Christine (film, 1983) — Wikipédia

Christine
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Titre original John Carpenter's Christine
Réalisation John Carpenter
Scénario Bill Phillips
Musique John Carpenter
Alan Howarth
Acteurs principaux
Sociétés de production Columbia Pictures
Delphi Premier Productions
Polar Film
Pays de production Drapeau des États-Unis États-Unis
Genre fantastique
Durée 111 minutes
Sortie 1983

Pour plus de détails, voir Fiche technique et Distribution.

Christine (John Carpenter's Christine) est un film américain de John Carpenter, sorti en 1983.

Adaptation du roman du même nom de l'écrivain Stephen King sorti la même année, ce film fantastique raconte l'histoire d'une automobile surnaturelle et malfaisante, qui prend petit à petit le contrôle de l'adolescent qui l'a achetée et qui tue tous ceux qui essaient de les séparer.

Synopsis[modifier | modifier le code]

Un des deux modèles survivants de « Christine », la Plymouth Fury d"Arnie, utilisés dans le film.

En 1957, alors qu'un ouvrier d'une chaîne de montage automobile de la ville de Détroit inspecte le moteur d'une voiture Plymouth Fury 1958 en construction, le capot se referme inopinément sur sa main et le blesse ; peu après, un autre ouvrier meurt mystérieusement dans la voiture, après que celui-ci a laissé tomber de la cendre de son cigare sur le siège.

En 1978, soit une vingtaine d'années plus tard, Arnie Cunningham, un adolescent timide et complexé de Californie est le souffre-douleur de Buddy et de son gang, des brutes de son lycée qui le considèrent comme un minable. Un jour, Arnie, en se promenant avec son meilleur ami Dennis Guilder tombe sous le charme de la Plymouth Fury du début du film, la voiture étant alors une épave en très mauvais état, de couleur rouge et grise, baptisée « Christine ».

Contre l'avis de son ami, Arnie acquiert la voiture et, au mépris de ses parents, commence à la restaurer au Darnell's Garage, là où Arnie travaille le soir après le lycée, exploité sans vergogne par le propriétaire, Darnell. Au fur et à mesure qu'il passe du temps à réparer son véhicule, Arnie commence à changer de personnalité ; il enlève ses lunettes, s'habille mieux et développe un comportement arrogant et sûr de lui. Il va même jusqu'à inviter la plus jolie fille du lycée, Leigh.

Mais « Christine », sa voiture qui se révèle être animée d'une vie propre et de pouvoirs surnaturels[1], réagit de manière négative à la présence de Leigh. La voiture réagit encore plus violemment quand elle est vandalisée par les membres du gang de Buddy (qui, après avoir été renvoyés du lycée pour avoir tabassé Arnie, se vengent de lui par l'intermédiaire de son véhicule).

Ayant la faculté de se reconstruire par elle-même, « Christine » part alors à la chasse de ses vandales, qu'elle élimine un par un de façon sadique. Puis elle s'en prend à Darnell, le broyant jusqu'à la mort après que ce dernier l'a menacée d'une arme à feu. La voiture maudite s'en prend enfin à son unique rivale humaine, Leigh, la petite amie d'Arnie.

Leigh et Dennis doivent alors s'unir pour vaincre cette voiture du diable.

Fiche technique[modifier | modifier le code]

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Distribution[modifier | modifier le code]

Production[modifier | modifier le code]

Genèse et développement[modifier | modifier le code]

Le producteur Richard Kobritz avait produit la mini-série Les Vampires de Salem, déjà adaptée d'un roman de Stephen King. Lors de la production de la mini-série, les deux hommes deviennent assez proches et l'écrivain lui fait parvenir les manuscrits de deux futurs romans : Cujo (1981) et Christine (1983)[5].

Très séduit par le second, Richard Kobritz acquiert les droits de Christine, y voyant la « célébration de l'obsession de l'Amérique pour les voitures[5]. » Le film entre en production alors même que le roman n'est pas encore publié[6].

John Carpenter est le premier choix de Richard Kobritz pour le poste de réalisateur mais, à cette époque, celui-ci est pris par d'autres projets dont l'adaptation d'un autre roman de Stephen King (Charlie) et celle du roman Le Ninja d'Eric Van Lustbader. Cependant, les deux projets sont repoussés, laissant Carpenter libre de s'engager sur Christine[7]. Kobritz et Carpenter avaient déjà travaillé ensemble sur le téléfilm Meurtre au 43e étage (1978)[7].

