Cloches de Notre-Dame de Paris — Wikipédia

Cloches de Notre-Dame de Paris
Les 9 nouvelles cloches installées en 2013.
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Les cloches de Notre-Dame de Paris comprennent, depuis 2013, dix cloches. Le gros bourdon Emmanuel est installé depuis 1686 dans le beffroi sud de la cathédrale Notre-Dame de Paris. En 2013, un nouveau petit bourdon Marie est ajouté à Emmanuel et huit nouvelles cloches sont installées dans le beffroi nord en remplacement de quatre cloches datant du XIXe siècle.

Historique[modifier | modifier le code]

Dès la première moitié du XIIIe siècle il existe huit cloches dans la tour Nord [1]. En 1400, le Trésorier de France, Jean de Montagu, offre le bourdon Jacqueline, du prénom de sa femme Jacqueline de La Grange, à la cathédrale Notre-Dame de Paris. Son frère Gérard de Montagu sera évêque de Paris. Jacqueline est refondue en 1430 par le fondeur Guillaume Sifflet[2],[1].

Emmanuel en 1681.

Le bourdon Emmanuel a été fondu à partir de l'ancien bourdon Jacqueline et installé une première fois en 1681 pendant le règne de Louis XIV. Son nom complet est Emmanuel Louise Thérèse ses parrain et marraine sont le roi Louis XIV et la reine Marie-Thérèse d'Autriche. Emmanuel a sonné la première fois pour le service funèbre de la reine Marie-Thérèse morte en 1683, juste après la bénédiction de la cloche[3]. Mais, de par une mauvaise qualité du métal, Emmanuel doit être de nouveau refondu en 1686. Emmanuel est classé monument historique en juillet 1944. Toujours en place, Emmanuel est la plus ancienne cloche de la cathédrale de Notre-Dame de Paris[2].

L'ensemble des cloches, à l'exception d'Emmanuel, ont été fondues lors de la Révolution française pour faire des boulets de canon[4],[3].

Nouvelles cloches au XIXe siècle[modifier | modifier le code]

Beffroi nord[modifier | modifier le code]

Quatre nouvelles cloches sont ajoutées à Emmanuel au XIXe siècle[5].

Ces quatre cloches ont été fondues en 1856 par la fonderie Guillaume-Bessond d'Angers. Le nom des cloches a pour origine les prénoms des marraines de celles-ci, retenues parmi les parentes des derniers archevêques de Paris[6].

  • Angélique-Françoise : do dièse 3 - 1.915 kilos (Ø = 1,46 m)
  • Antoinette-Charlotte : ré dièse 3 - 1.335 kilos (Ø = 1,25 m)
  • Hyacinthe-Jeanne : mi dièse 3 - 925 kilos (Ø = 1,11 m)
  • Denise-David : fa dièse 3 - 767 kilos (Ø = 1,05 m)

Cloches de la flèche et du transept[modifier | modifier le code]

Un des quatre cadrants de l'horloge.

L'horloge Collin de Notre-Dame de Paris a été installée par la maison Collin-Wagner en 1867, à l’occasion des travaux de restauration de la cathédrale dirigés par Viollet Le Duc. L'horloger Armand-François Collin est le successeur de Bernard Henri Wagner[7],[8]. Horloge à trois corps de rouages, elle sonnait les quarts et les heures sur des cloches se trouvant dans la flèche de la cathédrale et aussi au niveau de l'oculus de la croisée du transept[9].

Les cloches et l'horloge ont été détruites par l'incendie de Notre-Dame en 2019. Selon Benjamin Mouton, architecte en chef des monuments historiques, cette installation devait être « provisoire »[10],[11].

Neuf nouvelles cloches en 2013[modifier | modifier le code]

C'est en 2011 que le recteur-archiprêtre de la Cathédrale de l'époque, Patrick Jacquin a décidé de remplacer les quatre cloches du XIXe siècle par de nouvelles en l'honneur du 850e anniversaire de la cathédrale Notre-Dame de Paris, en 2013. Il présenta le projet de restaurer l'entièreté de la sonnerie historique telle qu'elle fût du Moyen-Âge jusqu'à la Révolution française. Environ deux millions d'euros ont été récoltés par des donations privées pour concrétiser ce projet, et Régis Singer, campanologiste du Ministère de la Culture a été chargé d'entreprendre un travail de recherches afin de recouper toutes les informations nécessaires et de pouvoir recréer les mélodies d'antan de la Cathédrale[5].

L'ensemble campanaire de Notre-Dame de Paris est composé, à partir de 2013, de dix cloches : Un nouveau petit bourdon Marie a rejoint le bourdon Emmanuel dans la tour sud de Notre-Dame et huit nouvelles cloches sont installées dans la tour nord (en remplacement des quatre cloches initiales)[4].

