promotion autour de l'album, après cinq ans d'absence de Tintin, et organise un grand cocktail promotionnel à Paris le [p 14]. Les manifestations, grèves et révoltes de mai 68 perturbent lourdement le voyage d'Hergé en France et entravent la réussite de l'évènement[p 14]. Finalement, alors que l'auteur s'inquiétait que le contexte affaiblisse les ventes, l'album est un succès de librairie, avec 500 000 exemplaires vendus en un semestre[p 14]. Il établit un record par rapport aux sorties précédentes, néanmoins loin du succès du nouveau concurrent Astérix[p 14]. Tandis que les aventures de Tintin se font de plus en plus sporadiques, son rival français apparaît dans deux histoires par an : l'année de parution de Vol 714 pour Sydney, Le Bouclier arverne se vend à un million d'exemplaire et Astérix aux Jeux olympiques à 1,2 million[72].

Alors que l'album est déjà paru, Hergé en émet rapidement une deuxième version, modifiant quelques dialogues, dont, à la page 42, une question de Haddock à Tintin dans le souterrain, qui passe de « Allez-vous enfin me dire où vous nous menez comme ça, mille millions de sabords ?!… » à « Allez-vous me dire dans quelle caverne de brigands nous sommes ici, mille millions de sabords ?!… »[73]. L'éphémère première version, devenue rare, est recherchée par les collectionneurs et affiche désormais un prix élevé[74].

Autres publications et traductions[modifier | modifier le code]

Dans la presse francophone[modifier | modifier le code]

Comme d'autres aventures de la série, Vol 714 pour Sydney paraît en Suisse dans L'Écho illustré, à raison d'une planche hebdomadaire en noir et blanc, du au [k 2]. En France, de nombreux périodiques de toute nature diffusent les histoires d'Hergé de la fin des années 1960 au début des années 1980. C'est ainsi que Vol 714 pour Sydney paraît dans Agri Sept, un hebdomadaire consacré au monde agricole, mais également dans plusieurs titres de la presse quotidienne régionale comme Le Dauphiné libéré, Dernières Nouvelles d'Alsace, L'Est républicain, Le Maine Libre, Le Méridional, Nord Éclair ou encore L'Yonne républicaine[k 3]. En Belgique, l'aventure est diffusée dans le quotidien La Cité et l'hebdomadaire Junior (Chez nous)[k 4].

Dans la presse étrangère[modifier | modifier le code]

Vol 714 pour Sydney bénéficie également de traductions dans les différentes versions de l'hebdomadaire Tintin à l'étranger. Au Portugal, elle est éditée par Livraria Bertrand et Editorial Ibis, et le journal publie l'aventure du au [k 5]. Vol 714 pour Sydney est par ailleurs la seule aventure de Tintin diffusée dans la version brésilienne du magazine, publiée par ces mêmes éditeurs[k 6]. L'hebdomadaire O Estado de S. Paulo propose lui aussi l'aventure à compter du [k 7]. L'éditeur Zendrera, qui diffuse la version espagnole du journal, la relaie du au [k 8],[k 9], tandis qu'en Grèce, Vol 714 pour Sydney bénéficie d'une diffusion dans huit numéros de Tenten en 1969, puis dans la version miniature du magazine l'année suivante[k 10].

Titre de presse en lettres gothiques noires.
Vol 714 pour Sydney est la première aventure de Tintin publiée en Islande, par le quotidien Morgunblaðið.

L'aventure est également sérialisée dans plusieurs titres de presse sur les différents continents. En Belgique, l'hebdomadaire belge néerlandophone Ons Volkske en publie une traduction sous le titre Vlucht 714 naar Sydney qui est ensuite reprise aux Pays-Bas dans l'hebdomadaire Katholieke Illustratie du au [k 11]. En Allemagne, le récit paraît dans le quotidien Hamburger Abendblatt du au [k 12], mais elle est également reprise en 1975 dans Zack et en 1978 dans Fix und Foxi[k 13]. En Italie, c'est l'hebdomadaire Vitt qui obtient les droits de diffusion du récit, publié du au [k 14],[k 15]. L'aventure paraît également dans plusieurs quotidiens danois[k 16], irlandais[k 17], suédois[k 18] et turcs[k 19]. Elle est également la première aventure de Tintin diffusée dans le quotidien islandais Morgunblaðið entre le et le [k 15].

Aux États-Unis, la revue mensuelle Children's Digest la diffuse de janvier à d'après la traduction opérée par l'éditeur britannique Methuen[k 20]. En Égypte, le mensuel Samir, édité par la société Dar-Hilal, en assure l'une des premières diffusions à l'étranger entre le et le [k 21]. En Australie, le quotidien The Canberra Times s'en charge du au [k 22], mais le récit est également diffusé dans la revue thaïlandaise Viratham du au [k 23] et la revue argentine Billiken du au sous le titre Raptados en la Isla[k 24]. Une autre parution a lieu dans ce pays au sein du magazine Anteojito, cette fois sous le titre Vuelo 714 para Sydney, entre le et le [75],[k 25].

Traductions de l'album[modifier | modifier le code]

Dès sa publication chez Casterman en 1968, l'album est traduit en anglais et édité au Royaume-Uni par Methuen, puis en Espagne l'année suivante aux éditions Juventud[76]. L'album bénéficie de traductions dans d'autres langues étrangères (bengali en 1996[77] et vietnamien en 2014[78]) ou régionales (basque en 1990[79], bernois en 1968[80], breton en 2003[81], catalan en 1987[82] et créole réunionnais en 2008[83]).

Analyse[modifier | modifier le code]

Place de l'album dans la série[modifier | modifier le code]

Une aventure inutile ?[modifier | modifier le code]

Photographie d'un homme portant des lunettes et lisant des documents étalés devant lui.
Pierre Sterckx, pour qui l'album peut se lire comme « une plongée dans le passé » des personnages.

De nombreux spécialistes de l'œuvre d'Hergé portent un jugement négatif sur Vol 714 pour Sydney, en particulier Pierre Assouline qui le considère comme « un album de trop »[84], Jean-Marie Apostolidès qui le qualifie « d'aventure inutile »[85] ou Michael Farr qui affirme que l'auteur manque de subtilité tant dans la qualité du récit que celle du dessin[86]. Pour Pierre Assouline, « il y a si peu à dire sur cette histoire, si conventionnelle dans sa dramaturgie, si prévisible dans son comique, si peu audacieuse dans son avancée vers la science-fiction, que les amateurs se rabattront plus que jamais sur ses sources »[84].

L'album est cependant défendu par Bertrand Portevin dans son ouvrage Le monde inconnu d'Hergé[87], et par l'universitaire Maxime Prévost, qui considère cet album comme l'un des plus fascinants de la série et se demande si ses détracteurs « ne se recrutent pas principalement parmi les lecteurs qui n'ont pas eu la chance de le découvrir pendant l'enfance »[a 10]. Après l'aventure intime et intérieure que constitue Tintin au Tibet[p 15] et « l'anti-aventure » des Bijoux de la Castafiore[88], Hergé, selon ses propres termes, fait son retour à « l'Aventure avec un grand A »[a 10].

Pierre Sterckx, critique d'art et ami de Hergé, lit cette aventure comme « une plongée dans le passé » qui permet au dessinateur d'explorer « l'intériorité psychologique et le passé coupable » de certains personnages, mais également de découvrir les vestiges d'une civilisation disparue. Il note d'ailleurs que « cette histoire concernée par la mémoire personnelle de ses héros se termine par une amnésie générale »[89]. Vol 714 pour Sydney est, avec L'Étoile mystérieuse, Objectif Lune, On a marché sur la Lune et L'Affaire Tournesol l'un des seuls albums de Tintin qui relèvent de la science-fiction, et pour le tintinophile suisse Jean Rime, l'évocation des extraterrestres apparaît comme une « situation incongrue qui outrepasse les limites du réalisme souvent crédité à l'univers d'Hergé, mais qui se comprend corrélativement à la vogue contemporaine de la revue Planète dont Hergé connaissait plusieurs rédacteurs »[90].

