Chouette — Wikipédia

Chouette
Nom vulgaire ou nom vernaculaire ambigu :
l'appellation « Chouette » s'applique en français à plusieurs taxons distincts.
Description de cette image, également commentée ci-après

Taxons concernés

Chouette est le nom vernaculaire de certains oiseaux de l'ordre des Strigiformes, qui regroupe environ 250 espèces, caractérisées comme des rapaces solitaires et nocturnes[1].

Les chevêches sont en principe plus petites que les autres chouettes[2]. Les chouettes se distinguent des hiboux par l'absence d'aigrettes sur la tête (faisceaux de plumes qui, dans le cas du hibou, donnent l'impression d'oreilles ou de cornes, mais qui ont en fait un rôle de communication).

Sous cette appellation se retrouvent également des rapaces nocturnes appartenant à la famille des Tytonidae.

Étymologie[modifier | modifier le code]

Le terme « chouette » dériverait de l'ancien français choue, supposé être issu du vieux bas francique *kawa et du suffixe diminutif -ette, et partagerait la même étymologie que le terme choucas, un corvidé. La même racine semble se retrouver d'ailleurs dans de nombreuses langues nord-européennes comme dans kaie en norvégien.

Les premières attestations du terme, dont est issu « chouette » en français, datent du XIe siècle sous la forme de çuete, chouate ou même choe[3].

Biologie[modifier | modifier le code]

Les chouettes chassent principalement de petits mammifères (surtout de petits rongeurs), des insectes, des serpents ainsi que d'autres oiseaux.

Certaines espèces se sont spécialisées dans la pêche. On trouve des chouettes sur toute la surface de la terre, à l'exception de l'Antarctique, d'une grande partie du Groenland, ainsi que de certaines îles lointaines.

La chouette peut pivoter sa tête à 270°[4] (contre 120° chez les humains[5]).

À droite : champ de vision d'une chouette hulotte et à gauche : d'un pigeon :

Ses yeux, bien qu'imposants avec leurs disques faciaux arrondis qui recouvrent la moitié de la tête, ne lui permettent de bien voir que sur un faisceau de 70° sur un champ de vision total de 180°. Ces grands yeux frontaux traduisent une acuité visuelle accrue et une vision binoculaire qui permet de mieux apprécier les distances, les reliefs, les mouvements, notamment ceux des proies en déplacement[6].

L'ouïe de cet oiseau est très développée, faisant de lui un grand chasseur. Ses oreilles, situées asymétriquement (l'oreille droite est plus haute que l'oreille gauche), captent les variations de temps d'arrivée des ondes sonores de ses proies, lui permettant ainsi de les localiser. Ainsi, dans le cas d'une proie qui tente de s'enfuir, la chouette la localise par la provenance des sons et n'a pas besoin de la voir pour la chasser[7].

La chouette est très silencieuse en vol, ce qui lui permet d'approcher ses proies sans être entendue[8].

État des populations, menaces[modifier | modifier le code]

Dans les paysages anthropisés et artificialisés (villes, zones périurbaines, zones d'agriculture intensive, bords de routes...), la plupart des rapaces nocturnes ont disparu d'une partie importante de leur aire naturelle ou potentielle de répartition ou, sur les bords de route, les milieux sont devenus pour eux des puits ou des pièges écologiques. Ainsi, les chouettes sont très sur-représentées parmi les oiseaux tués par les véhicules (phénomène dit de « roadkill »)[9].

Les oiseaux nocturnes, éblouis par les phares ou les luminaires alors qu'ils chassent de nuit, sont souvent percutés par les véhicules[10].

Comme tous les rapaces, ces oiseaux sont aussi sensibles à la bio-accumulation dans le réseau trophique de certains polluants (pesticides) ou poisons (raticides, souricides...) utilisés dans la lutte contre certains petits mammifères[9].

Espèces[modifier | modifier le code]

parfois également incluses :

Symbolique[modifier | modifier le code]

Aryballe protocorinthien en forme de chouette, vers 630 av. J.-C.

La symbolique de la chouette est multiple et très variée :

  • la chouette chevêche[11] est symbole de la sagesse dans le monde antique. Elle est liée à la déesse grecque Athéna, à laquelle Homère attache déjà l'épithète de glaukopis (« aux-yeux-de-chevêche »)[12], peut-être pour sa perspicacité dans les ténèbres (de la nuit pour l'oiseau et de l'ignorance pour la déesse). Déesse des Arts et de la sagesse, de la guerre défensive et de l'activité intelligente, elle prête son symbole ailé à la ville d'Athènes, qui frappe monnaie à l'effigie de l'animal qui se retrouve actuellement sur la pièce grecque de un euro. Dans de nombreuses institutions (écoles, universités), la chouette fait partie des armes héraldiques ;
  • dans le monde romain, les termes striga (sorcière) et strix (chouette/stryge) sont utilisés en parallèle. On accuse les oiseaux nocturnes de boire le sang des enfants pendant la nuit (d'où le mythe des stryges). Les Romains empruntent aux Grecs leur vision des chouettes. Ils y voient aussi un symbole de mort, car elles volent de nuit et nichent en des lieux difficiles d'accès. Voir une chouette de jour devient alors un mauvais présage ;
  • au Moyen Âge, elle est associée à la rouerie et à la tromperie : elle profite de la nuit pour chasser, moment où ses proies sont souvent « aveugles » tandis qu'elle voit clair. On la cloue donc devant sa porte pour conjurer le mauvais sort[13] ;
  • dans l'armée française, elle est le symbole du commandement du renseignement[14]. L'ANAJ-IHEDN édite également une revue baptisé "La Chouette" en référence à Athéna[15] ;
  • pour les Roumains, le cri de la chouette annonce le décès proche de quelqu'un vivant dans le voisinage. Cette croyance se retrouve dans certaines régions françaises, mais ici associée au décès d'un être proche au niveau familial ;
  • son caractère nocturne lui vaut aussi une connotation démoniaque : elle se retrouve être l'animal de compagnie des sorcières (voir les familiers dans Harry Potter) ;
  • sa capacité à voler en silence, sa couleur blanche et son cri strident, expliquent le nom de la chouette effraie (dite aussi Dame Blanche), et sa présence dans de nombreuses histoires de fantômes ;
  • la chouette chevêche, attribut de la déesse grecque de la sagesse, est le symbole de l’École nationale supérieure de l'aéronautique et de l'espace (ISAE-SUPAERO).

