Chrystia Freeland — Wikipédia

Chrystia Freeland
Illustration.
Chrystia Freeland en 2019.
Fonctions
Vice-première ministre du Canada
En fonction depuis le
(4 ans, 4 mois et 24 jours)
Monarque Élisabeth II
Charles III
Premier ministre Justin Trudeau
Gouvernement Trudeau
Prédécesseur Anne McLellan (indirectement)
Ministre fédérale des Finances
En fonction depuis le
(3 ans, 7 mois et 26 jours)
Premier ministre Justin Trudeau
Gouvernement Trudeau
Prédécesseur Bill Morneau
Députée à la Chambre des communes
En fonction depuis le
(10 ans, 4 mois et 19 jours)
Élection 25 novembre 2013
Réélection 19 octobre 2015
21 octobre 2019
20 septembre 2021
Circonscription Toronto-Centre (2013-2015)
University—Rosedale (depuis 2015)
Législature 41e, 42e, 43e et 44e
Groupe politique Libéral
Prédécesseur Bob Rae (Toronto-Centre)
Circonscription créée (University—Rosedale)
Successeur Bill Morneau
Ministre fédérale des Affaires intergouvernementales

(8 mois et 29 jours)
Premier ministre Justin Trudeau
Gouvernement Trudeau
Prédécesseur Dominic LeBlanc
Successeur Dominic LeBlanc
Ministre fédérale des Affaires étrangères

(2 ans, 10 mois et 10 jours)
Premier ministre Justin Trudeau
Gouvernement Trudeau
Prédécesseur Stéphane Dion
Successeur François-Philippe Champagne
Ministre fédérale du Commerce international

(1 an, 2 mois et 6 jours)
Premier ministre Justin Trudeau
Gouvernement Trudeau
Prédécesseur Ed Fast
Successeur François-Philippe Champagne
Biographie
Nom de naissance Christina Alexandra Freeland
Date de naissance (55 ans)
Lieu de naissance Rivière-la-Paix (Alberta, Canada)
Nationalité Canadienne
Parti politique Parti libéral du Canada
Diplômée de Université Harvard
United World College of the Adriatic
Profession Journaliste
Écrivaine

Chrystia Freeland
Vice-Premières ministres du Canada

Christina Alexandra Freeland, dite Chrystia Freeland (prononcé en anglais : /ˈkɹɪstjə ˈfɹilənd/)[1], née le à Rivière-la-Paix (Alberta), est une journaliste et femme politique canadienne. Membre du Parti libéral du Canada, elle est ministre des Affaires étrangères entre 2017 et 2019 dans le cabinet de Justin Trudeau puis ministre des Affaires intergouvernementales entre 2019 et 2020. Elle est vice-première ministre du Canada depuis le et ministre des Finances depuis le .

Biographie[modifier | modifier le code]

Origines[modifier | modifier le code]

Diplômée en études slaves de l'Université Harvard, de l'Université d'Oxford, grâce à une bourse Rhodes, et du United World College of the Adriatic, Chrystia Freeland séjourne en Ukraine, dont est originaire sa famille maternelle, immigrée au Canada au début des années 1950, et en Russie[2].

La mère de Freeland, Halyna Chomiak, était née dans un hôpital administré par l'armée américaine car ses parents, Mykhailo Khomiak (en) (Ukrainien: Михайло Хомяк, plus tard anglicisé en Michael Chomiak) et Alexandra Loban, se trouvaient alors dans un camp pour personnes déplacées dans la ville thermale de Bad Wörishofen en Bavière en Allemagne. Catholiques, Alexandra Loban est originaire de Rudniki, près de Stanislaviv (aujourd'hui Ivano-Frankivsk), et Michael Chomiak est né à Stroniatyn en Galicie. Pendant la seconde guerre mondiale, ce dernier fut éditeur d'un journal nazi antisémite en Pologne occupée, Krakivski Visti, ce qui est reproché à Chrystia Freeland par plusieurs médias russes pro-Poutine depuis le début de la guerre russo-ukrainienne, qui font un lien entre sa forte opposition à l'agression russe et le travail de son grand-père pour cet organe de presse[3].

Du côté paternel, son grand-père, Wilbur Freeland, était un agriculteur et un avocat[4], qui participa à plusieurs reprises au Stampede de Calgary, une manifestation annuelle de rodéo. Sa sœur, Beulah, était l'épouse d'un membre du parlement fédéral canadien, Ged Baldwin. Sa grand-mère paternelle, Helen Caulfield, était originaire de Glasgow et épousa son grand-père paternel au sortir de son service en Europe durant la 2e Guerre Mondiale[5].