Vol 714 pour Sydney se distingue des autres aventures par la courte durée de son action qui, exceptée l'intervention télévisée des héros dans les dernières pages, se déroule sur environ 24 heures[91].

Graphisme en déclin[modifier | modifier le code]

Dessin en noir et blanc représentant Tintin accroché à une locomotive, suggérant le mouvement.
Une case de Tintin en Amérique reflétant tout l'art graphique initial d'Hergé, dans les années 1930.

Philippe Goddin salue la qualité des décors mais reproche à Hergé « les grimaces forcées dont il afflige volontiers ses personnages ainsi que l'utilisation, inhabituelle, de gros plans, particulièrement lors de la reprise du gag du sparadrap »[c 9]. Pierre Fresnault-Deruelle estime que l'équilibre entre la ligne et la couleur qui faisait la particularité du dessinateur est rompu dans cette aventure. Il pointe en particulier la chemise rose de Rastapopoulos et affirme que « pour la première fois chez Hergé, la couleur d'un vêtement jure »[92]. Jean-Luc Marion critique pour sa part le graphisme grimaçant des visages, notamment celui de Tintin qui « trahit une évolution décadente de la ligne hergéenne »[93]. Sylvain Bouyer explique que, dans les derniers albums, le dessin a « perdu toute nervosité. La forme s'écarquille à partir des Bijoux. Le trait devient plus mou, il englobe plus de vide. Hergé affectionne les gros plans. Il dessine moins souvent les personnages en pied ; il s'intéresse aux grosses têtes, freinant la course du récit »[94]. Michael Farr relève des « excès » artistiques, absents des précédents albums, qu'il attribue à l'emprise grandissante des assistants des Studios Hergé dans le dessin de chaque case[86].

Vol 714 pour Sydney comporte tout de même un certain nombre de réussites sur le plan graphique. Quand Allan Thompson s'amuse à enfoncer un chapeau sur la tête du capitaine Haddock qui, les mains liées, ne peut se défendre, Hergé innove pour signifier l'aveuglement soudain de ce dernier : il introduit, au sein d'une bulle entièrement noire censée traduire la « nuit mentale » du capitaine, deux traits d'exclamation rouge dont les points représentent ses yeux abasourdis. Selon Pierre Fresnault-Deruelle, il s'agit là d'un « admirable précipité idéogrammatique »[95]. Le biographe Harry Thompson (en) juge Hergé « au sommet de sa forme », estimant qu'« artistiquement, l'album est sa plus grande réussite », faisant preuve d'une « ingéniosité cinématographique dans la composition », notamment dans les scènes du temple souterrain et lors de l'éruption volcanique[96]. En outre, Philippe Goddin reconnaît une intéressante recherche sur les couleurs à la fin de l'album : l'obscurité du souterrain est rendue par des aplats d'encre de chine et des couleurs glauques allant du verdâtre au gris puis ce décor apparaît d'une toute autre manière lorsque la lave incandescente illumine les cases d'une couleur rouge flamboyante[c 15],[c 22].

Références aux autres albums[modifier | modifier le code]

Photographie en noir et blanc de deux hommes combattant en intérieur avec des mouvements de boxe française.
Tireurs de savate, sport que le professeur Tournesol dit avoir pratiqué dans sa jeunesse.

L'histoire de Vol 714 pour Sydney s'inscrit dans la continuité des précédentes. Dans cette aventure, Tintin, Milou, Haddock et le professeur Tournesol voyagent initialement vers Sydney, où ils sont invités au congrès d'aéronautique en tant que premiers hommes à être allés sur la Lune, dans On a marché sur la Lune, ce qui témoigne du retentissement mondial de leur exploit[30]. Une autre référence à Objectif Lune est glissée : lorsque Tournesol se ridiculise par une démonstration de savate, Haddock lui lance « Quand cesserez-vous de faire le zouave ? » et le regrette aussitôt, craignant que le professeur, en entendant cette insulte, ne se plonge à nouveau dans la folle colère qui l'avait emporté lors des préparatifs de la mission lunaire[36]. La savate est également une référence à L'Île Noire, dont la refonte est achevée peu avant la prépublication de Vol 714 pour Sydney : dans cette aventure, c'est par un coup de savate que Tintin répond à la technique de ju-jitsu portée contre lui par Wronzoff[97].

Cet album est l'occasion par ailleurs d'une nouvelle confrontation entre le héros et Rastapopoulos, la dernière parmi les albums achevés, Hergé ayant en effet envisagé de faire revenir le « génie du mal » sous les traits du faux mage Endaddine Akkas, dans Tintin et l'Alph-Art, aventure inachevée à sa mort[98].

L'essayiste Jean-Marie Apostolidès établit un certain nombre de parallèles entre Vol 714 pour Sydney et Le Temple du Soleil. L'entrée des héros dans la grotte souterraine de l'île de Pulau-Pulau Bompa rappelle en effet leur cheminement souterrain vers le Temple du Soleil tant par la couche phosphorescente qui recouvre les murs que par la présence de statues géantes. La dalle sur laquelle glisse le capitaine évoque celle qu'ils ont dû pousser pour pénétrer dans le temple inca, tandis que dans les deux albums, Tintin doit appuyer sur l'œil gauche d'une statue pour atteindre « l'enceinte sacrée »[91].

Déconstruction du monde de Tintin[modifier | modifier le code]

« J'ai voulu démystifier l'aventure, en quelque sorte, à travers les « mauvais » qui ne sont pas si mauvais que ça, et les « bons » qui ne sont pas si bons… Il y a cependant beaucoup de tricheries et de trahisons, dans cette histoire : le combat naval truqué de Carreidas, la conduite du distingué Spalding, etc. »

— Hergé en 1970[27].

Frédéric Soumois interprète les derniers albums des Aventures de Tintin, dont Vol 714 pour Sydney, comme œuvrant à la « déconstruction », au « désenchantement » et à la « désacralisation » de la série et de ses personnages[99]. Il voit dans ces albums finaux un « processus de dérision de l'œuvre et de la création mêmes » par Hergé[99]. Jean Rime, professeur de littérature, estime que « l'aventure se ni[ait] » dans l'album précédent, Les Bijoux de la Castafiore[100], tandis que Frédéric Soumois met en avant le fait que l'auteur « perverti[ssait] les structures narratives » de son récit[99]. Dans Vol 714 pour Sydney, la déconstruction porte cette fois sur les personnages de « méchants » qui sont profondément ridiculisés[100],[99],[101], cependant qu'Hergé fait éclater la dichotomie « bons » / « mauvais » avec le personnage de Laszlo Carreidas, placé du côté des « bons » sans en avoir les qualités[99],[102].

Gros plan sur une tête de singe nasique, au long nez descendant devant la gueule.
Un singe nasique, par sa ressemblance avec Rastapopoulos, participe à la ridiculisation du méchant.