Au Japon, les chouettes sont des symboles positifs ou négatifs en fonction de leur espèce. Les chouettes effraies sont démoniaques alors que les chouettes hulottes sont des messagères des dieux.

Culture[modifier | modifier le code]

Écriture[modifier | modifier le code]

Notes et références[modifier | modifier le code]

  1. Oiseaux.net, « Classement alphabétique de la liste des espèces de l'ordre des Strigiformes - Cet ordre comprend 2 familles. 254 espèces répertoriées. », sur www.oiseaux.net (consulté le )
  2. Informations lexicographiques et étymologiques de « chevêche » dans le Trésor de la langue française informatisé, sur le site du Centre national de ressources textuelles et lexicales
  3. Informations lexicographiques et étymologiques de « Chouette » dans le Trésor de la langue française informatisé, sur le site du Centre national de ressources textuelles et lexicales
  4. « POURQUOI LE HIBOU TOURNE SA TETE ? », sur Royaume du Hibou (consulté le )
  5. « Le Corps Humain - Le cou : os, muscle, torticolis », sur www.lecorpshumain.fr (consulté le )
  6. (en) Orlowski J, Harmening W, Wagner H., « Night vision in barn owls: visual acuity and contrast sensitivity under dark adaptation », J Vis., vol. 12, no 13,‎ , p. 4 (DOI 10.1167/12.13.4.).
  7. « Owl hearing | BTO - British Trust for Ornithology », sur www.bto.org (consulté le )
  8. (en) Hermann Wagner, Matthias Weger, Michael Klaas et Wolfgang Schröder, « Features of owl wings that promote silent flight », Interface Focus, vol. 7, no 1,‎ , p. 20160078 (ISSN 2042-8898 et 2042-8901, PMID 28163870, PMCID PMC5206597, DOI 10.1098/rsfs.2016.0078, lire en ligne, consulté le )
  9. a et b (en) Jeremy Benjamin, « Human Impacts on Owls Within the United States », sur The Owl Pages (consulté le )
  10. Guinard E. & Pineau C. (2006). Mesures de limitation de la mortalité de la chouette effraie sur le réseau routier. Services d’études techniques des routes et autoroutes (SETRA). 11 pages.
  11. Thompson, D'Arcy Wentworth. A glossary of Greek birds. Oxford, Clarendon Press 1895, p 45-46.
  12. γλαυκῶπις, Liddell & Scott
  13. « Clouer chouette sur porte », sur Lelision, (consulté le )
  14. « L'insigne du commandement du renseignement »
  15. https://aa-ihednmidi-pyrenees.org/IMG/pdf/Plaquette_ANAJ-IHEDN_2013.pdf
  16. Allain Bougrain-Dubourg, « La Nuit de la chouette », sur charliehebdo.fr, (consulté le )
  17. « Les Gardiens de Ga'Hoole, les 15 livres de la série », sur booknode.com (consulté le )

Voir aussi[modifier | modifier le code]

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Articles connexes[modifier | modifier le code]

Bibliographie[modifier | modifier le code]

  • Philippe J. Dubois, Chouettes et hiboux, Gallimard, 1997, 36 p.
  • (en) James Ralph Duncan, Owls of the world : their lives, behavior, and survival, Firefly Books, Buffalo, N.Y., 2003, 319 p. (ISBN 1-552-97845-1)
  • Liliane Bodson (dir.), Regards croisés de l'histoire et des sciences naturelles sur le loup, la chouette, le crapaud dans la tradition occidentale (Journée d'étude, Université de Liège, 23 mars 2002, organisée par le Groupe de contact interuniversitaire sur l'histoire des connaissances zoologiques et des relations entre l'homme et l'animal), Université de Liège, Liège, 2003, 142 p.
  • Michel Cuisin, Chouettes & hiboux, Artémis, Paris, 2005, 61 p. (ISBN 2-84416-311-4)
  • Guilhem Lesaffre, Anthologie des chouettes et des hiboux, Delachaux et Niestlé, Paris, 2006, 223 p. (ISBN 2-603-01336-X)

Documentaires[modifier | modifier le code]

  • La Chouette, le Canard et le Pic, film documentaire réalisé par Charles Patey (dir. scientifique Jorund Rolstad et Erlend Rolstad), SFRS, Paris, 1995, 30 min (VHS)
  • Les Ailes de la nuit, film documentaire réalisé par Robert Luquès, Calune productions, Bonnes, 2007, 52 min (DVD)
  • L'Héritage de la chouette, série télévisée documentaire (13 épisodes de 26 min) réalisé par Chris Marker (1989)

Liens externes[modifier | modifier le code]