Cham (dessinateur) — Wikipédia

Cham
Cham photographié par Étienne Carjat vers 1866,
Paris, Bibliothèque nationale de France.
Naissance
Décès
Sépulture
Nom de naissance
Amédée Charles Henri de NoéVoir et modifier les données sur Wikidata
Pseudonyme
ChamVoir et modifier les données sur Wikidata
Nationalité
Autres activités
Influencé par
A influencé
Père
Distinction
signature de Cham (dessinateur)
Signature

Cham (prononcer « Cam’ »[1]), pseudonyme d’Amédée de Noé (ou Amédée Charles Henri, Vicomte de Noé[2]), né le à Paris[3] et mort le à Paris 17e[4], est un illustrateur, caricaturiste et dramaturge français.

Biographie[modifier | modifier le code]

Amédée de Noé est le petit-fils de Louis-Pantaléon de Noé, né au Cap-Haïtien à Saint-Domingue — qui avait affranchi en 1776 sur sa plantation dite « Aux Manquets » à l'Acul-du-Nord, Toussaint Louverture — et le fils de Louis-Pantaléon-Jude-Amédée, comte de Noé[5] et pair de France, qui était également un dessinateur et caricaturiste de talent, à qui on doit notamment un recueil de croquis de ses collègues de la Chambre des pairs, dessins qu'il effectuait pendant les séances et aujourd'hui conservés à Paris à la bibliothèque du Sénat.

Amédée de Noé est candidat à l'École polytechnique du fait de ses prédispositions pour les mathématiques, mais il échoue à l'examen oral.

Son goût naturel pour le dessin lui fait fréquenter les ateliers des peintres Nicolas-Toussaint Charlet et de Paul Delaroche. Sous leur influence, il se spécialise dans la caricature. Il publie tout d'abord un album, Monsieur Lajaunisse, puis collabore au journal Le Charivari, à qui il donne pendant 36 ans l'essentiel de sa production. Son goût de l'absurde fait de lui un des grands humoristes du journal. Ses dessins valent non seulement par le tracé simple et fort, inspiré par Honoré Daumier, mais aussi par l'esprit et par les légendes qui les accompagnent.

C'est au début de cette collaboration qu'il adopte le pseudonyme de « Cham », qui résume bien son esprit : on peut en effet le lire comme étant le début de ses deux prénoms, Charles et Amédée, mais on peut également y voir une référence biblique, puisqu'il est le fils du comte de Noé : Cham était le fils irrévérencieux de Noé, qui révéla à ses autres frères la nudité de leur père ivre.

Il dessine des histoires en images jusqu'en 1843, date à laquelle il travaille pour Le Charivari comme caricaturiste, et pour L'Illustration comme illustrateur. Il utilise souvent la technique de la séquence narrative.

En 1852, il produit encore des récits de voyage, Voyage autour du monde par monsieur Cham et son parapluie, utilisant cette technique[6].

Il publie aussi plusieurs albums de caricatures tels que Proudhon en voyage et l’Histoire comique de l'Assemblée nationale. Son esprit fantaisiste et inventif lui permet également de participer à l'écriture de pièces de théâtre. Par exemple, il fait jouer, en collaboration :

Cham se fait une spécialité des caricatures ayant pour sujet le Carnaval de Paris, sa Descente de la Courtille, son Bœuf Gras, sa Mi-Carême. Il en fait des centaines et remplit des albums entiers. La réputation de Cham, « l'Offenbach de la caricature », selon Arsène Alexandre, est considérable de son vivant. « Son esprit parisien sans méchanceté enchantait les bourgeois sous le Second Empire au point que les lecteurs du « Charivari » préféraient ses dessins à ceux de Daumier. » [Fonds Français IV[réf. nécessaire]]

Toute sa vie de santé fragile, il mène une existence sédentaire.

Il meurt à Paris de phtisie en 1879. Sa veuve se suicide[7] neuf mois plus tard, en se jetant du 1er étage de leur appartement du 5, rue Nollet, aux Batignolles.

Olympia d'Édouard Manet (Salon de 1865) et caricature de ce tableau par Cham dans Le Charivari du [8]. Cham était connu pour ses caricatures féroces des tableaux exposés au Salon.

Albums de bande dessinée[modifier | modifier le code]

Quelques années après Rodolphe Töpffer, l'inventeur de la bande dessinée[9], Cham dessine lui aussi plusieurs albums sans que puisse être mise en lumière l'influence de l'un sur l'autre[10]. Le premier album de Töpffer date de 1827 et a été publié en 1837. Aubert, éditeur à Paris dans la galerie Véro-Dodat est l'éditeur de Cham ; il fait paraître des contrefaçons des albums de Töpffer dès 1839, en même temps que le premier album de Cham[11].

  • Histoire de monsieur Lajaunisse (1839) ;
  • Monsieur Lamélasse (1839) ;
  • Histoire de monsieur Jobard (1840) ;
  • Deux vieilles filles vaccinées à marier (1840) ;
  • Histoire de monsieur Vertpré et de sa ménagère aussi[12] (1840) ;
  • Un génie incompris (Monsieur Barnabé Gogo) (1841) ;
  • Aventures de Télémaque, fils d'Ulysse (1842) ;
  • Histoire du prince Colibri et de la fée Caperdulaboula (1842) ;
  • Cham interprète les dessins de l'album de Töppfer, Histoire de monsieur Criptogame, gravés sur bois pour une prépublication dans le journal L'Illustration (1845).

Caricatures[modifier | modifier le code]

Galerie[modifier | modifier le code]

Notes et références[modifier | modifier le code]

  1. Michel Nathan, « Cham polémiste », dans La Caricature entre République et censure : L’imagerie satirique en France de 1830 à 1880 : un discours de résistance ?, Presses universitaires de Lyon, coll. « Littérature & idéologies », (ISBN 978-2-7297-1051-4, lire en ligne), p. 182–191
  2. (en) « La France et Lord Palmerston — Vicomte de Noé, Amédée Charles Henri (Cham) », sur Brooklyn Museum
  3. Paris, État civil reconstitué, vue 66/102.
  4. Acte de décès à Paris 17e, n° 1774, vue 5/31.
  5. Pierre Larousse, « NOÉ (Amédée DE), dit Cham », dans Grand dictionnaire universel du XIXe siècle (lire en ligne)
  6. Thierry Groensteen et Benoît Peeters, Töpffer, l'invention de la bande dessinée, Paris, Hermann, coll. « savoir : sur l'art  », , p. 126.
  7. Rodolphe Trouilleux, « Jeanne Leroy ou madame Manuel : une épouse fidèle », sur amedeedenoe.unblog.fr,
  8. Éric Darragon, Manet, Paris, Citadelles et Mazenod, 1991, p. ?.[réf. incomplète]
  9. Thierry Groensteen et Benoît Peeters, op. cit.
  10. Thierry Groensteen et Benoît Peeters, op. cit., p. 123.
  11. Thierry Groensteen et Benoît Peeters, op. cit., p. 164.
  12. Thierry Groensteen et Benoît Peeters attribuent cet album à Edmond Forest (op. cit., p. 122).

Voir aussi[modifier | modifier le code]

Bibliographie[modifier | modifier le code]

Document utilisé pour la rédaction de l’article : document utilisé comme source pour la rédaction de cet article.

  • Thierry Groensteen et Benoît Peeters, Töpffer, l'invention de la bande dessinée, collection savoir : sur l'art, Paris, Hermann, 1994 (ISBN 2-7056-6214-6). Document utilisé pour la rédaction de l’article

Liens externes[modifier | modifier le code]

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