Hergé s'emploie particulièrement à ridiculiser Rastapopoulos et son fidèle bras droit Allan, qui apparaissent l'un comme un être grotesque et immature, l'autre comme un sous-fifre peu éveillé[103]. Il déclare à ce sujet : « En cours de récit, je me suis rendu compte qu'en définitive, Rastapopoulos et Allan n'étaient que de pauvres types. Oui, j'ai découvert ça après avoir habillé Rastapopoulos en cow-boy de luxe : il m'est apparu tellement grotesque, accoutré de cette façon, qu'il a cessé de m'en imposer ! Les méchants ont été démystifiés : en définitive, ils sont surtout ridicules, pitoyables. […] D'ailleurs, ainsi déboulonnés, mes affreux me paraissent un peu plus sympathiques : ce sont des forbans, mais de pauvres forbans »[104]. Cette démystification se poursuit lorsque, s'étant involontairement fait injecter du sérum de vérité par le docteur Krollspell, Rastapopoulos se livre avec Carreidas à un concours ridicule pour déterminer qui des deux mérite le titre de génie du mal. Il livre alors lui aussi le récit des pires de ses crimes, révélant d'ailleurs au docteur qu'il comptait le trahir. À la fin, Tintin le retrouve même en larmes, vexé de ne pas se voir reconnaître ce titre[103].

Bottes de cow-boy décorées du drapeau américain.
Les santiags à motif, un élément du costume de Rastapopoulos.

Chaque apparition de Rastapopoulos dans l'aventure est une occasion pour Hergé de tourner son personnage en dérision : alors qu'il promet à Tintin de l'écraser comme la « misérable araignée » qui passe à côté de lui, il ne parvient pas à écraser le petit animal, puis quelques planches plus tard, à peine s'est-il réjoui de la disparition de sa bosse au front qu'une stalactite se détache et lui en vaut une nouvelle[105]. Il en va de même pour Allan qui, voulant chercher des renforts auprès des Sondonésiens, se fait lyncher par eux et perd ainsi son dentier. Il finit l'aventure en zézayant, les vêtements en lambeaux et sans sa casquette, laissant apparaître le sommet de son crâne dégarni. En définitive, Allan Thompson perd tout de la crainte qu'il inspirait lors de ses premières apparitions dans Le Crabe aux pinces d'or et Coke en stock[103]. Ainsi, comme l'affirme l'historien Michel Porret : « Rastapopoulos défiguré et ses forbans d'opérette sont devenus des pantins burlesques »[106].

Sur un autre plan, Tintin paraît « dépossédé » d'une aventure qu'il traverse avec une remarquable passivité[103]. D'abord, celle-ci lui tombe dessus par hasard, lors du détournement d'avion qui le fait prisonnier, puis il n'en est jamais maître, du moins pas totalement[103]. Tintin et ses amis se retrouvent dans la prise d'otages de Rastapopoulos par un concours de circonstances, dans lequel le héros n'a pris aucune décision, car le stratagème ne concernait que le seul Laszlo Carreidas[103]. S'il mène l'action durant toute la séquence de l'évasion, Tintin est finalement guidé par les messages télépathiques de Mik Ezdanitoff jusqu'à la fin de l'album[103]. Dès lors, ce dernier mène l'action directement, par hypnose : il se charge de neutraliser les ennemis, de sauver les héros en leur montrant leur trajet et en les faisant monter à bord de la soucoupe volante, puis de remettre chacun à sa place[103]. Enfin, il efface la mémoire des personnages et donc l'aventure qu'ils viennent de vivre[103]. En définitive, le journaliste Yves Morel considère que, « victime des événements, ballotté par eux, manipulé par Ezdanitoff, Tintin subit cette aventure ; il n'agit pas, mais est agi, instrumentalisé »[103]. Il y voit aussi une représentation du structuralisme, courant philosophique en plein essor dans les années 1960, réductible à l'idée que l'humain ne décide en réalité de rien, toutes ses pensées et sa destinée n'étant que le fruit du contexte dans lequel il vit (historique, scientifique, technique, culturel, etc.)[103].

Yves Morel interprète ces bouleversements comme une manière pour Hergé d'adapter son héros à l'époque qui promeut désormais les antihéros : « le héros, la morale, l'ordre traditionnel des valeurs y sont malmenés »[103]. Vol 714 pour Sydney apparaît donc comme une parodie des précédentes aventures classiques, où tout est inversé : ici, « Tintin subit une aventure dont il est dépossédé et affronte des ennemis ridicules. Il est déchu de son statut de héros, et son univers devient dérisoire »[103].

Style narratif[modifier | modifier le code]

Thèmes et procédés narratifs récurrents[modifier | modifier le code]

La première planche de Vol 714 pour Sydney comporte quelques similitudes avec celle des autres histoires de la série. Comme dans neuf autres albums[note 11], la dernière case de cette planche introductive offre l'illustration d'un mouvement suspendu, signe d'une tension narrative extrême qui incite le lecteur à tourner la page pour poursuivre l'aventure. La surprise des personnages, en l'occurrence Tintin et Haddock entendant l'exclamation de Tournesol derrière eux, se manifeste par l'apparition de gouttelettes de surprise autour de leur visage et par l'insertion de points d'interrogation et d'exclamation dans leurs bulles respectives. Pour accentuer la tension, l'élément qui déclenche cette surprise est laissé hors-champ, de sorte que le lecteur, qui doit à l'origine de la publication attendre toute une semaine pour découvrir la suite de l'aventure paraissant en feuilleton, possède tout le temps nécessaire pour imaginer ce dont il est question[107].

À l'inverse, la vignette introductive de cette première planche est l'une des seules de la série qui comprenne un récitatif, procédé que l'auteur rejette le plus souvent car il conçoit avant tout ses bandes dessinées comme des films et affirme sa volonté de donner toute l'importance à l'image. Quand il y recourt, il s'agit le plus souvent d'une indication de temps ou de durée. Le récitatif de la première vignette de Vol 714 pour Sydney diffère donc par sa longueur, exposant à la fois le lieu de l'action (l'aéroport de Djakarta), la suite supposée des évènements (l'ultime escale avant Sydney) mais également l'action illustrée par l'image, à savoir l'atterrissage de l'avion[107]. Dans la seconde vignette, qui montre des passagers descendant de l'avion, deux bulles rapportent les paroles de personnages qui se trouvent hors-champ, encore à l'intérieur de l'appareil. Le lecteur reconnaît pourtant immédiatement le capitaine Haddock et le professeur Tournesol, « identifiables grâce à leur idiome propre »[107].

Dessin sur papier beige représentant une tour d'un château en ruine, à proximité d'une étendue d'eau.
Le château de Lochranza, l'une des inspirations de L'Île Noire. Les îles sont des décors réguliers des Aventures de Tintin.

Sur un autre plan, l'univers maritime influence largement l'œuvre d'Hergé, en particulier les îles qui servent de décor à de nombreux épisodes de la série. L'auteur rattache ces dernières à de grands mythes culturels et littéraires, comme celui de l'île hantée dans L'Île Noire, de l'île éphémère dans L'Étoile mystérieuse et de l'île au trésor dans Le Trésor de Rackham le Rouge. Dans Vol 714 pour Sydney, il représente cette fois le mythe de l'île engloutie par une catastrophe naturelle[108]. Comme le souligne Ludwig Schuurman, par sa topographie singulière et l'espace clos qu'elle définit, son isolement et sa relative inaccessibilité, l'île présente une certaine ambivalence sur le plan littéraire, à savoir « l'île utopique, heureuse et bienfaitrice ; et l'île fantastique, périlleuse et mortifère », ce qui en fait un lieu incontournable et propice à l'aventure : « Hergé subit de fait l'influence plus ou moins consciente d'une littérature foisonnante ancestrale et inscrit ainsi son œuvre dans une tradition littéraire mythique »[109]. Comme le château de Ben More dans L'Île Noire et l'aérolithe de L'Étoile mystérieuse, l'île de Pulau-Pulau Bompa offre la vision d'un microcosme hostile, inaccessible et dangereux, obéissant à ses propres lois. Mais elle contient elle aussi une forme d'ambivalence : Rastapopoulos y incarne l'image rationnelle d'un tyran soutenu par une poignée de rebelles sondonésiens, mais l'intervention des extraterrestres en sa défaveur en fait, en définitive, un lieu plutôt bénéfique[110].