John Carpenter demande à engager Bill Phillips comme scénariste. Le cinéaste retrouve par ailleurs Roy Arbogast, qui avait travaillé sur les effets spéciaux de son long métrage The Thing (1982)[7]. Carpenter décrira Christine comme un film qu'il n'avait pas prévu, un « job » plutôt qu'un « projet personnel »[8]. Carpenter souhaitait par ailleurs renouer avec le succès, après l'échec commercial de The Thing[5].

Attribution des rôles[modifier | modifier le code]

Le studio Columbia Pictures souhaite dans un premier temps pour les rôles principaux des vedettes montantes, comme Brooke Shields ou Scott Baio, mais le producteur Richard Kobritz et le réalisateur John Carpenter insistent pour prendre des inconnus[6].

L'acteur Kevin Bacon est envisagé dans le rôle d'Arnie, avant qu'il ne choisisse de tourner dans Footloose d'Herbert Ross[6] ; le choix se porte finalement sur l'acteur Keith Gordon. Alternant à l'époque sa carrière au cinéma et au théâtre, Gordon saisit cette occasion pour jouer un type de rôle très différent de ce qu'il est dans la réalité.

L'acteur John Stockwell, tout juste sorti de la faculté, est choisi pour le rôle de Dennis. Nicolas Cage est auditionné pour le rôle de Buddy et John Cusack pour celui d'Arnie[6].

Tournage[modifier | modifier le code]

L'une des Plymouth Fury survivantes du film, exposée au Mondial de l'automobile de Paris 2016.

Le tournage débute en . La production ne trouve pas moins de vingt-cinq exemplaires de la Plymouth Fury 1958, dont la plupart sont rénovés par l'équipe.

Le garage de Darnell est en fait une ancienne usine de l'époque de la Seconde Guerre mondiale située à Irwindale. Seulement une moitié de l'intérieur est utilisée comme décor pour les scènes du garage tandis que l'autre est utilisée pour d'éventuelles réelles réparations de certains exemplaires de la Plymouth.

Lors des séquences où Christine roule toute seule, notamment pour pourchasser la bande de Buddy, les vitres sont recouvertes d'un filtre noir, non seulement pour masquer le cascadeur conduisant la voiture (un procédé qui lui rend la tâche difficile car il ne voit pas la route, au point de manquer plusieurs fois l'accident), mais aussi pour renforcer l'intrigue sur le fait de savoir si Arnie est au volant ou non.

Lorsque Arnie repousse Leigh, après avoir découvert Christine détruite, Keith Gordon frappe Alexandra Paul par surprise, causant un réel sursaut chez l'actrice.

Lors du tournage de la scène où Leigh rejoint Dennis à bord du bulldozer, John Carpenter a remarqué qu'Alexandra Paul n'était pas comme d'habitude. Cette dernière avait tout simplement fait une blague au réalisateur en faisant jouer sa sœur jumelle Caroline, qui lui ressemblait de façon frappante.

Le « regard » de Christine[modifier | modifier le code]

La technique du plan subjectif est utilisée pour donner à Christine une vie artificielle ; le procédé est habituellement réservé pour emprunter le regard d'un être vivant, humain ou animal :

« Ses phares qui s’allument, son moteur qui se met en route tout seul, gronde et rugit, sont autant de signes qui révèlent une créature animée de sentiments et d’une volonté qui n’appartiennent qu’à elle. Lorsque Christine décide d’agir et de tuer, la caméra emprunte sa vision et voit alors avec ses phares. Christine, flamboyant d’un rouge écarlate, est une créature diabolique[9]. »

À la fin du premier climax, la personnalité de Christine atteint son apogée lorsque son capot, défoncé, prend la forme de dents[10].

Bande originale[modifier | modifier le code]

Christine
Original Motion Picture Soundtrack Score

Bande originale de John Carpenter et Alan Howarth
Sortie
Durée 33:14
Compositeur John Carpenter
Alan Howarth
Label Varèse Sarabande
Critique

Albums de John Carpenter

John Carpenter compose la bande originale de son film, avec l'aide d'Alan Howarth, avec lequel il a notamment collaboré sur New York 1997. La musique d'introduction du film est Bad to the Bone de George Thorogood, maintes fois reprise dans d'autres films, comme dans Terminator 2 : Le Jugement dernier.

Toute la musique est composée par John Carpenter et Alan Howarth.