Les neuf nouvelles cloches ont été parrainées par des personnalités sollicitées par le cardinal André Vingt-Trois, archevêque de Paris, à savoir  : Marie avec María Teresa Mestre, Grande-Duchesse de Luxembourg; Gabriel avec Gabriel de Broglie; Anne-Geneviève avec Geneviève Mulliez; Denis avec Denis Tillinac; Marcel avec Marcel Pérès; Étienne avec le chanoine Étienne de Mesmay, Benoît-Joseph avec le pape Benoît XVI; Maurice avec Étienne Ricaud, père abbé de l’abbaye de Saint-Benoît-sur-Loire où fut formé l'évêque Maurice de Sully; Jean-Marie avec Jean-Marie Duthilleul[12],[13]

Les cloches sont en bronze (78 % de cuivre et 22 % d'étain) issues de la fonderie Cornille-Havard à Villedieu-les-Poêles en Normandie pour huit cloches et de la manufacture Royal Eijsbouts aux Pays-Bas pour le bourdon Marie[5]. Virginie Bassetti[a], sculptrice campanaire, a réalisé les motifs des cloches. La note émise par une cloche dépend du diamètre de celle-ci, par rapport à son épaisseur. Ainsi Gabriel sonne le ladièse; Anne-Geneviève sonne un si ; Denis sonne un dodièse ; Marcel sonne un rédièse ; Étienne sonne un fa ; Benoît-Joseph sonne un fadièse ; Maurice sonne un soldièse et enfin, Jean-Marie sonne un ladièse. Pour la mise en place des cloches dans les tours, à une hauteur 54 mètres, il est utilisé un passage par des oculi existants dans les voûtes et planchers, très étroits et bouchés par une simple trappe[15],[13],[16].

Récapitulatif des dix cloches de la cathédrale :

Numéro Nom Année
 
Fondeur
 
Poids (en kilogrammes) Diamètre
(en centimètres)
Note et son
 
Tour
 
Illustration
 
1 Emmanuel (Emmanuel-Marie-Thérèse) 1686 Florentin Le Guay 13 271 262 fa dièse 2 Sud
2 Marie 2012 la manufacture Royal Eijsbouts 6 023 206,5 sol dièse 2
3 Gabriel 2012 Cornille-Havard 4 162 182,8 la dièse 2 Nord
4 Anne-Geneviève 2012 Cornille-Havard 3 477 172,5 si 2
5 Denis 2012 Cornille-Havard 2 502 153,6 do dièse 3
6 Marcel 2012 Cornille-Havard 1 925 139,3 dièse 3
7 Étienne 2012 Cornille-Havard 1 494 126,7 mi dièse 3[b]
8 Benoît-Joseph 2012 Cornille-Havard 1 309 120,7 fa dièse 3
9 Maurice 2012 Cornille-Havard 1 011 109,7 sol dièse 3
10 Jean-Marie 2012 Cornille-Havard 782 99,7 la dièse 3
Poids total 35 485 kilogrammes

Anciennes cloches du XIXe siècle[modifier | modifier le code]

Les anciennes cloches exposées.

La nouvelle grande sonnerie de cloches a été installée en 2013. Les quatre cloches installées au XIXe siècle et qui se trouvaient jusqu’alors dans la tour nord ont été descendues en 2012. L'Institut de Sainte-Croix de Riaumont s'oppose alors à l'archevêché de Paris pour détenir les anciennes cloches. En 2016, à l'issue de 4 années de procédure, l'institut religieux ne demande plus qu'à être l'affectataire de deux d'entre elles, toutefois la partie adverse fait valoir l'irrecevabilité de cette nouvelle demande[17],[18].

Depuis 2014, les cloches sont exposées, à l’extérieur, niveau du chevet nord de la cathédrale. Elles sont visibles depuis la rue, en face du numéro 6 ter de la rue du Cloître-Notre-Dame.

Incendie de 2019[modifier | modifier le code]

Lors de l'incendie de Notre-Dame de Paris les 15 et 16 avril 2019, les cloches des tours nord et sud ne sont pas détruites mais n'étant plus électrifiées, elles ne fonctionnent plus. Toutefois les deux bourdons sonnent à plusieurs reprises, en étant actionnés manuellement, lors d'évènements importants[19]. Par contre les huit cloches, bien que non détruites, ont du être déposées en 2023 afin de restaurer une partie du beffroi nord de la cathédrale, abritant les cloches. De plus les huit cloches doivent être nettoyées de la poussière de plomb et deux d’entre elles dégradées par la chaleur de l'incendie doivent être remises en état. Ces travaux doivent prendre fin avant la réouverture de la cathédrale en décembre 2024[20].

Dans la fiction[modifier | modifier le code]

Les cloches de Notre-Dame de Paris sont évoquées dans la littérature par des auteurs comme François Villon, François Rabelais ou Victor Hugo[1].