Les souterrains sont aussi un motif récurrent chez Hergé. La série se distingue par une abondance de grottes, de galeries et de cryptes, éléments incontournables du récit d'aventures[111] dont l'universitaire Pierre Masson considère qu'ils permettent au héros d'atteindre, par l'humilité de la reptation et le déplacement contraint dans un espace exigu, « une sorte de pays de l'autre côté, zone supposée interdite »[112]. Ludwig Schuurman constate que ces galeries souterrains sont présentes dans la moitié des albums de la série[111] : Tintin se retrouve plusieurs fois à emprunter une grotte ou un passage creusé pour se tirer d'affaire, que ce soit la caverne des indiens Pieds-Noirs dans Tintin en Amérique, le corridor rocheux le menant jusqu'à l'imprimerie des faux-monnayeurs dans L'Île Noire, et surtout le passage secret conduisant au Temple du Soleil, avant ce mystérieux temple souterrain orné de sculptures et des gravures rappelant des cosmonautes ou des soucoupes volantes dans Vol 714 pour Sydney ; Haddock et Tintin mentionnent explicitement leur souvenir du temple inca lors de l'exploration de ce dernier[36].

Photographie en noir et blanc d'un homme portant un costume et une cravate.
L'homme d'affaires Aristote Onassis, cité dans l'album, en 1967.

Si l'œuvre d'Hergé est ponctuée de références à l'art[113], l'auteur en offre souvent une représentation peu flatteuse[114]. Dans Vol 714 pour Sydney, à travers Laszlo Carreidas, il met en scène un collectionneur pour la première fois depuis Le Secret de La Licorne, album dans lequel s'affrontent Ivan Sakharine, amateur de maquettes de bateaux, et les frères Loiseau, antiquaires malhonnêtes[113]. Contrairement à ces derniers, Carreidas ne s'intéresse qu'à la valeur financière de l'art en tant que moyen d'affirmer sa puissance et sa domination[114] : il refuse dans un premier temps d'acheter les tableaux de grands maîtres qu'on lui propose avant de se raviser en apprenant qu'Aristote Onassis est lui-même acheteur[113].

Comme dans de précédents récits, Hergé utilise les médias pour résumer les résultats de l'enquête ou de l'aventure. Aux coupures de presse utilisées dans L'Île Noire et Coke en stock répond cette fois le reportage télévisé qui couvre les trois dernières pages de l'album. Ce principe d'économie de la narration permet au lecteur de s'inclure dans l'histoire car en plus de lire une synthèse des évènements, il partage ses impressions avec les personnages qui les commentent[115].

Enfin, Vol 714 pour Sydney comporte une nouvelle utilisation de ce que le critique Benoît Mouchart nomme le « syndrome de Nestor » : à travers ses personnages, Hergé semble défendre l'idée selon laquelle l'action au service d'une autorité ne signifie pas la culpabilité[116]. Ludwig Schuurman relève que pour Hergé comme pour Tintin, « l'homme de main n'est qu'un exécutant, un outil manipulé, sous les ordres de têtes pensantes ; il est donc bien moins important que les chefs qui le dirigent, et on lui pardonne aisément »[116]. En cela, le Dr Krollspell n'est que l'instrument des ambitions maléfiques de Rastapopoulos, et rejoint toute une famille de personnages dont le rôle se renverse, d'abord ennemis ou traîtres de Tintin, qui finissent par implorer son pardon avant d'établir un lien avec lui, comme Pablo dans L'Oreille cassée, Ranko dans L'Île Noire, Nestor dans Le Secret de La Licorne, Wolff dans On a marché sur la Lune ou encore Piotr Szut dans Coke en stock[116].

Le paranormal au cœur de l'intrigue[modifier | modifier le code]

Photographie en noir et blanc d'un homme assis à une table et utilisant un pendule.
Comme Alfred Bovis, le professeur Tournesol est un adepte de la radiesthésie.

Vol 714 pour Sydney est l'un des albums de la série où le paranormal occupe une place essentielle[l 8]. Pierre Sterckx met en avant le fait que le dessinateur assouvit dans cette aventure « son goût pour l'ésotérisme et le surnaturel »[89]. Comme le souligne Vanessa Labelle, l'aspect fantastique ne se manifeste cependant que dans la deuxième moitié du récit : « Il n'y a pas d'insertion progressive, mais plutôt une injection en dose massive : la télépathie, la radiesthésie, l'hypnotisme, les extraterrestres et les ovnis font brusquement leur entrée à mi-chemin dans l'histoire »[l 9]. Comme dans Les Cigares du pharaon et Les Sept Boules de cristal, l'auteur traite en premier lieu de l'hypnose. Elle n'est pas cette fois le fait d'un fakir mais de scientifiques, d'abord à travers l'injection du sérum de vérité par le docteur Krollspell, un psychiatre à la solde de Rastapopoulos, puis à travers Mik Ezdanitoff, l'initié en liaison avec les extraterrestres. Ce dernier n'agit pas à l'aide d'un produit mais par suggestion : c'est ainsi qu'il persuade le milliardaire qu'il lui a rendu le chapeau qu'il avait perdu en route[117].

Peintures rupestres représentant des hommes ornés d'un casque.
Peintures du Val Camonica (Italie, Xe millénaire av. J.-C.) figurant des divinités, ou des figures mythologiques, interprétées comme visiteurs extraterrestres avec leurs casques par les tenants de la théorie des anciens astronautes.

C'est également la troisième fois dans la série que le dessinateur évoque l’existence de formes de vie extraterrestre. Après la chute d'un astéroïde contenant un métal inconnu dans L'Étoile mystérieuse, puis l'hypothèse d'une vie lunaire, certes balayée sans ambiguïté par le professeur Tournesol dans On a marché sur la Lune, Hergé évoque cette fois directement l'existence d'une civilisation extraterrestre dont les représentants semblent visiter régulièrement l'île du Pulau-Pulau Bompa[118]. C'est par le biais d'une petite antenne que Mik Ezdanitoff communique avec ces interlocuteurs, comme si Hergé avait voulu « techniciser cette communication entre cerveaux éloignés », de sorte que la télépathie, abordée dans Tintin au Tibet à travers le message de Tchang révélé à Tintin dans son rêve, joue cette fois un rôle prépondérant[45].

Pour Frédéric Soumois, Vol 714 pour Sydney ne représente pas un « traité de parapsychologie » dans la mesure où les phénomènes paranormaux sont traités avec humour à travers « des gags qui mettent le récit à distance »[45]. Les avis opposés de Tintin et Haddock quant à ces phénomènes, l'un y accordant du crédit quand l'autre se borne à les qualifier de « contes à dormir debout », apparaissent comme « les deux faces d'une même interrogation », de sorte que l'auteur n'impose aucune opinion au lecteur[45]. Vanessa Labelle note que l'attitude de chaque personnage « renvoie à la variété d'opinions des lecteurs face aux événements qui leur sont présentés : Tournesol est convaincu, Tintin est croyant, Haddock est sceptique et se laisse convaincre et, enfin, Lampion reste incrédule »[l 10]. D'autre part, l'amnésie collective à la fin du récit « jette un voile de doute sur la réalité de l'aventure » qui pourrait bien n'être qu'un rêve. Frédéric Soumois considère que « soucoupe volante, souterrains témoignant d'une visite extraterrestre pourraient donc éventuellement être nés d'une hallucination post-traumatique due à un amerrissage forcé »[45]. Jacques Langlois porte un jugement bien plus négatif sur l'utilisation du paranormal que fait Hergé dans cet album. Il considère notamment que l'hypnose, qui « avait été une véritable trouvaille scénaristique dans Les Sept Boules de cristal », relève cette fois seulement du procédé : « Hergé, qui aura su faire croire si longtemps au chamanisme et autres pratiques divinatoires, trébuche sur le tard avec le charlatanisme. […] Le pouvoir d'Hergé était si fort jusque-là que nous suivions Tintin les yeux fermés (même grands ouverts…). Nous étions littéralement sous le charme. À présent, nous nous sentons presque d'accord avec ce crétin de Séraphin Lampion, qui s'esclaffe en regardant le reportage télévisé qui clôt Vol 714 »[117].