Liste des titres
No Titre Durée
1. Arnie's Love Theme 1:15
2. Obsessed With The Car 2:07
3. Football Run / Kill Your Kids 2:42
4. The Rape 1:10
5. The Discovery 1:30
6. Show Me 2:36
7. Moochie's Death 2:25
8. Junkins 3:33
9. Buddy's Death 1:27
10. Nobody's Home / Restored 1:44
11. Car Obsession Reprise 1:53
12. Christine Attacks (Plymouth Fury) 2:30
13. Talk On The Couch 1:23
14. Regeneration 1:25
15. Darnell's Tonight 0:13
16. Arnie 1:01
17. Undented 1:54
18. Moochie Mix Four 2:26
Chansons présentes dans le film[12]

La chanson Bad to the Bone, interprétée par George Thorogood, est utilisée pour la scène d'ouverture du film qui se déroule à Détroit en 1957. Par ailleurs, lorsqu'Arnie et Dennis roulent en direction du lycée, au début du film, on peut entendre à la radio l'introduction de la chanson The Name of the Game du groupe ABBA avant qu'Arnie ne l'éteigne.

Postproduction[modifier | modifier le code]

Il n'est décidé qu'au cours du montage de tourner la séquence d'auto-réparation de Christine, Richard Kobritz et John Carpenter ayant envisagé à l'origine de faire resurgir la voiture intacte, sans transition. Les plans composant cette séquence sont réalisés en écrasant la voiture par pression hydraulique au niveau des pièces cadrées. Les plans sont montés en marche arrière, les déformations semblent disparaître.

Certaines scènes coupées au montage révélaient notamment :

  • Arnie qui fond en larmes dans la voiture de Dennis (une Dodge Charger 1968), en revenant du garage Darnell, se plaignant d'être un ingrat ;
  • des plans supplémentaires de la séquence où la bande de Buddy saccage Christine. On y voit entre autres Buddy retourner le capot du moteur, Richie uriner dans le réservoir et Moochie déféquer sur le tableau de bord. Ce dernier détail est tout de même mentionné deux fois dans le montage final, par Arnie (« Un de ces salopards a chié sur le tableau de bord de ma voiture, maman ! Tu trouves ça raisonnable ?! ») puis par l'inspecteur Junkins (« Un des membres de ce raid a... déféqué sur le tableau de bord. ») ;
  • Regina regardant Arnie dormir, après la dispute durant le dîner, et se montrant de plus en plus inquiète vis-à-vis du comportement de son fils ;
  • une troisième visite d'Arnie à la chambre de Dennis à l'hôpital dans laquelle il manifeste une attitude plus inquiétante envers son camarade ;
  • une discussion entre Dennis et Leigh dans la voiture. Se rendant compte qu'elle est tombée amoureuse de la mauvaise personne, Leigh exprime finalement ses sentiments pour Dennis et l'embrasse. Arnie arrive par derrière au volant de Christine, les aperçoit et, se sentant trahi, insulte Dennis. Il redémarre sur les chapeaux de roues et manque d'écraser Dennis.

Accueil[modifier | modifier le code]

Critique[modifier | modifier le code]

Christine reçoit un accueil critique majoritairement positif.

Sur le site agrégateur de critiques Rotten Tomatoes, le film obtient un score de 69 % de critiques favorables, sur la base de 29 critiques collectées et une note moyenne de 5,90/10 ; le consensus du site indique : « Les fissures commencent à apparaître dans les instincts de réalisateur de John Carpenter, mais Christine est néanmoins amusant et plein d'entrain »[13]. Sur Metacritic, le film obtient une note moyenne pondérée de 57 sur 100, sur la base de 10 critiques collectées ; le consensus du site indique : « Avis mitigés ou moyens »[14].

Box-office[modifier | modifier le code]

Le film connaît un certain succès commercial, rapportant environ 21 000 000 $ au box-office lors de son exploitation en Amérique du Nord[15] pour un budget estimé à 10 millions. En France, le film réalise 981 177 entrées[3].

Distinctions[modifier | modifier le code]

Éditions vidéo[modifier | modifier le code]

Le , le film ressort en DVD, Blu-ray et Blu-ray Ultra HD chez l'éditeur français Carlotta.

Le Blu-ray UHD comprend le film, ainsi que le commentaire audio de John Carpenter et de Keith Gordon, ainsi qu'un teaser et une bande-annonce du film. Le Blu-ray contient le même commentaire audio, un making-of en trois parties, 20 scènes coupées, une conversation avec John Carpenter à l'occasion de l'obtention du Carrosse d'or 2019, un teaser et une bande-annonce. Le DVD comprend presque les mêmes bonus.

