Catastrophe de Nedelin — Wikipédia

Catastrophe de Nedelin
Le lieu de l'accident : le cosmodrome de Baïkonour.
Le lieu de l'accident : le cosmodrome de Baïkonour.

Type Explosion d’une fusée
Pays Drapeau de l'URSS Union soviétique
Localisation Cosmodrome de Baïkonour
Coordonnées 45° 58′ 34″ nord, 63° 39′ 53″ est
Organisateur Forces des fusées stratégiques
Date à 18 h 45
Bilan
Blessés 120
Morts 78 (selon d'autres sources : 92 à 126)

Géolocalisation sur la carte : Union soviétique
(Voir situation sur carte : Union soviétique)
Catastrophe de Nedelin
Géolocalisation sur la carte : Kazakhstan
(Voir situation sur carte : Kazakhstan)
Catastrophe de Nedelin

La catastrophe de Nedelin, ou désastre de Nedelin, est un accident survenu le au cosmodrome de Baïkonour, dans la République socialiste soviétique kazakhe, en Union soviétique. L'allumage prématuré des moteurs du second étage provoqua l'explosion d'un prototype de la fusée R-16. Cette explosion tua dans un premier temps 74 personnes, mais d'autres succomberont à leurs blessures, faisant au total 92 victimes[1], dont le maréchal des forces stratégiques soviétiques Mitrofan Nedelin, dont le nom fut donné à la catastrophe.

Contexte[modifier | modifier le code]

Conçue par l'ingénieur Mikhaïl Yanguel, la fusée R-16 avait été commandée par le maréchal des forces stratégiques de l'Union soviétique Mitrofan Nedelin. En , l'achèvement de la fusée approchant, Nedelin et Yanguel commencèrent à espérer un lancement réussi avant le , 43e anniversaire de la révolution d'Octobre.

23 octobre[modifier | modifier le code]

Le , le prototype de fusée R-16 se trouvait sur l'aire de lancement n°41 en attente des derniers tests. La fusée était alimentée par un mélange d'ergols hypergoliques (UDMH - acide nitrique) extrêmement corrosif et qui produit un gaz toxique quand il brûle. Par ailleurs, les procédures de remplissage n'avaient pas été respectées, car les membranes pyrotechniques du premier étage avaient été rompues. Bien que ne mettant pas en danger directement le lancement, cet incident eut de graves conséquences. En effet, le carburant était tellement corrosif que son stockage à moyen terme dans les réservoirs de la fusée aurait entraîné des dégâts irréversibles. Aussi le lancement devait-il être effectué le lendemain au plus tard, sinon les réparations imposées par le stockage du carburant dans les réservoirs de la fusée auraient imposé un report du lancement au-delà du 7 novembre. Nedelin informa l'état-major du lancement à venir.

24 octobre[modifier | modifier le code]

En raison des problèmes de la veille, d'autres procédures de sécurité furent abandonnées et des préparatifs de lancement ajournés pour gagner du temps. Au cours des opérations de pré-lancement, un système de contrôle se dérégla. Ce système était vital dans le fonctionnement de la fusée puisqu'il contrôlait l'allumage, l'alimentation et l'orientation des moteurs du second étage. Lorsqu'un ingénieur régla à nouveau ce système, cela provoqua accidentellement l'allumage du second étage de la fusée, ce qui entraîna l'explosion des réservoirs du premier étage. En quelques secondes, une boule de feu de 120 m de diamètre s'éleva sur l'aire de lancement n°41. Entre 78 et 126 techniciens et ingénieurs soviétiques ainsi que le maréchal Nedelin périrent dans cette explosion. Mikhaïl Yanguel fut sauvé car, au moment de l'explosion, il se trouvait dans un bunker pour fumer[2] — ce qui était interdit sur l'aire de lancement[3].

Conséquences[modifier | modifier le code]

Le mémorial aux victimes de la catastrophe.

La catastrophe fut immédiatement considérée comme secret d'État par Nikita Khrouchtchev. On annonça rapidement la mort de Nedelin dans un accident d'avion. Une commission d'enquête dirigée par Léonid Brejnev rapporta que les mesures de sécurité n'avaient pas été respectées et qu'il y avait trop de personnel sur l'aire de lancement au moment de l'explosion. Selon Sergueï Khrouchtchev, la commission rapporta même que les responsables « avaient été eux-mêmes punis ». Le secret ne fut levé qu'en 1990.

Le programme de la fusée R-16 reprit en , avec un premier vol réussi en . Mais le retard accumulé par le programme d'ICBM soviétique conduisit l'Union soviétique à rapprocher les aires de lancement de leur cible. Cela fut indirectement à l'origine de la crise des missiles de Cuba.

Un autre incendie a eu lieu sur le pas de tir le et a fait sept morts ; depuis, pour commémorer les victimes, plus aucun lancement n'a lieu ce jour-là[4],[5].

Un mémorial a été érigé à Baïkonour et les techniciens de l'Agence spatiale fédérale russe s'y recueillent avant chaque lancement.

Notes et références[modifier | modifier le code]

Voir aussi[modifier | modifier le code]

Liens externes[modifier | modifier le code]