Lecture politique et philosophique[modifier | modifier le code]

Rédemption politique de l'auteur et des personnages dans une perspective intemporelle[modifier | modifier le code]

Illustration à l'encre représentant de loin des hommes découvrant des dinosaures dans une jungle.
L'universitaire Maxime Prévost souligne l'étrangeté du passage du temps sur l'île de Pulau-Pulau Bompa, rapprochant l'endroit du Monde perdu d'Arthur Conan Doyle.

Selon Maxime Prévost, il est possible de voir dans Vol 714 pour Sydney « un essai de politique intemporelle, dans lequel les événements récents perdent de leur importance ». Les restes de bunkers japonais sur l'île de Pulau-Pulau Bompa sont en effet marqués par le passage du temps et réduits à l'état de ruines malgré le peu de temps qui sépare l'action de cet album de la guerre du Pacifique[a 11]. Tout comme les statues élevées dans les souterrains de l'île, pourtant plus anciennes, ces éléments appartiennent déjà à un passé distant. Dans Vol 714 pour Sydney comme dans Le Monde perdu d'Arthur Conan Doyle ou sur la Skull Island de King Kong, « le temps historique semble s[e] dérouler selon d'autres règles que celles qui prévalent en Europe ou en Amérique », et c'est fort logiquement que Tintin et le capitaine Haddock rencontre un varan, « espèce de diplodocus sorti tout droit de la préhistoire ». Dans la mesure où l'île de Pulau-Pulau Bompa est régulièrement visitée par les extraterrestres, les événements de l'histoire s'effacent devant le temps et la distance planétaires, et c'est pourquoi tous les personnages, à l'exception d'Allan et de Rastapopoulos, « peuvent accéder à la rédemption »[a 11].

Page de une d'un journal.
L'aura d'Hergé reste entachée par la publication de ses histoires dans Le Soir « volé » durant l'Occupation. L'univers de Planète séduit les « inciviques » comme lui, dont certains de ses amis.

Maxime Prévost se demande donc « si l'intérêt que porte Hergé aux objets volants non identifiés et aux « civilisations extraterrestres » ne procède pas en partie d'une quête de rédemption politique »[a 11]. Après la Libération, Hergé comme d'autres auteurs belges participe de « l'émergence d'une littérature anhistorique et désincarnée », dans la mesure où « il loge ses personnages dans un hypothétique château à la française et construit des aventures qui se déroulent en vase clos ou dans des pays imaginaires, c'est-à-dire dans un univers référentiel beaucoup moins identifiable que celui des albums des années 1930 »[119]. Son engouement pour la revue Planète, partagé par d'autres inciviques comme lui, l'en détache, et tient à ce que « les tragédies vécues par l'Europe au cours des [précédentes] décennies soient appréhendées dans une perspective cosmique, selon laquelle les mystères de l'espace, du temps et de l'existence exigent un sain détachement des luttes politiques et nationales immédiates »[a 11]. Pour l'essayiste Jean-Marie Apostolidès, dans aucune autre aventure, pas même le diptyque lunaire, Hergé n'a présenté aussi souvent le monde vu de haut, « comme si les humains qu'il mettait en scène s'étaient transformés en nains »[120]. Comme le résume Maxime Prévost, « le graphisme même de l'album nous inviterait ainsi à adopter une perspective surplombante sur les affaires humaines, comme si ce qui se passait sur terre n'était que peu de chose à l'échelle interplanétaire »[a 11].

Sur un autre plan, Vol 714 pour Sydney tendrait à démontrer que, si « les conflits nationaux sont inévitables », ils ne peuvent « compromettre définitivement leurs acteurs », et les diverses alliances nationales possibles n'ont aucune fixité : « en témoigne le trio des méchants dans le cockpit de l'avion détourné : Spalding, Boehm et Colombani, à savoir un Britannique, un Allemand et un Français du Midi (donc de la zone libre durant l'Occupation), méchants travaillant pour le compte de Rastapopoulos (un Grec) et de son séide Allan (un Américain, vraisemblablement) », auquel répond « le clan des bons […] constitué (Tintin mis à part, parce qu’il échappe à toute appartenance nationale) de Haddock, Tournesol, Szut, Gino, Mik Ezdanitoff, c'est-à-dire d’une alliance franco-anglo-saxonne, estonienne, napolitaine et est-européenne »[a 12].

Pour Maxime Prévost, Vol 714 pour Sydney peut donc être considéré comme « un testament dans lequel Hergé propose, symboliquement, les paramètres d'une forme de rédemption politique »[a 13].

Le juste, le pardon et l'oubli[modifier | modifier le code]

Photographie en couleurs d'un homme portant des lunettes.
L'universitaire Jean-Marie Apostolidès relève chez Hergé la récurrence du « juste impliqué contre son gré dans une entreprise mauvaise ».

Parmi les personnages qui accèdent à la rédemption à travers cet album se détache la figure du pilote estonien Piotr Szut[a 12]. Ce personnage, inspiré à Hergé lors de la création de Coke en stock par « ces anciens nazis en cavale recyclés dans les besognes mercenaires pour le compte des pays arabes »[121] suit une trajectoire de vilain à héros qui répète celle du capitaine Haddock, entré dans la série comme un alcoolique incurable et impulsif avant de devenir l'ami intime de Tintin et d'accéder à une forme de sagesse. Le lien entre les deux personnages est d'autant plus fort que Szut est le seul personnage de la série que le capitaine tutoie régulièrement[a 12].

Pour Jean-Marie Apostolidès, « le thème du juste qui se trouve impliqué contre son gré dans une entreprise mauvaise est trop récurrent chez Hergé pour ne pas indiquer un traumatisme »[122]. Les dernières pages de l'album, à travers l'effacement de l'aventure de la mémoire des héros, peuvent être vues comme la mise en scène d'un « oubli libérateur », de même que la dernière case de l'album, qui montre le capitaine se dirigeant vers l'avion en portant à la main un exemplaire du Soir, journal « volé » sous l'Occupation et auquel contribuait Hergé, évoque « un appel à l'oubli et au pardon » de l'auteur[a 12].

La question du mal[modifier | modifier le code]

Photographie d'un homme portant une veste de costume grise, un nœud papillon rouge et des lunettes.
Le philosophe Jean-Luc Marion salue la confrontation de Rastapopoulos et Laszlo Carreidas, deux crapules à travers qui Hergé aborde la question du mal.

Pour le philosophe Jean-Luc Marion, Vol 714 pour Sydney « examine (et met en question) le socle éthique de l'universelle humanité et d'abord l'instance qui a régi, en fait et en droit, toute la saga – le mal ». Rastapopoulos, véritable incarnation du mal depuis son apparition dans Les Cigares du pharaon et jusqu'à sa dernière figuration dans Coke en stock, voit apparaître un rival en la personne du milliardaire Laszlo Carreidas. Jean-Luc Marion considère l'invention de ce dernier personnage comme une « trouvaille géniale », dans la mesure où il permet à l'auteur de « mettre en scène une rivalité de mimèsis, c'est-à-dire […] une exacte description du mal selon la logique même qui le provoque »[93]. La scène du bunker, où les deux hommes, sous l'emprise d'un sérum de vérité, rivalisent pour établir lequel des deux est le plus méchant, aboutit à une « compétition absurde, qui ramène le mal à sa contradiction et en dévoile le ridicule »[93]. Pour Jean-Luc Marion, l'album évoque le Jugement dernier : Rastapopoulos et Carreidas qui, sous l'effet du sérum de vérité, se disputent le titre de génie du mal, sont finalement emportés au ciel par une soucoupe volante[123] lors d'une scène qui semble désigner l'enfer théologique[93].

