Claire d'Assise — Wikipédia

Claire d'Assise
Sainte catholique
Image illustrative de l’article Claire d'Assise
Assise, basilique Sainte-Claire,
détail de la fresque de la vie de la sainte.
Abbesse, fondatrice
Naissance
Assise, duché de Spolète, Saint-Empire romain germanique
Décès   (59 ans)
Assise, États pontificaux
Nationalité Italienne
Ordre religieux Ordre de Sainte-Claire
Vénéré à Basilique Sainte-Claire
Canonisation le
par Alexandre IV
Fête 11 août
Saint patron divination, maladie ophtalmique, joaillier, linge de maison, doreur, or, beau temps, télévision, village de Santa Clara (Mexique)

Sainte Claire, ou Claire d'Assise, née Chiara Offreduccio di Favarone le à Assise dans une famille de la noblesse et morte dans cette même ville le , est une religieuse italienne. Disciple de saint François d'Assise, elle est la fondatrice de l'ordre des Pauvres Dames (ou ordre des Clarisses). Elle a été déclarée sainte par l'Église catholique romaine le 26 Septembre 1255.

Assise[modifier | modifier le code]

Claire d'Assise est née le selon un codex germanique du XIVe siècle, le 18 juillet selon le frère mineur Mariano da Firenze[1]. Selon la tradition, l'Église fixe sa date de naissance le [2].

Selon les actes de son procès de canonisation, Claire Offreduccio di Favarone est la fille[Note 1] de Favarone di Offreduccio degli Scifi, probablement de la lignée noble des comtes de Coccorano et, selon une tradition qui remonte au XVe siècle, d'Ortolana d'Assise, issue d'une famille noble de Fiume[3].

Vers 1210, Claire assiste dans l’église Saint-Georges à Assise aux prêches de Carême de François Bernardone, le fils d'un bourgeois qui a tout quitté pour réaliser son idéal de vie évangélique[4].

Enthousiasmée par cette prédication, conquise par l'idéal de pauvreté à l'image des évangiles, elle décide de renoncer au monde, après avoir rêvé de sillonner la Méditerranée comme sa mère qui avait fait de nombreux pèlerinages à Rome, à Saint-Jacques-de-Compostelle et en Terre sainte. Elle quitte sa famille en cachette le soir du dimanche des Rameaux, le , en compagnie de l'une de ses tantes, pour rejoindre François et ses compagnons à la Portioncule[5].

Ceux-ci lui remettent une tunique de toile grossière, la bure, et lui coupent les cheveux, en signe de renoncement. Selon les mœurs du temps, ne pouvant vivre au milieu d'hommes, la jeune fille se réfugie ensuite au couvent des nonnes bénédictines de San Paolo (Saint-Paul, près de Bastia). Elle doit y faire face aux tentatives violentes de son père et de ses oncles, furieux, qui veulent la ramener chez elle pour arranger un mariage de convenance[6]. Puis François la confie aux bénédictines de Saint-Ange de Panzo sur les contreforts du mont Subasio au sud-est d'Assise. Seize jours plus tard, elle est rejointe par sa sœur cadette, Catherine, qui deviendra Agnès d'Assise malgré l'opposition violente de leur famille[7].

Saint Damien[modifier | modifier le code]

Eulalie de Barcelone et Claire d'Assise. Retable peint par Pere Serra (1403-1408). Cathédrale de Segorbe.

Fin avril 1212, François installe la communauté naissante près de la Chapelle Saint-Damien d'Assise sous la direction de Claire qui devra accepter en 1214 le titre d’« abbesse » malgré elle, communauté qui est bientôt rejointe par des femmes de la noblesse d'Assise et par sa mère à la mort de son époux, Claire et Ortolane y opérant des miracles de guérison[4]. François confiera aussi une Formula vitæ, règle de vie inspirée de celle des Frères mineurs. Ainsi naît l'ordre des Pauvres Dames, ou Clarisses. En 1216, elle aurait obtenu du pape Innocent III « le privilège de pauvreté », celui d'observer une pauvreté absolue, mais l'authenticité de ce privilège est remise en cause par l'historien Werner Maleczek (de)[8].

Envoyant ses sœurs fonder dans toute l'Europe de nombreux monastères se réclamant de l'esprit de Saint-Damien, la règle de saint François ne peut suffire à maintenir dans l'unité d'une même discipline tous ces monastères dispersés. Aussi le cardinal Hugolin, protecteur de ce second ordre des Franciscains, leur donne en 1219 une règle plus stricte d'obédience bénédictine[9].