Autour du film[modifier | modifier le code]

Divers[modifier | modifier le code]

  • Contrairement à son personnage, l'acteur John Stockwell n'était pas un sportif de haut niveau ni un amateur de voitures.
  • La nouvelle plaque d'immatriculation de Christine commence par les lettres « CQB », qui sont les initiales de Close Quarters Battle, ce qui signifie « combat rapproché ».
  • Pour la scène où Arnie et Leigh flirtent dans le drive in sous l'orage, Keith Gordon et Alexandra Paul se sont entraînés à s'embrasser afin d'être plus crédibles dans leur jeu.
  • Peu avant que Christine ne l'étouffe par son pouvoir, Leigh commence à déguster son hamburger. En réalité, Alexandra Paul était végétarienne et s'est donc contentée de croquer le bord du pain.
  • Dans le film, l'inspecteur Junkins (Harry Dean Stanton) conduit un modèle plus récent de la Plymouth Fury, un modèle de type Full-size, construit de 1974 à 1981.
  • Le film fut l'une des inspirations du réalisateur Matt Reeves pour concevoir la Batmobile du film The Batman (2022).

Différences entre le roman et le film[modifier | modifier le code]

Le scénario du film diffère en de nombreux points par rapport au livre :

  • La séquence de l'usine de fabrication en 1957 n'est pas présente dans le livre.
  • Dans le livre, Arnie rachète Christine à Roland LeBay ; Dans le film, il la rachète à George LeBay, le frère de Roland, ce dernier s'étant suicidé par asphyxie des gaz d'échappement (dans le livre, il ne meurt que plus tard).
  • Dans le livre, Darnell se sert de son garage comme façade pour dissimuler des opérations illicites, détail qui n'est pas précisé dans le film.
  • Dans le livre, un des voyous de la bande de Buddy Repperton parvient à échapper à Christine alors que dans le film, ils meurent tous dans l'immédiat.
  • Dans le livre, Dennis prétend que Roland LeBay aurait volontairement sacrifié sa femme et sa fille pour satisfaire son obsession pour Christine.
  • Dans le livre, l'inspecteur Junkins meurt dans un accident de voiture contrairement au film où il reste en vie.
  • Dans le livre, Dennis et Leigh se servent d'un camion de vidange des fosses septiques de couleur rose baptisé "Petunia" ; Dans le film, il se servent d'un bulldozer jaune garé dans le garage de Darnell.
  • Dans le livre, Christine tue Michael Cunningham (père d'Arnie) tandis que son fils est parti avec sa mère, ce qui n'est nullement le cas dans le film.
  • Dans le livre, Arnie et Regina Cunningham meurent dans un accident ; Dans le film, Arnie est présent au volant de Christine lors du règlement de comptes dans le garage de Darnell et meurt en traversant la vitre du bureau.
  • L'épilogue du livre n'a pas été adapté pour le film : L'action se déroule quatre ans plus tard, Dennis et Leigh se sont séparés puis Dennis apprend dans un journal que le dernier voyou de la bande de Buddy est mort écrasé par une voiture, suggérant alors que Christine s'est reconstruite et craignant qu'elle ne veuille se venger de lui et de Leigh. Cependant, le dernier plan du film, montrant Christine compressée et faisant un très léger mouvement de ferraille, pourrait suggérer cet épilogue.

Notes et références[modifier | modifier le code]

  1. « Christine » a tué l'ouvrier de la chaîne de montage de l'usine de Détroit où elle est « née ».
  2. a et b « Christine » (présentation de l'œuvre), sur l'Internet Movie Database.
  3. a et b « Christine », sur jpbox-office.com.
  4. « Visas et Classification », sur cnc.fr (consulté le ).
  5. a b et c  Christine: Ignition, Carpenter, John; Kobritz, Richard () Sony Pictures Home Entertainment..
  6. a b c et d « Trivia » ((en) anecdotes), sur l'Internet Movie Database.
  7. a b et c (en) R. H. Martin, « Richard Kobritz and Christine », Fangoria, no 32,‎ , p. 14–18 (lire en ligne).
  8. (en) « Interview With John Carpenter from SFX magazine. », sur SFX (consulté le ).
  9. Marie-France Briselance et Jean-Claude Morin, Grammaire du cinéma, Paris, Nouveau Monde, , 588 p. (ISBN 978-2-84736-458-3), p. 419-420.
  10. « 5 Trucs à Savoir sur Christine » sur YouTube, consulté le 30 septembre 2020.
  11. (en) « Christine » (fiche album), sur AllMusic
  12. « Christine », sur libresavoir.org.
  13. (en) « Christine », sur Rotten Tomatoes.com (consulté le ).
  14. (en) « Christine (1983) », sur Metacritic.com (consulté le ).
  15. « Christine », sur boxofficemojo.com.
  16. (en) Récompenses pour Christine sur l’Internet Movie Database.

Liens externes[modifier | modifier le code]