L'ambiguïté de Laszlo Carreidas repousse la frontière qui permettait de distinguer le Bien et le Mal dans les précédentes aventures[124]. Le milliardaire comporte en effet plusieurs facettes. Sa tenue vestimentaire et son apparence contrastent avec son immense fortune et incitent le capitaine, empli de générosité, à le prendre pour un clochard. Ayant des intérêts dans de nombreux secteurs, il cultive une certaine avarice. De son propre aveu, son chapeau date d'avant-guerre et pour fêter l'événement de son premier rire depuis des années, il propose d'offrir une bouteille de Sani-Cola, une marque de soda dont il est le propriétaire, tout en recommandant à son secrétaire d'opter pour le format familial, plus économique[5]. Pourtant, cette avarice disparaît lorsqu'il s'agit d'affirmer sa puissance et de concurrencer ses rivaux. Quand il apprend qu'Aristote Onassis est sur le point d'emporter une vente aux enchères contenant des tableaux de Pablo Picasso, Georges Braque et Auguste Renoir, il donne l'ordre de rafler l'enchère à n'importe quel prix, alors qu'il reconnaît lui-même qu'il ne sait que faire de ses innombrables tableaux. Il n'agit pas alors en collectionneur d'art mais par volonté de dominer le monde[5].

Sa véritable personnalité est révélée sous l'effet du sérum de vérité du docteur Krollspell : dès l'âge de 4 ans, il vole une poire, puis quelques mois plus tard une bague à sa mère en faisant accuser la servante. Il commet plus tard d'autres méfaits, comme le vol du portefeuille de sa sœur et, sous l'emprise de la substance injectée, revendique le fait d'être une canaille, en contestant à Rastapopoulos son titre de génie du mal[5].

Initiés et récit initiatique[modifier | modifier le code]

D'après l'analyse de Vanessa Labelle, auteure d'une thèse sur la représentation du paranormal dans les Aventures de Tintin, le personnage de Mik Ezdanitoff incarne la figure de l'initié tel qu'il est décrit dans les travaux de l'universitaire Simone Vierne[125]. L'initié appartient à une petite communauté d'élus qui, par des rites initiatiques, accède à des connaissances et au secret auxquels les sociétés traditionnelles ne peuvent prétendre[l 11]. Vanessa Labelle affirme que, pour Hergé, l'initiation n'est pas un simple accès à la connaissance mais également une « transformation ontologique ». De fait, Mik Ezdanitoff est capable de communiquer par télépathie et d'hypnotiser, des aptitudes surnaturelles qui lui proviennent directement du savoir des extraterrestres[l 11]. Ces capacités extraordinaires lui permettent de guider le peuple jugé aveugle, de sorte que l'initié, au sens où l'entend Simone Verne, détient également la fonction de guide[l 11].

Pour autant, Vanessa Labelle considère que Mik Ezdanitoff n'est pas le seul initié de l'aventure. Le professeur Tournesol, fasciné par son pendule, ramasse un objet étrange et finit par s'écarter du groupe, en proie au danger de l'éruption volcanique. D'après Labelle, c'est à ce moment que se produit son initiation, dans la mesure où « la séparation du néophyte constitue la première phase de l'initiation, soit la préparation »[l 12]. La grotte est le lieu d'initiation par excellence et c'est dans celle-ci que le professeur doit affronter l'épreuve du feu. L'historien Mircea Eliade rappelle en effet que dans certains mythes, le héros descend aux Enfers pour « acquérir la sagesse ou obtenir des connaissances secrètes »[126]. Pour Simone Vierne, le premier pas vers l'accès à la connaissance consiste justement en une « perte de connaissance, réelle ou simulée », et c'est bien sans connaissance que le professeur ressort de la grotte avec Tintin puisqu'il faut le ranimer. Pour Vanessa Labelle, « cette apparente mort initiatique fait renaître un Tournesol initié, détenant la preuve de l'un des plus grands mystères de l'existence » puisqu'il retrouve, à la fin de l'aventure, l'objet d'origine extraterrestre dans la poche de sa veste[l 12].

Par ailleurs, elle affirme que la descente dans la grotte s'apparente à une « entrée dans le domaine de la mort » pour tous les personnages, de sorte qu'ils subissent eux aussi une forme d'initiation. Même si Tintin ne subit pas une mort initiatique au même titre que le professeur Tournesol, cette descente fait apparaître une transformation de sa personne : capable de recevoir les messages de Tchang par télépathie dans Tintin au Tibet, mais ne pouvant communiquer en retour, il est cette fois capable de répondre à Mik Ezdanitoff, à la surprise de tous, dès son entrée dans la grotte[l 13]. L'initiation du capitaine Haddock, « beaucoup plus vague », peut être vue dans l'évolution de son caractère. Pour Vanessa Labelle, Vol 714 pour Sydney peut être vu comme « une suite logique à Tintin au Tibet, car Haddock met en pratique les enseignements qu'il a reçus dans son initiation tibétaine » : bien que le capitaine fasse toujours preuve de son scepticisme habituel à l'égard des phénomènes paranormaux, « il est désormais beaucoup plus intuitif »[l 14].

Vanessa Labelle relève néanmoins une incohérence dans toute cette analyse, à savoir que « toute initiation implique un changement profond et durable », ce qui n'est pas le cas pour les personnages de l'aventure dans la mesure où leur mémoire est effacée à la fin de l'album. Ainsi, elle conclut que le récit agit davantage sur les lecteurs que sur les personnages, les premiers étant mis en position de savoir quelque chose qui échappe aux héros[l 15].

Un antisémitisme latent ?[modifier | modifier le code]

L'universitaire américain Hugo Frey livre une lecture politique de Vol 714 pour Sydney. D'après son analyse, l'antisémitisme d'Hergé, notamment mis en cause dans L'Étoile mystérieuse, aurait survécu à la Libération pour trouver une « expression virulente » dans ce présent album[a 9],[51]. Il met en avant le personnage de Rastapopoulos, qui ressemble selon lui aux caricatures de Juifs présentes dans la presse collaborationniste sous l'Occupation, et reprend les traits du financier juif Blumenstein, véritable méchant de L'Étoile mystérieuse et renommé Bohlwinkel dans une version corrigée[51]. Pour Hugo Frey, Rastapopoulos incarnerait donc le Juif tout-puissant, animé de mauvaises intentions, mais il reprend par ailleurs la thèse développée par Maxime Benoît-Jeannin selon laquelle le personnage d'Hergé aurait pour référent historique le trafiquant de narcotiques Élias Eliopoulos, antisémite notoire et sympathisant nazi. Dans une lettre datée de 1973, le dessinateur s'était pourtant défendu de toute référence juive à l'égard de son personnage : « Rastapopoulos ne représente exactement personne en particulier. Tout est parti d’un nom, qui m'avait été suggéré par un ami ; et le personnage s'est articulé autour de ce nom. Rastapopoulos, pour moi, est plus ou moins grec louche levantin (sans plus de précision), de toute façon apatride, c'est-à-dire (de mon point de vue à l'époque) sans foi ni loi !… Un détail encore : il n’est pas juif »[p 16].