On s'est complu à tort à voir entre Claire et François un couple d'amants mystiques, les « Roméo et Juliette de la sainteté »[10].

Après la mort de François (1226), de fortes pressions, tant de la part des cardinaux que de la société civile, visent à faire accepter par la communauté des damianites des possessions foncières. Claire se défendra jusqu’au bout contre ces pressions[11]. Toute sa vie est tendue par son désir de vie pauvre.

Finalement, le , le cardinal Raynald approuve la Règle rédigée vers 1247 par Claire sur la base de celle de François. Le pape Innocent IV visite Claire alors mourante fin juillet 1253. Le 9 août, le souverain pontife approuve la Règle de l’ordre des Pauvres Dames[12].

Deux jours après, le , Claire meurt à l'âge de 59 ans, tenant entre ses mains le texte connu sous le nom de Privilège de pauvreté[Note 2],[13].

Épilogue[modifier | modifier le code]

Le pape Innocent IV et la Curie romaine viennent assister à ses obsèques. Innocent IV, par la bulle Gloriosus Deus du 18 octobre 1253, commande à l'évêque Barthélemy de Spolète la mission d'instruire son procès de canonisation. Deux années plus tard, le , elle est canonisée(rendue saint) par le pape Alexandre IV en la cathédrale Santa Maria d'Anagni[14].

Presque simultanément commencent les travaux d'une église à Assise, la basilique Sainte-Claire destinée à honorer la sainte. Le , ses restes sont transférés de la chapelle San-Giorgio, lieu de sa conversion, au maître-autel de la nouvelle église. Le , dans le contexte de « recharge sacrale » des pèlerinages cherchant à restaurer les reliques des saints, l'évêque d'Assise décide de faire exhumer son corps, ce qui eut lieu le 23 septembre. Il déclare que ses ossements, reconnus juridiquement, sont conservés entiers malgré l'humidité du caveau. Les Archives épiscopales d'Assise notent l'extrême humidité du squelette et la friabilité des petits os. Puis en 1864, l'abbesse confia les ossements au romain Modesto Scevolo pour consolidation. Il remit ensuite les ossements en place avec moult coton et cire pour reconstituer une forme de corps mis dans un revêtement de filet métallique. En 1986-1987, il y eut un traitement scientifique urgent pour la conservation des restes de sainte Claire qui se détérioraient par la présence du coton retenant l'humidité[15]. Le visage en cire que nous voyons maintenant est la reconstitution scientifique la plus exacte possible d'après le crâne. Les ossements sont rassemblés dans un reliquaire déposé dessous.

Châsse de sainte Claire d'Assise dans sa basilique.

La châsse de Sainte Claire est aujourd'hui visible au couvent sainte Claire de Perpignan.

Elle a été proclamée patronne de la télévision dans le monde par Pie XII le 14 février 1957[16]. Malade depuis près de trente ans, une nuit de Noël, clouée au lit, elle aurait selon la tradition rapportée par son hagiographe Thomas de Celano, vu et entendu la messe chez les frères, donc bien loin de son lieu d'alitement[17]. Elle est depuis la patronne des télécommunications mais aussi des brodeuses car selon la tradition, elle s'accordait occasionnellement un temps de loisir pour broder des tissus liturgiques. Parce qu'elle assurait la propreté et la blancheur de ceux-ci, elle est également la patronne des lavandières, des blanchisseurs et des repasseuses. À cause de son nom et parce qu'elle aurait eu, sur son lit de mort, la vision de ses obsèques, elle est la patronne des aveugles[18].

Représentation artistique[modifier | modifier le code]

Claire d'Assise est représentée dans la robe de bure franciscaine et la cordelière à trois nœuds. Au XVe siècle, elle porte parfois un manteau rayé de pénitente[19]. Elle a comme attributs une croix surmontée d'un rameau d'olivier (rappel de l'amour de la sainte pour le crucifix), un ostensoir, qui rappelle un épisode relaté dans sa Légende. Lorsque les armées sarrasines de Frédéric II veulent envahir le monastère de San Damiano en 1240 ou 1241, elle se porte au-devant d'eux en leur présentant l'ostensoir contenant le corps du Christ, ce qui les repousse[20]. Elle a aussi parfois une lampe à huile en argile ou une lanterne, métaphore lumineuse de l'ostensoir eucharistique porté par cette patronne des aveugles[21].

Ces représentations de Claire d'Assise se retrouvent souvent en peinture mais aussi sur les sceaux des Clarisses et ce jusqu'au XVIIIe siècle.