Famille et vie privée[modifier | modifier le code]

Freeland est mariée à Graham Bowley, un auteur et journaliste britannique travaillant pour le New York Times. Le couple a trois enfants.

Elle demeure à Toronto depuis l'été 2013 et son retour au Canada. Elle parle ukrainien et anglais avec ses enfants. Elle parle aussi le français, le russe et l'italien.

Carrière privée[modifier | modifier le code]

Elle est journaliste, cheffe de bureau du Financial Times à Moscou de 1994 à 1998[2], correspondante pour des publications occidentales[6]. Elle publie en 2000 Sale of the Century : Russia’s Wild Ride from Communism to Capitalism, dans lequel elle évoque la mainmise sur l'économie par des oligarques sous Boris Eltsine[2].

Elle revient ensuite au Canada et travaille pour plusieurs médias, Financial Times, The Globe and Mail et Thomson Reuters, avant d'être élue à la Chambre des communes du Canada dans la circonscription ontarienne de Toronto-Centre lors d'une élection partielle le .

En 2012, elle fait paraître Plutocrats : The Rise of the New Global Super Rich and the Fall of Everyone Else[7] dans lequel elle dénonce les inégalités de revenus en Russie. En 2014, elle est interdite d'accès sur le territoire russe en raison de ses positions critiques envers le régime[8].

Elle est membre du conseil d'administration du Forum économique mondial[9].

Chambre des communes du Canada[modifier | modifier le code]

Lors des élections fédérales de 2015, elle est réélue, cette fois dans la circonscription de University—Rosedale, nouvellement créée. Bill Morneau lui succède à Toronto-Centre[10].

Ministre du Commerce international[modifier | modifier le code]

Lors de la formation du 29e conseil des ministres présidé par Justin Trudeau, elle est nommée ministre du Commerce international. Elle est impliquée dans les négociations menant à la signature de l'Accord économique et commercial global (AECG ou CETA). En , elle décide de quitter la réunion et, au bord des larmes devant les caméras, déclare l'échec des négociations. Elle assure quelques mois plus tard qu'il s'agit alors d'un calcul afin de culpabiliser les Américains[11]. L'AECG est finalement signé quelques jours plus tard.

Ministre des Affaires étrangères[modifier | modifier le code]

Chrystia Freeland avec le secrétaire d'État des États-Unis Mike Pompeo, lors d'une conférence de presse à Ottawa, en 2019.

Le , elle est nommée ministre des Affaires étrangères[12], succédant à Stéphane Dion, qui devient ambassadeur du Canada en Allemagne, nomination prenant effet au 1er mai suivant. En 2019, elle devient vice-première ministre et ministre des Affaires intergouvernementales du Canada.

Le , elle appelle à la libération de Samar Badawi et Raif Badawi, deux militants des droits de l'homme détenus en Arabie saoudite, prise de position qui amène à l'expulsion de l'ambassadeur du Canada en Arabie saoudite. Quelques mois auparavant, le gouvernement canadien avait refusé d’annuler un contrat de 15 milliards de dollars canadiens avec l’Arabie saoudite pour la livraison d’équipements militaires, utilisés ensuite par le royaume dans la guerre contre le Yémen[13].

Proche de l’administration Trump sur les grands thèmes de politique internationale, elle place le Venezuela, la Syrie, la Russie, l’Iran et la Corée du Nord tout en haut de sa liste de priorités, imitant — et soutenant — les initiatives du président américain : sommets, sanctions, pressions politiques et déploiement militaire. Le Canada a rejoint le groupe de Lima, qui rassemble les gouvernements américains résolus à renverser le gouvernement vénézuélien, et tenté d'écarter la Russie et la Chine des négociations concernant le Venezuela et la Corée du Nord (bien que ces deux pays possèdent une frontière commune avec Pyongyang)[13].

Elle est distinguée comme diplomate de l’année 2018 par le Foreign Policy Group, notamment pour son engagement contre la Chine et la Russie[13]. L’ancien diplomate Daryl Copeland note pour sa part que : « La ministre des affaires étrangères Freeland (…) semble fascinée et en bonne partie aveuglée par le hard power[13]. » Le , Freeland est classée au 37e rang des plus grands leaders mondiaux, dans le palmarès annuel du magazine Forbes, en raison de ses « solides compétences en matière de négociation » qui permettent de conclure un accord commercial entre le Canada et l'Union européenne (CETA) ainsi que l'Accord Canada–États-Unis–Mexique[14].

Ministre des Finances[modifier | modifier le code]

Le , elle devient la première femme nommée à la tête du ministère des Finances du gouvernement du Canada[15]. Elle remplace alors le démissionnaire Bill Morneau.