Pour Hugo Frey, tous ces éléments mêlés au fait que le personnage de Laszlo Carreidas serait inspiré de Marcel Dassault, persécuté par le régime de Vichy puis déporté à Buchenwald en 1944, et que le docteur Krollspell, dont Hergé lui-même affirme qu'il a travaillé pour les nazis, peut être vu comme une référence au docteur Josef Mengele, attribuent à l'épisode de l'interrogatoire du milliardaire au centre de l'album la valeur d'une fantaisie révisionniste codée[51]. Cette scène rejouerait ainsi de façon burlesque la persécution de Marcel Dassault, un homme d'affaires juif interrogé par un Rastapopoulos soit juif, soit antisémite, selon le code de lecture choisi, le tout à l'aide d'un docteur nazi qui se révèle finalement le moins mauvais des trois hommes[51],[a 9]. Le cadre même de cette scène constitue une référence insidieuse selon Hugo Frey, puisqu'elle se déroule au sein d'un bunker japonais de la Seconde Guerre mondiale, et que la fumée du cigare de Rastapopoulos pourrait évoquer celle des chambres à gaz allemandes[51]. L'universitaire Maxime Prévost juge cette analyse trop poussée et affirme que, si Hugo Frey a sans doute raison de croire que Vol 714 pour Sydney contient des références au passé trouble d'Hergé, il « interprète mal les pièces à conviction »[a 9].

Adaptation, mémoire et postérité[modifier | modifier le code]

Photographie en couleurs d'une tour délabrée, avec des bâtiments en arrière-plan.
La tour de contrôle abandonnée de l'ancien aéroport de Kemayoran, préservée par des tintinophiles.

Vol 714 pour Sydney est adapté à la télévision dans la série animée de 1992, tirée des Aventures de Tintin et produite en collaboration entre le studio français Ellipse et la société d'animation canadienne Nelvana, tous deux spécialisés dans les programmes pour la jeunesse. L'histoire est contée en deux épisodes de 20 minutes, les trente-sixième et trente-septième de la série qui en compte trente-neuf[127]. Cette adaptation, réalisée par Stéphane Bernasconi, est reconnue pour être « généralement fidèle » aux bandes dessinées originales, dans la mesure où l'animation s'appuie directement sur les planches mêmes d'Hergé[128].

Amateur des Aventures de Tintin depuis les années 1980, Steven Spielberg semble avoir été influencé par Vol 714 pour Sydney pour Indiana Jones et le Royaume du crâne de cristal (2008), quatrième volet d'une série de films déjà parsemée d'éléments piochés dans l'univers d'Hergé[28],[129],[130]. L'intrigue repose sur la théorie des anciens astronautes et fait rencontrer au héros des êtres venus d'un autre monde[129],[130]. L'envol de la soucoupe volante à la fin du film a des similitudes avec la scène équivalente de l'album[129],[130],[131].

Dans les années 2010, un groupe de tintinophiles indonésiens milite pour sauvegarder la tour de contrôle de l'aéroport de Kemayoran, représentée dans l'album[132]. L'aéroport étant fermé et à l'abandon depuis 1985, la ville de Jakarta s'y est étendue et les bâtiments restants, dont la tour de contrôle, sont menacés de destruction pour faire place à un quartier d'affaires[132].

Les originaux d'Hergé connaissent un grand succès sur le marché mondial de l'art depuis les années 1990[89],[133]. Un crayonné de la page 7 de Vol 714 pour Sydney est vendu aux enchères pour 157 900 euros en 2012[134]. L'année suivante, un autre, de la page 53, offert et dédicacé par Hergé à son médecin en 1982, est adjugé à 135 000 euros[135],[136]. Encore en 2013, des crayonnés des planches 45 et 46 atteignent les 208 400 euros, alors un record pour ce type de dessins de l'auteur[137]. En 2019, une planche de crayonnés préparatoires concernant les pages 17, 22 et 23 est vendue pour 98 700 euros ; le dessinateur l'avait donnée en 1969 au peintre abstrait espagnol Manuel Hernández Mompó après l'achat d'une de ses œuvres[138]. Un crayonné de la page 4 part à 160 000 euros en 2023[133].

Notes et références[modifier | modifier le code]

Notes[modifier | modifier le code]

  1. L'éditeur britannique des albums de Tintin souhaite que des corrections soient apportées à la version originale de cette aventure qui est donc entièrement redessinée sans que le découpage ni le scénario ne soient cependant retouchés. Voir Kursner 2021, p. 185-186.
  2. Notamment en italien, en grec et en norvégien, mais également en arabe (Égypte et Liban), afrikaans, malais, indonésien, iranien ou encore hébreu[19].
  3. Jacques Martin indiqua plus tard que ces commentaires de L'Express avaient piqué au vif Hergé au point de le décider à créer une nouvelle aventure, Vol 714 pour Sydney. L'information est reprise par certains auteurs. Néanmoins, ce numéro de L'Express paraît alors que la prépublication de Vol 714 pour Sydney a déjà commencé dans Tintin[20].
  4. Déjà en 1960, afin de faire face au manque d'inspiration, Hergé avait consenti à déléguer la création d'un scénario à Michel Greg mais, après le dessin de quelques esquisses et crayonnés, il préféra abandonner, se sentant incapable de mettre en images le travail d'un autre[18],[p 11]
  5. Dans une lettre à Robert Poulet en , Hergé écrit notamment « OUF ! Je viens d'achever le dernier trait du dernier dessin de la dernière planche de mon histoire ! Je suis épuisé, pantelant, mais heureux. […] Il faut à présent me remettre en forme »[33].
  6. Lettre d'Hergé à Louis-Robert Casterman,  : « Je reconnais qu'il y a un décalage entre le titre de l'album et le sujet de l'illustration. Mais il fallait choisir : ou bien mettre l'un et l'autre en concordance et évoquer de « larges horizons » qui ne tiennent pas de place importante dans l’histoire ; ou bien accepter cette rupture comme on l'a fait, par exemple, pour Coke en stock. C’est à cette seconde solution que je me suis finalement arrêté. […] En vue de rendre moins « sombre » l'aspect d'ensemble, les tons définitifs seront beaucoup plus lumineux que sur le projet. […] Les personnages seront rapprochés, donc agrandis, eux aussi »[34].
  7. Dans ses esquisses de Vol 714 pour Sydney, avant d'imaginer le journal télévisé concluant l'aventure, Hergé prévoyait d'abord de relater l'épilogue à l'aide d'une fausse une de journal sur une pleine planche, dont la plupart des titres apporterait une information sur ce qui est arrivé aux personnages après leur départ de l'île, entremêlés d'autres échos sans rapport : des faits concernant les Dupond et Dupont, la Castafiore, et l'annonce d'un « pronunciamiento au San Theodoros » ramenant le général Alcazar au pouvoir, soit une transition vers Tintin et les Bigotudos à venir[g 18].
  8. Robert Charroux évoque ensemble les pétroglyphes ouzbèques et les têtes colossales olmèques dans Le Livre des secrets trahis mais leurs descriptions plus précises proviennent de chapitres différents du Livre des maîtres du monde, respectivement « Cosmonautes sur tout le globe » et « Le Dieu extraterrestre »[l 4].
  9. Ce ne serait pas la première fois que Rastapopoulos fait appel à d'anciens nazis. Hergé déclare que « dans Coke en stock, la présence d'anciens hitlériens n'est que sous-entendue »[27].
  10. Malgré une lettre d'Hergé l'informant en 1967 de l'accomplissement de son désir, Jean Taussat ne s'est jamais vu auprès de Tintin, étant mort en 1965[53]. Sa famille ne découvre que dans les années 1990 le personnage précis qui s'inspirait de lui, après la parution d'articles sur cette histoire[53].
  11. Les Cigares du pharaon, L'Oreille cassée, L'Étoile mystérieuse, Tintin au pays de l'or noir, Objectif Lune, L'Affaire Tournesol, Coke en stock, Les Bijoux de la Castafiore et Tintin et les Picaros.