Quelques dates[modifier | modifier le code]

Dates Âge de Claire Événements
1182 Naissance de François d'Assise
1194 Naissance de Claire
1203-1205 10/12 ans Exil à Pérouse
1206 13 ans Conversion de François
1210 17 ans Rencontre avec François
1212 19 ans Début de sa vie religieuse à Saint-Damien et naissance de la communauté
1216 23 ans Claire obtient du pape le « Privilège de la pauvreté »
1220 27 ans Départ de sœurs pour Reims 1re fondation en France
1224 31 ans Début de la maladie de Claire
1226 33 ans Mort de François
1228 35 ans Visite du pape

1re communauté en Espagne, 24 en Italie

1234 41 ans Agnès, fille du roi de Bohême, fonde un monastère à Prague et y entre
1238 45 ans Un monastère est fondé en Slovaquie
1240 47 ans Les Sarrasins attaquent Saint-Damien
1242 49 ans Un monastère est fondé en Moravie
1245 52 ans Un monastère est fondé en Pologne
1253 59 ans 9 août : visite du pape

Approbation de la règle de Claire par le pape
11 août : mort de Claire

1255 Canonisation de Claire

Œuvres[modifier | modifier le code]

François d'Assise recevant la profession de foi de Claire.
Enluminure (vers 1435).
Sainte Claire vue par Giotto. Fresque, chapelle Bardi, Basilique Santa Croce de Florence.

Claire d'Assise a écrit :

  • Forme de vie que l'on nomme plus couramment la Règle, mot que Claire n'emploie pas ;
  • un Testament ;
  • quatre lettres à sainte Agnès[12] ;
  • une lettre à Ermentrude de Bruges, que l'on soupçonne fortement d'être une compilation par un copiste de deux lettres aujourd'hui perdues ;
  • une bénédiction de Claire à ses sœurs.

Si la liste peut paraître courte, il faut se rappeler que les femmes écrivaient peu à l'époque. On peut également noter un parallèle — limité — avec certains écrits de François d'Assise.

Trois autres textes hagiographiques importants nous font connaître Claire et la vie à Saint-Damien : la Légende (Legenda latina Sanctae Claræ Virginis) attribuée à Thomas de Celano[22] ou à Bonaventure de Bagnoregio, la Vie de Claire (Vita di Santa Chiara) d'un franciscain toscan anonyme du début du XVIe siècle, publiée par le père Lazzeri[23], et surtout les actes du procès en canonisation de Claire[24], qui contiennent les dépositions des sœurs de Claire, qui ont vécu avec elle. Ces textes ont fait l'objet d'une analyse critique[25].

Les « sources clariennes » les plus fiables et les plus importantes[26] sont éditées en 2013[27].

Les témoignages et les lettres sont en quelque sorte l'application pratique de la règle, avant que celle-ci ne fût écrite. La règle est le chemin concret, le mode de vie dont la vie et les lettres dévoilent la source évangélique.

Postérité[modifier | modifier le code]

Dunkerque a une école catholique située à Malo les Bains, qui porte le nom Sainte Claire d'Assise.

Annecy a des lieux nommés d'après Claire d'Assise : la rue Sainte-Claire, la porte Sainte-Claire, le faubourg Sainte-Claire et la place Sainte-Claire.

À Nice, dans le quartier du Vieux-Nice, on trouve une rue Sainte-Claire.

En 2022, sort le film italien Chiara, réalisé par Susanna Nicchiarelli, inspiré de sa vie.

Notes et références[modifier | modifier le code]

Notes[modifier | modifier le code]

  1. Elle serait la troisième de leurs cinq enfants (Boson, Penenda, Agnès et Béatrix). Si ses deux sœurs cadettes Agnès et Béatrix ont une généalogie sûre, celle de ses deux frères aînés est plus mythique.
  2. Dans ce texte, Claire s’appuie sur les paroles de saint François pour mieux défendre le cœur irréductible de son héritage, à savoir « la très haute pauvreté », le dénuement volontaire qui est bien un privilège puisque seuls les riches peuvent s’y convertir.