À l'issue des élections fédérales canadiennes de 2021, Justin Trudeau annonce qu'elle maintiendra son rôle de ministre des Finances et de vice-première ministre dans son prochain cabinet[16].

Elle présente son premier budget fédéral à la Chambre des Communes le , annonçant la création d'un programme national pour la petite enfance au Canada. Le gouvernement propose alors de contribuer pour moitié au coût du programme, les provinces étant chargées de la seconde moitié[17].

Le , le premier ministre Justin Trudeau invoque la loi sur les situations d'urgences pour mettre un terme aux blocages et à l'occupation du domaine public par les convois de routiers à Ottawa, même si le blocus du pont Ambassadeur a déjà été brisé par les forces de l'ordre la veille. Même si elle ne révèle pas quel ministre a suggéré d'invoquer cette loi d'exception, Freeland déclare "Je voudrais assumer une responsabilité personnelle dans la décision [de recourir à cette loi], il s'agissait à mon avis de la bonne décision."[18]

Freeland se positionne à la pointe de la réponse du gouvernement canadien à l’agression russe contre l'Ukraine depuis le . Au début de l'invasion, elle déclare en ukrainien "il est temps d'être fort". Elle est parmi les premières voix à réclamer des sanctions contre la Banque centrale russe, qui furent imposées plus tard, et parle sur une base quasi quotidienne au premier ministre ukrainien, Denys Shmyhal[19]. Elle est vue comme une possible future secrétaire générale de l'Organisation du traité de l'Atlantique nord (OTAN)[20].

Résultats électoraux[modifier | modifier le code]

Notes et références[modifier | modifier le code]

  1. Prononciation en anglais canadien retranscrite selon la norme API.
  2. a b et c Hélène Jouan, « Chrystia Freeland, en première ligne contre Poutine », Le Monde,‎ (lire en ligne, consulté le ).
  3. (en) Robert Fife, « Freeland knew her grandfather was editor of Nazi newspaper », The Globe and Mail,
  4. (en) « "Peace River Woman Set to Join Trudeau Liberal Government as a Toronto MP" » Accès libre (consulté le )
  5. (en) « "An audit of affluence". Financial Times » Accès payant
  6. « Trudeau joue son va-tout », sur La Presse+, (consulté le )
  7. Aux éditions Penguin, New York, 2012.
  8. « Chrystia Freeland espionnée par la Russie depuis 30 ans », sur www.journaldemontreal.com, (consulté le ) : « En 2014, elle est déclarée persona non grata par le Kremlin avec 13 autres Canadiens. »
  9. « World Economic Forum, Leadership and Governance » (consulté le )
  10. « Chrystia Freeland — Fiche de parlementaire », Parlement du Canada
  11. (en-CA) « Freeland talks tough on trade with Trump team », The Globe and Mail,‎ (lire en ligne, consulté le )
  12. Anne Pélouas, « Le Canada change de ministre des affaires étrangères avant l’investiture de Trump », Le Monde.fr,‎ (ISSN 1950-6244, lire en ligne, consulté le )
  13. a b c et d David Carment et Richard Nimijean, « Justin Trudeau ou l'étalage de vertu », sur Le Monde diplomatique,
  14. « Chrystia Freeland parmi les 50 leaders les plus influents, selon Forbes », sur Radio-Canada
  15. « Chrystia Freeland devient la première femme ministre des Finances », La Presse,
  16. « Chrystia Freeland restera à la barre du ministère des Finances », sur La Presse, (consulté le )
  17. (en) David Ljunggren, « Canada to put up C$30 billion for long-awaited national childcare program », (consulté le )
  18. (en) Sarah Ritchie · The Canadian Press, « Blair says police didn't ask for Emergencies Act, but did ask for help ending blockades » Accès libre, (consulté le )
  19. (en) Alex Ballingall, Ottawa Bureau Tonda MacCharles, Ottawa Bureau, « Chrystia Freeland uniquely well-placed to take on Canada’s response to Russian invasion of Ukraine », (consulté le )
  20. Zone Politique- ICI.Radio-Canada.ca, « Chrystia Freeland à la tête de l’OTAN? « J’ai déjà beaucoup de travail », dit-elle », sur Radio-Canada.ca
  21. Élections Canada, « Résultats Élection fédérale canadienne de 2021 », sur enr.elections.ca (consulté le ).
  22. Élections Canada, « Résultats Élection fédérale canadienne de 2019 », sur enr.elections.ca (consulté le ).

Voir aussi[modifier | modifier le code]

Article annexe[modifier | modifier le code]

Liens externes[modifier | modifier le code]