Renvois à l'album[modifier | modifier le code]

  1. Vol 714 pour Sydney, planches 1 à 5.
  2. Vol 714 pour Sydney, planches 12 à 16.
  3. Vol 714 pour Sydney, planches 19 à 25.
  4. Vol 714 pour Sydney, planches 26-27.
  5. Vol 714 pour Sydney, planches 34 à 38.
  6. Vol 714 pour Sydney, planches 38 à 47.
  7. Vol 714 pour Sydney, planches 48-50.
  8. Vol 714 pour Sydney, planches 52 à 58.
  9. Vol 714 pour Sydney, planches 58 à 62.
  10. Vol 714 pour Sydney, planche 62, case 10.
  11. Vol 714 pour Sydney, planche 59, case 8.
  12. Vol 714 pour Sydney, planche 12, case 2.
  13. Vol 714 pour Sydney, planche 14, case 4.
  14. Vol 714 pour Sydney, planches 60 à 62.
  15. Vol 714 pour Sydney, planche 62.
  16. Vol 714 pour Sydney, planche 8.
  17. Vol 714 pour Sydney, planche 11.
  18. Vol 714 pour Sydney, planches 16, 22, 42 et 59.
  19. Vol 714 pour Sydney, planches 22 et 33.

Principaux ouvrages[modifier | modifier le code]

  • Maxime Prévost, La rédemption par les ovnis : lectures croisées de Vol 714 pour Sydney et de la revue Planète, 2010.
  1. a b et c Prévost 2010, p. 104.
  2. a b c d et e Prévost 2010, p. 109-111.
  3. Prévost 2010, p. 113.
  4. a et b Prévost 2010, p. 106.
  5. Prévost 2010, p. 102.
  6. a b et c Prévost 2010, p. 108.
  7. Prévost 2010, p. 105.
  8. a b et c Prévost 2010, p. 109.
  9. a b c d et e Prévost 2010, p. 107-108.
  10. a et b Prévost 2010, p. 103.
  11. a b c d et e Prévost 2010, p. 113-115.
  12. a b c et d Prévost 2010, p. 115-116.
  13. Prévost 2010, p. 101.
  1. a et b Goddin 1990, p. 127.
  2. a et b Goddin 1990, p. 15.
  3. Goddin 1990, p. 20.
  4. Goddin 1990, p. 25.
  5. Goddin 1990, p. 33-41.
  6. a et b Goddin 1990, p. 42-60.
  7. Goddin 1990, p. 78.
  8. Goddin 1990, p. 61.
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  10. Goddin 1990, p. 109.
  11. a b c d et e Goddin 1990, p. 122-123.
  12. a b c d e et f Goddin 1990, p. 129.
  13. a b c et d Goddin 1990, p. 132.
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  15. a b c d e f g h et i Goddin 1990, p. 133.
  16. Goddin 1990, p. 103.
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  18. Goddin 1990, p. 133-134.
  1. Goddin 2011, p. 312.
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  5. a b et c Goddin 2011, p. 220.
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  8. a b c et d Goddin 2011, p. 231.
  9. a b et c Goddin 2011, p. 258.
  10. Goddin 2011, p. 238.
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  13. Goddin 2011, p. 256.
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  15. a b et c Goddin 2011, p. 266.
  16. Goddin 2011, p. 275.
  17. Goddin 2011, p. 276.
  18. Goddin 2011, p. 219.
  19. Goddin 2011, p. 247.
  20. Goddin 2011, p. 252.
  21. Goddin 2011, p. 368.
  22. Goddin 2011, p. 271.
  • Geoffroy Kursner, Hergé et la presse, 2021.
  1. a b c et d Kursner 2021, p. 187.
  2. Kursner 2021, p. 198.
  3. Kursner 2021, p. 549-560.
  4. Kursner 2021, p. 518-519.
  5. Kursner 2021, p. 570.
  6. Kursner 2021, p. 191.
  7. Kursner 2021, p. 21.
  8. Kursner 2021, p. 190.
  9. Kursner 2021, p. 548.
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  11. Kursner 2021, p. 202-203.
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  19. Kursner 2021, p. 580.
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  23. Kursner 2021, p. 579.
  24. Kursner 2021, p. 511.
  25. Kursner 2021, p. 265.
  • Vanessa Labelle, La représentation du paranormal dans les Aventures de Tintin, 2014.
  1. a b c d e f g et h Labelle 2014, p. 104-105.
  2. Labelle 2014, p. 108.
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  4. a b c d e f g h et i Labelle 2014, p. 111-112.
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  7. a et b Labelle 2014, p. 113.
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  9. Labelle 2014, p. 102.
  10. Labelle 2014, p. 114.
  11. a b et c Labelle 2014, p. 118-119.
  12. a et b Labelle 2014, p. 119-120.
  13. Labelle 2014, p. 211-213.
  14. Labelle 2014, p. 121-123.
  15. Labelle 2014, p. 127.
  1. Peeters 2011, p. 330.
  2. Peeters 2011, p. 499.
  3. Peeters 2011, p. 529.
  4. Peeters 2011, p. 528.
  5. Peeters 2011, p. 565.
  6. a et b Peeters 2011, p. 413.
  7. Peeters 2011, p. 567.
  8. a b et c Peeters 2011, p. 521.
  9. Peeters 2011, p. 454-455.
  10. Peeters 2011, p. 522.
  11. Peeters 2011, p. 500-501.
  12. a et b Peeters 2011, p. 524.
  13. Peeters 2011, p. 447.
  14. a b c et d Peeters 2011, p. 525.
  15. Peeters 2011, p. 495.
  16. Peeters 2011, p. 105.

Autres références[modifier | modifier le code]

  1. Mozgovine 1992, p. 207.
  2. Mozgovine 1992, p. 135-136.
  3. Mozgovine 1992, p. 79.
  4. a et b Mozgovine 1992, p. 49.
  5. a b c et d Jacques Langlois, « Carreidas à double face », dans Les personnages de Tintin dans l'histoire, volume 2, p. 101-102.
  6. Mozgovine 1992, p. 202.
  7. Mozgovine 1992, p. 38.
  8. Mozgovine 1992, p. 58.
  9. Mozgovine 1992, p. 130.
  10. Mozgovine 1992, p. 86.
  11. Jean-Paul Meyer, « Étude d'un corpus particulier de perturbation langagière : Les lapsus de Dupond et Dupont dans les « Aventures de Tintin » (Hergé) », dans Béatrice Vaxelaire, Rudolph Sock, Georges Kleiber, Fabrice Marsac, Perturbations et réajustements : langue et langage, Strasbourg, Université Marc Bloch, (lire en ligne), p. 297-310.
  12. Marcel Bonneff, « Hergé Vol 714 pour Sydney [compte-rendu] », Archipel, no 1,‎ , p. 230-234 (lire en ligne).
  13. a b c d e f g et h Patrick Mérand, La géographie et l'histoire dans l'œuvre d'Hergé, Sépia, impr. 2015, cop. 2015 (ISBN 978-2-84280-254-7 et 2-84280-254-3, OCLC 920859173), p. 97 à 101.
  14. Marguerite Duras, « L'Internationale Tintin », France-Observateur, no 373,‎ , p. 13.
  15. a et b Goddin 2007, p. 759.
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Annexes[modifier | modifier le code]

Articles connexes[modifier | modifier le code]

Bibliographie[modifier | modifier le code]

Album en couleurs et ouvrages consacrés[modifier | modifier le code]

Ouvrages sur l'œuvre de Hergé[modifier | modifier le code]