  • François Villon, dans un des poèmes de Testament, publié en 1461, demande ironiquement qu'on sonne le bourdon Jacqueline pour ses obsèques.
  • Dans un roman de François Rabelais, en 1534, Gargantua va visiter Paris. Les Parisiens se moquent de sa taille ; il emporte les cloches de Notre-Dame pour les pendre à sa jument.
  • Quasimodo est un des personnages de Notre-Dame de Paris, roman de Victor Hugo publié en 1831. Il est le sonneur des Cloches de Notre-Dame de Paris, ajoutant ainsi la surdité à ses autres infirmités. Une scène le présente avec les huit cloches de la tour nord : Gabriel, Guillaume, Pasquier, Thibault, Jean, Claude, Nicolas et Françoise[1].

Notes et références[modifier | modifier le code]

Notes[modifier | modifier le code]

  1. Virginie Bassetti est une artiste française, née à Caen et spécialisée dans le dessin au fusain et pastel sec et dans le modelage bas-relief en bronze. Reconnue pour la sculpture sur cloche, elle est élevée au rang de chevalière des Arts et Lettres en 2015[14].
  2. Les cloches de Notre-Dame-de-Paris sont accordées en fa dièse majeur, gamme dont la dernière note est généralement notée mi dièse et non fa.

Références[modifier | modifier le code]

  1. a b c et d Régis Singer, « Les cloches de Notre-Dame dans la littérature. », Marianne,‎ (lire en ligne, consulté le ).
  2. a et b Notice no PM75000689, sur la plateforme ouverte du patrimoine, base Palissy, ministère français de la Culture
  3. a et b « Notre-Dame de Paris : les grands événements qu'avaient sonnés ses cloches », France Culture,‎ (lire en ligne, consulté le ).
  4. a et b « Les nouvelles cloches de Notre-Dame sonneront samedi », Le Monde,‎ (lire en ligne, consulté le ).
  5. a b et c « Des cloches pour Notre-Dame de Paris fondues au coeur du bocage normand », Le Point,‎ (lire en ligne, consulté le ).
  6. Régis Singer, « Ces cloches de Notre-Dame sont nées à Angers », Ouest France,‎ (lire en ligne, consulté le ).
  7. « Horloge de Notre Dame de Paris », (consulté le )
  8. « Découverte miraculeuse d'une copie confirme de l'horloge de Notre Dame de Paris », sur youtube.com, (consulté le )
  9. Tamara Altéresco, « De Paris à Saint-Pétersbourg : l’improbable destin de l’horloge de Notre-Dame », Radio Canada,‎ (lire en ligne, consulté le ).
  10. Laurent Valdiguié, « Notre-Dame : des cloches "sauvages" et électrifiées à l'origine de l'incendie ? », Marianne,‎ (lire en ligne, consulté le ).
  11. Sibylle Vincendon, « A Notre-Dame de Paris, il est venu le temps des horlogers », Libération,‎ (lire en ligne, consulté le ).
  12. Anita Bourdin, « France : parrains et marraines des cloches de Notre-Dame de Paris », Zenit (agence d'information),‎ (lire en ligne, consulté le ).
  13. a et b Rémi Amalvy, « Dans les coulisses de la fonderie Cornille-Havard, qui a conçu neuf cloches de la cathédrale Notre-Dame de Paris », Usine Nouvelle,‎ (lire en ligne, consulté le ).
  14. Maxence Daguier, « Virginie Bassetti, unique sculptrice sur cloche de France », Ouest France,‎ (lire en ligne, consulté le ).
  15. Anne-Laure Filhol, « Comment hisse-t-on les cloches de Notre-Dame? », Le Figaro,‎ (lire en ligne, consulté le ).
  16. « Incendie de Notre-Dame de Paris. Des cloches de la cathédrale sont nées dans la Manche », Ouest France,‎ (lire en ligne, consulté le ).
  17. Delphine de Mallevoüe, « Au tribunal, les cloches de Notre-Dame de Paris continuent de sonner », Le Figaro.fr,‎ (lire en ligne, consulté le ).
  18. « Imbroglio judiciaire autour des cloches de Notre-Dame », La Vie.fr,‎ (lire en ligne, consulté le ).
  19. « Notre-Dame de Paris : pour la première fois depuis l’incendie, le bourdon Marie sonnera à Pâques », Aleteia,‎ (lire en ligne, consulté le ).
  20. « Dépose des cloches de la tour nord », rebatirnotredamedeparis.fr,‎ (lire en ligne, consulté le ).

Voir aussi[modifier | modifier le code]

Articles connexes[modifier | modifier le code]

Liens externes[modifier | modifier le code]

Sources[modifier | modifier le code]