Références[modifier | modifier le code]

  1. Mariano da Firenze, Libro delle degnità et excellentie del ordine della seraphica madre delle povere donne sancta Chiara da Asisi, éd. Studi Francescani, , p. 27.
  2. Thomas de Celano, Sainte Claire d'Assise, Perrin et Cie, , p. 14.
  3. Johannes Jørgensen, Pèlerinages franciscains : Traduits du danois avec l'autorisation de l'auteur, Éditions Perrin, , p. 215.
  4. a et b Jacques Dalarun, « Dieu changea de sexe, pour ainsi dire » : La Religion faite femme XIe – XVe siècle, Librairie Arthème Fayard, , 442 p.
  5. (en) Marco Bartoli, Saint Clare : Beyond the Legend, St. Anthony Messenger Press, , p. 34-35.
  6. (en) Marco Bartoli, pp. 42-57.
  7. Lazaro Iriarte, Histoire du franciscanisme, Éditions du Cerf, (lire en ligne), p. 504.
  8. (de) Werner Maleczek, Das "Privilegium paupertatis" Innocenz' III. und das Testament der Klara von Assisi überlegungen zur Frage ihrer Echtheit, Istituto Storico dei Cappuccini, , p. 52-56.
  9. Dominique Donadieu-Rigaut, Penser en images les ordres religieux : XIIe – XVe siècles, Éditions Quae, , p. 193.
  10. Jacques Dalarun, « Femmes et féminité dans les écrits et les légendes franciscaines », dans François d'Assise, Actes Sud, , p. 77.
  11. (de) P. Pancratius, « Het privilegie der armoede », Franc. leve, vol. XXII,‎ , p. 176.
  12. a et b Jacques Dalarun 1997, p. 89.
  13. Lettre de faire-part de la mort de Claire, découverte dans un codex de la bibliothèque privée Landau de Florence. Publication par le Père Z. Lazzeri, « Il processo de canonizzazione di Santa Chiara d'Assisi », appendice I, dans Archivum franc. hist., XIII, 1920, pp. 494-499.
  14. Jean-Marc Charron, Claire d'Assise : féminité et spiritualité, MNH, , p. 147.
  15. Publication : Reconnaissance et traitement pour la conservation du corps de sainte Claire d'Assise, 17 novembre 1986-12 avril 1987 Mgr Gianfranco Nolli, Protomonastère Sainte-Claire Assise.
  16. « Lettre apostolique proclamant ste Claire patronne de télévision: texte - IntraText CT », sur www.intratext.com (consulté le )
  17. Isabelle Prêtre, Claire d'Assise ou la joie d'exister, Mediaspaul éditions, , p. 5-6.
  18. Jean-Robert Maréchal, Les saints patrons protecteurs, Cheminements, , p. 80.
  19. Sainte Claire d'Assise.
  20. Marie Blawin, François d'Assise, Éditions Publibook, , p. 18.
  21. Jacques Bril, Regard et connaissance. Avatars de la pulsion scopique, Éditions L'Harmattan, , p. 219.
  22. Tomaso da Celano, Legenda latina Sanctae Claræ Virginis, F. Pennacchi, , 140 p..
  23. Père Lazzeri, La Vita di Santa Chiara, Quaracchi, , 22 p..
  24. Actes édités par le Père Lazzeri, Archivum franc. hist., XIII, 1920, pp. 403-507.
  25. (de) M. Fassbinder, « Untersuchungen über die Quellen zum Leben der hl. Klara von Assisi », Franziskanische Studien, vol. XXIII,‎ , p. 296-335.
  26. « Tout sur Claire d'Assise », L'Histoire, no 392,‎ , p. 92.
  27. Jacques Dalarun (dir.) et Armelle Le Huërou (dir.) (préf. André Vauchez), Claire d'Assise : Écrits, vies, documents, Le Cerf-Éditions franciscaines, , 420 p.

Annexes[modifier | modifier le code]

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Bibliographie[modifier | modifier le code]

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Source primaire[modifier | modifier le code]

Sources secondaires[modifier | modifier le code]

  • (en) Claire d'Assise, Catholic Encyclopedia, .
  • (it) M.P. Alberzoni, Chiara e il papato, Milan, Biblioteca francescana, 1992.
  • Marco Bartoli, Claire d'Assise, Paris, Fayard, (présentation en ligne)
  • (de) W. Maleczek, Klara von Assisi. Das « Privilegium Paupertatis » und das Testament, Rome, Istituto storico dei Cappucini, 1995.
  • Jacques Dalarun, « François et Claire. Masculin/Féminin dans l'Assise du XIIIe siècle », Médiévales, vol. Voix et signes. Nouvelles musiques du XIIIe au XVe siècle, sous la direction de Olivier Mattéoni, no 32,‎ , p. 83-95. (lire en ligne). Ouvrage utilisé pour la rédaction de l'article
  • Jacques Paul, « Sainte Claire et les Clarisses », Revue d'histoire de l'Église de France, t. 83, Livres et culture du clergé à l'époque moderne, no 210,‎ , p. 227-231. (lire en ligne)

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Liens externes[modifier | modifier le code]